V.4.5 Conséquences d'une séance
d'ostéopathie sur la voix
Après avoir défini quelles étaient les
dysfonctions les plus courantes chez les sujets dysphoniques, Paul a
montré les conséquences d'une séance d'ostéopathie
sur onze sujets dysphoniques. L'amélioration vocale a pu être
appréciée par le sujet luimême, par un jury d'écoute
et par une analyse sonagraphique.
Comme nous l'avons déjà vu
précédemment, modifier le schéma corporel d'un sujet
dysphonique a des effets bénéfiques sur sa voix. Ainsi,
associé à un suivi orthophonique, le traitement
ostéopathique a eu pour conséquences:
-d'assouplir l'accolement des cordes vocales
-d'augmenter les possibilités de mouvements du larynx
dans son
axe vertical
-d'améliorer les caractéristiques acoustiques de la
voix -de diminuer les douleurs laryngées.
Pour conclure, les signes pouvant justifier une approche
bi-disciplinaire (kinésithérapeute ou ostéopathe et
orthophoniste) sont: des antécédents de chocs traumatiques ou
d'interventions chirurgicales, des douleurs articulaires, des défauts de
mobilité vertébrale, des troubles respiratoires et / ou des
céphalées.
186Paule C. (1991), La voix humaine, Mémoire
d'Ostéopathie, Maidstone-Kent in Paviot H., Roudil C. (2000), Etude
de l'équilibre corporel chez des sujets atteints de dysphonie,
Université Claude Bernard Lyon1.
V.5 Eléments d'Odontologie
Nous nous basons ici sur la thèse d'odontologie de
Paulin F., qui a explicité les liens étroits qui unissent
l'appareil manducateur au système postural187, pour envisager
dans quelles mesures l'appareil manducateur peut avoir des répercussions
sur la phonation.
Les composants du système manducateur (dents, muscles,
articulations, ...) sont identiques à ceux qui participent au
contrôle du maintien de la posture, et ils possèdent les
récepteurs proprioceptifs nécessaires pour assurer cette
fonction. Il existe par ailleurs des relations anatomiques entre le
système trigéminal (qui innerve l'appareil manducateur) et les
noyaux centraux ( responsables du maintien de la posture). En outre, de
nombreuses études montrent qu'altérer ou améliorer
l'occlusion dentaire modifie non seulement la position de la tête mais
aussi la posture corporelle globale.
V.5.1 Liens neurologiques entre système
manducateur et système postural
Les centres de régulation de la posture sont
principalement les noyaux vestibulaires et le cervelet. L'innervation du
système manducateur et de la face est, notamment, du ressort du nerf
trijumeau ( V ).
Or, les noyaux du V présentent des connexions avec les
noyaux vestibulaires et le cervelet. De plus, les afférences
trigéminales peuvent influer directement sur la contraction des muscles
de la tête et du cou, et donc sur la position de la tête. Ces
afférences peuvent donc avoir des effets conjugués sur le
système manducateur et sur le système phonatoire. En outre, une
stimulation vestibulaire provoque une activité tonique excitatrice du
muscle masseter, muscle souvent hypertonique chez les sujets dysphoniques.
D'autre part, les informations somato-sensorielles de la face,
jouant un rôle dans la coordination de la stabilisation de la tête
et du regard (phénomènes primordiaux dans la phonation), peuvent
être transmises directement aux noyaux du cervelet et aux noyaux
vestibulaires 188.
187Paulin F., Op. cit. p22.
188Gangloff P. (2002), Influence de la proprioception
crânio-faciale sur le contrôle postural et la stabilisation du
regard, Thèse de Doctorat en Neurosciences, Université Henri
Poincaré, Nancy 1.
Ces connexions entre les noyaux vestibulaires et le
système musculaire manducateur soulignent le rôle de ce dernier
dans la régulation posturale. L'appareil manducateur apparait alors
comme un élément effecteur de la posture à part
entière. Une dysfonction du système manducateur pourrait alors
être mise en cause lors d'une dysphonie, de la même manière
qu'une dysfonction de tout autre effecteur postural.
|