L'hôpital de jour de Médecine a été
créé en 1982, il y a une vingtaine d'années, aux touts
débuts de la découverte et de la prise en charge du Sida.
C'est en effet en juillet 1981 que le centre
épidémiologique d'Atlanta avait signalé l'apparition d'une
maladie d'origine inconnue affectant les homosexuels et en août 1982 que
la maladie fut désignée sous le nom de SIDA (Syndrome Acquis
d'Immunodéficience Humaine)
L'hôpital de jour est situé en plein centre ville
de Bordeaux, au premier étage de l'hôpital
Saint-André26.
Il se compose de :
> une salle d'attente située directement dans
l'entrée pouvant accueillir cinq ou six personnes sur des fauteuils
très bas ne favorisant pas une symétrie relationnelle.
Cette salle d'attente pose un problème de
confidentialité. En effet, cet hôpital de jour dont la porte
d'entrée affiche « Hôpital de jour de Médecine »
n'accueille pas de personnes relevant de diverses pathologies médicales
mais uniquement des personnes victimes d'AES ou séropositives ou au
stade de maladie Sida.
De nombreux patients m'ont exprimé la crainte d'y
rencontrer des personnes susceptibles de divulguer leur pathologie...
Un nouvel Hôpital de jour est en construction.
Il aura une salle d'attente avec une partie ouverte et une
partie avec possibilité de s'isoler qui respectera ainsi la
confidentialité.
L'équipe a réfléchi à cette
problématique et a souhaité éviter à l'inverse que
trop de confidentialité ne dramatise la situation de ces patients au
risque de renforcer encore leur stigmatisation et leur sentiment
d'exclusion...
La salle d'attente est pourvue d'un présentoir
rassemblant une documentation de prévention, de traitement du Sida, des
hépatites B et C, du tabagisme, de
l'hypercholestérolémie...et des revues de l'association AIDS
« Remaids ».
> Quatre boxes fermés tout autour de
l'entrée, pouvant accueillir chacun une personne en consultation. Ils
sont munis d'un lit, d'un fauteuil, d'une arrivée d'air (pour
réaliser d'éventuels aérosols) et d'un
pèse-personne ;
> un bureau médical et infirmier , ouvert sur
la salle d'attente.
Cette très petite pièce d'une douzaine de
mètres carrés n'est pas fonctionnelle dans le sens où les
infirmiers n'ont pas de poste de travail ergonomiques ; ils ne disposent que de
très peu de place pour consulter les dossiers et rassembler les
différents bons d'examens nécessaires aux bilans qu'ils
préparent. Ils sont souvent dérangés dans leur lecture du
dossier-et préparation de bons d'examens.
26 Le CHU de Bordeaux se compose de 3
établissements :
- l'hôpital Saint -André - l'hôpital
Pellegrin
- le groupe Sud
Pour répondre au téléphone, ils doivent
passer au dessus de la tête d'un de leur collègue ou du
médecin qui lui aussi consulte le dossier et le remplit assis ,
prés de l'imprimante...
Médecins et infirmiers ont donc très peu de
place pour travailler ; quant aux autres intervenants tel que stagiaire
psychologue ou étudiant en médecine ils n'ont physiquement pas de
place, et se retrouvent donc le plus souvent en position de déranger!
Si cette pièce exiguë facilite la rapidité de
communication entre médecin et infirmier(e)s elle ne facilite les
échanges entre pairs infirmiers.
Une réunion de régulation d'équipe a
récemment permis une verbalisation de difficultés de
communication entre infirmier(e)s pouvant être mise en lien avec dans
l'absence de temps et de lieu spécifique pour échanger à
un niveau professionnel.
Un temps de transmissions de 30 minutes par jour entre
infirmier(e)s a été récemment instauré pour
permettre à une parole entre pairs de circuler.
Pour instaurer ce temps , les médecins travaillant
l'après-midi ont accepté de décaler de 30 minutes le
début de leurs consultations.
Cette mesure semble avoir été de nature
à faciliter la communication entre les infirmier(e)s. La
véritable prise en compte et reconnaissance de leur difficulté
par l'équipe médicale a probablement contribué de plus,
à renforcer leur sentiment de reconnaissance professionnelle.
Les infirmiers ont une réunion d'organisation
hebdomadaire avec Mme Clause, cadre de santé pour parler des prises en
charge et en accroître la qualité.
Il n'est pas aisé pour certains infirmier(e)s d'exercer
à la fois les actes relevant de leur rôle prescrit et ceux
relevant de leur rôle propre27.
Certains m'ont dit se sentir parfois frustrés de
devoir privilégier par manque de temps leur rôle prescrit
(préparation et réalisation des bilans prescrits ; pesée
des patients ; vérification des constantes : pression
artérielle...) au détriment de leur rôle propre (rôle
éducatif et de soutien auprès des patients).
La situation est paradoxale car nombre d'entre eux
m'expliquent qu'ils ont choisi ce service par intérêt pour
l'aspect relationnel et qu'il s'avère en fait les amener à
mobiliser tout autant sinon plus leurs capacités techniques...
Il est arrivé de nombreuses fois que je reste discuter
avec les patients après la consultation infirmière : je sentais
que les soignants favorisaient ces temps d'écoute qu'ils ne pouvaient
proposer eux-mêmes...
Dans quelques mois, le nouvel hôpital de jour sera
terminé et l'équipe a souhaité renouveler la
proximité géographique entre médecins et infirmier(e)s
mais dans des locaux plus grands qui délimiteront aussi plus clairement
les territoires médicaux et infirmiers
27 Le décret n° 2002-194 du 11
février 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de
la profession d'infirmier stipule : Article 5 : Dans le cadre de son
rôle propre, l'infirmier accomplit les actes ou dispense les soins
visant à identifier les risques et à assurer le confort et la
sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son
information et celle de son entourage(aide et soutien psychologique ;
observation et surveillance des troubles du comportement, aide à la
prise des médicaments, vérification de leur prise, surveillance
de leurs effets et éducation du patient etc...Article 6 : Outre les
actes et activités visés aux articles 11 et 12, l'infirmier est
habilité à pratiquer les actes suivants soit en application
d'une prescription médicale qui sauf urgence doit être
écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit
en application d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif,
préalablement établi, daté et signé par un
médecin( injections, perfusions, scarifications,
prélèvements de sang, transmission des indications techniques se
rapportant aux prélèvements en vue d'analyse s de biologie
médicale.etc...)«
> une tisanerie : très petite pièce
de repos permettant au personnel de boire un café, de se restaurer et de
préparer les petits déjeuners proposés aux patients
après leurs bilans sanguins pour lesquels ils arrivent le plus souvent
à jeun.
> Un bureau au rez de chaussée que la
psychologue partage avec d'autres intervenants28.