V.2.3.2 Variance de la vitesse de déplacement du
centre de gravité
Nous avons déjà évoqué le fait que
la dysphonie était liée à une perte de la
verticalité. Or, il a été mis en évidence que cette
perte de verticalité est corrélée à une
augmentation de la variance de la vitesse de déplacements du centre de
gravité 155. Des chercheurs du C.H.U. de la Timone à Marseille,
ont montré que cette augmentation de la variance de la vitesse de
déplacements du centre de gravité était liée
à une augmentation du travail des muscles posturaux (soléaire et
jambier antérieur). Ils en ont déduit que la perte de
verticalité des sujets dysphoniques, en plus des modifications
posturales de la tête et du tronc qu'elle sous-tend, était
parfaitement corrélée à une augmentation du travail des
muscles posturaux156.
V.2.3.3 Relation temporelle entre mouvement et
phonation
La même étude a montré que, lorsqu'une
perturbation de l'équilibre est prévisible, le sujet anticipe le
mouvement en raidissant ses articulations afin de réduire l'amplitude
des perturbations. C'est ce qui semble se passer lors du forçage vocal
puisque, en phase pré-phonatoire, le sujet dysphonique raidit ses
membres inférieurs préparant ainsi la projection de son tronc
supérieur vers l'avant. Tout se passe comme si le sujet dysphonique
avait acquis inconsciemment un schéma moteur, préphonatoire, qui
lui permettrait de compenser la perte de verticalité phonatoire, bien
que
154Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli
R., Ottaviani F., Alessandrini M. (2009), << Voice Disorders and
Posturography: Variables to Define the Success of Rehabilitative Treatment
», Journal of Voice, 23,1; 71-75.
155Grini-Grandval M.-N., Ouaknine M., Giovanni A. (1998),
<< Modifications posturales et segmentaires contemporaines du
forçage vocal », Rev. Laryngol. Otol. Rhinol., 119;
253-257.
156Grini-Grandval M.-N., Ouaknine M., Giovanni A., Op. cit.
p86.
ce schéma moteur ait pour conséquence un
accroissement de la dépense d'énergie. Il manquerait cependant
une étude comparative entre sujets sains et sujets dysphoniques pour
déterminer dans quelle proportion le schéma moteur
pré-phonatoire du dysphonique serait pathologique.
V.2.3.4 Déplacements
antéro-postérieurs du centre de gravité
Toutes les études s'accordent sur l'existence d'un
déplacement dans le sens antéro-postérieur de la
projection du centre de gravité chez le dysphonique. Ainsi, un
traitement orthophonique de la dysphonie a un impact sur les
déplacements antéropostérieurs du sujet mais pas sur ses
déplacements latéraux157. Néanmoins, certains
chercheurs ont observé une postériorisation du centre de
gravité, et d'autres une antériorisation.
Ainsi, l'étude de Monzani et coll., montre un recul du
centre de pression en statique et en phonation des patients ayant une dysphonie
hypercinétique, recul dû vraisemblablement à « un
raidissement de l'axe rachidien avec hyperextension de la tête en
arrière »158. Ces résultats contredisent ceux
obtenus dans les études sur la voix projetée. Pourrait alors se
poser la question de la pertinence de l'étude de la voix projetée
pour en extrapoler les résultats à la phonation pathologique.
Malgré tout, des études de Grini et coll. ont mis en
évidence une décentration vers l'avant des sujets
dysphoniques.
Les déplacements antéro-postérieurs
observés sur plate-forme stabilométrique lors d'une dysphonie
apparaissent donc comme significatifs bien que leur direction exacte,
c'est-à-dire vers l'avant ou vers l'arrière, ne soit pas
précisément déterminée.
157Bruno E., De Padova A., Napolitano B., Marroni P.,Batelli R.,
Ottaviani F., Alessandrini M., Op. cit. p90.
158 Monzani D., Bergamini G., Luppi M.P., Guidetti G., «
La recherche stabilométrique dans les rapports entre dysphonie et
posture », in Lacour M. (1999), Posture et équilibre,
entrées sensorielles, méthodes d'exploration et
applications, Montpellier: Sauramps médical, pp127-140.
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