V.5.2 Occlusion et ATM influent sur la posture
céphalique
Un changement de la position de la mandibule, en particulier
dans sa dimension verticale, influe sur la mobilité de la colonne
vertébrale cervicale. Ainsi, un traitement stomatognatique (pose d'une
gouttière occlusale, d'une prothèse dentaire complète,
...) peut avoir pour effet de réduire l'angulation cranio-cervicale. Or,
les désordres de la colonne cervicale (hyperlordose, cervicalgie,
hyperalgésie, ...) sont significativement plus présents chez les
personnes atteintes de troubles temporomandibulaires. Sans doute, la dysphonie
pourrait être considérée comme relevant de ce type de
troubles, puisqu'on y observe fréquemment cervicalgies,
paresthésies pharyngo-laryngées, hyperlordose cervicale, ....
D'autre part, un déséquilibre latéral de l'occlusion ou un
trouble temporo-mandibulaire, entraîne une activité
asymétrique des sterno-cléïdo-mastoïdiens, muscles
souvent mis en cause lors de dysphonies dysfonctionnelles.
Par ailleurs, les différents types de malocclusion
semblent induire des positions céphaliques et posturales globales
caractéristiques. Ainsi, les patients présentant des
malocclusions sévères tendent à avancer la tête et
le cou. Remarquons qu'il en est souvent de même pour les sujets
dysphoniques.
Des liens étroits unissent donc l'appareil manducateur et
le système craniocervical, système incluant de nombreux
éléments du système phonatoire.
V.5.3 Occlusion et ATM influent sur la posture
globale
Plus globalement, des études récentes ont
tenté d'objectiver les liens entre occlusion, position mandibulaire et
posture corporelle. Bien que la part du système manducateur dans la
régulation posturale soit nettement inférieure à celle
jouée par les systèmes visuel, podal et vestibulaire, il a
été démontré qu'un changement de position
mandibulaire affecte la posture et inversement. Par exemple,
un calage correct induit une activité symétrique des
sterno-cléïdo-mastoïdiens et une diminution des oscillations
sur plate-forme stabilométrique. De plus, selon la classe de
malocclusion, les sujets oscillent préférentiellement vers
l'avant ou vers l'arrière. Dans cette perspective, nous pouvons imaginer
qu'un changement de la position mandibulaire pourrait avoir des effets sur la
voix
V.5.4 Role de la langue
Nous terminerons cette partie par une réflexion sur le
rôle de la langue dans la régulation posturale et dans la
phonation. De par ses muscles extrinsèques, la langue est un facteur non
négligeable de perturbation du système postural fin. Elle
représente souvent un facteur surajouté au
déséquilibre postural, et sa réhabilitation semble
améliorer durablement les résultats
stabilométriques189. Par sa musculature intrinsèque et
extrinsèque, la langue participe également à la phonation.
Une dysfonction linguale tend à fermer l'espace buccal et à
«tirer» sur le larynx, ce qui peut engendrer un forçage vocal.
D'un point de vue ostéopathique, une dysfonction linguale se trouve
à l'origine d'un conflit entre les chaînes musculaires
antérieure et postérieure, conflit qui se manisfeste de la
tête aux pieds, et perturbe la phonation aussi bien que la
posture190.
Musculature linguale vue latérale droite (d'après
Le Huche) 191
189Jaïs L., «Approche clinique et thérapeutique
du rôle de la langue dans certaines asymétries posturales »,
pp103-108, in Lacour M., Gagey P.-M., Weber B., Op. cit. p96.
190Lebayle S., Op. cit. p101.
191Le Huche F, Allali A., p130, Op. cit. p12.
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