CHAPITRE - III
QUESTION DE RECHERCHE
- Le taux faible de l'allaitement maternel (surtout exclusif
pendant les six premiers mois) est-il lié aux mauvaises pratiques et
tabous dans la communauté, ou à une connaissance insuffisante
(des mères et du personnel de santé) des recommandations
nationales sur l'allaitement maternel ?
CHAPITRE- IV
JUSTIFICATION
Nous entreprenons donc ce travail pour étudier les
connaissances et pratiques de l'allaitement maternel et de déceler les
croyances et tabous propre à la ville de Bafoussam dans l'Ouest du
Cameroun. Ceci pourrait aider à améliorer le taux de
l'allaitement maternel dans la région de l'Ouest en particulier.
CHAPITRE-V
RAPPEL DES CONNAISSANCES
ET REVUE DE LA LITTERATURE
V-1 DEFINITIONS DES TERMES
Allaitement maternel exclusif : le
bébé ne reçoit que le lait de sa mère (pris
directement au sein ou tiré et donné ultérieurement) et
aucun autre aliment ou boisson à l'exception des vitamines,
minéraux ou médicaments qui seront prescrit par le
médecin.
Alimentation mixte : Le
bébé reçoit à la fois le lait de sa mère et
un lait infantile adapté à son âge.
Alimentation de substitution : Le
bébé reçoit uniquement un lait infantile adapté
à son âge.
Aliment de complément : Tout
aliment fabriqué industriellement ou confectionné localement
pouvant convenir comme complément du lait maternel ou du lait artificiel
pour nourrisson, quand le lait maternel ou le lait artificiel ne suffisent plus
pour satisfaire aux besoins nutritionnels du nourrisson (à partir de six
mois).
Sevrage: Processus d'introduction des
aliments solides pendant la poursuite de l'allaitement maternel.
Ablactation : Arrêt complet de
l'allaitement maternel.
Relactation : processus qui consiste
à allaiter de nouveau un enfant qui avait été
ablacté pour n'importe quelle raison que ce soit.
V-2 EPIDEMIOLOGIE
L'OMS et l'UNICEF recommandent que les enfants soient
exclusivement nourris au sein jusqu'à l'âge de six mois. Et
l'allaitement au sein doit être poursuivi jusqu'à l'âge de
deux ans. Cependant à partir de six mois le lait maternel est
complété par l'introduction d'un aliment de complément
approprié (13).
Mais seulement 55% des nourrissons dans le monde
bénéficient pendant les quatre mois de leur vie de l'allaitement
exclusif ce qui est insuffisant pour l'enfant (12, 14, 15).
Plusieurs travaux ont montré que l'introduction
précoce des aliments de complément est associée à
une augmentation du risque des maladies diarrhéiques (3, 4) et à
un raccourcissement de la durée de l'allaitement (5, 6).
Depuis des années 70, un grand nombre
d'enquêtes démographiques et de santé sont
réalisées dans les pays africains. Ces enquêtes
évaluent les pratiques de l'allaitement au niveau national à
partir d'échantillons représentatifs de la population avec une
méthodologie standardisée (16). Dans les 34 pays d'Afrique
où des enquêtes démographiques et de santé ont
été réalisées, plus de 95% de nourrissons sont
allaités. Cette universalité apparente cache toutefois
d'importantes différences, en particulier suivant les régions
(17). L'initiation précoce de l'allaitement maternel à la
naissance est peu fréquente en Afrique de l'Ouest car le colostrum n'y
est pas traditionnellement donné au nouveau-né (18, 19). Le taux
d'initiation pendant les premières 24 heures y est beaucoup plus bas
51% que dans les autres régions en Afrique de l'Est 86% et en Afrique
Centrale et du Sud 83% (16) Cette tendance au déclin de l'allaitement
maternel s'observe surtout dans les grandes villes des pays du tiers monde
(20). En Côte-d'Ivoire des enquêtes réalisées dans
certains quartiers d'Abidjan (2) ont révélé que 90% de
mères donnaient en plus du lait maternel, du lait artificiel à
des nourrissons de moins de 4 mois. Au Maroc on a observé une baisse du
taux de l'allaitement exclusif jusqu'à six mois qui est passé de
51% en 1952 à 31% en 2004 (21). Par contre au Burkina-Faso,
Traoré et al ont constaté un pourcentage élevé de
l'allaitement maternel (88,6%) et une durée moyenne de l'allaitement
estimée à 13,8 mois avec un taux d'allaitement mixte
estimé à 8.8%.
Au Cameroun une enquête transversale
réalisée à la PMI d'Essos auprès de 152 couples
mères enfants en 1992 par Nlend et al (22) avait retrouvé un
faible taux d'allaitement maternel exclusif de 17,3% associé à
une durée d'allaitement maternel exclusif de 28 à 43 jours en
moyenne.
Kobela (23) a fait son étude en 1993 sur les facteurs
influençant le choix du mode d'allaitement à Yaoundé et
avait trouvé que 66,3% des mamans prévoyaient un allaitement
mixte, 30% prévoyaient d'allaiter au sein et 3,8% prévoyaient un
allaitement artificiel exclusif. Elle avait également trouvé que
l'âge, la parité, le niveau d'éducation, le travail de la
mère et le milieu urbain avaient été des facteurs
influençant négativement l'allaitement maternel. Plusieurs
raisons de la pratique de l'allaitement mixte avaient été
évoquées dont la principale était le travail externe des
mères.
Une autre étude transversale effectuée dans
les 4 unités de PMI de l'hôpital central de Yaoundé en 1997
(24) sur les pratiques d'allaitement et de sevrage chez 312 mères avait
révélé que le taux d'allaitement exclusif jusqu'à
six mois était de 3% avec un âge moyen d'introduction d'aliment
solides de 3, 25 mois. Plusieurs raisons du sevrage avaient été
évoquées dont les principales sont : l'enfant mange bien, il
est déjà grand, le lait gâté.
L'enquête Démographique et de Santé
au Cameroun 2004 relève un taux d'allaitement maternel exclusif
à six mois de 24% avec une durée médiane de l'allaitement
de 18 mois.
Siyou (25) dans son étude faite au Centre
mère et enfant de la Fondation Chantal Biya à Yaoundé en
2006 à propos de 215 nourrissons sur les pratiques de la diversification
alimentaire des nourrissons avait relevé que le taux d'allaitement
maternel exclusif jusqu'à six mois était de 10,7% avec une
durée moyenne de l'allaitement maternel exclusif de 3,4 mois, une
durée moyenne de l'allaitement maternel de 9,2 mois un taux
d'allaitement mixte à six mois de 74,8% et un âge moyen du
début de la diversification de 4,3 mois. Plusieurs raisons de la non
pratique ou non poursuite de l'allaitement maternel exclusif jusqu'à six
mois avaient été relevées : lait insuffisant 29,8%,
l'enfant veut manger 16,7%, travail extérieur de la mère etc.
Dans le rapport de synthèse de l'enquête par
grappe à indicateurs multiples (26) (MICS 3) 2006 19,6% d'enfants
étaient allaités moins d'une heure après la naissance.
L'allaitement relève d'un accompagnement
d'équipe dans lequel le médecin doit s'impliquer (27). Une
enquête CAP réalisée en 1991 auprès du personnel de
santé et des mères à Dakar (8) indiquait que 28% des
agents de santé avaient recommandé d'allaiter le
bébé dans l'heure ou les deux heures qui avaient suivi
l'accouchement alors que 34% recommandaient d'attendre 24 heures avant
d'allaiter. Au Maroc, une étude faite en 2004 montrait un taux un peu
élevé 30,9% dans les services médicalisés alors que
71,4% recommandent d'attendre 24 heures avant de mettre l'enfant au sein (21).
Au Burkina-Faso dans 52,2% de cas le personnel conseillait l'administration
d'eau sucrée le premier jour de vie.
Au Cameroun Ngofika dans son étude exploratrice en
1996 (28) effectuée dans cinq institutions hospitalières de la
ville de Yaoundé sur l'influence du personnel de santé sur les
connaissances et les attitudes des mères en matière d'allaitement
maternel elle avait pu constater que 1,8% du personnel accoucheur était
formé en allaitement maternel. On notait également que 69,7% de
mères avaient été informées sur la mise au sein
dans les trente minutes suivant l'accouchement, et 67,3% des mères
savaient qu'il faut allaiter le bébé à la demande.
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