1-3 : Evolution des autres indicateurs de politique
économiques
1-3-1 : Evolution de l'inflation
Les pays de l'UEMOA ont des taux d'inflation plus faibles que
ceux des pays africains non membres de la Zone Franc ou à d'autres
groupes de pays en développement. Au
cours des années 1960-197417, la moyenne
annuelle de l'inflation a été de 4,7 %. Elle a quasiment
doublé pendant la deuxième période (1975-1989). Cependant,
à l'intérieur de l'Union, il existe des différentiels
d'inflation malgré l'application d'une politique monétaire
commune.
Au cours des années 1975-1989, on a assisté
à une variabilité plus importante de ces taux comparativement
à la période 1960-1974. La Côte d'Ivoire, le Mali et le
Sénégal se situent dans la moyenne supérieure avec
respectivement des taux de 9,7 % ; 8,1 % et 8,4 %. Pour le Bénin, le
Niger et le Togo, la hausse de leurs prix, en moyenne annuelle est
chiffrée, respectivement à 6,3% ; 7,6 % et 7,3 %. La
déflation des années 1990-1993, qui s'est fait sentir dans tous
les pays de l'Union, n'a pas eu la même ampleur d'un pays membre à
un autre. La baisse des prix a été de l'ordre de 3,5 % au Niger,
tandis qu'au Mali on a connu une hausse de 2,4 % en moyenne annuelle. Au cours
des années qui ont suivi la dévaluation du franc CFA, les pays
ont réagi différemment à ce changement de parité.
En 1994, si le Togo, le Niger, le Mali et le Bénin ont connu les hausses
les plus fortes (respectivement 38 % ; 36 % et 34,5 %), le
Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso ont
enregistré des taux d'inflation plus modérés
(respectivement 32 %, 26 % et 25 %), en moyenne annuelle. Pour 1994 et 1995, le
Togo a connu la hausse la plus importante avec 14,3 %, il est suivi du Niger
(12 %), du
Mali et du Bénin (10,7 %).
La variabilité des taux d'inflation dans le cours terme
au sein de l'Union peut avoir plusieurs origines qui sont elles-mêmes
sources de divergences des effets de la politique monétaire (UEMOA,
2000). Nous en retenons deux. En premier lieu, les conjonctures
économiques des membres de l'UEMOA sont différenciées. Ces
pays dépendent principalement de l'exportation d'un nombre limité
de produits de base qui varient d'un exportateur à un autre du point de
vue de leur importance relative ou de leur nature. Ces produits, principale
source de recettes pour les budgets des Etats membres, ont connu une
évolution de leurs cours. Celle-ci, caractérisée par une
grande volatilité, a deux effets
(Boccara et Devarajan, 1993). Le premier est une hausse qui
entraîne une augmentation des dépenses publiques qui se poursuivra
bien après le retournement de conjoncture provoqué par la chute
de ces mêmes cours. Le second, d'ordre monétaire, consiste en un
afflux de devises difficile à geler lorsque les réserves de
change sont mises en commun, le taux de change est
17 Les calculs sont faits par le CRES à partir des
données de la BCEAO, World Bank, World Tables (1994), I.F.S (1998),
OCEDE (98)
maintenu fixe, et la liberté des mouvements de capitaux
garantie entre pays membres de l'Union et les autres pays de la Zone Franc. Une
augmentation de la masse monétaire suivra toujours la montée des
cours des produits de base.
Au total, l'accroissement des dépenses publiques, des
revenus des producteurs des biens primaires exportés et des
intermédiaires intervenant dans leur commercialisation, provoque une
hausse des prix des biens non échangeables, ce qui pousse à
l'accroissement des prix. Les conjonctures étant différentes et
l'importance relative des biens non échangeables variant d'un pays
à un autre, les taux d'inflation diffèrent aussi d'un pays
à un autre. En ce qui concerne le second exemple d'origine, on retiendra
qu'en dépit d'une longue période de politique monétaire
commune, la mobilité des facteurs de production, notamment celle de la
main d'oeuvre est encore limitée, même si elle existe dans une
certaine mesure entre le Mali, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Cette
faible mobilité rend les conjonctures peu synchrones, et donc,
accroît la probabilité que la politique monétaire ait des
effets différenciés dans les différents pays membres.
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25
20
35
30
15
10
-5
5
0
Graphique 2: INFLATION DANS L'UEMOA
Source: IMF, International Financial
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