CHAPITRE II : LES TERMINOLOGIES
SEMANTIQUES DU SUJET
DU SUJET
La fonction sujet suscite un intérêt sans cesse
renouvelé. Son importance dans la phrase se manifeste par la
diversité d'appellations de ses constituants. A travers la
rétrospective des définitions de cette fonction, le premier
chapitre nous a donné l'opportunité d'une part, de mettre en
lumière la relation étroite qui existe entre l'évolution
des définitions de la notion de sujet et la terminologie et d'autre
part, d'amorcer un répertoire des terminologies sémantiques et
syntaxiques mises en évidence. L'analyse des appellations
sémantiques que nous nous proposons de faire au second chapitre a pour
but de nous fixer sur les rapports qui existent entre chaque appellation et son
contenu ainsi que les motivations des auteurs de ces appellations. Pour Baylon
et Fabre (1978 : 10) la sémantique est la discipline
scientifique qui étudie le plan du contenu linguistique, en synchronie
d'abord en diachronie ensuite. Etant la science des significations
linguistiques, elle étudie l'identité des signifiés de
même que leur valeur.
Nous examinerons tour à tour les différentes
appellations que les auteurs de grammaire attribuent au constituant sujet et
nous dégagerons, le cas échéant, leurs limites.
1 - ANALYSE DES TERMINOLOGIES LOGICO-SEMANTIQUES
DU CONSTITUANT SUJET
Les désignations liées au sens et à la
logique que nous avons recensées sont : sujet, thème,
sujet réel et sujet apparent.
1.1. Sujet
Le terme sujet est employé depuis
l'Antiquité pour désigner ce dont on parle.
C'est-à-dire le motif du discours, la matière sur laquelle porte
l'énoncé. Ce regard est fortement défendu par Wagner et
Pinchon (1962, 225). Selon ces derniers, il est question, dans un
énoncé de ce à quoi renvoie le signe linguistique
(sujet) dans la réalité extra-linguistique telle qu'elle est
découpée par l'expérience d'un groupe humain. En
clair, dans les énoncés suivants :
21a. Les anglo-saxons utilisent le
terme « bancability » (CT : 7951, n°34,
p7) ;
21b. Cette situation crée une
minoration des cotisations (CT : 7951, n°31, p7) ;
21c. Cette position est constante
depuis les enquêtes préliminaires (CT7735, n°49, p9).
anglo-saxons est l'objet du jugement dans [21a]. Il
ne s'agit pas du signe graphique qui se trouve dans la phrase, mais du
référent de ce signe. Wagner et Pinchon assimilent de ce fait le
sujet au thème.
1.2. Thème
Le terme thème représente pour Wagner
et Pinchon (1967 : 60 et 62) ce dont on parle dans un
énoncé. La priorité est offerte à l'information que
communique l'énoncé. L'essentiel pour le locuteur et
l'allocutaire n'est pas d'analyser le lien syntaxique entre le verbe et son
sujet. Mais de décoder le message. Dans les exemples
ci-après :
22a. Mais, la tâche est immense
(CT : 7951, n°149, p18) ;
22b. Son frère présente encore
des signes de vie (CT : 7953, n°77, p 12).
on parle sans distinction de tâche et
frère. Chacune de ces entités représente ce qui
est communément nommé thème de
l'énoncé ; Wilmet (1998 :460) parle de foyer
ou topic. Il s'agit du sujet qui anime le discours. La perception
linguistique de la notion de sujet est bien distincte de sa perception
grammaticale. Mais nous relevons qu'il existe une coïncidence quasi
constante entre le thème du discours et le sujet du verbe dans
ces énoncés. Ceci brouille davantage la compréhension de
ces deux notions. Pour Ducrot e alii (1995 :451) [...] le
thème, à la différence du sujet, n'est pas un segment
d'énoncé, mais un objet extérieur, auquel
l'énoncé fait allusion. Le segment
d'énoncé auquel fait allusion les auteurs est le SN sujet,
c'est-à-dire le sujet grammatical. Ceci se vérifie dans cet
exemple :
23. La retraite, tous les
travailleurs y pensent (7951, n°1, p 9).
Il est facile de savoir ce sur quoi porte le discours. On
parle de la retraite. La mise en exergue par l'emphase fait
de ce terme le thème. Il est repris à l'intérieur
de la phrase par le pronom anaphorique y. En effet, la structure
canonique de cette phrase est la suivante :
23'- Tous les travailleurs pensent à
la retraite.
Le SN la retraite représente un
complément prépositionnel. Il n'est donc pas le sujet grammatical
du verbe. De retraite est dit quelque chose. Il constitue
donc le thème pendant que le SN tous les travailleurs
est sujet du verbe pensent.
Deux dénominations (sujet logique et sujet
psychologique) se superposent à thème.
1.2.1. Sujet Logique
La perception logique du sujet date de l'Antiquité.
Cette vue a influencé plusieurs générations des
grammairiens. A la veille de l'approche classique de ladite notion, Port-Royal
prend position. En effet, pour Arnauld et Lancelot (1969 : 17) le
sujet dans la phrase se place avant le verbe, parce qu'
il y a un ordre des mots (celui qui place le nom
avant l'adjectif et le sujet avant
le verbe) qui est naturel et universel, parce que,
pour comprendre l'attribution
d'une propriété à un objet, il
faut d'abord se représenter l'objet : ensuite
seulement, il est possible d'affirmer quelque chose
de lui.
Ces auteurs confirment la position préverbale du
sujet ; position déjà évoquée par les Anciens.
En effet, le nom dont parlent les auteurs représente la substance
tandis que le verbe exprime l'action. Il n'est donc pas concevable que l'action
existe avant la matière ou le corps qui est supposé provoquer
cette action. Beauzé, expliquent Ducrot et alii (1995 : 450)
renforce cette position d'Arnauld et Lancelot lorsqu'il dit que l'art
d'analyser la pensée est le premier fondement de l'art de penser ou en
d'autres termes, qu'une saine logique est le fondement de l'art de la
grammaire.
Par ailleurs, Le Goffic (1993 : 134) et Ducrot et alii.
(op.cit : 450) s'associent à Wilmet (1998 : 461) pour
reconnaître que la dénomination sujet logique est
adoptée pour décrire l'être ou l'objet dont quelque
chose est affirmé ou nié hors focalisation. Aussi, dans
[24] :
24a. Les salles informatiques sont
équipées (CT : 7953, n°50, p.12) ;
24b. Essola ouvre la
portière d'un véhicule (CT : 7982, n°5, p. 9) ;
24c. Les eaux du Wouri scintillent
comme une grosse feuille d'agent (CT : 7957, n°65,
p.11).
Les constituants salles informatiques, Essola et
eaux du Wouri sont appelés sujet logique. Les Le
Bidois (1938 :3) expliquent l'origine de l'épithète
logique. Il provient en effet de l'ordre sujet + verbe + attribut que
le français attribue à la phrase. Cet ordre est inspiré
par l'analyse déductive. Le locuteur exprime d'abord le sujet, ensuite
le verbe et enfin l'attribut ou l'objet. Ordre logique aussi parce que, selon
ces auteurs, on ne peut concevoir une action que s'il y a un agent pour
l'exécuter. Dans cette perspective, l'agent et le
sujet logique peuvent donc représenter une seule et même
réalité comme dans [24]. La propriété logique ne
semble pas être coupée du point de vue discursif.
1.2.2. Sujet psychologique
L'expression sujet psychologique est expliquée
par Baylon et Fabre (1979 :153) comme l'être qui marque la
différence entre ce dont parle le locuteur et l'information qu'il en
donne. Il est un sujet intuitif. Dans les phrases [25] par exemple :
25a. Les trois hommes étaient
des redoutables bandits ( CT :7735, n°90, p105) ;
25b. Les pauvres bêtes
étaient des vedettes inattendues de cette fête (
CT :7735, n°26,
p9) ;
25c. Les photographes ambulants ont
envahi les lieux (CT : 7957, n°81, p.11).
la partie en gras représente le sujet du discours,
c'est-à-dire le sujet psychologique. Comme le
thème, le référent du sujet
psychologique n'assume pas forcément la fonction de sujet en
syntaxe. D'ailleurs, Wilmet (1998 : 461) prend position en affirmant
n'employer le mot thème que dans
l'acception très accueillante de sujet logique
[...]. Et Ducrot et alii (1995 :452) de renchérir le
thème d'un énoncé, c'est ce dont parle le
locuteur, ou, comme disaient les linguistes du début du siècle,
le sujet psychologique.
Dans son acception logique, les désignations de
thème, sujet logique, sujet psychologique
sont des équivalents. Entre ces terme et expressions existent une
relation d'égalité. Cela devient difficile de considérer
le terme thème comme appellation et les autres comme des
valeurs. Les appellations se multiplient donc parce que les auteurs pensent
chacun rapprocher le mieux possible le contenant du contenu et non pas parce
que la dénomination apporte, chaque fois à la notion, une
précision particulière.
1.3. Sujet réel/sujet apparent
Aux notions sujet réel et sujet
apparent, la grammaire traditionnelle ne donne aucune définition
claire. Cependant, les constituants qui représentent ces sujets dans
l'énoncé renvoient, en syntaxe, à deux fonctions bien
distinctes.
Le sujet réel est une terminologie qui
répond à la préoccupation des auteurs pour donner un sens
au questionnement qui sert à l'identification du sujet. Arrivé et
alii (1987) et même Grevisse (1993 :306) veulent une
cohérence entre la question (qui est ce qui... ?) et la
réponse qui en découle. La grammaire notionnelle ne dit pas le
rapport qu'il y a entre le terme sujet et l'épithète
réel. On ne sait pas si le sujet réel vient en
opposition à un sujet faux. Sinon quel rapport spécifique
existe-t-il entre les deux termes (sujet et réel)
? Ces questions sont aussi valables pour le sujet apparent.
En effet, sachant que l'adjectif apparent est
synonyme de vraisemblable, est-il possible de le remplacer par ce
synonyme ? Comme le sujet réel, les auteurs de cette
dénomination ne la définissent pas. Tout ce qu'ils donnent comme
critère d'identification est que le sujet apparent accompagne
les verbes impersonnels.
Ainsi, sujet réel et sujet apparent
se notent dans les énoncés ci-après :
26a. Il en résulte
différentes missions (CT : 7955, n°41, p12) ;
26b. Il faut préparer le travail
du lendemain (CT : 7953, n°106, p 13) ;
26c. Il pleuvait des bombes [...]
(CT : 1957, n°29, p8).
L'analyse grammaticale des énoncés [26] fait de
Il le sujet apparent parce qu'il est placé à
gauche du verbe à qui il impose ses marques du genre et du nombre. C'est
peut-être pour cela qu'on lui donne ce nom puisqu'en fait, dans la
perspective logique ou sémantique, on ne parle pas de il et
il ne fait aucune action. Quant au sujet réel
(en italique dans l'énoncé), il est celui qui répond
à la série de questions (de quoi parle-t-on ? qu'est ce
qui.. ?). Ainsi, on reconnaîtrait en [26a-b] qu'on parle de
différentes missions et du travail du lendemain,
pendant qu'en [26c], l'action de pleuvoir serait faite par bombes.
A cause des difficultés que nous avons
soulignées plus haut, l'approche traditionnelle de la notion crée
des divergences. Chevalier (1989 :23) trouve même bizarre
l'appellation de sujet réel. Il se rapproche de ce fait de
Tamine (1998 : 123) pour plusieurs raisons. D'abord, l'aspect
morphologique de la définition du sujet est faussé. En fait, avec
quel sujet le verbe s'accorde-t-il dans ce cas ? Il est pourtant
établi que le verbe ne s'accorde qu'avec son sujet. Le pronom
impersonnel il apparaît de ce fait comme l'unique sujet du verbe
dans [26c]. Ensuite, ces sujets dits réels ne se plient pas à la
transformation passive comme nous le voyons dans [26'c] : des bombes
étaient plu. Cette phrase est agrammaticale tandis que
l'énoncé des bombes pleuvaient, phrase grammaticalement
correcte, ne représente pas la forme passive de l'énoncé
[26c], mais une phrase entièrement à part.
Aussi, les notions de sujet réel et sujet
apparent prennent-elles des physionomies différentes suivant les
auteurs de grammaires. Tamine (op. cit: 124) pense que [...] ce
prétendu sujet réel est plus proche des compléments du
verbe et peut être appelé séquence de
l'unipersonnel.
Pour Galichet (1971 : 118), la notion de sujet
réel ne saurait être définie de manière aussi
simple. Ce sujet réel peut alors, selon la structure de la
phrase, être :
un complément du verbe impersonnel
43a. Il court sur la fontaine une rumeur de paresse et de
rêve.
un complément d'objet direct
43b. Il fut décidé qu'on tiendrait
séance tenante sans désemparer.
une apposition à il
43c. Il est certain que vous avez raison.
un complément d'existence ou complément
existentiel
43d. Il est des hommes bavards.
Ainsi, le malaise que suscitent les désignations de
sujet réel et sujet apparent est perceptible. La
notion d'action que certains auteurs mettent au centre de la définition
du sujet rend son contenu complexe et son contenant inadapté.
L'embarras que nous avons observé au niveau des définitions
sémantiques du sujet se répercute sur sa terminologie. En fait,
on se demande pourquoi chaque auteur, bien que connaissant l'existence d'un
phénomène et d'une appellation, choisit de donner une nouvelle
appellation alors qu'il n'y a parfois aucun fait nouveau dans sa perception.
Le sens, source génératrice des
désignations du sujet, occasionne également diverses valeurs sur
lesquelles nous nous attarderons. Pour exploiter ces valeurs
sémantiques, nous nous servirons de la grammaire casuelle. Et pour
présenter la théorie casuelle, nous allons nous inspirer de
l'approche d'Anderson (1975, 1998, 2004) et de la critique faite sur Fillmore
et sur les autres auteurs de cette grammaire.
2. PRÉSENTATION DE LA GRAMMAIRE DES
CAS
A l'origine, la Grammaire des cas est mise au point par
Fillmore (1965). Elle se fonde sur l'analyse sémantique des verbes dans
le but de déterminer une liste restreinte des cas sémantiques
susceptibles d'être appliqués à toutes les langues. Vu la
complexité de sa démarche, l'auteur a lui-même plusieurs
fois révisé sa théorie. Ainsi, Fillmore (1968 :5)
cité par Essaka, M. (1997 : 5) donne les objectifs de son approche
en ces termes :
la Grammaire des Cas est une théorie
sémantique qui a pour principe
d'élaborer une liste unique, universelle,
minimale et finie des Cas pouvant être
appliqués à toutes les langues.
Fillmore s'atèle donc à élaborer un
répertoire de verbes suivant le type et le nombre de leurs arguments.
Lorsqu'il parle de type, il s'agit d'étudier les traits
sémantiques de ces arguments.
Ainsi, pour la Grammaire des Cas (GC), la phrase constitue
une structure logique, c'est-à-dire qu'elle est une unité de sens
ayant un prédicat (verbe, V) et un ensemble d'arguments (les noms, C).
L'argument n'est pas ici le syntagme nominal qui peut se trouver dans
l'environnement d'un verbe et peut, selon le cas, entretenir avec celui-ci une
connexion syntaxique comme le pensent Creissels (1995) et Muller (2002) ;
mais il représente l'entité qui assure auprès du verbe un
rôle sémantique. Selon Habert (2001 :1), la phrase se
déploie dans la structure suivante :
P = V + C1 + + C3....Cn. P constitue la phrase.
La GC fait du verbe le pivot de l'énoncé. C'est
à partir de ces verbes que l'on définit, au niveau de la
structure profonde, les différents rôles, c'est-à-dire les
relations casuelles. Il ne se préoccupe pas de la structure syntaxique
de l'énoncé. Et Anderson (1975 :6) d'affirmer
les considérations du type sujet/objet
ne figurent plus dans les représentations
de structure profonde [...] ces SN peuvent
correspondre à diverses fonctions ou
relations casuelles sous-jacentes
Il s'agit par exemple du rôle d'agent, de
patient, de bénéficiaire etc. Le nom est
considéré comme une entité et non comme une
catégorie grammaticale. Nous nous inspirons de l'étude de cet
auteur pour analyser les valeurs sémantiques qui s'insèrent dans
l'étude de la grammaire casuelle.
Toutefois, avant d'exploiter la grille casuelle, il est
nécessaire de rappeler les différents concepts et principes qui
la caractérisent.
2.1. LES CONCEPTS DE LA GRAMMAIRE DES CAS
Pour développer sa théorie, Fillmore emploie des
termes et expressions qu'il convient d'élucider pour une meilleure
intelligence de la notion.
2.1.1. La notion de cas
Le terme cas est utilisé à la fois pour
désigner une catégorie grammaticale associée au syntagme
nominal dont il traduit la fonction syntaxique dans la phrase et aux
différents rôles sémantiques que le verbe impose à
ce syntagme nominal. Lorsque le cas relève de la syntaxe, Fillmore parle
de cas morphologique et lorsqu'il s'agit de la sémantique, il
parle de cas sémantique. Cet emploi est une source de
polémique. A ce propos, Anderson (1975 :1) relève que
la terminologie grammaticale de la plupart des langues qui
suivent la tradition européenne sur ce sujet (la grammaire des cas)
présente une ambiguïté systématique dans l'emploi du
terme « cas » [parce que] ce terme est employé pour
désigner à la fois une certaine catégorie flexionnelle et
l'ensemble des distinctions sémantiques que portent ces formes.
Pour une meilleure compréhension de ces concepts, il
apparaît nécessaire d'expliciter ce que les auteurs entendent par
cas sémantique et cas morphologique.
2.1.1.1. Le cas morphologique
Dans la conception traditionnelle, Arrivé et alii
(1988 :97) affirment que le terme cas représente la
catégorie grammaticale associée au nom et traduit la fonction
syntaxique dans les langues dites casuelles. Le cas morphologique, encore
appelé cas de surface relève de la syntaxe. Dans les langues
à cas comme le latin, le cas morphologique était marqué
par des désinences à la finale des termes. Cette morphologie
variait selon la fonction du mot dans un énoncé. Brunot et
Bruneau (1949 :182) reconnaissent qu'
En latin, la distinction était très
nette entre les formes du masculin, du féminin
et du neutre [...] entre les différents
cas : le nominatif, l'accusatif...
Dans ces exemples des auteurs :
27a. Filius venit (Mon
fils vient) ;
27b. Filium video (Je vois
mon fils) ;
27c. Filio scribo (J'écris
à mon fils).
le SN mon fils occupe différentes positions
dans les énoncés en français. En latin, il se traduit en
[27a] par filius, en [27b] par filium et en [27c] par
filio. On observe donc une variation au niveau des désinences
selon que le SN est sujet, COD ou COI. Cette variation ou déclinaison
renseigne sur la fonction du mot dans une phrase. Elle aboutit au
phénomène de cas. Dans [27], les cas sont, dans l'ordre, au
nominatif, à l'accusatif et à l'ablatif. Il existe cependant sept
cas dont l'ensemble constitue la déclinaison. Le nominatif
correspondant au cas-sujet et la désinence us
exprime son masculin singulier. Les cas sont donc des marques distinctives en
fin de mot.
Cependant, ces cas se révèlent également
insuffisants dans l`interprétation de la phrase. Dans [28] par exemple :
28a. Sans scrupule, Mendzenga ligote
la progéniture du procureur (CT : 7735, n°53,
p.11) ;
28a'. La progéniture du procureur
est ligotée par Mendzenga, sans scrupule.
les deux phases expriment le même contenu
sémantique. Pourtant, ces constituants assurent des fonctions
syntaxiques différentes en surface. En effet, Mendzenga est
l'agent de l'action de ligoter et progéniture en est le
patient, cette entité subit l'action exprimée par le
verbe ligoter. En surface, les SN Mendzenga et la
progéniture représentent respectivement les fonctions de
sujet et de complément d'objet direct dans [28a]. En [28a'] par contre,
il y a inversion de rôles syntaxiques même si les deux constituants
continuent d'assumer les mêmes rôles sémantiques. Les
rôles syntaxiques ne sont pas fixes, c'est-à-dire, le constituant
nominal qui assure cette fonction varie selon la structure de
l'énoncé, à la seule condition que cette transformation
préserve le sens initial. Le cas morphologique n'est donc pas totalement
dépouillé de toute considération sémantique.
2.1.1.2. Le Cas sémantique
Dans le but de déterminer le contenu sémantique
des phrases, Fillmore (1968) a reconsidéré la notion de cas qu'il
écrit cette fois en majuscule et qui renvoie à une étude
sémantique de la phrase.
Le cas sémantique est encore appelé cas profond,
rôle sémantique. Dans cette approche, le mot Cas s'écrit
avec un « C » majuscule. Fillmore (1968 :5)
cité par Anderson (2004 :2) et Essaka, M. (1997 : 8) le
définissent comme le rôle que joue les éléments
d'une phrase dans l'interprétation de cette phrase en relation avec la
prédication de cette phrase. Le rôle sémantique du
constituant sujet représente la face linguistique de la notion. Il peut
être compris comme la place qu'occupe son référent dans le
procès que décrit l'énoncé. En clair, la relation
qu'entretient un verbe avec son sujet ou son objet en syntaxe peut créer
plusieurs valeurs susceptibles d'être prises par le constituant qui
représente, dans l'énoncé, la fonction sujet. Cela
s'observe dans les énoncés suivants :
29a. [...] Un policier blesse
mortellement un jeune homme (CT : 7951,
n°40, p 13) ;
29a'. un jeune homme
est mortellement blessé par un policier
[...]
Dans l'exemple [29], les variantes active et passive d'un
même énoncé sont syntaxiquement différentes :
l'objet de la phrase active [29a] devient le sujet de la phrase passive [29'a].
Mais elles sont sémantiquement équivalentes, c'est-à-dire
qu'elles s'interprètent de la même manière. La notion de
Cas vient donc rendre compte de cette identité
d'interprétation.
Pour Anderson (1975 : 40 ), la Grammaire des Cas
s'intéresse à la nature sémantique de la structure interne
d'une phrase. L'auteur distingue donc deux éléments essentiels
dans l'attribution des rôles sémantiques : le Cas
propositionnel et le Cas modal.
2.1.1.2.1. Le cas propositionnel
Le Cas propositionnel est celui requis par le verbe. Ce Cas
provient de l'analyse de la structure argumentale du verbe.
C'est-à-dire, de l'étude des relations sémantiques qui
existent entre chaque verbe et les noms qui l'entourent. Ces cas pourraient se
dégager dans les énoncés ci-après :
30a. Les personnes en quête de logement
donnent une caution [...] (CT : 7957, n°30,
p.8) ;
30b. Après une course-poursuite, le
voleur tombe (CT : 7735, n°41, p.9) ;
30c. Plusieurs conflits opposent
également ces entrepreneurs [...](CT: 7946, n°81, p.13).
Les verbes donner, tomber et
opposer expriment les actions que les constituants en gras dans les
énoncés traduisent dans les faits. Selon la
sémantèse du verbe, on peut avoir affaire à un
agent en [30a], un patient en [30b] et une cause en
[30c]. Nous reviendrons plus en détail sur ces notions dans la suite de
notre analyse.
Par ailleurs, Chafe (1970 : 100) et Cook (1989 :
195-196) cités par Essaka, M. (1997 :36) classent les verbes
suivant les types de relation qu'ils sont susceptibles d'entretenir avec leurs
arguments qui lui sont liés. Ils distinguent de ce fait les verbes
d'état, qui expriment une situation statique. Les verbes de
processus qui expriment un événement dynamique non
agentif, les verbes d'action qui décrivent l'action accomplie
par un Agent et les verbes ambiants qui ont une structure argumentale
vide. Dans il pleut par exemple, le pronom personnel il
ne représente pas un argument. Il n'entretient donc aucune relation
sémantique avec le verbe.
2.1.1.2.2. Le Cas modal
Le cas modal représente pour Cook (1989 : 189)
cité par Essaka, M. (1997 :40) le rôle sémantique
dont le verbe n'est pas à la source. L'illustration suivante
nous situe sur ce qu'est un cas modal :
31. Le début de l'automne
marque souvent le repli des ventes du super (CT: 7946, n°7,
p.5)
Le SN en gras situe le lecteur dans le temps. Il s'agit
précisément d'un repère dans une saison de l'année.
C'est donc ce SN qui introduit dans l'énoncé la notion de temps
et non le verbe.
Les combinaisons des rôles sémantiques à
l'intérieur d'une même proposition obéissent, cependant,
à certaines contraintes que Fillmore érige en principe.
2.2. LES PRINCIPES DE LA GRAMMAIRE CASUELLE
2.2.1. Un argument ne peut porter q'un seul Cas
Lorsque Fillmore (1968 :5) repris par Anderson et alii
(1998: 9) et appuyé par Essaka, M.(1997 : 10) parle du premier
principe : One case-per-argument, il pense que dans une
proposition simple un argument ne peut porter plus d'un Cas,
c'est-à-dire, le même argument ne peut être à la fois
agent et patient par exemple. De ce fait, il ne peut y avoir
dans un même énoncé un nom ayant à la fois le
rôle d'agent et celui de patient.
Pourtant, Fillmore (1971 : 42) toujours cité par
Anderson et alii (op. cit.) renonce à ce fondement lorsqu'il constate
que certains verbes requièrent des arguments pouvant porter plus d'un
cas comme nous le voyons dans cet énoncé emprunté à
l'auteur :
32a- Jean regarde la voiture ;
32b- Le mur regarde la mer.
Dans [32a], Jean est perçu comme étant
à la fois agent et datif de l'action identifié
par le verbe. Il y a lieu de se demander si mur dans [32b]
répond aux mêmes critères. Pour mieux comprendre la notion
d'agent et de datif, nous y reviendrons plus loin.
2.2.2. Un même cas ne peut apparaître
qu'une seule fois dans une
phrase simple
Ce deuxième principe, explique Anderson
(1998 :11:), est nommé par Fillmore (1971 : 38) :
One-instance-per clause principle. C'est la contrainte d'après
laquelle un même Cas ne peut apparaître qu'une seule fois dans une
phrase simple si l'on veut éviter des constructions agrammaticales du
genre :
33* Le marteau ouvre la porte avec
une clef
L'agrammaticalité de cet énoncé
s'explique par le fait que, marteau et clef sont tous les
deux nommés instruments. Habert (2001 :2) parle à
ce niveau de saturation.
2.2.3. Seuls les syntagmes nominaux
représentant les mêmes Cas
peuvent être
coordonnés
Le principe sus évoqué se fonde sur la nature
des arguments qui portent un Cas. Par exemple un animé et un
inanimé ne peuvent être conjoints pour exprimer une même
relation casuelle. Dans ce sens, Fillmore (1968 :22), selon Anderson et
alli. (op.cit.) voit dans la structure
33* Jean et un marteau ont
cassé la fenêtre
une phrase agrammaticale. En effet, Jean a pour trait
sémantique [+ Animé, + Humain] tandis que marteau en a
[- Animé, - Humain]. Jean est agent alors que
marteau est instrument. La coordination entre les deux
arguments reste donc impossible.
Le premier fondement étant discutable, Fillmore
s'appuie sur les deux autres principes pour apporter à sa théorie
la rigueur nécessaire à l'élaboration de sa liste.
La grammaire casuelle, outre les concepts et les principes que
nous venons de dégager offre un cadre idoine pour l'analyse de valeurs
sémantiques du constituant sujet. Le terme cas,
représentant les différents rôles sémantiques que le
verbe impose à ses arguments, on constate qu'il ne génère
pas les terminologies du sujet mais ses valeurs.
3. ETUDE DES VALEURS DU CONSTITUANT SUJET
Il ne s'agit pas ici de faire une étude
sémantique de la fonction sujet, mais d'analyser quelques valeurs
saillantes que nous avons relevées au cours de notre travail. En fait,
lorsque la grammaire notionnelle définit le sujet comme l'être ou
la chose qui fait ou subit l'action du verbe, elle ne se préoccupe pas
du SN en tant que constituant nominal, mais de son référent, de
l'entité que ce SN représente dans la réalité
extralinguistique. Aussi, dans l'exemple l'enfant mange un
gâteau de Creissels (1995 :12), l'auteur ne reconnaît-il
pas que
L'évènement manger (plus
exactement, l'évènement que l'énonciateur a
décidé de représenter au moyen du lexème
manger, alors que d'autres auraient éventuellement pu
désigner le même évènement :
avaler par exemple) ne concerne pas le fragment de phrase
l'enfant et le fragment de phrase
gâteau, mais leurs référents,
c'est-à-dire la personne que l'énonciateur a choisi de
désigner comme l'enfant, (alors qu'il aurait pu le cas
échéant désigné cette même personne
différemment, par exemple en utilisant son nom individuel) et la chose
que l'énonciateur a choisi de désigner comme le
gâteau.
Ainsi, comme sujet du verbe mange, le constituant
sujet (enfant) a une valeur syntaxique ; par contre, sur le plan
sémantique, le référent de ce constituant,
c'est-à-dire, l'être nommé enfant fait l'action de
manger. Le même constituant peut, dans d'autres circonstances,
subir l'action ou en bénéficier, alors les valeurs se multiplient
selon le sens que le verbe confère à ce constituant. A ce
propos, Benveniste (1996 :290) affirme que le sens d'une forme
se définit par la totalité de ses emplois, par leurs
distributions et par les types de liaisons qui en résultent. Et
Fillmore (1971 :42-43) repris par Anderson (1998 :2) propose la
liste des différentes valeurs que peuvent recouvrer les constituants de
phrase et notamment celui de sujet. Il s'agit de : agent, objet,
datif, Experiencer expérimenteur, bénéficiaire, origine,
instrument, factitif, localisation, source, but, temps. Cette liste
apparaît restreinte au regard des valeurs que nous avons
répertoriées au cours de notre revue de la littérature.
Nous nous appuierons néanmoins sur le cadre ainsi défini pour
classifier les différentes valeurs de la fonction sujet ; ceci
suivant le cas propositionnel et le cas modal.
3.1. Les valeurs du sujet relatives au Cas
propositionnel
Le Cas propositionnel représente la valeur que le verbe
impose à son argument qui assure, en structure de surface, la fonction
de sujet. Nous avons recensé, au cours de nos lectures, les Cas
propositionnels ci-après : surpozé, soupozé,
agent, patient, bénéficiaire, siège, causateur, cible,
sujet sémantique, actant, acteur, Expérient, Origine,
Source. Nous en avons dénombré quatorze et la liste n'est
pas exhaustive.
3.1.1.Agent (A)
Le terme agent est utilisé par Fillmore
(1971 :42) et Cook (1989 :191), tous cités par Anderson
(1975 :11) pour exprimer l'instigateur de l'action identifiée
par le verbe. Chareaudau (1994 : 302) parle d'actant. Il est donc
introduit par les verbes d'action qui sont : courir, casser, acheter,
tuer, ouvrir, écouter, regarder, utiliser, terroriser, donner,
blâmer, monter, garder, planter, tartiner, mettre.... Cette liste
n'est pas close. L'agent est typiquement animé pour Fillmore pendant
qu'il englobe, en plus des animés, des inanimés chez Cook. En
bref, ce mot regroupe tout ce qui est perçu comme instigateur de
l'action décrite par le verbe. Cette perception se dévoile dans
les énoncés suivants :
34a. Essola ouvre la portière
d'un véhicule (CT : 7982, n°5, p.9) ;
34b. De temps en temps, les chèvres
urinent sur les corps (CT : 7735, n° p.16) ;
34c. La pluie détruit les
effets des locataires (CT : 7957, n°22, p.8).
Les actions d'ouvrir, d'uriner et de
détruire sont faites respectivement par Essola,
chèvre et pluie. Le trait sémantique d'une
entité n'est pas important dans cette analyse. L'accent est mis sur les
rapports divers que le verbe entretient avec son environnement, mais aussi sur
les répercussions de ces relations sur les arguments. Ils sont donc tous
des agents. Déjà au XIVème siècle et
dans les mêmes circonstances, Meigret cité par Chevalier
(1968 : 222) attribuait à ces noms le statut de
surpozé et précisait ce qui ne doit pas s'entendre
selon l'ordre de paroles, mais selon le sens. Dans les mêmes
conditions, Baylon et Fabre (1979 : 153) parlent de sujet
sémantique.
On note tout simplement que le sujet
sémantique et l'agent décrivent une seule et
même réalité. L'on ne comprend pas pourquoi chaque auteur
préfère attribuer un autre terme alors que le
phénomène existe et a déjà été
nommé par d'autres auteurs. Il apparaît un phénomène
de redondance au niveau des noms qu'on attribue à une même valeur.
Cette difficulté a été aussi enregistrée avec les
appellations du sujet. L'agent est aussi porteuse d'autres nuances :
acteur et causateur, relevées par Muller et Le
Goffic.
3.1.1.1 Acteur
Le terme acteur est utilisé par Muller
(2002 :118) pour définir un agent involontaire de l'action
décrite dans le procès. L'auteur estime que l'agent n'est
pas conscient des actions dont il est supposé être l'auteur.
Riegel et alii (1994 :229) pensent au contraire que ces entités
sont la cause indirecte du phénomène décrit dans
l'énoncé. La structure de la phrase est donc [N0 +[---] ou le
référent du sujet N0 représente la cause ou l'agent du
procès décrit par la phrase originale. Il s'agit dans ces
exemples :
35a- Une odeur âcre
empêche les secouristes de respirer (CT : 7953, n°82
p.12) ;
35b - L'odontol attaque la
bouche (CT : 7899, n°41, p.8) ;
35c - Le sable chaud effleure les
pieds des visiteurs (CT : 7957, n°64 p.11).
de odontol, sable et odeur. Ils
sont considérés comme des acteurs. Nous aurons, par
exemple, de [35'a] la structure suivante :
[une odeur âcre + fait [les secouristes ne respirent
pas]
Le référent du sujet est odeur
âcre. Il exprime la cause ; mais l'action
(respirent) est faite par l'entité secouristes.
L'auteur considère le factitif faire comme un
opérateur diathétique, c'est-à-dire un
quasi-auxiliaire de diathèse qui permet d'augmenter une phrase de
départ d'un actant initial représentant l'instance qui est cause
du reste du procès. Faire est donc un causatif. La
conjonction ou que Riegel emploi dans sa définition
n'est forcément pas inclusif. C'est dans ce sens que Le Goffic propose
à l'entité odeur la valeur de causateur.
3.1.1.2. Causateur
Pour Le Goffic (1993 : 137), le nominatif qui assure la
fonction de sujet est le causateur s'il exprime, dans
l'énoncé, un motif, une cause dont le procès
développe les conséquences. Dans l'énoncé
[35b] par exemple, odontol, tout en étant un agent involontaire
de l'action identifiée par le verbe attaquer, constitue aussi
la cause de la souffrance que subit le patient (bouche). Pour
certaines de ces grammaires, il n'existe donc pas de cloison étanche
entre ces valeurs. Chaque auteur de grammaire veut trouver un nom exprimant le
mieux possible la sensation qu'il a du référent du syntagme
nominal sujet qui subit la sémantèse du verbe. La même
difficulté que nous avons relevée au niveau des
dénominations du sujet se répercute sur ses valeurs. Ces auteurs
ne se préoccupent toujours pas des avancées
réalisées par d'autres grammairiens sur la même question.
Pourtant, à notre humble avis, le terme d'agent peut regrouper
toutes ces nuances puisqu'une action est, de toutes les façons,
posée.
Ainsi, l'action définie comme le résultat d'un
processus conscient ou non a des répercussions positives ou
négatives sur les entités impliquées dans le
déroulement du procès.
3.1.2. Patient (P)
Le nom patient est employé par Chafe (1970,
98, 102) repris par Anderson (1975 :24). Le premier affirme que le
patient est dans un état ou une condition décrit par le
verbe, il décrit également une entité qui change
son état ou sa condition dans un processus, ou une entité qui
subit l'action d'un agent dans le déroulement du processus. Le
terme patient est donc employé pour décrire plusieurs
processus. C'est peut-être pour cette raison que l'auteur n'a pu
établir une liste des verbes susceptibles de requérir ce Cas.
Chafe introduit néanmoins une nuance fondamentale entre le processus qui
conduit à une action et ses effets. L'attention est focalisée sur
les effets de l'action sur la victime. Celle-ci est un acteur passif. Et nous
le remarquons dans [36]
36a. Les gendarmes tombent dans une
embuscade (CT : 7899, n°50, p.10) ;
36b. Des frères alcooliques
sont morts (CT : 7899, n°16, p.9) ;
36c. Les camionneurs circulant de nuit
ont été attaqués à un virage (CT :
7899, n°46,
p.8) ;
36d. Deux enfants périssent
dans un incendie (CT : 7953, n°58, p.11) ;
36e. Les uns gémissaient et se tordaient de douleur
(CT : 7735, n°108, p.7) ;
36f. Le sol tremble (CT : 7951,
n°50, p7).
gendarmes, frères et
camionneurs sont nommés patient parce qu'ils subissent
l'action du verbe, ou qu'ils changent d'état. Dans [36a],
gendarmes subit une action enclenchée par les malfrats. Ceux-ci
en sont les instigateurs. Dans [36b], le verbe décrit un
état ; l'entité représentée par le
référent (frères) change d'état. Elle
passe de l'état d'être vivant à celui de mort. Dans [36c],
les auteurs de l'action décrite par le verbe ne sont même pas
identifiés.
Dans le même ordre d'idée, Meigret, explique
Chevalier (1968 : 222) emploie le terme soupozé pour
exprimer celui qui subit l'action de l'agent. Onguéné Essono Ch.
(1993 :91), parlant dans ces conditions de la diathèse passive
explique
ces sujets sont formels et dotés d'un rôle
syntaxique sans être les agents véritables de l'action. Les agents
réels sont implicitement perçus, mais non exprimés.
L'essentiel, pour les auteurs, n'est pas de voir qui est la
cause de l'action ou de l'état, mais d'analyser les conséquences
de l'action sur les participants au procès.
3.1.3. Bénéficiaire (B)
Le terme bénéficiaire est
utilisé par Fillmore (1971 : 41) et Chafe (1970 : 47),
relève Anderson (2004 :13), pour exprimer celui qui
bénéficie de tout ce qui est communiqué par le reste
de la phrase. Le bénéficiaire reçoit une action ou
une offre. Pour Cook (1989 :191), également repris par Anderson
(op.cit), ce Cas est introduit par un verbe bénéfactif.
A propos, Chafe (op cit. 148, 150) reconnaît que les verbes ayant un
trait bénéfactif incluent les verbes de possession
(avoir, posséder..), les verbes de propriété transitoire
ou non transitoire (bénéficier, recevoir...), les verbes de
changement de possession (perdre, gagner, acquérir..). Une étude
des traits sémiques de ces verbes nous permettrait peut-être de
percevoir la pertinence de ce classement. Les verbes bénéfactifs
sollicitent donc des arguments dont le cas enrichit les valeurs de la fonction
sujet.
Par ailleurs, Cook explique que le bénéfice peut
être positif ou négatif. Le bénéficiaire peut donc
être déficitaire. Les énoncés [37] dévoilent
les tendances ci-dessus :
37a. Les PVVS reçoivent
régulièrement des aides en matériel [...] (CT :7982,
n°72, p.15) ;
37b. Quand un fonctionnaire est mis à
la disposition d'un organisme, il continue à
percevoir son salaire de la fonction publique
(CT :7951, n°38, p.7) ;
37c. Le géomètre
bénéficie quasiment de la même primeur (CT : 7957,
n°43, p.8) ;
37d. Dans cette transaction, Beyala a
perdu 86 millions de francs CFA (CT : 7735, n°19,
p.9).
PVVS, fonctionnaire, géomètres et
même Beyala ont, dans ces exemples, le statut de
bénéficiaire. Tout se situe au niveau du verbe. Les auteurs
n'accordent pas assez d'importance à la nature du don. Cependant, en
remplaçant aide par gifle, dans [38a'], l'énoncé
devient
37'a. Les PVVS reçoivent
régulièrement des gifles
La condition du bénéficiaire n'est plus la
même, il subit une action même si celle-ci se présente sous
la forme d'un don. Dans ce sens, le statut de
bénéficiaire se rapproche de celui de patient.
Il serait tout de même intéressant de connaître la
différence que ces auteurs établissent entre un don et une
sanction. Une étude sémantique du sujet résoudrait,
à coup sûr, cette difficulté. La même lecture peut
être faite de l'énoncé [37d]. D'ailleurs, Arrivé et
alii (1997 : 656) quant à eux, nomment
bénéficiaire celui qui profite de l'acte posé par
l'agent. Ces auteurs ne reconnaissent ce rôle qu'aux
entités décrites dans les énoncés [37a, b, c]. Ces
différentes valeurs sémantiques sont donc des notions très
subjectives. La cloison entre le patient et le
bénéficiaire n'est pas étanche. C'est
peut-être pour cela que Fillmore n'a pas jugé utile d'introduire
dans sa liste le cas patient.
3.1.4. Datif (D)
Fillmore (1968 :24) cité par Anderson (1975:2)
utilise le terme datif pour indiquer l'entité qui subit
l'action, l'être animé affecté par l'état
ou l'action identifiée par le verbe. Le Cas datif ainsi
défini se rapproche du Cas patient. Il apparaît de ce
fait que le datif comporte plusieurs autres nuances. C'est ce qui a
déterminé l'auteur à le faire éclater en trois
cas : l'Expérimenteur, l'Objet et le
But.
3.1.4.1. Expérimenteur (E)
Fillmore (1971 :42) cité par Anderson
(1998 :3), se sert du mot expérimenteur ou
Experiencer : where there is a genuine psychological even or
mental verb ; c'est-à-dire le Cas de l'entité
impliquée dans un événement psychologique authentique ou
dans un état mental. Pour Cook (1989 : 182) toujours cité
par Anderson (op.cit), l'Expérimentateur expérimente une
sensation, une émotion, une cognition. Il reconnaît que ce
Cas est introduit par les verbes expérimentaux : mourir,
être triste, écouter, entendre, tuer, aimer, imaginer, avoir
chaud, suspecter, espérer, amuser, apprendre, voir, rappeler... Les
énoncés ci-après décrivent ces situations :
38a. Les enfants ont aimé la
visite du site (CT : 7735, n°108, p.7) ;
38b. D'autres rêvent en
contemplant tout simplement le fleuve (CT : 7957, n°56, p.11).
Les verbes aimer et rêver décrivent
chacun un événement dont les entités (en gras dans les
énoncés) sont les participants. Les êtres animés ou
non (enfants, autres) apparaissent comme des réceptacles des
sensations qui sont exprimés par les verbes.
Pour Popin (1993 :78) ces termes en gras dans
l'énoncé [38] peuvent prendre les valeurs de
siège parce qu'ils sont sujets des verbes subjectifs.
Cependant, l'auteur ne propose pas la liste des verbes subjectifs. Il ne les
définit pas non plus. Quant à Riegel et alii (1994 :125),
ces constituants sont nommés siège, parce qu'ils
représentent une entité où se manifeste un état
physique ou psychique.
Avec Muller (2002 : 39) chaque constituant sujet prend la
valeur d'expérient parce qu'il est le support d'une
sensation ou d'un sentiment que décrit le verbe. Pour
Onguéné Essono Ch.(op cit. : 90) il s'agit du
phénomène de diathèse active :
Le sujet présente à la fois comme
l'agent et le site d'une action qui se
déroule et se ferme sur lui. L'activité du sujet est notée
comme interne dans ce procès. Initiateur de l'action, il en est le
siège, l'acteur et le support. En se
refermant sur elle-même, l'action affecte les verbes du trait
intransitif.
Ainsi perçu, le sujet peut prendre à la fois les
valeurs de siège, acteur, expérient, support ou
expérimenteur. Il existe une sorte de redondance au niveau des
différentes valeurs.
3.1.4.2. Objet (O)
Ce terme est employé par Fillmore (1968 :25)
cité par Anderson (2004 : 2) pour décrire le cas de la
chose représentable par un nom dont le rôle dans l'action ou
l'état identifié par le verbe est donné par
l'interprétation sémantique du verbe lui-même.
Cette définition rend le cas objet
général à tous les autres parce que, de
l'interprétation sémantique d'un verbe peut se dégager
plus d'un rôle sémantique comme nous voyons dans ces
exemples :
39a. Les eaux du wouri scintillent
comme une grosse feuille d'agent (CT : 7957, n°65,
p11) ;
39b. Le climat change très
rapidement (CT : 7735, n°12, p5) ;
39c. Le ministre est venu (CT :
7955, n°69, p13).
L'interprétation sémantique des verbes
scintiller, changer et équiper dans ces
énoncés dévoile les contenus sémantiques
suivants : en [39a], la chose représentable (eaux) fait
une action dont il n'est pas conscient : il est un agent inconscient et
Muller (2002 :118) lui reconnaît la valeur d'acteur. Ce Cas
se retrouve à la fois comme une nuance d'Agent et
d'Objet. Climat dans [39b] subit un changement dans le
processus que marque le passage d'une saison à l'autre par exemple ou
sous l'effet des intempéries au cours d'une même saison. De ce
fait, il peut avoir le statut de patient selon Chafe (1970 : 98)
repris par Anderson (2004 :34). Et ministre dans [39c], celui de
l'Objet.
Le Cas Objet peut donc regrouper tous les autres
rôles sémantiques que Fillmore a identifiés. Ce Cas est une
sorte de fourre-tout. Cependant, Cook (1989 :191) reconnaît
que l'Objet est le rôle de l'entité décrite par un
verbe d'état, de l'objet se déplaçant ou subissant un
changement lors d'un processus ou d'une action.
La définition de Cook est plus explicite. Le
bénéficiaire par exemple ne peut pas être inclus
dans ce Cas parce que les verbes de possession n'expriment pas un état.
Dans l'énoncé [40] :
40a. Mais, la tâche est
immense (CT : 7951, n°149, p18) ;
40b. La porte s'ouvre ( CT :
7982, n°10, p9) ;
40c. La toiture suinte (CT :
7957, n°25, p9).
l'Objet (tâche) est dans l'état
décrit par l'attribut (immense) et par l'intermédiaire
du verbe d'état (est) en [40a]. En [40b et c], porte
et toiture, qui représentent le Cas Objet, subissent
un changement dans l'action (ouvrir) pour le premier et lors du
processus (suinter) pour le second. En effet, toutes ses actions
ont une cause. Le causatif faire est sous-entendu dans ces
constructions. Il est jusqu'ici difficile de lister les verbes qui introduisent
ce Cas. Le rapprochement qui se dégage de cette analyse rend difficile
et même discutable le classement des auteurs de la GC.
3.1.5 Source (S) et But (G)
Source et But, souligne Anderson
(2004 : 20), sont deux termes employés par Jackendoff
(1972 :31) et Fillmore (1971 :41) pour exprimer les entités
qui sont, suivant le prédicat, les lieux de provenance et
d'arrivée, états de départ et final, le départ et
le final, le début et la fin. Le Cas But ne peut donc pas
être étudié en dehors du Cas Source. Voilà
pourquoi, nous les avons associés dans cette étude. Pour Riegel
et alii (1994 :126) le cas source peut être assimilé
au cas Origine et même au Cas Agent. L'auteur pense que
l'Origine est le rôle sémantique
réservé à l'entité externe qui est à
l'origine du procès décrit par le verbe. Les verbes qui
expriment ces Cas marquent respectivement les changements de lieu
(aller), des changements d'état (se
transformer) ou des durées (durer). Ces cas ne sont
pas marqués dans notre corpus, mais l'état se déploie dans
cet énoncé de Fillmore :
41. La chenille s'est
transformée en papillon (Fillmore
1968 :3).
En effet, le verbe se transformer
présente la condition d'un être (chenille) qui se
métamorphose en un être nouveau (papillon). Le premier
état est nommé Source, il est le sujet en structure de
surface, et le second But ; il représente le
complément prépositionnel en syntaxe.
L'analyse des cas propositionnels s'énonce à
l'usage très difficile. Les verbes présentent tellement de
nuances que la délimitation des critères de classification
apparaît laborieux. Ceci se manifeste aussi par le fait que les Cas
tendent à se multiplier et rendent, de ce fait, l'ensemble des valeurs
sémantiques difficile à cerner. La naissance des valeurs voisines
du constituant sujet n'est pas déterminée par des divergences de
vue bien marquées. Seulement, une valeur peut sous-catégoriser
plusieurs autres. Une étude sémantique du sujet serait
passionnante.
3.2. Les valeurs du sujet
générées par le Cas modal
Le cas modal représente pour Cook (1989 : 189)
cité par Anderson (2004 :34) le rôle sémantique
dont le verbe n'est pas à la source. Il est presque à
l'opposé du Cas propositionnel. Il s'agit des Cas : instrument,
locatif, temporel. Cette liste nous servira de base pour classer et
analyser les différents rôles sémantiques que nous avons
repérés.
3.2.1. Instrument
Le mot instrument est employé par Fillmore
(1968 : 25) et Chafe (1970 : 152),) tous cités par Anderson
(op cit) pour exprimer le cas de la force ou de l'objet inanimé
impliqué de manière causative dans l'état ou l'action
identifié par le verbe. Pour Fillmore (1971:43), l'Instrument
représente la cause immédiate dans le déroulement de
l'action décrite dans le procès alors que l'Agent en est la cause
principale, c'est-à-dire la source de l'action. Cet aspect est
très perceptible chez Chareaudau (1994 :305), Riegel et alii
(1994 : 136) cela se vérifie dans [42] emprunté
à Fillmore (op cit.) :
42a. Le marteau a cassé la
fenêtre ;
42b. La clé ouvre la
porte.
Marteau et clef sont nommés
instruments. L'instrument représente l'Objet
qu'utilise l'agent pour accomplir son action. Dans les
énoncés, l'agent est implicite. L'instrument est donc un
outil de travail. C'est dans ce sens que Fillmore (op cit.) parle de cause
immédiate puisqu'il est au contact direct avec l'objet affecté ou
effectué. Dans [42a], l'instrument peut également prendre la
valeur de cause et même celle d'agent ou même
d'acteur suivant les différents points de vue. Les
conséquences de l'action de l'instrument sont visibles. Comme nous
l'avons déjà souligné, il n'y a pas une cloison nette
entre ces valeurs.
Ce cas pose cependant un problème. Dans des
énoncés du type :
43a. Cet arsenal donnent des
résultats probants (CT :7951, n°183, p.18) ;
43b. L'E.U appuie le Cameroun
à concurrence d'environ 13 milliards [...] (CT : 7955, n°25,
p.12) ;
43c. L'assurance paiera vos dettes
(CT :7946, n°29, p.6).
arsenal, E.U et assurance peuvent-ils avoir
le statut d'Instrument ? Ces éléments sont-ils des
outils de travail ? Si oui qui en est l'agent ? La GC ne
nous éclaire pas dessus.
3.2.2. Locatif (L)
Pour Anderson (op cit.), le terme locatif ou
localisation employé par Fillmore (1968.: 25) et Chafe (op.
cit. : 161-162) représente le Cas qui exprime la localisation
ou l'orientation spatiale de l'état ou de l'action identifiée par
le verbe. Wilmet (1998 : 460-463) emploie le même nom pour
désigner le lieu de l'évènement. Notre corpus nous fournit
les échantillons suivants :
44a. Kribi compte une soixantaine
d'établissements hôteliers (CT : 7646, n°15,p.5) ;
44b. La petite cour était
boueuse (CT : 7953, n°70,p.45) ;
44c. Tibati accueille les
élites de l'Adamaoua (CT : 7953, n°70,p.45).
Dans ces énoncés, ce n'est pas le sens du verbe
qui fait penser au lieu, mais la sémantèse du substantif qui
précède le verbe. Dans [44a], c'est par économie de
langage qu'on a parlé de Kribi au lieu de la ville de Kribi, voire
même de la population de Kribi. En effet, le mot kribi est
utilisé pour représenter le cadre dans lequel on compte les
établissements hôteliers. Il en est de même de
Tibati en [44c]. Et en [44b], il s'agit de l'état du cadre
(la petite cour) de l'évènement.
Toutefois, Habert (2001 :3) note que le type d'un
argument peut ne pas être directement celui qu'attend le prédicat.
Les attentes du prédicat permettent de dériver le type
nécessaire.
Ainsi, dans l'énoncé [45] emprunté
à l'auteur :
Paris a vendu des missiles
à Buenos-Aires
le verbe vendre attend comme vendeur et comme
acheteur des êtres humains. Or, ces deux arguments rappellent, par leur
contenu, un lieu. Il n'est pourtant pas question des cadres du
déroulement de l'action que décrit le verbe. Mais d'une
transaction qui, normalement, doit s'opérer entre deux personnes. Pour
Habert, ces deux N renvoient aux personnes typiques de ces lieux (des
capitales), donc aux gouvernements. Celui-ci est une personne morale,
le problème de valeur se pose. Peut-on dire que Paris constitue un
agent, un lieu, un site ? L'auteur explique un fait sans
pourtant le nommer. Nous notons l'embarras qu'il y a lorsqu'il faut attribuer
une dénomination à chaque fait linguistique.
3.2.3. Temps (I)
Le terme Temps est de Fillmore (1971 :41),
souligné par Anderson 1975 :2). C'est le cas qui marque le
moment dans lequel l'évènement se situe. Pour Wilmet
(op.cit.) le syntagme nominal qui désigne la fonction de sujet dans la
structure de surface peut exprimer le temps. Cette perception se manifeste en
[46] :
46a. Ce 15 octobre est un jour faste
pour le groupe (CT : 7953, n°95, p.13) ;
46b. Samedi est consacré au
grand ménage (CT : 7953, n°105, p.13).
Les groupes nominaux (en gras dans l'énoncé)
traduisent le temps. Ce temps n'est pas une catégorie grammaticale
liée au verbe. Il est celui que le Petit Robert (2000 : 1938)
définit comme la mesure de la durée d'un
phénomène. C'est-à-dire, celui du déroulement
du procès. Il peut être marqué par une date [46a] ou un
jour [46b].
L'analyse des cas propositionnel et modal révèle
les différentes valeurs que peuvent revêtir les divers rôles
sémantiques. En effet, les verbes créent beaucoup de nuances
sémantiques qui décuplent les valeurs du constituant sujet. Ceci
a poussé Hjelmslev (1935 :4) cité par Anderson
(1998 :16) à reconnaître que:
Délimiter exactement une catégorie est
impossible sans une idée précise sur les faits de signification.
Il ne suffit pas d'avoir des idées sur les significations de chacune des
formes entrant dans la catégorie. Il faut pouvoir indiquer la
signification de la catégorie prise dans son ensemble.
Et Riegel (1994 :125) de renchérir :
Etablir une liste universellement valable des rôles
sémantiques n'aurait guère de sens. Pour une même langue,
les inventaires diffèrent quantitativement et qualitativement selon les
modèles d'analyse.
Comme exemple nous avons la notion d'Agent qui se
subdivise en acteur et en causateur. Celle
d'Experimenteur qui se subdivise en plusieurs autres nuances :
Siège, Expérient, Patient. Chaque auteur veut rapprocher
sa terminologie de la réalité qu'il décrit. Ces valeurs
sont susceptibles d'occasionner des difficultés sur le plan didactiques.
La Grammaire Casuelle nous a permis de classifier les échantillons des
valeurs du sujet que nous avons relevés. Néanmoins, une
étude sémantique de la fonction sujet serait très
intéressante dans la mesure où elle permettrait de faire une
démarcation précise entre la fonction syntaxique sujet et ses
différents rôles sémantiques. Dans ce sens, Serbat
(1985 :132) cité par Onguéné Essono ch.
(2001 :137) reconnaît que
Les notions d'agent,
patient, destinataire ou
instrument se déduisent du sens de
l'énoncé, elles n'ont effectivement rien à voir avec la
relation syntaxique entre un terme nominal et un verbe, relation qui reste
stable dans tous les cas.
La sémantique rend donc l'interprétation
très subjective. Le même constituant sujet voit ses valeurs se
décupler comme le traduit ce schéma :
SN
(Sujet) x
x A
x P
x S
A
B
A = Agent
P = Patient
B = Bénéficiaire
L'ensemble de départ A (ensemble de
constituants représentants la fonction sujet) contient un
élément dénommé SN1 susceptible de remplir, dans
une phrase, la fonction de sujet. Par contre, l'ensemble d'arrivée B
(ensemble des valeurs de SN1) contient trois éléments. Ainsi,
à l'unique constituant sujet correspond autant de rôles
sémantiques.
Il est apparu au fil de ce chapitre que la sémantique
et notamment l'action que les auteurs mettent au centre de l'analyse de
l'énoncé motive les terminologies sémantiques et les
valeurs du constituant sujet. La pluralité d'appellations répond
donc à la préoccupation évidente de donner au sujet une
dénomination qui cerne le mieux possible le rôle qu'il joue dans
le drame que traduit un énoncé. Ainsi, la notion d'action sur
laquelle s'appuient toutes ces analyses rend non seulement son application
complexe, mais multiplie les valeurs de ce concept. Nous en avons
recensé une trentaine et la liste reste ouverte. Toutes ces valeurs
contribuent à embrouiller davantage la compréhension du concept
sujet et pourraient même engendrer des difficultés sur le plan
pédagogique. L'analyse sémantique n'ayant pu donner à
notre problématique une solution satisfaisante, nous nous tournons vers
la perception syntaxique. Le sujet étant considéré par la
grammaire structurale comme une fonction grammaticale, l'étude
sémantique que nous venons de faire sera donc complétée
par l'approche structurale du sujet. Ainsi, le prochain chapitre se portera sur
l'étude des appellations syntaxiques de la notion.
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