II-III-1-2-1 La mise en valeur agricole :
La dégradation de la végétation de la
communauté rurale de Fandène a débuté il y a
longtemps (70-80 ans) avec la stabilisation de la zone par les Français
et la fixation définitive de ces premiers habitants. Cette
dégradation est en droite ligne avec l'augmentation des superficies
cultivées. Ainsi, «dans les pays en voie de développement,
[...] La première cause de déforestation est l'extension des
terres agricoles». (Lamy, 2001)
De plus avec la sédentarisation, on assiste à un
développement plus fulgurent de l'activité agricole. En effet,
selon Enda Graf Sahel (1992), «La population s'est lentement accrue, et
avec elle les surfaces cultivées. C'est d'abord le Dior qui a
été le plus intensément exploité ensuite le Gol
dont le défrichement remonte à 70-80 ans. La forêt comme
barrière naturelle ne se justifiait plus, elle pouvait largement
être ouverte ».
Cette dynamique va se poursuivre de manière progressive
et aura une plus grande ampleur surtout avec la croissance
démographique. Après l'exploitation du Dior conduisant à
sa dégradation, les populations se sont rabattues sur la vallée
qui a fini par connaître le même sort. Ensuite les elles se sont
sédentarisées petit-à-petit autour des bas-fonds en
remplaçant la forêt dense par des vergers et des terres
agricoles.
De même, l'exemple du village de Touba Peycouck est
aussi très illustratif. En 2000, un grand nombre de manguiers a
été littéralement coupé au profit d'un
aménagement agricole de 9,5 hectares destiné aux activités
maraîchères.
II-III-1-2-2 Les activités de cueillette
Les enquêtes ont montré que les populations de la
Communauté Rurale font plusieurs usages de la végétation
pour satisfaire leurs besoins. Parmi ces usages les activités de
cueillette regroupant l'énergie domestique, la récolte foliaire
et la pharmacopée traditionnelle.
> L'énergie domestique
La production d'énergie domestique se
révèle être la plus significative et la plus sensible
à la dégradation. C'est sans doute pour cette raison qu'elle est
considérée par Lamy (2001) comme le deuxième facteur
lié à la dégradation. En effet, 90% des ménages
enquêtés utilisent, pour les deux repas de la journée (le
déjeuner et le dîner), le bois comme combustible. Les autres, soit
10% utilisent, exclusivement cette source d'énergie pour la
cuisson. L'utilisation d'une autre source d'énergie
comme le gaz butane est réservée à la préparation
de petits repas tels que le petit-déjeuner. Ceci est dû au fait
que, pendant l'année scolaire, ce moyen demeure le plus rapide pour ne
pas retarder les écoliers. De même, pendant la saison des pluies,
avec l'effet de l'humidité, l'utilisation du bois devient très
difficile au petit matin. Or, les gens doivent se rendre très tôt
aux champs. Ce qui justifie à ce niveau l'utilisation de ce
combustible.
Par ailleurs, certaines études faites au niveau de la
zone, particulièrement dans la partie centrale et Nord et surtout dans
le Gol ont montré que sa proximité avec la ville de Thiès
est un facteur non négligeable ayant contribué à la
disparition de l'essentiel du couvert végétal. En effet, la
croissance de cette ville s'est accompagnée d'une forte demande en
combustible ligneux. Ainsi, après l'arrêt des activités
agricoles dans cette partie, « les arbres n'étant plus aussi bien
entretenus, entrèrent des charbonniers guinéens » (Enda Graf
Sahel, 1992). Cette zone est restée pendant un certain temps pourvoyeuse
de combustible ligneux. Ainsi, la sécheresse qui a été
très souvent indexée n'a joué qu'un rôle mineur au
regard des coupes sauvages qui étaient destinées à la
vente. C'est ainsi que « cette zone fut donc [...] mise à nu par
les bûcherons pour prendre l'aspect de terrain dégradé
qu'il a aujourd'hui » (Desthieux, 2000).
> L'exploitation foliaire
Elle concerne l'exploitation directe des ressources
végétales à travers les feuilles des arbres. Cette
activité a toujours existé dans la communauté rurale de
Fandène mais elle a pris une ampleur considérable suite aux
difficultés rencontrées dans le domaine agricole. En effet, la
succession d'années où la pluviométrie est largement
déficitaire dans les années 1970 a porté un coup
énorme à l'agriculture. Les rendements obtenus sont pour la
plupart très faibles et ne permettent pas de régler les
problèmes des populations. Ainsi, pour subvenir à leurs besoins,
la récolte des feuilles a été pratiquée à
des fins mercantiles. Ce qui justifie par exemple l'exploitation abusive des
feuilles du baobab (Adansonia digitata), du Combretum
micranthum et beaucoup d'autre espèces.
> La pharmacopée traditionnelle :
Elle concerne l'ensemble des remèdes obtenus de
manière traditionnelle. En effet, comme il a été dit plus
haut, la communauté rurale regorge d'espèces très rares
ayant des vertus curatives. De la sorte, une forte pression est exercée
sur ces arbres. Les personnes s'adonnant à cette activité sont
intéressées par : l'écorce, les feuilles et les racines.
En somme,
toutes les parties de la plante sont utilisées. Ce qui la
conduit à une mort certaine. C'est dans ce contexte que la plupart des
grands arbres ont presque ou complètement disparu.
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