L'atelier peinture se définit comme un atelier
d'expression picturale à visée thérapeutique qui fait donc
partie du dispositif soignant institutionnel de l'hôpital de jour.
Il est prescrit par Mme Beaussier et concerne trois enfants :
Julie, Pierre et Léo.
Afin de favoriser la propre expression de l'enfant :
· L'atelier s'inspire du dispositif et des règles
fondamentales de la non-directivité telle qu'a pu les décrire le
peintre et pédagogue Arno Stern : la non directivité consiste
à ne pas proposer à l'enfant de peindre autour de thèmes
particuliers(peindre des fleurs ; représenter sa maison ou imiter tel ou
tel modèle...)
· Aucun conseil pédagogique préalable
n'est donné aux participants
· Le style d'animation de l'atelier doit se situer entre
l'aptitude à sécuriser (être présent et soutenir ce
qui advient, aider l'enfant à laisser venir et à se confronter
à ses émergences personnelles) et l'art de ne pas favoriser les
résistances.
· Un temps de parole est ouvert en fin de séance
de peinture qui invite l'enfant à la formulation verbale de tout ce
qu'il éprouve le besoin de communiquer de l'expression subjective de son
engagement dans le jeu créateur. Ce temps de parole fait coupure avec le
temps de production. Il est animé selon les perspectives
rogériennes de l'écoute et de la reformulation.
La peinture ne fait théoriquement l'objet d'aucun
jugement en termes esthétiques ou d'interprétations
livrées à l'enfant. Lorsque l'enfant a du mal à parler de
sa production dont il n'arrive pas à se détacher, l'animatrice
lui demande éventuellement de raconter une histoire au sujet de sa
peinture pour lui permettre de prendre de la distance par rapport à ce
qu'il a peint dans la réalité.
Nous retrouvons toujours des règles de structuration qui
vont permettre à l'enfant de percevoir dans le même temps
liberté, ordre, discipline, régularité, organisation :
- Unité de temps : L'atelier a lieu chaque lundi
soir. Les enfants peignent pendant 30 minutes et parlent de leur production
pendant 15 minutes.
- Unité de lieu : L'atelier a toujours lieu dans
la même petite pièce qui est préparée à cet
effet avant que les enfants n'arrivent.
- Unité d'action : Les enfants choisissent s'ils
continuent leur production précédente
ou s'ils en commencent
une nouvelle et choisissent aussi à quel emplacement ils
souhaitent
que nous accrochions leur feuille pour peindre. Ils choisissent en début
de
séance les couleurs de peintures qu'ils souhaitent que
les animatrices installent dans des godets placés devant eux sur le
rebord du tableau.
- Chacun doit respecter le travail des autres ; les
productions sont strictement individuelles.
- L'enfant est invité à peindre uniquement sur sa
feuille et à respecter l'environnement.
- Une règle fondamentale concernant le devenir des
productions est la conservation sur place des peintures qui une fois
sèches sont rangées dans des cartons à dessins individuels
au nom des enfants. La conservation des productions va permettre de valoriser
l'acte créateur et non seulement l'objet créé et de
protéger les créations des jugements et réactions
affectives des spectateurs pour permettre à chaque enfant de vivre
pleinement sa démarche de création sans être bridé
par des effets de censure liés à des biais de
désirabilité sociale... « comme l'aile du papillon
émiette ses pellicules de couleur à notre toucher, l'expression
est trop fragile pour la décharge d'un regard étranger
»(STERN,1973)
L'atelier est co-animé par Lara : psychologue et Martine
: Orthophoniste.
Je suis le preneur de notes21 et participe à
l'organisation matérielle de l'atelier (avant et après le temps
de peinture des enfants).
En fin de séance, les enfants goûtent puis partent
en taxi chez eux.
Nous nous retrouvons alors pour une réunion de
régulation et de synthèse.
Après chaque séance, nous ajustons
l'organisation de l'atelier pour la fois prochaine de façon à
produire un dispositif qui permette de remplir au plus prés les
objectifs fixés à cet atelier22 Lara et Martine ont
commencé à y travailler ensemble depuis peu et ont à
réfléchir aussi à la nature de leur partenariat.
Les choses ne sont probablement très claires dans cette
période de « calage » et les enfants le ressentent
probablement. Ainsi, Victor jouera de cette zone d'incertitude pour tenter de
cliver l'équipe en défiant l'autorité de Martine à
qui il intime un « De toute façon, c'est pas toi le chef ici, c'est
Lara »...
Nous consignons nos observations dans un cahier
spécifique qui est ensuite repris lors des réunions de
synthèse consacrées au projet thérapeutique individuel de
chaque enfant.