2-2-2 : Cas des pays en développement
Dans le contexte des programmes de stabilisation
macroéconomique dans les pays en développement, M. Kahn et M.
Knight (1991) ont élaboré un modèle
macroéconométrique à partir duquel les effets de la
politique monétaire sur le secteur réel peuvent être
appréhendés. Il ressort de leurs travaux qu'en ce qui concerne
l'inflation, c'est par le biais des déséquilibres sur le
marché de la monnaie et celui des biens et services, que les variations
du taux d'inflation sont expliquées.
Selon Nubukpo (2002), une augmentation de l'offre de monnaie,
consécutive à une baisse des taux d'intérêt
directeurs de la Banque Centrale, se traduit par une hausse du niveau
général des prix dans l'économie, toutes choses
égales par ailleurs. Ce résultat est conforme aux enseignements
de la théorie quantitative de la monnaie. De même, une
augmentation de l'écart de production (différence entre la
production effective et la production potentielle) se traduit par des tensions
à la hausse sur les prix des biens domestiques. Deux autres facteurs
sont susceptibles d'expliquer l'inflation : le taux
d'inflation anticipé par les agents économiques, fortement
lié aux taux d'inflation observés dans le passé et le
niveau des prix à l'étranger.
Ainsi, il souligne que le canal de transmission des impulsions
monétaires sur la croissance économique est le suivant : une
baisse des taux d'intérêt directeurs de la Banque Centrale
engendre une hausse de l'offre de monnaie, ce qui crée un
déséquilibre sur le marché de la monnaie, toutes choses
égales par ailleurs. Ce déséquilibre engendre une
expansion temporaire du revenu réel, issue de la hausse des
dépenses réelles de consommation et d'investissement,
consécutive à la hausse des crédits domestiques. Kahn et
Knight estiment que la détermination de l'impact de la politique
monétaire sur la croissance est une question purement empirique, dans la
mesure où il n'existe pas de consensus théorique sur le sujet ;
ils suggèrent cependant l'existence d'un faible impact.
Afin d'évaluer empiriquement les effets sur l'inflation
et la croissance des variations de l'offre de monnaie, les deux auteurs ont
effectué des estimations économétriques. Il ressort des
estimations effectuées qu'une hausse de l'offre de monnaie exerce un
effet positif significatif sur l'inflation ; la valeur de
l'élasticité de l'inflation au choc monétaire est de 0,33.
De même, une hausse de l'offre de monnaie a une influence positive
significative, mais de faible ampleur, sur la croissance économique :
l'élasticité de la croissance du PIB réel à l'offre
de monnaie n'est que de 0,043. De l'avis des auteurs, les effets d'une
variation de l'offre de monnaie sur l'inflation et la croissance sont
essentiellement de court terme.
Une politique monétaire expansionniste provoque
simultanément une hausse de l'inflation, du revenu réel et une
détérioration de la balance des paiements. Cependant, la hausse
des prix domestiques et la détérioration de la balance des
paiements auront tendance à réduire le stock réel de
monnaie, ce qui aura pour effet de ramener l'économie à son
niveau d'équilibre initial. De plus, du fait de la hausse du revenu
réel, la demande de monnaie croît, ce qui stimule le retour
à l'équilibre du marché de la monnaie et, partant, de
l'économie. Les délais et l'ampleur de l'ajustement
dépendent des valeurs des paramètres du modèle.
Mamadou Alhousseynou Sarr et Charles J. Dingui (2000) ont
aussi travaillé sur les mécanismes de transmission de la
politique monétaire en Côte d'Ivoire en utilisant un modèle
Vectoriel Auto Régressif (VAR) avec sept variables dont : le taux
d'escompte, le taux débiteur réel des banques, la masse
monétaire, le crédit à l'économie, le PIB
réel, l'indice des prix à la consommation et l'investissement
privé. L'approche qu'ils ont choisie dans leur étude est
similaire à celle de Diagne et de Doucouré (2000).
Les données utilisées dans leur étude
sont des statistiques monétaires et celles de l'activité
réelle sur base annuelle. Les tests d'intégration ont permis de
détecter des ruptures structurelles dans les données. Les
résultats obtenus font ressortir deux phénomènes
importants dans l'économie ivoirienne :
- le taux d'escompte n'est pas déterminant dans
l'évolution du PIB à prix constants ;
- les impulsions monétaires sont transmises à la
sphère réelle via le taux d'intérêt débiteur
des banques. Un relèvement du taux débiteur de 10% se traduit par
une baisse de la croissance réelle de 1,2%. Par ailleurs, un choc sur la
masse monétaire de 1% entraîne une augmentation de
l'activité réelle de 0,2%.
- un relèvement d'un point de croissance de
l'investissement privé se traduit par un accroissement de la croissance
réelle de 0,2%. En revanche, une hausse de l'inflation d'un point de
pourcentage entraîne une régression de l'activité
réelle de 0,01%.
|