Section 2 : Les défis posés à la
recherche dans les universités et les instituts de recherche
-développement en Afrique
La nécessité de ce progrès technologique
n'est cependant pas sans poser de nombreux défis à la recherche
dans les universités et les instituts de recherchedéveloppement
des pays africains.
La première difficulté tient à ce que
pendant longtemps, l'université, inspirée par une dévotion
presque trop zélée envers le savoir et les connaissances,
considérés comme une fin en soi, était une sorte de tour
d'ivoire pratiquement coupée de la communauté dans laquelle elle
s'insérait. Or il est évident, du aux difficultés
financières croissantes et à la pénurie
généralisée des ressources que cette quête du savoir
pour le savoir est un luxe que les pays africains ne peuvent pas se
permettre.
Une université est en effet une institution dont la
création et le fonctionnement coûtent cher et représentent
généralement une forte ponction sur des ressources nationales
déjà insuffisantes. On comprend dès lors que l'État
et la communauté soient en droit d'attendre un certain nombre de
résultats positifs, susceptibles de contribuer au progrès du
pays.
Il appartient aux universités et aux instituts de
recherche-développement de fournir les connaissances et les informations
qui permettront d'encourager le développement technologique. Il leur
faut s'acquitter de cette tâche en tenant dûment compte des besoins
sociaux et aider la communauté à procéder aux
rééquilibrages politiques, sociaux et économiques requis
par les avancées technologiques. Il faut ensuite s'assurer que la
recherche donne à la collectivité
les moyens d'exploiter les ressources renouvelables et non
renouvelables de la manière la plus efficace et la plus rentable
possible. C'est la raison pour laquelle il est demandé aux
universités et aux instituts de recherche-développement de faire
partiellement concorder leurs activités avec les besoins et exigences
nationales et de justifier aux yeux de l'ensemble de la communauté
l'intérêt de l'ensemble de leurs travaux.
Il convient par ailleurs d'utiliser au mieux les techniques
de l'information (notamment les documents de brevet) qui confèrent aux
chercheurs un avantage potentiel considérable dans les activités
de recherche-développement. Il faut également savoir que les
universités vont être profondément remises en question par
l'évolution des mentalités eu égard à la
moralité et à l'opportunité de certains types de
recherches. Il n'est plus possible de penser que la science et la technologie
pourront continuer à compter sur le soutien inconditionnel de la
communauté et des pouvoirs publics. Pour chaque projet de mise en oeuvre
d'une nouvelle technologie, les universités seront invitées
à présenter des devis estimatifs complets et
détaillés qui seront soumis à l'examen et à
l'approbation de la collectivité.
Une autre difficulté tient au fait qu'il existe
souvent un décalage important, en termes d'élaboration
conceptuelle, entre le résultat d'une recherche universitaire et
l'utilisation que peuvent en faire la majorité des entreprises, comme
s'il fallait passer par un lent processus de maturation avant de pouvoir
bénéficier véritablement des fruits de la recherche. La
recherche-développement est d'abord une idée originale qui
naît dans le cadre de la recherche fondamentale, puis qui s'oriente vers
l'utilisation expérimentale par le biais de la recherche
appliquée.
On passe ensuite à la mise en place de nouveaux
procédés pendant la phase de développement, à la
conception puis à la fabrication de nouveaux produits, et
enfin à l'entretien et à la réparation des
produits commercialisés. Il importe que les universités
africaines puissent disposer
D'organisations capables d'assumer ces fonctions.
Par ailleurs, il faut souligner l'importance du rôle
des universités dans le développement des petites et moyennes
industries, typiques des pays africains. Pour exercer son influence,
l'université doit adopter une approche globale, visant à
réunir les compétences de l'ensemble des disciplines
universitaires.
Enfin, il apparaît que le succès des relations de
l'université avec les jeunes entreprises suppose que l'université
ait participé à leur planification
Et à la mise en place de leur infrastructure. Il est
fondamental qu'une structure au sein de l'université soit mise en place
pour relier les différents partenaires
Paragraphe 1 : comment pouvoir relever ces défis
?
Pour être en mesure de relever les défis que nous
venons d'énumérer, les Universités et les instituts de
recherche-développement doivent s'inspirer de L'expérience de
leurs homologues des pays développés et des pays en
développement d'Asie et d'Amérique latine, qui ont réussi
à créer des liens étroits avec les entreprises et les
administrations publiques, ont contribué efficacement au
développement de leur pays et ont su dégager des
Revenus permettant de financer l'enseignement et la recherche.
Plusieurs Éléments ont concouru à ces réussites,
notamment :
La commercialisation des innovations, des inventions et des
résultats de la recherche; les redevances et les taxes provenant des
inventions brevetées concédées sous licence; les
activités de conseil, les contrats de recherche et le financement de la
recherche; les entreprises détenues par l'institution et les
coentreprises. On a également pu observer que pour être en mesure
de
poursuivre efficacement les activités que nous venons
d'énumérer, la plupart de ces Institutions mènent de
judicieuses campagnes d'information sur les droits de propriété
intellectuelle et disposent en la matière de politiques
appropriées. Elles s'appuient également sur des structures
d'appui comme les incubateurs d'entreprises, les centres de transfert de
technologie, les offices de brevets, les complexes industriels pour le
transfert de technologie et la commercialisation des innovations, des
inventions et des résultats de la recherche.
a) Évaluation du marché
Le transfert de technologie et les initiatives de
commercialisation constituent le lieu de jonction entre la
recherche-développement et les entreprises, le carrefour où les
idées vont se métamorphoser en produits et en nouvelles
Activités commerciales. C'est dire qu'une invention
n'est d'aucune utilité si elle ne peut pas être
commercialisée. Il s'agit là d'un objectif difficile à
atteindre et exigeant, qui requiert une planification rigoureuse, une analyse
de marché et une évaluation des diverses solutions possibles. Il
faut résoudre de nombreuses questions avant de décider de
commercialiser une invention et même compte tenu de la possible
complexité des procédures d'enregistrement avant de la faire
enregistrer. Une des questions clés est de savoir si l'exploitation de
l'invention peut être source de profits, si elle a une véritable
valeur, et s'il existe des acheteurs potentiels. Cela signifie qu'il faut
essayer de s'assurer de l'existence d'un marché potentiel pour les
produits qui résulteront de l'invention et d'évaluer le cycle de
vie des produits en question. Enfin, il faut savoir que l'invention perd
beaucoup de son intérêt si elle débouche sur la
création d'une technique qui ne respecte pas l'environnement.
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