IV.1.2 Eléments historiques
IV.1.2.1 L'Histoire
Comment l'Homme tient-il debout? Cette question, beaucoup se
la sont posée, et ce depuis longtemps. Aristote, déjà,
avait observé que le sommeil privait de la capacité à se
tenir debout. Plus tard, Borellus, Descartes ou encore Charles Bell, ont
cherché à y répondre avec les moyens mathématiques
et mécanistes (cartésiens si j'ose dire) de l'époque, en
cherchant LE sens donnant la faculté de tenir debout à un homme
soumis à des forces et à des pressions tel une machine.
Schéma de Borellus: De motu animalium
Les premiers enregistrements posturographiques sont l'oeuvre
de Vierordt qui, pour observer les variations de la stabilisation posturale,
mettait un casque surmonté d'une plume sur la tête de ses sujets
d'expérimentations. La plume allait alors gratter une feuille de papier
enduite de noir de fumée et collée au plafond. Bien d'autres
chercheurs suivirent, qui inventèrent bien d'autres appareils de
posturographie; mais tous introduisaient systématiquement un lien entre
le sujet et son environnement. En réalité, les résultats
étaient bien difficiles à analyser. Le
kinésithérapeute français, Roger Toulon, est le premier
à avoir mesuré la finesse de stabilisation grâce à
une plate forme, libérant ainsi le sujet de tout lien avec
l'environnement. Cependant la
stabilométrie n'est devenue performante qu'avec
l'arrivée des premiers ordinateurs privés, permettant ainsi le
calcul et l'analyse des données posturographiques.
IV.1.2.2 Histoire moderne et développement de la
posturologie
La posturologie clinique, en France, a pour origine le
syndrome subjectif des traumatisés crâniens ouvriers du BTP en
région parisienne. En effet, ces traumatisés du crâne
avaient tous en commun des sensations vertigineuses, inexpliquées par
les bilans neurologiques et otoneurologiques (à cette époque,
seule l'oreille interne était considérée comme grande
maîtresse de l'équilibre). Baron s'est intéressé
à ce syndrome « subjectif » et a commencé à
faire des recherches par rapport au contrôle postural, à la
régulation tonique, ... Il a été rejoint dans cette
quête de la compréhension de la posture dès 1952 par Gagey
qui, sur une idée du japonais Fukuda, a exploré la voie des
réflexes posturaux.
Plus tard, Gagey créa l'Association Française de
Posturologie. Le professeur Henrique Martins da Cunha rejoint cette association
au début des années 80, mais ses recherches n'avaient, a priori,
rien à voir avec celles des français. Il s'intéressait aux
lombalgies et aux dorsalgies alors que Gagey et ses collaborateurs
s'intéressaient aux sensations vertigineuses et à
l'instabilité. Cependant, tous utilisaient, notamment, les prismes comme
moyens de traitement, donc tous travaillaient au niveau de l'entrée
visuelle de la posture, et tous obtenaient des résultats encourageants.
Le lien entre leurs recherches respectives ne fut établit que bien plus
tard: la pathologie du système postural englobe en effet tous les
patients qui ont « du mal à se tenir debout
»122.
C'est Okubo, en 1981 qui s'est intéressé le
premier au rôle du pied dans le contrôle postural. Gagey chercha
alors dans cette même voie, sans aucun succès jusqu'à sa
rencontre avec Philippe Villeneuve (qui utilisait de très fines
sur-épaisseurs comme semelles en lieu et place des gros coins prescrits
à l'époque).
Jacques Meyer, dentiste, avait remarqué dans les
années 70 que la pose d'appareils, en modifiant la position de la
mandibule, pouvait améliorer simultanément la dentition et le
système postural. Ce n'est que dans les années 90 que
l'hypothèse d'un rôle de la mandibule dans la régulation
posturale fut étudiée par Gagey (et par bien d'autres à la
même période).
122Gagey P.-M., Weber B., et coll., p6, Op. cit. p62.
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