1-3-2 : Evolution du système financier
L'appartenance à une même union monétaire
où la politique de la monnaie et du crédit ainsi que la
réglementation bancaire sont les mêmes, devrait rapprocher
considérablement les structures bancaires des différents pays. En
d'autres termes, les systèmes bancaires devraient être
homogènes, afin de garantir des réactions analogues à
d'éventuels chocs. Le fait que tous les systèmes bancaires
nationaux soient entrés en crise dans la même période
tendrait à conforter cette hypothèse. Autrement, une même
politique appliquée à tous les pays aurait des
conséquences différenciées d'un pays à un autre et
ne serait pas, par conséquent, appropriée pour faire face
à des situations dissemblables. Les systèmes financiers nationaux
dans l'Union présentent des caractéristiques communes qui ne
sauraient cacher cependant les différences.
Tout d'abord, les banques commerciales y prédominent.
En effet, leur part dans le capital social global a régulièrement
augmenté au fur et à mesure de l'effritement de la part des
banques de développement. L'évolution d'ensemble masque pourtant
une diversité des situations nationales. Au Burkina et au Niger, la part
des banques de développement dans le capital bancaire a
été prépondérante dans les années 1960-1974.
Au cours de la même période, elle n'a été que de 39
% ; 25 % et 33 % respectivement au Sénégal, en Côte
d'Ivoire et au Togo. Pendant les années 1980-1990, à la suite des
opérations de restructuration bancaire, la plupart des banques de
développement ont disparu. Leur part dans le capital social n'est plus
que de 20 % au Togo, 16 % au Burkina Faso et 4 % en Côte d'Ivoire
(UEMOA, 2000).
Ensuite, l'examen de la composition du capital social fait
apparaître des tendances communes et une diversité de situations.
Les changements majeurs intervenus dans la politique économique des
Etats membres, notamment le passage d'un interventionnisme poussé au
désengagement de l'Etat dans le cadre de l'ajustement structurel, ont
augmenté la part du secteur privé dans le capital social. Cette
évolution a profité en plus grande part à l'actionnariat
étranger (UEMOA, 2000).
Une troisième caractéristique de l'UEMOA est le
faible nombre d'institutions financières implantées. Peut-on
alors prétendre que l'ensemble de ses membres connaît aussi un
développement financier insuffisant ? Sous cet angle, on constate une
forte disparité d'un pays à un autre. Ainsi au cours des
années 1990, la Côte d'Ivoire a la plus forte couverture bancaire
avec 5 % de la population titulaire d'un compte, tandis qu'au Togo et au
Sénégal, le taux varie entre 0,16% et 3,69%. Dans les autres
pays, il demeure inférieur à 2 % (UEMOA,
2000). De plus, l'activité bancaire est toujours
marquée par une forte concentration. En 1975, dans tous les pays de
l'Union, à l'exception du Bénin18 où deux
banques octroyaient la totalité des crédits, la distribution des
crédits était assurée par plus de cinq banques. Quinze
années plus tard, une seule banque distribue plus de 40 % du
crédit au Bénin et au Togo, alors que dans les autres pays 70 %
sont imputables aux trois premières banques.
Enfin, l'intensité de la transmission de la politique
monétaire dépend, dans une large mesure, de la vitesse et de
l'ampleur avec lesquelles les taux directeurs de la BCEAO sont
répercutés sur les taux débiteurs et créditeurs
appliqués aux agents non financiers. C'est pourquoi on doit se demander
si les banques, principales institutions financières dans l'Union,
appliquent à ces derniers le même coût de
l'intermédiation financière. Ce dernier se décompose en
frais d'exploitation, charges nettes (comprenant essentiellement les provisions
nettes pour créances douteuses et les charges d'amortissement) et
impôts sur les bénéfices nets. Les emprunteurs paient ces
coûts et naturellement plus les coûts sont élevés,
moins le système bancaire est performant. Les coûts de
l'intermédiation rapportés à l'actif total sur la
période 1988-94 sont restés à un niveau relativement
faible (UEMOA, 2000). Les systèmes bancaires n'imputent pas à
leurs emprunteurs la même charge. L'intermédiation coûte
plus chère au Burkina, au Mali et au Togo où le taux varie entre
4,9 % et 5,4 %, le Bénin et le Niger ont les charges les plus
faibles.
4000
2000
6000
5000
3000
1000
0
1975
Graphique 3: UEMOA; EVOLUTION DE LA
MASSE MONETAIRE
1978
1931
19?4
1937
1990
1993
19
1999
2702
2705
Source : IMF, International Financial
Statistics
18 .La situation a changé cependant ces dernières
années pour le Bénin où de nombreuses banques se sont
implantées.
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