V.2.2 Dans le cadre de la projection vocale
Les mécanismes du forçage vocal, observés
chez les sujets dysphoniques, sont apparentés à ceux mis en place
pour la production de la voix projetée. Ainsi, forçage vocal et
projection vocale donnent lieu à des crispations au niveau du cou et des
ATM, ainsi qu'à un serrage laryngé, accompagné d'un
blocage de la ceinture scapulaire et d'un arrondissement du dos. Ces
mécanismes limitent les mouvements respiratoires et phonatoires. De
plus, dans les deux cas, la tension musculaire globale parasite le
contrôle fin de la posture.
Des études posturographiques se sont donc basées
sur les similitudes qui existent entre forçage vocal et voix
projetée, pour rechercher des liens entre une dysphonie dysfonctionnelle
et des troubles de la posture.
V.2.2.1 Modifications posturales segmentaires
Papon L., dans son mémoire d'orthophonie, a
recherché quelles étaient les modifications posturales de chaque
segment du corps et ce, dans différents modes phonatoires (voix d'appel
et voix forcée)144. Il est apparu que des stratégies
différentes sont mises en place en fonction de la maîtrise vocale
du sujet.
En effet, en voix d'appel et en voix forcée, les sujets
avec maîtrise vocale commencent par raidir le tronc et par limiter les
mouvements de la tête. A l'inverse, on observe une augmentation des
mouvements de la tête et du tronc chez les sujets sans maîtrise
vocale dès la production de la voix d'appel. Ces mouvements sont encore
plus prononcés en voix forcée où les mouvements du tronc
peuvent avoir jusqu'à quatre degrés d'amplitude. Parmi les deux
populations, les mouvements des membres inférieurs sont plus discrets
que ceux des membres supérieurs.
144Papon L. (2006), Modifications posturales segmentaires
contemporaines du forçage vocal, Mémoire d'Orthophonie,
Université de la Méditerranée, Ecole d'Orthophonie de
Marseille.
Nous pensons que les éléments ci-dessus sont
à relier avec le rôle des muscles respirateurs principaux dans le
maintien de la statique vertébrale. En effet, le diaphragme et les
muscles abdominaux permettent un bon appui du souffle lors de la phonation,
mais entrent également en jeu pour le maintien de la verticalité
de la colonne vertébrale. Ces muscles peuvent moduler leurs actions sur
l'un ou l'autre des systèmes, statique et phonatoire, selon les besoins.
Lorsque l'on doit fournir un effort pour produire la voix (comme c'est le cas
en voix projetée), il semblerait que les muscles respirateurs soient
d'avantage sollicités pour la phonation et que, de ce fait, leur action
sur le maintien postural diminue. Au contraire, chez les sujets ayant une
certaine maîtrise du geste vocal, d'autres mécanismes se
mettraient en place pour maintenir une statique satisfaisante quel que soit
l'effort à fournir par les muscles respirateurs pendant la phonation.
Le mémoire d'orthophonie de Bouché C.,
complète les observations de Papon145. De façon
globale, en voix projetée, l'extension de la tête vers
l'arrière, combinée aux mouvements de faible amplitude des
cuisses et du tronc, ont pour effet une translation de la tête vers
l'arrière. Les mêmes phénomènes ont lieu en voix
forcée, mais dans des proportions plus importantes.
Mouvements moyens en voix projetée et en voix
forcée 146
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