SECTION 2 : Fonctionnement du mécanisme de
transmission monétaire dans l'UEMOA
Dans cette section, nous allons exposer les
éléments théoriques sur le fonctionnement des
mécanismes de transmission d'une part, et d'autre part décrire
les canaux de transmission de la politique monétaire au sein de l'UEMOA.
Enfin, nous décrirons comment fonctionne les mécanismes de
transmission monétaire tels que le conçoit la littérature
existante à ce propos.
2-1 : Les éléments théoriques
Sur le plan théorique, le fonctionnement du
mécanisme de transmission de la politique monétaire suit un
schéma de base qui se traduit par : les instruments qui
conduisent aux objectifs intermédiaires ou
cibles, qui conduisent à leur tour aux
objectifs finals. Ce schéma de base montre les liens
spécifiques par lesquels les impulsions de la politique monétaire
se répercutent sur l'activité économique et, plus
particulièrement, sur le niveau des prix. Il s'agit ici de
décrire comment les modifications de taux d'intérêt
directeurs décidées par les autorités monétaires
affectent l'ensemble du secteur financier et du secteur réel de
l'économie.
Les banques centrales essayent de percevoir au mieux
l'environnement, c'est-à-dire tous les signes annonçant
l'émergence de tensions à venir, afin de prendre des mesures
avant la survenance de ces tensions dans l'économie. Mais elles savent
qu'il faut un certain délai avant que les effets des actions
monétaires ne se fassent ressentir. Elles s'interrogent par
conséquent sur les délais de réaction mais aussi sur leur
ampleur. L'ajustement de l'économie ne s'effectue pas de manière
instantanée. D'un point de vue théorique, il s'agit de
s'interroger sur l'intégration de la monnaie.
Pour les monétaristes, l'action des autorités
monétaires modifie les prix relatifs (actifs monétaires,
financiers et réels) ensuite la consommation et l'investissement. Nous
sommes dans le cadre des relations réelles de court terme avec
transmission par les prix. A long terme, la politique monétaire n'a
aucune influence sur l'activité réelle. Les prix relatifs des
actifs diffusent les actions des autorités. Le modèle IS/LM de
base développe une transmission par le taux d'intérêt
réel. La courbe décroissante IS décrit l'équilibre
sur le marché des biens, avec le couple production - taux
d'intérêt tandis que la courbe croissante LM, l'équilibre
sur le
marché de la monnaie. L'équilibre
macroéconomique est donné par le couple production et taux
d'intérêt assurant simultanément l'équilibre sur les
deux marchés. La transmission de la politique monétaire va donc
passer par le taux. Le mécanisme retenu se traduit par des ajustements
de portefeuille des agents, c'est-à-dire des ajustements entre monnaie
et titres financiers (les crédits bancaires sont
considérés comme de parfaits substituts aux titres). Cet
ajustement va provoquer une modification de l'ensemble des taux
d'intérêt.
Ainsi, le taux de rendement du capital physique (le coût
du capital) varie et les entreprises sont incitées à le
renouveler, d'où une stimulation du secteur des biens de production avec
diffusion à l'ensemble de l'économie. Dans le cadre d'une
politique monétaire expansionniste, le taux d'intérêt
baissera ; il y a donc une réduction du coût du capital, une
croissance des dépenses d'investissement et, avec le mécanisme du
multiplicateur d'investissement, un accroissement de la demande globale et de
la production. Dans ce modèle, seule la courbe LM évolue puisque
le taux d'intérêt influence la demande de monnaie pour le biais du
motif de spéculation. L'augmentation de l'offre de monnaie
entraîne une baisse du taux et une croissance de la production.
Certains théoriciens sortent du cadre de l'information
symétrique et développent une analyse des canaux dans le cadre
d'informations asymétriques sur les marchés des capitaux et des
crédits. Les imperfections sur les marchés propagent et
amplifient les effets des prix relatifs.
Sur les marchés, les phénomènes
d'anti-sélection (l'une des parties a plus d'informations que l'autre,
le risque du prêteur va donc s'élever) ou d'aléa moral
(risque pour le prêteur sur l'engagement temporel de l'emprunteur)
conduisent les banques à rationner les crédits (le canal du
crédit). La littérature théorique identifie trois canaux
essentiels de la politique monétaire : le canal du taux
d'intérêt, le canal du crédit et le canal des prix d'autres
actifs19.
19 F. S. Mishkin (1996), « Les canaux de transmission
monétaire : leçons pour la politique monétaire »,
Bulletin de la Banque de France, mars. C. Bordes, « La politique
monétaire » chapitre II de « Politique économique
» ellipse.
2-2 : Les canaux de transmission de la politique
monétaire dans l'UEMOA
2-2-1 : Le canal du taux d'intérêt
Les effets des modifications de taux d'intérêt
directeurs sont généralement étudiés dans le cadre
d'une analyse des comportements de dépenses des agents (ménages,
entreprises et Etat). Dans une perspective de court terme et en supposant une
baisse non anticipée des taux d'intérêt, trois effets
peuvent être mis en évidence sur les comportements de
dépenses des ménages :
4 L'effet de substitution : les modifications de taux
d'intérêt conduisent les agents à revoir l'arbitrage entre
consommation immédiate et épargne. Une baisse de taux diminue la
valeur de la consommation future et incite à consommer aujourd'hui
puisque l'épargne devient moins intéressante et le crédit
moins cher.
4 L'effet de revenu : une baisse de taux
entraîne une hausse de la valeur actualisée des dépenses de
consommation anticipées pour des périodes futures. Dès
lors, la consommation future est plus coûteuse, toutes choses
égales par ailleurs. Les ménages préfèrent par
conséquent épargner davantage et réduire leur consommation
immédiate pour faire face à cette situation.
4 L'effet de richesse : une baisse de taux
d'intérêt entraîne une hausse de la valeur actualisée
des revenus futurs des ménages. Cette augmentation s'applique au capital
humain, au capital physique et au capital financier. Ainsi, pour ce dernier,
les agents peuvent décider de vendre une partie du portefeuille de
titres pour obtenir davantage de biens et services. Ils consomment plus de
biens et services.
En ce qui concerne les effets sur l'investissement, une baisse
de taux entraîne un coût d'usage du capital plus faible et donc une
augmentation de la profitabilité de la production et une offre
supérieure de biens ; une substitution du capital au travail. Ces deux
effets impliquent une hausse de l'investissement.
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