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Transmission de la politique monétaire dans l'UEMOA: une étude empirique par le canal du taux d'intérêt

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par Théodore-Mennas Hinnoutondji YETONGNON
Université d'Abomey Calavi Bénin - Master économie monétaire bancaire et financière 0000
  

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2-1-2 : Analyse théorique du taux d'intérêt

Selon les monétaristes, la politique monétaire a un rôle actif sur la conjoncture économique. De leur point de vue, une politique monétaire restrictive par exemple entraîne une diminution des prix relatifs des actifs monétaires, financiers et réels dans le cas des pays développés. Cela se traduit par une modification des demandes réelles que sont la consommation et l'investissement mais également les stocks réels accumulés (capital et richesse).

Principal mécanisme de transmission de la politique monétaire dans la théorie keynésienne, le canal du taux d'intérêt concerne l'ensemble des moyens par lesquels la variation des taux directeurs est susceptible d'affecter la sphère réelle, à travers les décisions d'investissement et de consommation des entreprises et des ménages.

Selon la théorie néo-keynésienne représentée par le modèle IS-LM, les chocs monétaires sont transmis à la sphère réelle à travers le taux d'intérêt qui est le canal privilégié. Etant le loyer de l'argent, il peut s'analyser à la fois comme le taux de rendement d'un actif composite (titre financier ou capital physique) mais également comme un prix relatif ou une charge financière. Lorsqu'il est considéré comme un prix relatif, il influe sur la composition des portefeuilles des agents économiques, la liquidité de l'économie ou sur le solde des paiements courants. Analysé comme une charge financière, il affecte le coût de production des entreprises et reste déterminant dans le choix entre les différents modes de production intensifs en capital ou en travail.

D'après Robinson (1965), une politique de taux d'intérêt bas permet de promouvoir l'investissement et la croissance économique. Renforçant ce point de vue, Chandavarkar (1971) assure que la fixation des taux d'intérêt à des niveaux appropriés, permet d'assurer l'investissement désiré en volume et en composition. Selon lui, le taux d'intérêt doit être maintenu à des niveaux bas pour stimuler l'investissement.

Mc Kinnon et Shawn (1973), prenant le contre-pied de ce raisonnement, ont montré que des niveaux de taux d'intérêt bas ne favorisent pas l'accumulation du capital et la croissance économique. En effet, des taux d'intérêt faibles peuvent stimuler la demande d'investissement. Toutefois, du fait de leur niveau assez bas, ils ne peuvent pas susciter l'épargne nécessaire en vue de satisfaire cette nouvelle demande créée. Il en résulte, par conséquent, une diminution de l'investissement. Pour ces raisons, ces auteurs prônent la libéralisation financière. En conséquence, développant la théorie de la répression financière,

ils arrivent à montrer que des taux d'intérêt maintenus à des niveaux bas pouvaient entraîner des effets néfastes sur l'épargne.

Pour Catherine Bruno3, le canal du crédit constitue le principal mécanisme de transmission de la politique monétaire dans le modèle IS-LM. Ainsi, une politique monétaire expansionniste conduit à une baisse du taux d'intérêt réel, ce qui stimule l'investissement et accroît par conséquent le produit. Le fait qu'une variation du taux d'intérêt nominal à court terme conduise à une variation du taux d'intérêt réel à court et long terme s'explique par la rigidité des prix. Taylor (1995) montre, en prenant appui sur des études récentes, que les taux d'intérêt exercent un effet considérable sur les dépenses de consommation et d'investissement. Cependant, ce point de vue est contesté par Bernanke et Gertler (1995) qui souligne l'échec de nombreuses études empiriques à mettre en évidence l'incidence significative du taux d'intérêt sur l'activité réelle.

Dans le cadre de leur étude sur les indicateurs avancés du NBER, Stock et Watson (1989) ont montré que les agrégats monétaires et le crédit peuvent être de bons indicateurs avancés de l'activité dans une analyse bi-variée, mais perdent leur pouvoir prédictif dès que d'autres variables contenant davantage d'informations sur l'activité future, notamment le taux d'intérêt (de long et de court terme ; public et privé) sur les obligations publiques substituent les variables telles que la monnaie, le crédit, ainsi que le prix des actions, l'emploi, les ventes, les stocks... Ils retrouvent ainsi le résultat de Sims (1980), qui montrait l'importance du taux d'intérêt dans la prévision de l'activité.

D'autres contributions, Bernanke (1990), Bernanke et Blinder (1992), Friedman et Kuttner (1989,1991 et 1992) trouvent également que les taux d'intérêt et les spreads dominent les agrégats monétaires dans les tests de causalité sur les variables réelles.

Sims (1980) avait déjà mis en évidence le fait que le taux d'intérêt dominait la masse monétaire dans l'estimation de l'activité réelle. Il interprétait ce résultat comme une preuve de la neutralité de la politique monétaire. Bernanke-Blinder et Friedman-Kuttner s'opposent à cette interprétation et reprennent la critique formulée par MacCallum (1983) : le taux d'intérêt est un reflet de la politique monétaire plus fidèle que les agrégats, le fait qu'il soit un indicateur avancé de l'activité démontre la non neutralité de la politique monétaire.

Le pouvoir prédictif des spreads n'a pas une interprétation économique immédiate, puisque ce sont a priori des variables artificielles qui n'équilibrent aucun marché et ne sont pas maniées directement par les autorités monétaires. Aux Etats-Unis la plupart des études

3 « Transmission de la politique monétaire et régime de changes : une comparaison France-Allemagne-Etats-Unis ». In : Revue de l'OFCE. N°61, 1997. pp. 139-164.

empiriques ont montré que le spread entre taux des papiers commerciaux et taux des bons du trésor était le plus significatif. C'est notamment le cas de l'étude de Bernanke (1990), qui fait une comparaison systématique des indicateurs avancés fournis par 8 taux d'intérêt et de 5 spreads de taux.

Dans une étude ultérieure, Friedman et Kuttner (1991) confirment le rôle prédictif des spreads de taux d'intérêt entre marché des "commercial paper" et marché des bons du Trésor. Ces spreads ont tendance à augmenter avant les récessions.

Selon Nubukpo (2002), le canal de transmission du taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale est le suivant : une modification du taux d'intérêt directeur engendre une variation des taux bancaires qui influe sur la demande de biens. La modification du taux directeur entraîne un changement des taux d'intérêt et de rendement des nouveaux emprunts et des placements. Elle pèse aussi sur le taux d'une partie des contrats existants et, en conséquence, sur les flux de revenus et les possibilités de dépenses. La variation du taux d'intérêt directeur induit également un effet de valorisation des actifs financiers. Ces différents enchaînements sont eux-mêmes fonction des structures financières de l'économie. En outre, la modification du taux directeur a un impact sur le taux de change (dans les régimes de changes flexibles) et, par suite, sur les prix relatifs des biens et des actifs selon les devises.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon