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Accords de partenariat économique et système agricole centrafricain

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par Hermas Guy Socrate Dieu Béni DJAMAWA ENDJIKPENO
Université de Bangui République Centrafricaine - Maà®trise 2009
  

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1.1.2. Les conventions de Lomé de 1975 à 2000

L'échec des résultats escomptés au terme de développement inscrit dans les premiers accords susmentionnés, la crise des années 70 ajoutée aussi à la baisse des cours des matières premières réclament ainsi un nouvel ordre économique. Ce dernier cherche notamment à revoir les termes de l'accord de partenariat entre la CEE et ses anciennes colonies en vue d'orienter désormais la coopération vers le développement des ex pays colonisés. Cette situation débouche donc à la signature de la première convention de Lomé en 1975 qui a été élargie aussi aux pays liés à la grande Bretagne au sein du Commonwealth et à certains pays hors du Commonwealth formant ainsi le groupe des pays d'Afrique de Caraïbe et du Pacifique (ACP) qui a été institutionnalisé officiellement par l'accord de Georgetown dans la même année de la signature de la première convention de Lomé.

L'accord de Georgetown représente la charte fondamentale du groupe des pays ACP. Il édicte les règles de la coopération et gère en même temps le partage de l'aide à la coopération.

En 1976, année de l'entrée en vigueur de la première convention de Lomé, l'accord de Georgetown a pris à ce moment une nouvelle dénomination officielle de «  l'accord de partenariat ACP-UE » qui va désormais régir les règles de base de partenariat. Les principaux objectifs de base du groupe ACP se résument comme suit :

· Développer la coopération entre les Etats ACP dans le domaine du commerce ;

· Favoriser l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale ;

· Coordonner les activités du groupe ACP dans le cadre de mise en oeuvre de partenariat ACP-CEE.

Ces objectifs ont été accompagnés aussi par la mise place d'une politique commerciale reposant sur trois principes fondamentaux à savoir :

· Le libre accès au marché communautaire des produits en provenance des pays ACP : cela suppose en effet que les produits originaires des pays ACP accèderont au marché de la Communauté Economique Européenne en exemption des droits de douane, et sans qu'on leur applique aussi des restrictions quantitatives ou toute autre mesure d'effet équivalent ;

· Le principe de non réciprocité des obligations commerciales des pays ACP. Ce principe accorde des préférences non réciproques aux pays ACP : Les préférences non réciproques sont en effet un régime commercial selon lequel les produits des pays ACP doivent avoir accès aux marchés de la CEE en franchise de droits de douane tandis que les importations des produits de la CEE vers les pays ACP doivent subir un droit de douane à leur entrée sur les marchés des pays ACP ;

· La promotion du commerce entre les pays ACP et l'UE.

Au total, l'objectif central de la convention de Lomé I est donc de favoriser le développement des pays ACP par la promotion de leurs échanges commerciaux des produits primaires, ceci, du fait notamment de leur dépendance vis-à-vis de ces produits ; en effet, il faut noter que pour la plupart des pays ACP les recettes des exportations de leurs produits primaires constituent leurs principales sources de financement c'est pourquoi pour stabiliser ces recettes qui ne cessent de subir des fluctuations des cours mondiaux, la convention de Lomé I met en place un système de stabilisation des recettes d'exportation des produits primaires des pays ACP (STABEX) dont l'objet principal est de compenser les déficits des recettes d'exportation de ces pays dans les rapports commerciaux qui provoquent souvent la baisse de leurs revenus et de leurs pouvoirs d'achat dont les conséquences à long terme pouvant compromettre les possibilités de leur développement.

Le fonctionnement du Stabex repose sur les principes et mécanismes des financements compensatoires. Le système du financement compensatoire repose sur le fait que pour stabiliser les recettes d'exportation des pays ACP, il n'est pas nécessaire d'intervenir sur les marchés des produits de base mais il s'agit plutôt d'agir sur l'amplitude de fluctuation par un transfert de fonds par une agence internationale. Pour ce fait, des retraits seraient donc effectués dans des périodes où les recettes d'exportation seraient inférieures à une moyenne établie, et des dépôts (ou remboursement) dans des périodes où les recettes seraient supérieures à cette moyenne. Ainsi, à chaque fois que les recettes des exportations d'un pays ACP tomberont au dessous de la moyenne de base retenue, l'organisme de compensation tenterait de compenser le déficit.

Pour qu'il y'ait perte ou déficit à l'exportation, il faut comparer la moyenne des recettes provenant des exportations au cours des quatre années précédentes (niveau de référence) à la recette effective de l'année d'application. De même, pour qu'une perte puisse être reconnue, il faut que la valeur des exportations des produits agricoles atteigne le seuil de dépendance qui est la moyenne minimum retenue des recettes des exportations au cours des quatre années précédentes ; cette moyenne sert donc d'un indicateur pour les recettes d'exportation des produits agricoles des pays ACP.

Cinq années après Lomé I, en 1980, voit le jour Lomé II. Cette dernière consolide les acquis de Lomé I et crée pour sa part un autre nouveau mécanisme compensatoire semblable au Stabex mais qui concerne uniquement les produits miniers. Ce mécanisme dénommé système de stabilisation des recettes des produits miniers (SYSMIN) a été mis sur pied en vue de soutenir les recettes d'exportation des produits miniers. Ainsi, en cas de fluctuation des revenus tirés de la vente des produits miniers, les pays dépendants de ces produits ont donc accès à des prêts permettant de soutenir la production. Ces produits miniers sont : cuivre, bauxite, cobalts, phosphate, manganèse, étain, uranium, minerais de fer ...

Après Lomé II, fut Lomé III en 1985 qui modifiait l'orientation de l'accord, abandonnant ainsi la promotion du développement commercial pour celle d'un développement autonome fondé sur l'autosuffisance et la sécurité alimentaire. Par ailleurs, un appui à l'ajustement a été mis en place pour mettre terme à la crise économique et promouvoir en même temps le développement dans ces pays.

Cinq ans après Lomé III fut instituée Lomé IV en 1990 pour une période de 10 ans avec une révision à mi-parcours qui consacrera la naissance de Lomé IV bis en 1995. Cette convention établit une articulation entre développement et Droit de l'Homme et renforce l'appui à l'ajustement structurel. Elle a par ailleurs introduit des conditionnalités et des sanctions dans les termes de la coopération. Ainsi, désormais, la violation des principes démocratiques, Droit de l'Homme et Etat de droit peut entraîner la suspension partielle ou totale de la coopération, notamment l'aide au développement. Cette convention a aussi mis l'accent sur la nécessité pour des pays ACP de s'insérer dans l'économie mondiale.

Au total, il convient de rappeler que les conventions de Lomé, tout au début, ont été instituées dans l'esprit de favoriser le développement des pays ACP via la vente de leurs produits primaires. Ces conventions ont aussi d'autres particularités qui consistent notamment à intégrer plusieurs autres formes de relations à savoir :

· Une relation commerciale fondée sur l'établissement d'accords préférentiels non réciproques et discriminatoires, à laquelle est associée ;

· Une politique d'aide et

· Un montage institutionnel.

Plusieurs observateurs ont même trouvé dans ces conventions les fondements d'une véritable culture basée sur le partenariat et un régionalisme Nord- Sud.

Après 25 années de relation de partenariat dans le cadre de ces conventions, l'évaluation des résultats en termes de développement produit par ces accords ont donc suscité plusieurs réflexions et interrogations telles que :

· Quel bilan peut-on esquisser de ces différents accords en terme de développement des pays ACP ?

· Quelle est l'efficacité de l'aide prévue par ces accords dans le cadre du Fonds Européens de Développement (FED) qui doit appuyer financièrement le développement des pays ACP ?

· Quelle cohérence existe-t-il entre les diverses politiques d'aide au développement ?

· Comment envisager une nouvelle convention qui doit tenir compte des enseignements précédents et des nouveaux enjeux internationaux ?

En guise de tentative de réponse à ces interrogations, nous essayerons de faire d'une manière générale le bilan des premières relations de partenariat entre l'UE et les pays ACP pour voir très concrètement leur contribution en matière de développement des pays ACP et d'analyser par après les possibilités des nouvelles relations de partenariat entre ces deux groupes.

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