1.2. Problématique
Vingt ans après le rapport de la commission Brundtland
sur le concept de développement durable, les problèmes
environnementaux se sont aggravés partout sous l'impulsion d'une
population et d'une consommation croissante (Francoeur, 2007). Par ailleurs, le
rythme de disparition des espèces animales et végétales
est cinquante fois plus rapide que l'extinction naturelle (Compagnon, 2001).
Les Aires Protégées africaines qui abritent une richesse
floristique et faunique impressionnante allant des espèces individuelles
(éléphant, rhinocéros, hippopotame, girafe et gorille)
à des habitats endémiques, subissent une pression énorme
(Mengue Medou, 2002). Selon le même auteur, ceci est le résultat
de la croissance de la population urbaine, l'extension de l'exploitation
forestière dans les zones autrefois vierges et la reprise des
économies locales. L'un des problèmes majeurs de la conservation
est la problématique de la viande de brousse dont la demande devient de
plus en plus importante. Elle est citée comme principale cause de
l'extinction d'un grand nombre d'espèces (Eves et al.,
2002).
Le Cameroun a mis l'accent sur la politique de conservation en
créant un réseau d'Aires Protégées qui
représente selon Endamana et al., (2006) 90% des
écosystèmes africains. Cependant, 80 espèces en 1996
étaient menacées d'extinction (UNCCD/MINEF, 2004). C'est ainsi
que certaines espèces jadis abondantes ont disparu (rhinocéros)
ou, sont lourdement menacées d'extinction telle la girafe, le lycaon, la
panthère. Leurs habitats ont été réduits de 65% par
l'agriculture, l'élevage ou par la surexploitation de bois comme source
d'énergie (Ousmanou Moussa, 2007).
Au Nord Cameroun, l'accroissement de la population humaine et
les exigences en matière de terre ont atteint un degré tel que
l'intégrité écologique des Aires Protégées
ne saurait être sauvegardée indépendamment des zones
périphériques, de l'appui et de la coopération des
communautés locales (Tchamba et Hatungimana, 1996).
Au Parc National de la Bénoué et sa zone
périphérique, malgré les efforts de protection consentis
par les pouvoirs publics à travers les Ministères des
Forêts et de la Faune et de l'Environnement et de la Protection de la
Nature, la gestion des ressources naturelles ne se fait pas toujours de
manière à garantir une pérennisation de ces ressources
(Tsakem, 2006). L'état de la biodiversité dans ce parc est en
situation défavorable par rapport aux acquis humains, financiers,
sociaux et physiques (Endamana et al., 2007). La gestion des
ressources ne se fait pas sur la base des données scientifiques mais
elle était faite selon Gomsé et al., (2008) sur la base
« essai erreur »
Le MINFOF (2007) révèle que, pour que ces Aires
Protégées jouent le rôle de réservoir, elles doivent
être créées, considérées et
gérées comme un grand écosystème fonctionnel. Il
dévient impératif de connaître la façon dont les
divers écosystèmes à protéger fonctionnent et
l'impact que l'homme peut avoir sur eux. Pour maximiser le potentiel de ce Parc
National, et mieux cerner la relation entre moyens mis à la disposition,
et résultats obtenus, il est nécessaire d'évaluer le suivi
écologique et la dynamique des activités anthropiques, qui
consiste à collecter et à générer les
données conduisant à définir le statut et la tendance des
populations et des communautés d'êtres vivants dans le temps et
l'espace, en relation avec leur habitat. Ceci nous conduit aux questions
suivantes:
v' Quelles sont la pertinence et la cohérence de la
réalisation des axes d'interventions du suivi écologique
(méthodologie, unité de suivi, indicateurs, logistique,
périodicité, personnels et méthodes d'analyse des
données)?
v' Quel est le niveau d'implication des parties prenantes dans
les activités du suivi écologique et quel est le système
de flux et de partage des informations ?
v' Comment est-ce que le système actuel aide t-il à
la prise de décision sur la gestion du parc?
v' Quelles sont les limites du suivi écologique au Parc
National de la Bénoué et sa périphérie?
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