II-II Les terres agricoles
Le sol est une ressource naturelle essentielle aux hommes surtout
aux sociétés rurales. Elles en font plusieurs usages dont les
plus importants sont l'agriculture et la foresterie. Ces deux activités
occupent une place centrale dans la Communauté Rurale de Fandène.
Ce qui veut dire que le sol est une ressource essentielle dans le
développement économique de la zone.
Cependant, suite à leur mise en valeur, ces sols sont
gravement modifiés. Ceci favorise l'apparition de
phénomènes de dégradation tels que l'appauvrissement en
matière organique qui conduit à un tassement superficiel et
l'érosion. Toutes ces formes de dégradation débouchent sur
la baisse de la fertilité.
II-II-1 Les causes de la dégradation
La dégradation des sols dans la communauté
rurale de Fandène est due à des facteurs multiples. Cependant, le
système d'exploitation et la pression sur les terres sont les plus mis
en cause. Ils sont responsables de la baisse du taux de matière
organique contenues dans le sol, ce qui conduit à un tassement
superficiel. Cette forme de dégradation facilite l'action des facteurs
physiques tels que l'érosion.
II-1-1 Les causes physiques
II-1-1-1 L'érosion
« L'érosion est un phénomène naturel
compensé par la formation de sols » (Lamy, 2001). En effet, le sol
se forme naturellement à partir de l'altération de la roche
mère. « C'est grâce à un bon équilibre entre la
formation du sol, à partir de la roche, et l'érosion que de
nombreux sols du monde ne s'épaississent pas trop » (Ruellan,
1994). Autrement dit, puisque les sols se forment continuellement, pour garder
un équilibre, il faut
que les horizons supérieurs soient
érodés. En effet, les sols épais sont
généralement pauvres d'un point de vue chimique. « Il y a
dégradation quand l'érosion va plus vite que la formation du sol
à partir de la roche (le sol perd ses couches superficielles les plus
fertiles et s'amincit) ou quand les propriétés biologiques et
physico-chimiques des sols, utilisées par les besoins des hommes, n'ont
plus le temps de se renouveler naturellement ou ne sont pas renouvelées
artificiellement par l'homme : les sols s'épuisent ». (Ruellan,
1994). Autrement dit, ce phénomène érosif devient
dangereux quand il est plus important que l'épaississement du sol et la
reconstitution des horizons organiques et biologiques de surface.
Cette érosion est en étroite relation avec la
diminution de la couverture végétale. En effet, comme il a
été déjà expliqué, le paysage de la
Communauté Rurale de Fandène a connu de très fortes
modifications au fil du temps. La diminution de la végétation et
le tassement des sols sont les corollaires de ces modifications. Ainsi
l'érosion agit de manière beaucoup plus rapide et efficace sur
ces terres dénudées et qui ont subi un tassement superficiel.
En fait, dans la zone sahélienne, le ruissellement joue
un rôle important dans ce processus d'érosion. La
pluviométrie qui est comprise entre 400mm et 500mm est faible
(relativement) mais « La fréquence et l'intensité des pluies
lui confèrent un effet érosif important » (Enda Graf, 1992).
Ces pluies, souvent intenses en tombant sur le sol, désagrègent
les particules et les projettent assez loin. L'entraînement des
matériaux désagrégés est assuré par le
ruissellement. De même, «Lorsque les précipitations sont
très intenses, le débit de la pluie par unité de surface
devient supérieur à la capacité d'infiltration de la terre
; il se constitue alors à la surface une nappe d'eau plus ou moins
épaisse qui va s'écouler vers l'affluent le plus voisin. »
Fournier Frédéric et Hénin Stéphane, (2008).
Cette érosion en nappe est responsable de l'emportement
des particules fines et les substances nutritives nécessaires à
la bonne fertilité des sols. Cette forme d'érosion est aussi
responsable de la couleur des sols, qui est blanchâtre au niveau des
zones proches des bas-fonds, situées sur les terres hautes. On
les rencontre dans le Nord-est entre Keur Mamarame et Sam Ndiaye et le village
de Thialé. Mais aussi dans toutes les zones où passent le
bas-fond et ses affluents. (Ces zones étant caractérisées
par des pentes douces et peu boisées).
Au niveau des bas-fonds, l'érosion se manifeste «
sous forme de croûte de battance » (Desthieux, 2000). En effet, ces
parties sont caractérisées par des sols sablo-limoneux, pauvres
en matière organique et argile. Après, les fortes pluies de
l'hivernage provoquent une désagrégation des particules du sol.
Cette déstructuration se produit avec une ségrégation
des
particules. Les éléments les plus grossiers se
trouvant en bas et les plus fines en surface. Ceux-ci colmatent les pores. Ils
forment ainsi une couche cimentée d'une cohésion très
forte, perturbant énormément la porosité du sol. Cela rend
très difficile l'exploitation agricole dans cette partie et, en outre,
accélère les actions de l'érosion éolienne et
hydrique du fait de l'imperméabilité du sol.
L'érosion éolienne aussi est un facteur non
négligeable eu égard à l'importance de la vitesse du vent.
En effet, l'harmattan avec une forte composante Est souffle de janvier à
avril avec des vitesses atteignant plus de 17 km/h (voir tableau n°1) sur
des terres dépourvues de l'essentiel de la protection
végétale. Ainsi l'essentiel de la partie arable des terres est
emporté par le vannage.
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