II-2 Les insuffisances des systèmes
introduits
> Le compost est selon les populations
enquêtées l'une des meilleurs techniques face à la baisse
de la fertilité des sols. Cependant, il comporte quelques insuffisances
qui entravent sa mise en pratique. Les enquêtes menées sur le
terrain ont montré que 71% des personnes qui ont été
formées aux techniques de compostages ne le pratiquent plus pour
diverses raisons (voir tableau 20).
Tableau 20 Le délaissement du compostage
Nombre de personnes formées en techniques de
compostage
|
Fréquence en %
|
Nombre ayant abandonné le compostage
|
Fréquence en %
|
52
|
100
|
37
|
71
|
|
Parmi ceux qui l'ont abandonné, 30% évoque des
motifs économiques et 70%, des difficultés de la
réalisation par rapport à leur âge (figure 8).
Figure 8 Les raisons du délaissement du compostage
·
70% 60% 50% 40% 30%
20%
10%
0%
Des problèmes économiques Difficulté de
réalisation par
rapport à l'âge
65%
35%
![](Problematique-de-la-lutte-contre-la-degradation-des-ressources-naturelles-dans-la-communaute-rura43.png)
Série1
Pour ceux qui l'ont abandonné pour des raisons
économiques, ils avaient à leur disposition une vache dont les
déjections étaient ramassées et mises dans les fosses
compostières. La plupart d'entre eux, pour des difficultés
économiques, ont vendu leurs vaches, d'où l'arrêt du
compostage. Cela fait ressortir un point important à savoir,
l'étroite relation entre la pérennité des méthodes
de lutte et la situation économique des ménages.
· Pour les autres, ils affirment que leur âge ne
leur permet plus d'exécuter certains travaux. Or le compostage est une
pratique relativement éprouvante. En effet, les jeunes n'étant
plus attirés par l'agriculture finissent par migrer pour exercer
d'autres types d'activités dans les grandes villes. De ce fait, il ne
reste pratiquement que des vieux qui finissent par abandonner la pratique.
> Les aménagements structuraux sont aussi
très efficaces dans leur rôle de lutte contre l'érosion
hydrique. Mais, avec le manque de contrôle et de suivi, cette
efficacité risque d'être perdue.
· Les diguettes ont une longueur de
300m chacune. Puisque que la zone ou elles sont implantées est
actuellement réservée au bétail, les bergers, au lieu de
les contourner y créent des brèches permettant ainsi aux animaux
de passer (photo10).
![](Problematique-de-la-lutte-contre-la-degradation-des-ressources-naturelles-dans-la-communaute-rura44.png)
Photo 10 Brèche ouverte sur l'une des diguettes
antiérosives
De plus, il n'y a pas de colmatage de ces brèches. Donc,
si on n'y prend pas garde, l'infrastructure risque de ne plus jouer son
rôle de protection sous peu de temps.
· Pour les cordons pierreux, qui ont
été posés, les populations ramassent les blocs de pierres
qui étaient disposés le long des pentes. Elles en font plusieurs
usages comme le remblaiement des fosses sceptiques. De ce fait, la plupart des
cordons sont disloqués. Ainsi ils ne pourront plus atténuer
l'intensité des eaux de ruissellement.
Il importe donc de trouver des stratégies de
contrôle et de suivi pour le maintien des infrastructures
destinées à la lutte contre la dégradation des sols.
III-II-3 Les limites de l'intervention des ONG
Les organismes ont joué un rôle important dans
la protection des ressources naturelles. Toutefois, on note quelques
insuffisances dans leur démarche qui entravent l'efficacité de
leur intervention.
En fait, pour l'intervention des organismes, les
enquêtes menées nous permettent de conclure qu'il n'y a pas
d'approche globale de lutte contre la dégradation des ressources
naturelles. Hormis le POGV qui a couvert un nombre assez
important de villages, tous les autres se sont intéressés
à trois villages tout au plus. De ce fait, on note une absence de
coordination au niveau des acteurs intervenant dans la communauté rurale
de Fandène. En effet, chaque organisme arrive avec sa propre politique
et sans tenir compte des actions qui sont déjà
réalisées par ceux qui ont précédé. Selon
Slaymaker et Blench (2002), « Cette situation entraine dans certains cas
une répétition inutile des efforts entrepris et explique en
partie la faiblesse des résultats ». Selon les populations, il n'y
a pas de diagnostic préalable des difficultés liées
à la mise en pratique des techniques introduites. Par conséquent,
les mêmes problèmes refont surface. Il en est ainsi de la
technique de compostage qui est qui est proposée par tous les organismes
avec un nombre assez important de paysans formés. Mais, dans tous les
cas, la mise en pratique diminue drastiquement avec l'arrêt des appuis.
D'où la nécessité de coordonner les interventions et
ensuite de procéder à une planification à long terme au
lieu de répondre à des urgences en matière de gestion des
ressources naturelles.
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