SECTION 3 : Implications et Recommandation
Le constat d'une instantanéité des effets d'une
hausse du taux d'intérêt réel, qui n'est rien d'autre ici
que le taux d'intérêt réel du marché
monétaire, nécessite sans doute des commentaires
supplémentaires. Seulement, les modèles VAR étant «
athéoriques », il est difficile de retracer les
caractéristiques du canal effectif de transmission monétaire, au
risque d'abuser de rationalisation `'ex post». Une autre explication
pourrait être donnée, celle d'un effet sur l'activité
réelle des économies de l'UEMOA, d'une variation des taux du
marché monétaire. Le fait que seulement 18% de la variance de
l'erreur de prévision du PIB soient dues à ses propres
innovations, 28% pour l'Inflation et 54% pour l'Investissement, corrobore
assurément une telle explication. Aussi, le taux du marché
monétaire est la seule variable, parmi toutes les autres, dont la
variance de l'erreur de prévision est la plus élevée en
termes d'explication de ses propres innovations. Cela voudra montrer
l'exogénéité du taux du marché monétaire par
rapport aux autres variables.
Pour ce qui concerne l'impact sur l'activité
économique, on a constaté une liaison inverse suite à un
choc positif sur le taux du marché monétaire. Ceci semble
conforme aux prédictions théoriques :
En effet, la hausse des taux directeurs se répercute
sur les taux débiteurs des banques, ce qui induit, toutes choses
égales par ailleurs, une baisse de la demande de crédit bancaire
et un ralentissement des investissements et de la consommation
En ce qui concerne l'impact sur l'inflation, les
réponses des économies de l'UEMOA semblent conduire à un
constat mitigé : l'effet est aussi rapide que celui exercé sur la
croissance économique ; or, c'est par le biais des réponses
données par la croissance économique suite aux variations des
taux d'intérêt directeurs, qu'il est généralement
convenu d'interpréter le sens de l'évolution du taux d'inflation.
Dans un contexte d'expansion économique, la hausse de la demande
engendre une hausse de l'inflation et au contraire, dans les périodes de
récession économique, la faiblesse de la demande exerce un effet
déflationniste. Ce canal de transmission de la politique
monétaire explique l'antériorité de la réponse de
la croissance sur celle de l'inflation dans les pays développés
à économie de marché, suite à une variation des
taux d'intérêt directeurs.
Cependant, dans le cas de l'UEMOA comme dans celui des autres
pays en développement, l'explication de KAHN et KNIGHT (1991, P. 82)
pourrait contribuer à éclairer le paradoxe du délai
très court (c'est-à-dire la réponse instantanée) de
réaction de l'inflation aux variations des taux du marché
monétaire: en effet, ces auteurs privilégient la piste d'une
inflation d'origine monétaire, plus qu'une inflation issue de tensions
sur le marché des biens et services (inflation par la demande). Ils
estiment qu'une augmentation de l'offre nominale de monnaie engendre, pour un
niveau donné de demande réelle de monnaie, un ajustement
(augmentation) rapide des prix, de manière à retrouver le niveau
initial de l'offre réelle de monnaie et donc, l'équilibre sur le
marché de la monnaie. Cette explication, quantitativiste, est d'autant
plus convaincante que l'impact de la politique monétaire sur la
croissance du PIB réel est faible.
De manière générale, l'importance des
effets d'une politique des taux directeurs de la BCEAO, à travers le
taux de marché monétaire, sur l'activité économique
de l'UEMOA, fait ressortir la nécessité d'envisager des actions
susceptibles de lui accorder plus d'importance en vue d'accroître
l'efficacité de la politique monétaire.
Ainsi, une amélioration des mécanismes de
transmission de la politique monétaire au secteur réel dans le
cadre de l'UEMOA s'avère indispensable. Elle est conditionnée par
un certain nombre de facteurs que met en évidence la présente
recherche. En effet, les résultats auxquels nous avons aboutit plaident
pour :
- la nécessité d'évaluer l'impact de la
structure financière des économies de l'Union sur leurs
réponses aux chocs monétaires, ceci dans le souci d'aboutir
à terme à une homogénéité et une convergence
des réponses des différentes économies aux
décisions de politique monétaire ;
- une utilisation active du taux du marché
monétaire comme instrument de régulation à court terme de
la liquidité au sein de l'Union ;
- la nécessité d'envisager des leviers
complémentaires de politique monétaire susceptibles
d'accroître l'efficacité du réglage de l'activité
économique effectué à travers l'utilisation des taux
directeurs ;
- la poursuite de l'approfondissement du marché
financier, devant se traduire par l'essor des placements financiers des
ménages, condition d'une meilleure efficacité des
mécanismes de transmission de la politique monétaire au sein de
l'UMOA.
Alors, une utilisation active du taux d'intérêt
réel du marché monétaire semble donc être
indiquée pour un réglage de l'activité et de l'inflation
au sein de l'union, dans la mesure où il
ressort de cette étude que ce taux constitue la variable
dont la variation influe le plus sur les réponses des
économies.
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