2-2-2 : Le Canal du crédit20
Dans le cadre du canal du taux (ou canal monétaire), le
rôle des banques se limite à la création de monnaie.
L'offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. Les
variations de taux entraînent des substitutions au sein des portefeuilles
d'actifs (monnaie et titres) détenus par les agents non financiers.
Ainsi, les interventions de politique monétaire modifient les conditions
monétaires et s'observent par l'intermédiaire du passif du bilan
des banques. L'actif du bilan des banques n'intervient pas dans l'analyse. Il
n'existe d'ailleurs pas de différences entre les titres et les
crédits pour le financement de l'activité économique.
En revanche, dans le cadre du canal strict du crédit,
les banques jouent un rôle déterminant dans le processus de
financement par l'intermédiaire de l'octroi de crédits.
Désormais, le système bancaire n'est plus neutre dans la
transmission de la politique monétaire. L'actif et le passif du bilan
des banques doivent être considérés de façon
symétrique.
En cas de durcissement de la politique monétaire, les
banques vont ajuster leurs conditions débitrices : augmentation du taux
des nouveaux crédits et/ou une diminution des crédits offerts. De
plus, les crédits bancaires ne sont pas parfaitement substituables aux
émissions de titres pour financer les projets d'investissement. Cette
substituabilité imparfaite résulte des imperfections
constatées sur le marché du crédit. En effet, les
emprunteurs disposent d'une meilleure information que les prêteurs sur
les caractéristiques de leurs projets d'investissement et sur leurs
situations financières (asymétrie d'information). Les prêts
bancaires sont considérés comme spécifiques puisqu'ils
constituent la principale source de financement en cas d'asymétrie
d'informations. Les agents économiques les plus fréquemment
touchés sont les ménages et les petites et moyennes
entreprises.
Le canal strict du crédit met en avant l'offre de
crédit des banques au lieu de la demande de monnaie des agents non
financiers (canal monétaire). La transmission à la sphère
réelle s'opère par les variations de l'offre de crédit.
L'action monétaire aura des effets sur les décisions
d'investissement.
La littérature a également
développé le canal large du crédit (ou canal du bilan).
Elle repose sur le fait que tous les financements externes sont des substituts
imparfaits au
20 Bulletin de la Banque de France, F. Rosenwald (1995),
« L'influence de la sphère financière sur la sphère
réelle : les canaux du crédit », 1er trimestre,
supplément Etudes. Bulletin de la Banque de France, L. Clerc (2001),
« Le cycle du crédit, une revue de la littérature :
intermédiation, prime de financement externe et politique
monétaire », n°94, octobre. N. Payelle (1994), « Le canal
du crédit dans les mécanismes de transmission de la politique
monétaire en France », GDR Monnaie et Financement.
financement interne. Elle développe l'hypothèse
d'imperfections sur le marché des crédits et, plus
généralement, sur les marchés des capitaux en raison des
coûts de transaction, des coûts d'acquisition de l'information et
des problèmes d'asymétrie de l'information. L'existence de ces
imperfections pèse sur les structures financières des
entreprises, sur leurs possibilités et décisions de financement
et sur leurs comportements de stockage. Généralement, le
financement externe est plus cher que le financement interne. Cet écart
de coût décroît avec la richesse nette de l'emprunteur
(ressources internes et celles admises en garantie). Un choc affectant la
richesse nette de l'emprunteur augmente le coût du financement externe et
pèse donc sur ses décisions (dépenses d'équipement,
de personnel). La généralisation du choc global à
l'ensemble des entreprises déclenche un mécanisme de propagation
des cycles (accélérateur financier21).
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