3.3 Expériences personnelles
Lors de mon stage en responsabilité, que j'ai
effectué en zone difficile, j'ai pu essayer de mettre en application
certains de ces points afin d'augmenter la motivation des élèves.
Je voulais en particulier favoriser le dialogue avec mes élèves,
leur montrer que je n'étais pas seulement une enseignante mais
également une personne humaine capable de comprendre leurs sentiments.
Je voulais mettre un point d'honneur à essayer d'instaurer un climat de
confiance afin d'optimiser les conditions de travail autant pour moi que pour
les élèves.
En classe, différents comportements
d'élèves peuvent amener l'enseignant à s'interroger sur
les raisons de ces comportements mais également sur la façon de
les modifier. Le premier exemple que je vais aborder est celui de Kevin qui est
un élève très extraverti, qui n'hésite pas à
s'exprimer à tout moment. Son comportement est gênant d'une part
car il perturbe le déroulement du cours, mais d'autre part car Kevin,
à cause de ce comportement, ne se permet pas de suivre le cours. Le
second exemple dont je vais parler concerne un comportement à
l'opposé de celui de Kevin ; c'est celui de Dylan qui lui ne perturbe
absolument pas le déroulement du cours étant donné que cet
élève ne fait strictement rien. Ces
deux comportements, complètement opposés,
conduisent tout de même à un résultat similaire : dans les
deux cas les élèves ne suivent absolument pas le cours.
Premier exemple : Kevin est un élève
particulièrement dissipé. Lors des premières
séances il ne suivait pas le cours et ne manquait pas une occasion de
distraire ses camarades en prenant la parole à haute voix pendant le
cours pour commenter des choses sans rapport avec la leçon. A chaque
fois que je lui demandais de se mettre au travail, Kevin me répondait
« De toutes façons je comprends rien aux maths, c'est trop dur !
». Au bout de deux ou trois séances, j'ai demandé à
Kevin de venir me voir à la fin de l'heure. Une fois en tête
à tête avec lui, je lui ai expliqué qu'il avait les
capacités nécessaires pour comprendre le chapitre en cours, qu'il
suffisait qu'il y mette un peu de bonne volonté. Je lui ai
également parlé de son avenir, en lui expliquant que ça
serait dommage qu'il passe à côté de ce qu'il voulait faire
juste à cause d'un peu de mauvaise volonté. À la
séance suivante, l'attitude de Kevin a été exemplaire. Il
a suivi le cours, n'a pas bavardé et a participé activement
durant toute la séance. À chaque fois qu'il participait, je ne
manquais pas de le féliciter ; il était même
déçu lorsque je ne l'interrogeais pas (si je l'avais
interrogé à chaque fois qu'il levait la main, je n'aurais
interrogé que lui). À la fin de la séance, je suis
allée lui dire que j'étais très contente de son attitude
et je lui ai demandé s'il avait apprécié le
déroulement de la séance, ce à quoi il m'a répondu
que oui car il avait tout compris. Cette attitude a duré plusieurs
séances, mais au bout d'un certain temps il a commencé à
se lasser et à reprendre ses mauvaises habitudes. C'est un travail sur
les élèves qui ne s'acquiert pas en une séance, il faut
recommencer en permanence et tout au long de l'année pour obtenir des
résultats sur le long terme. Un jour où Kevin a été
particulièrement bavard en classe, j'ai mis une observation dans son
carnet (après l'avoir averti bien sûr que ça lui arriverait
s'il ne se taisait pas). Dès l'instant où j'ai pris son carnet,
Kevin s'est complétement braqué et a refusé de travailler
pour le reste de l'heure. Il m'a paru à ce moment là très
difficile de trouver le juste milieu pour gérer ce genre de
comportement. Il faut essayer de mettre les élèves au travail,
mais sans les bloquer en sanctionnant trop leur comportement et je pense que
c'est une chose qui varie d'un élève à l'autre. Il faut
donc essayer de trouver un juste milieu, qui pourra être propre à
chaque élève et stimuler constamment la motivation des
élèves.
Deuxième exemple : Dylan est un élève qui
se place au fond de la classe et qui ne travaille pas de l'heure. Il n'est pas
particulièrement dérangeant de part son comportement,
même s'il aime bien de temps en temps se faire
remarquer, mais il refuse de travailler. Son cahier reste fermé durant
toute la séance, ses exercices ne sont pas faits et il ne copie ni le
cours, ni la correction des exercices. Comme je n'avais pas le temps de
débattre avec lui durant le cours, je lui ai également
demandé de venir me voir à la fin de l'heure au bout de la
deuxième séance. Lorsque j'ai demandé à Dylan
pourquoi il refusait de travailler, il m'a répondu que ça ne
servait à rien car de toute façon il était nul, alors
pourquoi copier le cours puisqu'il n'allait pas le comprendre ? Cette fois
parler de l'avenir professionnel n'a pas eu un grand impact, Dylan n'ayant
aucun projet professionnel. Je lui ai donc expliqué qu'il n'était
pas plus incapable que les autres élèves, et que s'il s'en
donnait les moyens il pourrait sans aucun doute comprendre la leçon. Je
lui ai demandé d'essayer, au moins pour le prochain cours, de faire un
effort et de suivre la leçon et copier le cours. À la
séance suivante, Dylan a fait un effort, il a copié son cours, en
ne manquant pas de me le faire remarquer, et a suivi la leçon. Il n'a
pas fait les exercices, mais il a suivi le déroulement de la
séance et s'est même porté volontaire pour aller corriger
une question au tableau. Son comportement n'a pas posé de
problèmes, il ne s'est pas fait remarquer et je suis allée lui
dire à la fin de la séance que j'étais contente de son
comportement. Il m'a dit qu'il avait compris la leçon et qu'il
continuerait à faire des efforts. Durant la suite de mon stage, le
comportement de Dylan n'a pas beaucoup évolué, mais il a
continué de copier le cours dans son cahier. De temps en temps il
faisait les exercices et participait, mais il n'est pas devenu un
élève « exemplaire ».
Le troisième exemple que je vais aborder ne concerne
pas un élève en particulier. Je voulais aborder les observations
que j'ai pu mettre sur les copies des élèves. Pour chaque copie,
dans la mesure du possible, je me suis appliquée à mettre au
moins un commentaire positif. Je ne voulais en aucun cas dévaloriser un
élève qui aurait fourni un travail, même si ce travail ne
correspondait pas aux attentes. Je voulais à tout prix éviter que
des élèves se laissent décourager par une mauvaise note.
Certains élèves ont été surpris d'avoir un
commentaire tout de même positif alors que la note était loin
d'être bonne ; ces mêmes élèves ont par la suite
montré plus de motivation. Je souhaitais mettre en avant le travail
fourni, et non pas uniquement le résultat. Les élèves ont
alors compris qu'il ne fallait pas qu'ils se découragent et ont fait
preuve de persévérance afin d'améliorer leurs
résultats. Je pense notamment à Lise qui au début du stage
était une élève très bavarde. Lorsqu'elle a vu que
je m'intéressais à son travail, que même si je ne lui
mettais pas de bonnes notes je l'encourageais à continuer à
travailler car certains de ses résultats étaient prometteurs,
elle s'est mise à suivre davantage en
classe et à bavarder beaucoup moins. Elle souhaitait
que je sois fière d'elle, de son travail, de ses progrès et
mettait tout en oeuvre pour y parvenir. Elle a compris que j'avais confiance en
ses capacités à réussir et cela lui a donné envie
de réussir.
Je souhaitais pour terminer cette partie parler
également du déroulement d'une interrogation de cours. Les
élèves étaient prévenus que cette interrogation
aurait lieu, ils savaient exactement ce sur quoi ils allaient être
interrogés car je leur avais clairement explicité la veille.
Lorsque j'ai distribué les énoncés (cf. annexe 8), j'ai
constaté que certains élèves ne regardaient même pas
le sujet et attendaient patiemment que les cinq minutes passent. J'avais
volontairement dans cette interrogation mis des questions relativement simples
sur les puissances de 10 afin de la rendre accessible même aux
élèves qui n'auraient pas eu envie de réviser ; en effet
à chaque début de cours j'avais effectué des rappels sur
les puissances de 10 et j'étais certaine que la quasi-totalité
des élèves avaient bien assimilé cette règle. Je me
suis donc dirigée vers les élèves qui n'avaient pas pris
la peine de lire les questions, et je leur ai dit qu'ils savaient
répondre aux questions concernant les puissances de 10, qu'ils l'avaient
déjà fait plusieurs fois en cours. Suite à mon
intervention, ces élèves ont répondu à ces
questions et ont tous eu juste. Cette attitude révèle un manque
de confiance certain de la part de ces élèves : ils
étaient tellement persuadés de ne pas pouvoir réussir
qu'ils ne se sont pas donné la peine d'essayer. Ils avaient l'habitude
d'échouer et c'est même pour eux devenu logique de ne pas
réussir. Leur réaction après que je leur aie
affirmé qu'ils étaient capable de répondre aux questions
montre bien l'importance de faire savoir à nos élèves la
confiance que nous leur portons. C'est pour eux un facteur de réussite
non négligeable.
Dans ces différentes situations, j'ai pu constater que
le dialogue avec les élèves, et même simplement le fait
qu'ils sentent que l'on s'intéresse à eux peut réellement
modifier leur comportement, leur attitude. Je pense que le fait de croire en
eux, de ne pas les cataloguer comme étant des « mauvais
élèves » ou des « éléments perturbateurs
» leur donne une importance, différente de celle que certains
élèves cherchent à avoir en se faisant remarquer. Je me
suis donc appliquée durant tout ce stage à valoriser au maximum
les élèves afin de susciter leur motivation, de leur donner envie
de travailler. C'était pour moi un objectif à atteindre et
même si le stage fut relativement court, j'espère avoir
réussi à convaincre un maximum d'élèves.
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