Un inventaire du patrimoine est nécessaire sur les
deux sites car « on ne protège bien que ce que l'on connaît
bien » disait Albert Lucas, président de la Société
pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne dans les années
1960. Pour mieux protéger un patrimoine, il faut le connaître,
c'est pourquoi un inventaire du patrimoine culturel s'impose sur les deux
sites. Cette action a pour but de recenser, d'étudier et de
faire connaître le patrimoine. La loi congolaise
relative à la protection du patrimoine national culturel et naturel est
claire à ce propos ; elle oblige une inscription à inventaire
pour assurer la protection du patrimoine national32. La
méthodologie mise en oeuvre va consister à constituer pour chaque
pratique une masse documentaire homogène comprenant des dossiers
descriptifs, des plans, des photographies et une bibliographie au moyen d'une
grille d'analyse et de vocabulaires normatifs. Aussi, il sied de
préciser qu'il est nécessaire, avant
32 Articles 8 à 10 de la loi 8-2010 du 26 juillet 2010
portant protection du patrimoine national culturel et naturel
l'exécution de tout travail, de procéder
à une délimitation de la zone à inscrire et de la zone
tampon de façon à circoncire le bien à inscrire sur la
liste du patrimoine mondial.
Le port de Loango est fortement menacé du fait qu'il
borde la mer ; il est donc rongé par l'érosion marine. La cause
principale de l'érosion actuelle est due, selon toute
probabilité, au blocage du transit sédimentaire du sable du Sud
vers le Nord par le port de Pointe-Noire et les activités de dragage qui
y sont menées. Pour lutter contre cela, la solution la plus
évidente (et pas forcément la plus coûteuse si elle
était possible) sera donc de réinjecter de façon bien
étudiée le sable, en suivant l'axe depuis la Pointe indienne
jusque devant le site et audelà.
En même temps, il faudra rétablir le transit
littoral à partir du port de Pointe-Noire en réinjectant les
sables dragués au niveau du port (tous les ans ou tous les deux ans)
dans une zone de reprise du sable au Nord. Il s'agit d'opérations
courantes pour les spécialistes du dragage ; d'où la
nécessité d'ériger un important cordon littoral et contrer
les effets des vagues par de lourdes chaussées. Il conviendra donc de
mettre en place une ceinture de sécurité physique pour sauver
Loango. Pour cela, il faudra protéger le littoral par des enrobements
tout le long de la baie et mettre en place des épis perpendiculaires
entre les deux rangées.
D'autre part, il s'agira de réparer le
débarcadère et d'aménager la zone portuaire ; ce qui
constituera une opération assez simple si déjà
l'érosion marine est stoppée. Sur le site même, il est
à noter que la stèle qui est la place symbolique du départ
des caravanes nécessite d'être restaurée ; il en est de
même pour les sentiers des esclaves. Ces travaux seront
exécutés par la population locale qui aura subi la formation en
restauration et conservation.
Le cimetière de Loango, quant à lui, a presque
disparu de moitié à cause des éboulements provoquant des
ravins ; il faut donc entreprendre des actions urgentes qui consisteront
à remblayer les ravins et à canaliser les eaux de pluies pour
qu'elles n'atteignent plus le site de manière violente.
En outre, avec la collaboration des autorités
administratives locales et des propriétaires fonciers, des mesures
seront prises au niveau communautaire pour renforcer les textes juridiques
déjà existants : il s'agira donc d'amener les autorités
locales à prendre des arrêtés ou d'autres dispositions
contraignantes afin d'assurer une protection supplémentaire du site et
de définir les zones tampons afin d'avoir une meilleure protection des
biens culturels. Dans le même sens, il conviendra de réglementer
les projets de développement urbain afin que ceux-ci n'affectent pas
l'intégrité et l'authenticité du site. Par ailleurs des
travaux d'assainissement seront entrepris pour rendre le site plus accueillant,
plus accessible et plus visible.