2-3 : Les mécanismes de transmission
monétaire dans l'UEMOA
Les mécanismes par lesquels la politique
monétaire se transmet dans les pays de l'UEMOA sont en phase avec les
objectifs de politique économique et monétaire mis en oeuvre dans
ces pays. Comme pour la plupart des pays en développement en
général, les mécanismes de transmission de la politique
monétaire dans l'UEMOA se font à travers un certain nombre de
voies qui ne diffèrent pas fondamentalement d'un pays à un
autre.
Dans l'UEMOA, la gestion de la politique monétaire repose
sur les conditions ci-après26 :
Une grande sensibilité du coût de refinancement des
banques aux taux d'intérêt directeurs de la BCEAO ;
Une forte élasticité de la demande de
crédits primaires et de placements par rapport aux taux
d'intérêt.
Suite à une évaluation empirique du premier de ces
deux facteurs, DIOP (1998) a abouti à la conclusion selon laquelle :
le taux d'intérêt du marché monétaire
exerce, à court terme, une influence significative sur les taux
débiteurs des banques. A long terme, son impact est faible ;
26 (BCEAO 2000)
le taux de prise en pension de la Banque Centrale semble
être l'instrument de politique monétaire qui, à long terme,
influe sur l'évolution des conditions débitrices des
établissements de crédit.
En effet, selon NUBUKPO (2002), la politique monétaire
dans l'UEMOA s'appuie essentiellement sur les taux d'intérêt de la
BCEAO. Ainsi l'influence de cette politique monétaire sur le secteur
réel passe par la bonne transmission des variations des taux directeurs
pratiqués par la banque centrale. Ainsi, le canal de transmission du
taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale est le suivant :
une modification du taux d'intérêt directeur engendre une
variation des taux bancaires qui influe sur la demande de biens. La
modification du taux directeur entraîne un changement des taux
d'intérêt et de rendement des nouveaux emprunts et des placements.
Elle pèse aussi sur le taux d'une partie des contrats existants et, en
conséquence, sur les flux de revenus et les possibilités de
dépenses.
La variation du taux d'intérêt directeur induit
également un effet de valorisation des actifs financiers. Ces
différents enchaînements sont eux-mêmes fonction des
structures financières de l'économie. En outre, la modification
du taux directeur a un impact sur le taux de change (dans les régimes de
changes flexibles) et, par suite, sur les prix relatifs des biens et des actifs
selon les devises.
D'après les conclusions de Diagne et Doucouré
(CRES), il ressort que les variables-clés de la transmission
monétaire dans l'UEMOA que sont l'agrégat monétaire, le
crédit et le taux de change réel, sont affectées de
façon significative à la suite d'un choc sur le taux
d'intérêt réel dans tous les pays de l'Union. De
même, un choc sur la masse monétaire ou sur le crédit a un
impact effectif sur le taux de change réel et les variables objectifs
(PIB, investissement privé et niveau des prix) d'un pays à un
autre. En somme, le canal de monnaie et le canal de crédit bancaire
coexistent ; mais ce dernier a des effets plus importants sur les variables
cibles que le canal de monnaie.
Ainsi, on peut résumer la transmission de la politique
monétaire au secteur réel dans l'UEMOA de la façon
suivante : « les autorités monétaires (la BCEAO) exercent un
choc sur leur taux d'intérêt directeur (le taux directeur de la
BCEAO) ; ce choc influe sur le taux d'intérêt réel des
banques secondaires, qui à son tour impacte la masse monétaire et
l'offre de crédit bancaire dans les pays de l'Union. » Pour ce qui
concerne l'effet sur le taux de change réel, il est d'importance
relative. En effet, peu de pays de l'Union ont des relations économiques
importantes avec des pays avec lesquels le franc CFA est en situation de change
variable.
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