2.3.Mesure d'adaptation pour la
compétitivité des produits agricoles centrafricains
Pour que les produits agricoles centrafricains soient
adaptés à l'environnement concurrentiel des APE, des principales
reformes doivent être accomplies d'une part au niveau de la politique
économique et commerciales et d'autre part sur les possibilités
de l'insertion des APE dans l'économie centrafricaine.
2.3.1 La réforme de la politique
économique et commerciale.
A titre de rappel, la politique économique et
commerciale centrafricaine est fondée depuis les années de
l'indépendance jusqu'à nos jours sur une politique principalement
de demande, caractérisée par l'importation de maximum des
produits essentiels dont la RCA peut elle-même en produire sur son
territoire mais qu'elle n'a pas pu faire et préfère en importer
de l'extérieur. Cette politique de demande doit donc se
réorienter vers une politique prioritairement d'offre qui consiste pour
la RCA à développer son secteur agroalimentaire par la
transformation de plus de 90% de ses productions agricoles en produits
manufacturés avant de les consommer localement et d'envisager leur
exportation.
Ainsi, les produits agricoles et l'agricultures
centrafricaine en générale seront d'autant plus
compétitifs lorsqu'ils intègrent totalement le secteur
agroalimentaire dans le cadre d'une politique d'offre par exemple, lorsque la
RCA envisage la production de l'huile raffinée à base de
l'arachide et de graine de coton en vue d'en exporter, cela aura
corrélativement un effet d'entraînement sur le
développement de ces cultures qui a pour corollaire la hausse de la
production nationale provoquant ainsi la baisse des prix de vente et augmentant
par cette occasion le surplus des consommateurs (et donc le bien être).
Si cette situation peut être étendue à tous les autres
produits agricoles, la RCA peut donc résister à la concurrence
des importations et peut envisager aussi la conquête des marchés
extérieurs.
En ce qui concerne le secteur d'élevage, la seule
possibilité du renforcement de la compétitivité de ce
secteur en situation d'insertion des APE dans l'économie centrafricain
consiste seulement à importer la technologie de production des poulets
de chaire ; ceci, en vue notamment de freiner l'importation des volailles
étrangères qui va constituer un véritable danger pour
l'élevage des petits bétails centrafricains. Ainsi, ce n'est
qu'au terme du renforcement des capacités productives de la RCA qu'elle
pourra envisager la signature des APE sous certaines conditions que nous allons
encore proposer.
2.3.2.Proposition des conditions relative à la
signature des APE par la RCA.
L'entrée en vigueur des APE en RCA doit être
faite sur certaines conditions qui seront imposées par la RCA à
l'UE en vue non seulement de sauvegarder son économie mais aussi d'en
tirer profit des quelques opportunités offertes par ces accords. Nous
avons donc formulé ces conditions de la manière
suivante :
· La RCA doit rester pour une période de cinq
années un pays observateur vis-à-vis des APE en vue de voir
les effets produits par ces derniers dans les autres pays (comme le Cameroun)
qui les ont signé.
· La RCA doit imposer l'exclusion de l'essentiel des
produits de son secteur manufacturier à la concurrence afin de
protéger ce secteur au moment de la signature des APE. Ces produits
seront donc perçus comme sensibles. En effet, la catégorie des
produits sensibles selon les APE ne doit pas faire l'objet de la
libéralisation. Pour rappel, la libéralisation dans le cadre des
APE est asymétrique c'est-à-dire que lorsque l'UE
libéralise 100% de ses échanges, les pays APE et donc la RCA, ne
vont que libéraliser 80% pour les leurs, et les 20% constitueront donc
la marge de protection pour les produits sensibles qui doivent être
déclarés par le pays en question.
· La RCA doit imposer la progressivité dans le
calendrier du démantèlement tarifaire ; c'est-à-dire
le démantèlement des droits de douane doit se faire de
manière progressive suivant le calendrier que nous proposons dans le
tableau ci-dessous.
Tableau 37 : Proposition
du calendrier de démantèlement des droits de
douane.
Période de
démantèlement
|
2014-2017
|
2018-2021
|
2022-2025
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2026-2030
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Catégories des produits
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· Intrants
· Demi produits (bien intermédiaire)
· Facteur de production
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· Matière première
· Bien d'équipement
|
Bien de première nécessité
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Produits de consommation finale
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Tarifs douanier
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25,65% et 54,75%
|
13,5% et 43%
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8,4% et 37,54%
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37,9% et 66,59%
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Source : Nous même
· Enfin, comme mesure d'accompagnement, la RCA doit
aussi imposer l'annulation totale de ses dettes bi et multilatérale
vis-à-vis de l'Union Européenne par un mécanisme
approprié du genre de PPTE (pays pauvre très endettés).
Les ressources de ces dettes annulées doivent être investis dans
des secteurs clés de l'économie (par exemple le renforcement des
capacités de l'énergie. En effet, l'énergie est un
facteur essentiel de la production ; mais force est de constater que le
secteur énergétique centrafricain est en crise depuis plus d'une
décennie. Sa production énergétique est nettement en
retrait par rapport à la demande de l'économie et des entreprises
en particulier. Cette situation constitue une contrainte majeure pour la
politique de transformation des produits agricoles. Le secteur de
l'énergie électrique accuse une déficiente chronique en
ouvrage de production (électrique) énergétique. Ainsi,
avec l'annulation des dettes centrafricaines, la RCA peut développer ce
secteur qui pourra stimuler davantage les unités de production locales.
Au terme de notre analyse en ce qui concerne les perspectives
de mise en oeuvre des APE et l'évaluation de leurs impacts sur le
système agricole centrafricain, il ressort que l'introduction de ces
accords dans l'économie centrafricaine aura des impacts positifs sur le
système de production mais négatifs simultanément sur la
culture vivrière, le petit élevage et sur le secteur
agroalimentaire.
Pour minimiser ces effets négatifs en vue de maximiser
leurs impacts positifs sur l'économie centrafricaine, nous avons ainsi
proposé plusieurs mesures d'adaptation respectivement pour le
système de production, le système de culture ainsi que pour la
compétitivité des produits agricoles.
Ainsi, si ces mesures seront respectées les APE seront
un levier pour l'économie centrafricaine au lieu d'être un goulot
d'étranglement.
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