1.3.2. Pratiques paysannes d'usage des matières
organiques
L'enquête a été réalisée
dans le village d'Ambohidrazaka, commune ALASORA. Compte tenu de la
longueur des enquêtes, outre leur volontariat pour y participer, 10
agriculteurs ont été choisis sur la base d'une diversité
de type d'activité et de système de culture.
Tableau 2.2. : Récapitulatif des
caractéristiques constitutives des 10 exploitations
Ex
|
Sface
|
Sface
|
Bv
|
Cu
|
Salar
|
Salar
|
Achat
|
Achat
|
Autres
|
Objectifs
|
pl
|
Maraic
|
riz
|
|
Viv
|
temp
|
perm
|
fumier
|
autres M0
|
activités
|
|
1
|
3 ares
|
4 ares
|
2
|
-
|
-
|
+
|
-
|
-
|
maçon
|
Scolarisation enfants
|
2
|
14 ares
|
10 ares
|
7
|
+
|
+
|
-
|
-
|
+FB
|
brique
|
Achat vache laitière
|
3
|
8 ares
|
25 ares
|
0
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+ FB,CT, TER
|
brique
|
Achat porc
|
4
|
68ares
|
34 ares
|
0
|
-
|
+
|
+
|
+
|
+ FB,CT, TER
|
Com
Psd brique
|
Construction maison
|
5
|
24 ares
|
10 ares
|
0
|
-
|
+
|
-
|
+
|
+ FB,CT, TER
|
brique
|
Augmenter l'investissement
|
6
|
5 ares
|
8 ares
|
0
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+FB
|
|
Construction maison
|
7
|
14 ares
|
30 ares
|
1
|
+
|
+
|
-
|
+
|
+CT,TER
|
|
Scolarisation enfants
|
8 10 ares 15 ares + + - + -
9 15 ares 58 ares 4 + + - - - Diversification cultures
10 30 ares 35 ares 4 - + - - - Etendre surface
Expl= exploitant ; Sface riz= surface rizicole ;Sface=
surface maraicher ; bv=nombre de bovin ; Cult viv= pratique la culture
vivrière ; Salar temp= salarié temporaire ; Salar perm=
salarié permanent ; +=présence, - =absence, CT=cendre de tabac,
TER=terreau, Com=commerçant, Psd= Président du fokontany
Notre échantillonnage représente la distribution
de système d'activité étudiée par ADURAA (2007)
dans la commune d'Alasora (voir annexe 3), nous avons utilisé les trois
groupes (A, B,
C) de systèmes d'activités des ménages
agricoles établis par Aubry (2007). Rappelons que :
- le groupe A rassemble des ménages qui se consacrent
seulement aux activités agricoles et para-agricoles13 ;
- dans le groupe B, le chef d'exploitation travaille à
temps plein sur ces activités agricoles et para-agricoles et au moins un
résident exerce une activité extérieure14 ;
- dans le groupe C, le chef d'exploitation exerce une
activité extérieure au moins à mi-temps.
Tableau 2.3. Récapitulatif des types
d'activités dans le Fokontany Ambohidrazaka, commune ALASORA
(sur 10 exploitations)
Typologie Nombre Taux
Le tableau 2.3 présente la proportion des types
d'activité des paysans dans le Fokontany Ambohidrazaka, commune
d'Alasora sur la base de notre échantillon. La prédominance du
groupe A est observée. 70% des ménages enquêtés se
consacrent seulement à l'activité agricole et para agricole.
Cette activité est fortement liée à l'accès
à l'eau et aux fortes dynamiques de maraichage dans le
Fokontany. La commune d'Alasora assure l'approvisionnement de la ville
en légumes frais. Seulement 20% des ménages sont du groupe
B. Les femmes de ce groupe sont tous des commerçantes.
10% des ménages sont du groupe
C. Le chef de la famille est maçon, c'est la femme qui
assure et gère le travail du chef d'exploitation.
13 Activité para-agricole est une
activité qui utilise le territoire, les moyens de production de
l'exploitation
ou les productions elles-mêmes pour en tirer un revenu
supplémentaire (fabrication de briques, attelage de boeufs, salariat
agricole, vente directe...).
14 Une activité extérieure est une
activité rémunérée hors de l'exploitation et de
l'agriculture (salariat à l'extérieur, commerce ou gargote,
etc.).
1.3.2.1. Diversité de système de
production (succession culturale, association)
Notion de système de culture
Un système de culture est défini comme, «
l'ensemble des modalités techniques mises en oeuvre dans des parcelles
traitées de manière homogène à savoir: (i) le choix
des cultures (nature des cultures) et leur ordre de succession ; (ii) le choix
des itinéraires techniques appliqués à ces
différentes cultures » (Sebillotte, 1990 a).
Les systèmes de culture maraîchers se basent sur
des critères liés à la longueur du cycle, aux besoins en
intrants et en travail (N'Dienor, 2006). Dans notre zone d'étude, mis
à part la riziculture sur les bas fonds, on retrouve chez tous deux
catégories de cultures : culture à cycle long, et culture
à cycle court. Le poireau, la tomate, les choux, choux-fleurs et
carotte, sont considérées comme des cultures à cycle long
(CCL). Les distinctions de longueur de cycle sont corrélées aux
besoins en travail et en intrants (fertilisants, pesticides et eau), au revenu
(en quantité et en rythme) : les cultures à cycle long sont
considérées par tous comme celles qui rapportent plus de marge
brute à l'exploitation. Les brèdes morelles (anamamy), les
anatsonga/fotsitao, betterave, coriandre, ciboulette, concombre, courgette,
melon, salade, tissam, choux de chine et haricot vert sont
considérées comme cultures à cycle court (CCC). Les
cultures à cycles courts sont cultivées entre les cultures
à cycles longs et profitent des intrants qu'on apporte aux CCL. Ces
cultures sont moins exigeantes et rapportent moins, mais plus
fréquemment pour la trésorerie et les intrants pour les CCL.
Le système de culture est constitué de deux
composantes essentielles : les successions de culture et l'itinéraire
technique. Les relations entre cultures au sein de la succession peuvent
s'étudier à travers les notions d'effet précédent
et de sensibilité du suivant (Recous et al., 1990) : les
agriculteurs quant à eux élaborent des couples
précédent/suivant qu'ils acceptent, recherchent ou au contraire
excluent (N'Dienor, 2006).
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Decembre
|
Janvier
|
Fevrier
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Jui
|
Juffiet
|
Aout
|
-Poireau
-Haricot vert
|
|
|
-Tomate -Carotte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
-Choux
-Choux fleur
-Petit pois
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Figure 2.2. Répartition des principales cultures
dans l'année
Une règle commune est observée à propos
de la répartition de culture au cours de l'année. Le poireau et
le haricot vert sont cultivés toute l'année, ces deux plantes
supportent les pluies et résistent à la sècheresse. Les
prix restent stables au marché. La tomate et la carotte sont
cultivées en pleine saison des pluies et les choux, choux fleur, petit
pois dominent en saison sèche. Un exploitant du groupe B (exploitant 4)
pratique une autre règle, c'est-à-dire il cultive la tomate
pendant la saison sèche grâce à la localisation de ses
parcelles qui reçoivent toujours de l'eau toute l'année et les
choux pendant la saison des pluies. Cette pratique lui permet de tripler le
prix de vente. Certains agriculteurs profitent également des «
tanety » pour des cultures vivrières : manioc, patate
douce, taro. Ces cultures sont destinées à l'autosubsistance
pendant la saison de pluie.
La figure 2.3 montre le choix de succession de culture sur les
parcelles des agriculteurs
Exploitation
Successions culturales
A
B
C
Type
2
5
6
7
8
9
10
3
4
1
M
P Ca
A
P HV
CF :CH- PP
CF :CH-Co
M
CF :CH,P
CF :CH
CF :CH
CF :CH
CF :CH
T
J
J
Brède-salade-
ciboulette-betterave-céleri
A
Asperge
Brède- coriandre- betterave
Brède-salade- ciboulette-betterave
Brède- coriandre-
CA-T
CA
S
HV
P
P-T
HV
P
Brède-
CHO
CA
Ca-T
O
Brède- coriandre- betterave
Brède-betterave- salade-céléri-
coriandre
P
N
Brède- coriandre- betterave
Brède- ciboulette-betterave
Brède- coriandre-
P
D
HV
P-HV
CHO
Brède-
P
CA
P
P-C
J
CF :CH
CF :
F
CF= chou fleur ;CH=chou ; Ca=carotte ;P=poireau, HV=haricot
vert ; T=tomate ; Co=courgette, PP= Petit pois
cultures à cycle long en association sur une parcelle
Cultures à cycle court, intercalaire dans les cultures
à cycle long
Figure 2.3 : Succession des cultures dans les 10
exploitations agricoles (campagne culturale 2008)
Les agriculteurs ne font pas succéder les cultures
à cycle long par hasard mais tiennent compte des exigences des cultures
(eau, lumière), de leurs besoins nutritifs, de la localisation de la
fertilité dans les parcelles, des raisons phytosanitaires et des prix au
marché. La même culture ou la même espèce ne doit pas
se succéder à elle-même. Les plantes qui pompent les
mêmes éléments (par exemple qui ont un système
racinaire qui explorent les mêmes couches) ne doivent pas se
succéder non plus.
On remarque la présence de choux, choux fleurs,
poireaux dans toutes les exploitations à cause des
débouchés et des bénéfices. Les petits pois et les
tomates, plantes plus exigeantes en terme de fertilisation et plus sensibles
aux maladies et carences sont moins cultivées même s'il y a une
forte demande au marché.
Plus le ménage est du type A, plus il a des cultures
à cycles longs et cultures à cycles courts différentes au
cours de l'année. Les agriculteurs de ce groupe pratiquent au moins 4
CCL différentes. Ces agriculteurs consacrent plus de temps et de budget
à l'activité d'agriculture. Dans le groupe B, on observe au
maximum 4 cultures différentes et les producteurs du groupe
C ne font que 2 CCL différentes faute de temps et de
trésorerie. Pour le groupe C, l'agriculture assure surtout
l'autosubsistance alimentaire.
Dans les ménages du groupe A, on observe une
diversité de cultures à cycle court par rapport aux
ménages du groupe B et du groupe C, malgré l'importance de
culture à cycle court dans la trésorerie. Les CCC permettent aux
agriculteurs d'acheter des intrants pour les CCL.
Les agriculteurs ne plantent pas des CCC en association avec
les choux, choux fleurs, et carottes. Les choux et choux fleurs occupent de la
place sur les parcelles, les haricots verts et les carottes ne reçoivent
que peu de fertilisants.
Tableau 2.4. Surfaces moyennes cultivées en riz et
en production maraîchère en fonction des groupes
d'activités enquêtés
Type
|
|
Riziculture
|
|
Culture maraichère
|
|
Taux
|
Surface riz
|
Taux
|
Surface maraichage
|
A
|
71%
|
>15 ares
|
85,71%
|
>15 ares
|
|
29%
|
<10 ares
|
14,28%
|
>10 ares
|
B
|
100%
|
>15 ares
|
100%
|
8 ares
|
C
|
100%
|
2 ares
|
100%
|
2 ares
|
Le tableau 2.4 caractérise les surfaces des
rizières des bas fonds et les surfaces occupées par des
cultures maraîchères (bas fonds ou 15baiboho
ou « tanety ») en fonction du type d'activité
15 Baiboho= Sol cultivé après
dépôt alluvionnaire des rivières, sol fertile où les
agriculteurs pratiquent des cultures exigeantes telle que le maraichage.
des ménages. Plus les agriculteurs sont de type A, plus
les surfaces cultivées sont grandes (>15 ares), ceci est valable
aussi bien pour la rizière que pour les maraîchages. Seulement 29%
des paysans du type A ne possèdent que moins de 10 ares de
rizière et 14% ne possèdent que 9 ares ou moins de
Baiboho pour le maraichage, 9% de ces ménages ont des
problèmes de trésorerie, et ne peuvent pas étendre leur
parcelle, 5% ont des problèmes de partage de parcelle. Les parcelles
sont des héritages, plus le nombre d'héritiers est
élevé, plus la taille de parcelle diminue. Les agriculteurs de
type B ne s'occupent que de moins de 15 ares de rizières et moins de 8
ares de maraîchage. Soient ils n'ont pas assez de parcelles, soient ils
n'ont pas le temps. Les paysans du type C ne s'occupent que 2 ares. Soit ils
n'ont pas le temps à cause du travail à l'extérieur soit
leur parcelle est de petite taille et ils sont obligés de trouver du
travail à l'extérieur.
Sol alluvionnaire des baiboho pour les maraichers
Rizières
Rizières des bas
Ferralsols des
tanety servant des cultures vivrières
Maraichage sur des sols bruns en bordures
des rizières
Routes
Photo 2.2 : vue panoramique de la zone d'Alasora (google
earth)
La photo 2.2 montre la localisation des parcelles des baiboho
occupées par les cultures maraîchères et la
riziculture des bas fonds (vue panoramique à partir des images
satellites). L'essentiel de la production maraichère de la commune
d'Alasora se fait sur le sol alluvionnaire des baiboho, et sur des
sols bruns gris situés en bordure du bas fond rizicole. Les sols
argileux des bas fonds sont occupés par du riz « vaky
ambiaty » en saison des pluies ou du « vary aloha
» repiqué en saison sèche, selon l'accès à
l'eau d'irrigation. La fabrication
de briques occupe aussi certaines parcelles de bas-fonds en
saison sèche. Les paysans d'Alasora ne pratiquent pas des cultures
contre saison, faute de temps. Les briques et le maraichage leur rapportent
plus surtout depuis que l'endommagement du barrage en amont d'Alasora a
limité fortement les zones cultivables en vary aloha. Depuis
des années, les ferralsols de « tanety »,
argilo-limoneux, de couleur rouge, situés
généralement au dessus dans la toposéquence des sols de
baiboho, et occupés traditionnellement par les cultures
vivrières (manioc, patate douce) en rotation avec les haricots verts
(pendant la saison pluvieuse), qui sont souvent sous fertilisées ou
laissés en friche.
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