III-III-Les insuffisances de la protection des
ressources végétales
Il s'agit de faire ressortir les insuffisances des
méthodes traditionnelles ou introduites par l'Etat ou les organismes.
III-III-1 Les limites des techniques traditionnelles
Comme il est déjà signalé, les
stratégies traditionnelles de lutte contre la dégradation des
ressources végétales ont une certaine efficacité. Mais
cette efficacité a pour soubassement une cohésion sociale gage
d'une bonne hiérarchisation de la société. Ainsi, les
différentes règles édictées peuvent être
suivies sans grand risque de transgression. Mais actuellement le changement des
valeurs et de comportements des populations vis-à-vis des ressources
végétales fait que celles-ci sont désormais
considérées comme une ressource à valeur marchande. Ainsi,
même s'il y a cette forme de protection, les difficultés
économiques dues a la crise du monde rural fait que, selon Ba I. (1999)
« Les relations de l'homme et de la nature se fondent [désormais]
sur des considérations et des valeurs d'appropriation et d'exploitation
qui induisent des comportements prédateurs et des genres de vies
ravageurs vis-à-vis de l'environnement ».
En effet, 66% des personnes interrogées dans le centre
qui pratiquent cette forme de protection soutiennent qu'elle n'est plus aussi
efficace qu'elle l'était d'antan. Selon elles, c'est le baobab qui en
souffre le plus. Même s'il ya un signe distinctif indiquant qu'il est
défendu de le couper, les gens le font de manière
clandestine pour satisfaire leur besoins ponctuels.
III-III-2 Les limites de l'intervention de l'Etat
III-III-2-1 Cadre législatif
La législation forestière pendant la
période coloniale ou au lendemain des indépendances a permis de
mettre en place des conditions destinées à la protection des
végétaux. Cependant, ces lois étaient de types dirigistes
et contribuaient à atteindre les objectifs du colonisateur qui
étaient une exploitation beaucoup plus efficace des produits forestiers
au profit de la métropole.
Au lendemain des Indépendances jusque dans les
années 1970, cette même politique était
perpétuée. Les populations locales, étant
considérées comme les principales responsables de l'état
de dégradation des ressources végétales, les textes
relatifs à la protection forestière sont forcément
dirigés contre elles. De ce fait, celles-ci étaient
marginalisées et « n'avaient qu'un rôle de pourvoyeuse de
main d'oeuvre, si elles n'étaient pas cible d'action répressives.
» (Ba I. 1999). Cette marginalisation a fait naître au niveau des
populations rurales un sentiment de désaffection vis-à-vis des
ressources naturelles qu'elles ne contrôlaient plus. D'où la
naissance de « l'esprit de prédation ». Autrement dit,
l'apparition des pratiques dévastatrices néfastes pour
l'environnement contraires à l'esprit qui prévalait avec la
gestion traditionnelle des ressources naturelles. Ces lois mettaient un terme
à la gestion coutumière des ressources végétales.
Elles échappent ainsi au contrôle des populations rurales.
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