II. 3 Diagnostic de la production de la SMF
En terme de conception et développement aucun
mécanisme tel que des réunions de production, n'était
prévu pour susciter les innovations au sein des équipes. Lors du
diagnostic, l'équipe d'intervention a remarqué une politique de
production centrée sur le respect des procédures
édictées par ALUCAM. Les salariés ne proposaient aucune
innovation. Cependant, par rapport à ses concurrents, l'entreprise
maîtrisait une technologie qui était celle de la soudure sur champ
magnétique. Aucune activité de veille technologique telle que la
visite de salons, ou, l'abonnement à des revues n'était
menée. La compagnie ALUCAM propose des sessions de formations
régulières, et impose le port de certains équipements de
sécurité sur ses chantiers, ces mesures visent au respect des
standards internationaux sur les normes Environnement, Santé et
Sécurité (ESS) au travail. On peut citer à ce propos, la
note aux Entreprises Extérieures Intervenantes (EEI) intervenant sur
contrat en maintenance (Grands Travaux du Littoral, SMF, Société
de Réalisation et de Maintenance) du responsable Série -
Captation ALUCAM en date du 11/10/2007, reprise ici : « Messieurs les
responsables des EEI, suite aux multiples dérives ESS constatées
dans vos équipes, nous venons par la présente vous informer que
nous procéderons à une vérification du respect de l'un des
engagements majeurs du contrat de prestation qui vous lie à ALUCAM,
à savoir les visites systématiques annuelles pour chacun de vos
agents permanents dans la Série [...] nous vous rappelons que le non
respect des règles ESS peut entraîner des
désagréments graves dans notre activité ».
La SMF ne disposait pas d'un atelier et effectuait tous ses
travaux de réparation sur le site de l'usine ALUCAM.
Les stocks en équipements et consommables atteignaient
le seuil d'alerte au quotidien. L'équipe d'intervention observait par
exemple que, la SMF commandait la majorité de ses équipements et
consommables à l'informel, pour bénéficier de prix bas. Le
tableau 3 ci-dessous, fait un état comparatif des prix des
équipements de protection individuels. Ce qui ne permettait pas de
constituer des stocks importants, et de mener une comptabilité efficace,
les factures étant inexistantes. Ce problème
générait de nombreuses difficultés lors des
contrôles de vérification des services fiscaux. On relevait dans
la documentation de l'entreprise, la notification de redressement
adressée le 02/08/2007, suite à la vérification
générale de comptabilité au titre des exercices 2005 et
2006 par le Chef de Centre Principal des Impôts du
Littoral V, qui précisait en annexe 1, relatif aux faits
reprochés : « Du pointage de vos factures de charges il
apparaît des écarts entre les montants déclarés et
les montants constatés. Les charges ci-après faute d'être
justifiées conformément aux dispositions de l'article 07 du Code
Général des Impôts seront réintégrées
et imposées à l'Impôt sur les Sociétés,
l'impôt sur le Revenu des Charges Mobilières, et à
l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques au taux le plus
élevé [...] ».
Tableau 4 : Tableau comparatif des prix des EPI
Formel et vendeur ambulant
Prix secteur formel (Magasin ALUCAM)
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Prix vendeur ambulant
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Pyrovicel 111 000 Fcfa
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25 000 Fcfa
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Rangers.... 114 000 Fcfa
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20 000 Fcfa
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Lunettes 2600 Fcfa
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500 Fcfa
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Bouchons d'oreille...1000 Fcfa
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100 Fcfa
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Casques 8000 Fcfa
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5000 Fcfa
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Gants ..5000 Fcfa
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1000 Fcfa
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Blouson cuir....95 000 Fcfa
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50 000 Fcfa
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Tabliers ..12 000 Fcfa
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7 000 Fcfa
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Guêtres 9000 Fcfa
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3 000 Fcfa
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(Source : Bordereau des prix EPI magasin ALUCAM, et observation
de l'auteur)
Un autre problème relevé au niveau du diagnostic
de la production était celui de la planification des travaux. Les
travaux de la SMF au sein d'ALUCAM, étaient rythmés par les
cycles de la fourniture en énergie électrique par la centrale
hydroélectrique d'Edéa, soit une hausse de l'activité en
saison de pluie, et une baisse de l'activité en saison sèche. En
période de saison sèche, le débit du fleuve Sanaga sur
lequel la centrale est basée est faible. Il résulte un
arrét d'une partie des cuves servant à la fabrication de
l'aluminium, donc, une baisse du nombre de réparation à effectuer
par la SMF. En période de hausse d'activités, toutes les cuves
sont en marche, et les travaux sont réalisés de nuits et de
jours, de lundi à dimanche, la SMF devait être à même
de répondre à toute urgence 24/24 sur les chantiers de l'usine
ALUCAM. Cette variation de l'activité nécessitait une certaine
flexibilité dans la gestion des équipes de production et la
préparation des chantiers. En outre, La compagnie ALUCAM est
certifiée ISO 9011, il est donc question pour ses fournisseurs de
maintenir un niveau de qualité constant.
Sur proposition du commanditaire, la SMF a recruté en
janvier 2006, un Préparateur Planning et Qualité et un Directeur
Technique Adjoint. L'objectif de ce recrutement était de
développer une maîtrise accrue de la production, de la gestion des
stocks et des équipes, notamment grâce à un système
assisté par ordinateur. Uniquement les deux nouvelles recrues
maîtrisaient l'outil informatique au sein du service technique. En 2006,
un seul ordinateur était disponible au
sein de la direction générale.
La grille des prix des prestations établie avec ALUCAM
en 1992, n'a pas connu de réajustement depuis lors, malgré les
nombreuses lettres de réclamations envoyées par l'entreprise aux
dirigeants ALUCAM. L'analyse de la documentation de l'entreprise nous a permis
d'apercevoir, notamment :
- Une lettre adressée le 21/10/1998 au Directeur
Général ALUCAM, avec pour objet information sur notre situation
;
- Une lettre adressée le 21/06/2005 au Chef Service
Approvisionnement ALUCAM avec en objet, Doléances par rapport à
notre cahier de charges obsolète.
Les documents de suivi de la production étaient rares,
et, d'après les observations de l'équipe d'intervention, en
permanence dans la mallette du responsable facturation. L'équipe
d'intervention a relevé des difficultés au niveau du
système de facturation, ce qui retardait les paiements des factures de
la SMF par ALUCAM.
Le Directeur Technique était peu présent sur les
chantiers. Après entretien avec ce dernier, l'équipe
d'intervention a constaté qu'il était démotivé.
D'après lui, les problèmes de l'entreprise proviendraient de la
gérante. On apprenait, après enquête dans la ville
d'Edéa, qu'il travaillait pour d'autres entreprises sous-traitantes de
la localité.
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