V.2.3.5 Voies ascendantes vs voies descendantes159
L'étude de Monzani et coll., citée
précédemment, porte sur 54 patients (40 femmes, 14 hommes) avec
dysphonie dysfonctionnelle simple sur base hypercinétique. L'examen
stabilométrique a été réalisé yeux
fermés en position de Romberg dans 3 conditions différentes: en
phonation, avec des rouleaux-inter-dentaires pour éliminer les
interférences occluso-posturales, et enfin avec la tête
rétrofléchie pour repérer les anomalies rachidiennes.
Les résultats nous intéressant ici se situent
dans les différences entre les sujets ayant des anomalies posturales
ascendantes et descendantes. Une pathologie posturale de type ascendante
correspond à une défaillance prédominante sur le capteur
podal. A l'inverse, une pathologie posturale de type descendant fait
référence à une défaillance du système
stomatognatique ou visuel.
En phonation, chez les sujets ayant des anomalies posturales
de type descendant, les troubles proprioceptifs du secteur stomatognatique ont
eu pour conséquences:
-une diminution de la fréquence fondamentale de la voix
-une augmentation du spectre de fréquences
-une diminution globale des oscillations.
Au contraire, les sujets ayant des anomalies posturales
ascendantes voyaient: -leur fréquence fondamentale augmenter
-le spectre de fréquences s'amoindrir
-les oscillations augmenter sensiblement.
En somme, il est possible de distinguer deux groupes de
patients dysphoniques, selon que leurs troubles posturaux sont de types
descendants ou ascendants.
159 D. Monzani, G. Bergamini, M.P. Luppi, G. Guidetti, in LACOUR
M., Op. cit. p90.
V.2.3.6 Dysphonies dysfonctionnelles
compliquées160
Une étude de Sougne-Nguyen et coll. cherchait à
mettre en lien un trouble postural en présence de lésions
cordales asymétriques sur 8 sujets (dont 6 porteurs de nodules). Les
résultats se sont révélés négatifs pour la
ligne de gravité, la localisation du centre de gravité,
l'équilibre de la colonne dans le sens latéral,
l'horizontalité des segments, la disponibilité des chaînes
antéro-postérieures, le mouvement d'ouverturefermeture buccale et
pour les mouvements parasites accompagnant le mouvement mandibulaire. Ces
résultats apparaissent donc partiellement contradictoires avec les
résultats des études précédemment citées.
Concernant le tonus postural, il semblerait que la
répartition des asymétries et des symétries posturales, de
même que la disponibilité des chaînes musculaires
latérales soient en relation avec l'asymétrie lésionnelle.
Ainsi, le trouble postural serait prépondérant du
côté opposé à la lésion cordale.
V.2.3.7 Proprioception du schéma corporel
161
Nous avons vu que la présence d'une hypertonie de la
musculature extrinsèque du larynx et que les tensions des muscles
responsables de la position de la tête sont prédictifs d'une
dysphonie sévère. Ces tensions engendrent par ailleurs des
stratégies posturales peu efficientes pendant la phonation.
L'étude de Bruno et coll. compare les stratégies posturales de
sujets dysphoniques (avant et après traitement162) et de
sujets témoins.
Les données stabilométriques obtenues pour les
sujets dysphoniques se sont presque toutes révélées
pathologiques. Toutefois, les chercheurs ont particulièrement
porté leur attention sur l'écart-type de la variance de la
vitesse de déplacement du centre de gravité. Cette mesure indique
la qualité de la proprioception corporelle. Chez les dysphoniques,
même en parfaite santé, la proprioception du schéma
corporel est altérée. Cette altération expliquerait les
troubles de la coordination
160Sougne-Nguyen A., Marino-Randoux G., Piron A., Jamar E.
(2001), « Objectivation du tonus postural par le test de Fukuda Essai de
corrélations avec les lésions vocales », Rev. Laryngol.
Otol. Rhinol., 122,5; 319-321.
161Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli R.,
Ottaviani F., Alessandrini M., Op. cit. p90.
162Le traitement de la dysphonie a consisté en des
exercices pneumophoniques, de relaxation / détente
générale du corps, de respiration dynamique et d'exercices
spécifiques sur les sterno cléïdo mastoïdiens et sur la
ceinture scapulaire.
pneumophonique, présents chez les dysphoniques, ainsi
que l'augmentation de l'activité musculaire et donc la diminution des
performances posturales des dysphoniques durant la phonation.
La prise en charge de la dysphonie, en amenant le patient
à porter son attention sur certaines parties de son corps et sur une
détente corporelle, a pour effet d'améliorer la proprioception du
schéma corporel. En effet, après traitement, les résultats
stabilométriques des sujets dysphoniques sont améliorés.
Les efforts nécessaires aux sujets pour la phonation sont amoindris,
révélant de meilleures stratégies posturales. De plus, la
diminution de la surface du statokinésigramme semble prédictive
du succès de la prise en charge.
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