2.4. Mise en place d'un département interne
Suivant ce modèle, la banque fournit des services de
microfinance dans le cadre de sa structure existante, en confiant la gestion
des opérations relevant de la microfinance à une unité
spécialement créée à cet effet au sein de
l'institution (l'unité interne).
Elle est néanmoins difficile à mettre en place:
la faible autonomie institutionnelle, et donc opérationnelle et
culturelle, que laisse ce type de solution rend délicate la
«greffe» d'une activité de microfinance.
Cette unité n'a pas de personnalité juridique
distincte et n'est pas réglementée séparément de la
banque. Ses opérations mobilisent les agents et les systèmes de
l'institution.
Les banques qui décident de créer une
unité interne doivent adapter leurs systèmes et leurs
procédures aux besoins spécifiques des opérations de
microfinance.
Elles peuvent accorder une plus grande marge de manoeuvre
à l'unité interne en lui permettant de recourir à des
systèmes, des procédures de prêt, des politiques du
personnel et des règles de gouvernance spécialement
créés à son intention. L'unité peut être
rattachée à divers départements institutionnels, au
service chargé des opérations de détail, par exemple, ou
au département du crédit à la consommation.
2.5: Création d'une institution
spécialisée
Au lieu de créer un service interne, la banque peut
décider de confier ses activités de microfinance à une
entité juridique distincte (l'institution financière
spécialisée ou IFS) spécialement créée
à cet effet. Une IFS est un établissement agréé et
réglementé par les autorités bancaires locales, qui prend
généralement la forme d'une société
financière ou d'une autre institution financière non bancaire. Il
peut s'agir d'une entité en propriété exclusive ou d'une
coentreprise associant des investisseurs ou partenaires stratégiques.
Elle offre des services de microfinance de détail, notamment
l'émission, le décaissement et le recouvrement des prêts,
ainsi que d'autres services financiers définis dans ses statuts. L'IFS
maintient une personnalité juridique, une structure de gouvernance, une
équipe de direction, un personnel et des systèmes distincts de
ceux de la banque mère.
On peut faire varier ce modèle de sorte que la nouvelle
institution puisse utiliser l'infrastructure de la banque mère (espace
de bureau, technologies d'information, système comptable,
trésorerie, etc.) ou au contraire être plus indépendante et
opérer comme une structure entièrement distincte.
Nous venons de voire ci-dessus comment les banques
commerciales interviennent dans le financement des IMF. Mais ces interventions
ont des limites en ce sens que, l'implication des banques dans le secteur de la
microfinance est un phénomène presque paradoxal d'une part:
à beaucoup d'égards, le métier de la microfinance s'est en
effet construit par opposition à celui de la banque (souplesse
administrative, services de proximité...). Il est en
réalité difficile pour une banque de prendre pied sur le
marché de la microfinance; de nombreux échecs en
témoignent.
D'autre part, l'implication croissante des banques dans le
secteur de la microfinance peut donner l'impression qu'à court terme,
celles-ci pourraient prendre le relais des IMF; grâce à leur
puissance financière et à leur accès facile au
refinancement, elles pourraient alors étendre de façon massive
l'accès aux services financiers des populations aujourd'hui exclues.
Malgré l'utilisation de la puissance financière
des banques, elles n'apporteront pas pour autant une réponse à
l'ensemble des besoins de financement des IMF ni des clients.
Fort logiquement, les banques s'impliquent dans le secteur
avec une approche commerciale. Elles s'intéressent donc aux
marchés connus, dont on sait qu'ils peuvent être rapidement servis
de façon rentable, comme, par exemple, le financement de petits
commerçants en milieu urbain. Ce sont des marchés ouvert
partiellement par les IMF et l'implication des banques est plutôt une
bonne nouvelle pour les clients (la concurrence va faire baisser le taux
d'intérêt, multiplier les produits).
En revanche, les banques commerciales ne sont pas prêtes
à sévir les marchés moins rentable ou plus risqués
(zone rurales, populations marginalisées) où l'on trouve le plus
grand nombre d'exclus des services financiers.
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