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L'énergie et le processus de mise en valeur du Cameroun français (1946-1959)

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par Moà¯se Williams Pokam Kamdem
Université de Dschang - Maitrise 2007
  

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A. Les défis du secteur de l'électricité

Jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la production et la distribution d'énergie électrique au Cameroun sont restées d'une faible ampleur.129(*) Comment le plan d'équipement allait-il faire évoluer la donne ? La principale mesure dans ce cadre fut la construction d'un barrage sur les chutes d'Edéa et d'une usine hydroélectrique qui devait à terme produire 150 millions de kWh. Le but était de fournir aux industries existantes et futures assez d'énergie pour faciliter leur activité et assurer ainsi une augmentation régulière de la production. Il est alors évident que :

Cette nouvelle dynamique de développement de l'énergie électrique relève davantage d'une stratégie de compétitivité des entreprises métropolitaines, grosses consommatrices d'énergie, que d'une volonté de promouvoir l'accès des populations à cette forme moderne d'énergie dans les territoires concernés...129(*)

Cette disparité ne manque pas de se faire ressentir dès le début du fonctionnement de la filiale camerounaise du groupe Pechiney-Ugine, la Compagnie Camerounaise d'Aluminium (ALUCAM. cf. tableau VII).

Le plan d'équipement retenait alors trois axes dans le cadre de l'industrialisation. Il s'agissait d'abord de mettre sur pied des industries de transformation des matières premières agricoles, forestières et animales ; ensuite, le plan prévoyait la mise sur pied d'industries de service pour soutenir la mécanisation de la production. Enfin, et il s'agissait de l'initiative majeure, la mise sur pied de la centrale d'Edéa et d'un noyau industriel autour d'Edéa et de Douala.129(*)

Tableau VII : Evolution de la consommation industrielle d'énergie électrique au Cameroun

Années

Production totale

(millions de kWh)

Energie fournie à

ALUCAM

(millions de kWh)

Part de la consommation d'ALUCAM (en %)

1953

4.28

-

-

1954

-

-

-

1955

-

-

-

1956

26.5

-

-

1957

222.4

193

86.78

1958

655.6

622.2

94.9

1959

823

786

95.5

Source : Tchapga, "L'ouverture des réseaux électriques...", p.28-29.

Les rédacteurs du plan d'équipement soulignaient que :

... c'est bien dans cet esprit qu'a été lancé le projet d'une centrale hydroélectrique à Edéa, premier élément d'une chaîne d'importantes entreprises industrielles. Cet ensemble... consacrera l'existence d'un véritable noyau industriel au Territoire.129(*)

La production totale d'énergie du Territoire n'excédait pas 800.000 kWh, dont la plus grande partie pour la seule ville de Douala. Quelques études avaient été menées au cours de l'élaboration du plan décennal du Cameroun pour déterminer, dans le cadre de l'industrialisation, les projets les plus viables. On retient en définitive que les industries à créer se devaient d'utiliser les mêmes matières premières, le bois essentiellement.

Le plan décennal publié en 1951 envisageait la construction d'une usine de pâte à papier à Edéa, d'une capacité annuelle de 60.000 tonnes avec un coût d'investissement estimé à 1.500.000.000 francs CFA. Face à la croissance permanente de la demande, la constitution d'une société "la cellulose tropicale" devait permettre de réduire le déficit de l'Union française en pâte à papier.130(*) D'autres unités industrielles gravitaient autour de ce premier projet : une usine de chlore de 600 millions de francs dont la production servirait à la fabrication de la pâte à papier et l'excédent en soude serait dirigé vers les savonneries installées à Douala ; une usine à chlorate d'une capacité de 3.000 tonnes par an avec un investissement de 400 millions de francs dont la production serait utile aussi bien pour l'usine de pâte à papier que pour des travaux de désherbage ; une usine de méthanol obtenu par le traitement du bois, d'une capacité de 10.000 tonnes par an avec un coût évalué à 400 millions et dont la production réduirait l'importation de carburant ; une usine de chaux et de ciment d'une production de 60.000 tonnes par an pour un coût de 600 millions dont la chaux produite serait utilisée par l'usine de pâte à papier etc. Ce noyau industriel, d'après le plan décennal, nécessiterait un apport de 150 millions de kWh d'électricité par an et un investissement de près de 7 milliards de francs CFA.131(*)

Néanmoins, il est apparu nécessaire d'envisager de nouvelles installations consommatrices d'énergie sur l'axe Edéa - Douala.132(*) L'idée d'une usine métallurgique à Douala commença à être envisagée dès 1951.133(*)

Ainsi, au regard des projets montés pour constituer le noyau industriel du Cameroun, la production d'énergie électrique devenait un facteur - clé. En effet, la production industrielle représente un très gros poste de consommation d'énergie comme l'illustre le graphique suivant.

Graphique III: Quantité d'énergie nécessaire à la fabrication de produit industriel en TEP/tonne

Source : Nous, d'après P. Maillet, M. Cassette-carry, L'énergie ..., p.22.

La responsabilité de cette production incombait alors à l'administration française qui cependant ne conserva qu'un rôle de régulation et d'orientation. La réalité de l'initiative revint à des sociétés constituées à cet effet.

B. Les principaux acteurs du secteur de l'électricité au Cameroun

L'un des traits caractéristiques de l'organisation du secteur de l'électricité dans l'ensemble français (métropole et outre-mer) après la Deuxième Guerre a été la gestion commune dudit secteur par les entreprises privées et des sociétés d'économie mixte. Ceci répondait à la volonté du plan d'associer l'investissement privé à l'effort de la puissance publique. Au Cameroun, il a cohabité, dès 1948, deux entreprises ; l'une privée, l'autre publique.134(*)

Tableau VIII : Le secteur de l'électricité au Cameroun en 1959

Entreprises

Supports institutionnels

Nature de l'exploitation /Localités

ENELCAM

Concession du 04-5-1954

-Aménagement du barrage et de la centrale hydroélectrique d'Edéa

-Fourniture d'énergie à ALUCAM

-Distribution d'électricité à Douala et Edéa

CCDEE

Régie publique du 07-12-1947

-Production et distribution d'électricité à Yaoundé, Maroua et Nkongsamba

Autres (Communes, exploitants privés)

Exploitation par la commune ou régie publique

-Production et distribution d'électricité à Kribi, Edéa, Garoua (communes), Sangmélima, Dschang (exploitants privés)...

Source : Nous, d'après Tchapga, "L'ouverture des réseaux électriques...", p.31 et A. Vesse, Etude de l'économie camerounaise en 1957, tome 1 : activités des entreprises, Yaoundé, service de statistique générale, (s.d), p.98.


1. La Compagnie Coloniale de Distribution d'Energie Electrique (CCDEE)

La présence de la CCDEE au Cameroun date de 1929 lorsqu `elle obtient une concession pour la distribution d'énergie électrique à Douala.135(*) Elle exerça un quasi-monopole dans ce domaine car, seule opératrice dans l'unique centre véritablement pourvu d'électricité. Le Cameroun n'était pas le seul Territoire où exerçait cette entreprise ; elle s'installa en 1935 au Gabon et en 1948 au Dahomey (l'actuel Bénin).136(*) Cependant, la place privilégiée de la CCDEE dans la gestion du secteur électrique au Cameroun allait être remise en question en 1948, lorsque l'idée d'un second opérateur se concrétisa. On découvre alors une entreprise agressive qui ne manquait pas d'occasion pour relever ses nombreuses références en Afrique et aux Antilles, et réalisant parfois gratuitement des études pour l'électrification de centres tels que Garoua et Dschang pour attirer l'attention et les bonnes faveurs de l'administration.137(*) Ce qui contraste avec la gestion déficitaire de la concession de Douala qu'on lui reprocha, tout comme son manque d'initiative.138(*)

La CCDEE, qui allait devenir Compagnie Centrale de Distribution d'Energie Electrique du fait de l'évolution constitutionnelle de l'Union Française et de l'évolution de la question coloniale,139(*) obtint le 7 décembre 1947 la gérance de l'exploitation en régie de la fourniture d'électricité à Yaoundé, Nkongsamba et Maroua. La concession de Douala lui fut néanmoins retirée en 1953 et confiée à l'ENELCAM.

2. La société Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM)

La constitution de l'ENELCAM intégrait les visées de la loi du 30 avril 1946 qui ouvrait la voie à la planification financée par le FIDES. L'article 2 de ladite loi mentionne en effet la possibilité de

...provoquer ou autoriser la formation de sociétés d'économie mixte dans lesquelles l'Etat, les collectivités publiques d'outre-mer ou les établissements publics des dits territoires auront une participation majoritaire...140(*)

Ceci dans l'optique de faciliter l'exécution des plans. La place centrale sinon déterminante de la fourniture d'énergie dans la concrétisation de cette démarche a déjà été abordée.

L'autre élément notable dans la constitution de l'ENELCAM est l'application de la loi de nationalisation de l'électricité et du gaz en France qui datait du 8 avril 1946. Il fut admis à ce moment que "L'intervention de l'Etat était nécessaire pour assurer le financement des travaux et adapter dans un plan à long terme le programme de production aux besoins probables de la demande future".141(*) Cette démarche aboutit à la création d'Electricité de France (EDF). Alors, et ce fut plus tard le cas dans les autres territoires d'Afrique Noire française, EDF pris une participation dans l'ENELCAM. Elles signèrent d'ailleurs un contrat d'ingénieur-conseil142(*) au titre duquel EDF fut chargée de la prospection hydroélectrique, des études d'électrification, de la supervision des travaux d'équipement des centrales et de manière générale de toute l'expertise technique. Certains estiment d'ailleurs que ENELCAM n'était autre qu'une filiale d'EDF.143(*)

La constitution d'ENELCAM fut décidée le 3 mars 1948 par un arrêté du ministre de la France d'outre-mer. La nouvelle société avait pour objet "... toutes entreprises et toutes opérations généralement quelconque concernant directement ou indirectement la production, le transport, la distribution et l'utilisation de l'énergie au Cameroun."144(*) Cependant, la première tâche confiée à l'ENELCAM, la véritable d'ailleurs, consistait à l'équipement d'une chute sur la Sanaga à Edéa et la réalisation des infrastructures d'exploitation.145(*) Le capital de la société quant à lui était détenu majoritairement par la CCFOM et le Territoire du Cameroun, avec les participations de la commune de Douala et de la Régie de chemins de fer du Cameroun.

L'importance financière du projet d'aménagement d'Edéa justifie notamment la désignation d'un commissaire du gouvernement auprès de la société ENELCAM : l'administrateur Descottes. Dans une correspondance adressée à celui-ci le 23 juillet 1948, le ministre de la France d'outre-mer précisait :

Il importe - et c'est l'objet des présentes instructions que ces capitaux soient correctement rémunérés après la période de construction et de lancement de l'affaire pendant laquelle on est obligé de l'admettre ces capitaux seront improductifs et l'exploitation sera déficitaire.146(*)

Cette absolue nécessité de rentabiliser les investissements justifie alors les interminables querelles à distance entre les deux principaux opérateurs qu'étaient la CCDEE et l'ENELCAM.147(*) L'administration, directement intéressée au développement de la société Energie Electrique du Cameroun148(*) permit à celle-ci de conserver le monopole de l'exploitation de la centrale hydroélectrique d'Edéa tout en réservant quelques marchés à la CCDEE.

D'autres entreprises, de moindre dimension, ont également opéré sur le Territoire : la société Meunier qui ravit à la CCDEE la gérance de la régie de Dschang ; les établissements Legran et Munich qui réalisèrent le projet d'électrification de Yaoundé ; la société Hersent- gérante de la société camerounaise des travaux publics- qui participa à l'aménagement des chutes d'Edéa entre autres.

Ainsi, face aux défis énergétiques imposés par le plan d'équipement, l'administration avait réagi en décidant une diversification des acteurs. Cette stratégie a abouti au Cameroun à la fragmentation des réseaux électriques, limitant le rôle de chaque opérateur à une seule localité sans que ces réseaux soient liés les uns aux autres. Cependant, la participation de l'Etat dans la société d'économie mixte ENELCAM eut pour conséquence d'en faire le principal acteur, notamment par l'aménagement des chutes d'Edéa.

C. L'électrification du Cameroun au cours du plan d'équipement

L'accès d'une localité à l'électricité semble avoir été le signe de quelque prestige. Cela justifie l'engouement général autour de cette initiative. L'électrification est certes un thème qui tient davantage de l'histoire locale - dépendant des besoins et des conditions spécifiques à chaque localité ou région. Cependant, sous la tutelle de la France, le plan d'équipement avait donné lieu à une électrification générale sur programme. L'intérêt de notre démarche est alors de dégager les principaux traits de ce processus.

1. Le programme d'électrification de 1946

Le plan décennal dont fut tiré le programme d'électrification exposait les perspectives pour le Territoire. Il prévoyait, en plus de la refonte et de l'extension des réseaux existants de Douala et de Yaoundé, l'électrification de quatorze nouveaux centres.149(*)

Douala, notamment Bonabéri grâce à son port, constituait un point d'aboutissement et un centre de transit, en plus d'être une ville industrielle.150(*) L'essor économique dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale avait provoqué un important afflux de populations européenne et africaine. Par ailleurs, la perspective de la construction d'une centrale hydroélectrique à Edéa pour l'approvisionnement de Douala entraîna de nombreux investissements industriels dans la ville. On estima en 1947 qu'il faudrait produire environ 5.000 kW avant 1952, en attendant la mise en service d'Edéa. C'est ainsi qu'il fut procédé à une extension de la centrale thermique de Koumassi avec l'installation de nouveaux groupes électrogènes. Entre 1948 et 1951, cette initiative coûta 245 millions de francs CFA. Cependant, dès juillet 1951, les travaux d'une nouvelle centrale diesel de 3500 kW à Bassa furent lancés : l'impossibilité de procéder à de nouvelles extensions à Koumassi conduisit à la réalisation de cette centrale complémentaire de production d'électricité, destinée à devenir ultérieurement une centrale de secours.151(*)

Photo I : Construction de la centrale thermique de Douala Bassa, 1951

Source : Rapport annuel du gouvernement français...année 1951, p.99.

Yaoundé, capitale administrative du Territoire, était la tête de ligne des chemins de fer du centre et le point de départ des convois automobiles vers l'Oubangui-Chari et le Tchad. Quelques industries de tabac, de scieries et de conserveries y étaient également installées.152(*) La distribution d'énergie électrique y existant déjà, l'électrification consista davantage à abandonner les petites installations pour réaliser une électrification moderne. C'est ainsi que fut mise en service en mai 1951 une centrale diesel d'environ 830 KVA d'un coût de 240 millions.

La ville de Nkongsamba, quant à elle, était décrite comme "un centre en plein développement où se rassemblent tous les produits des régions agricoles Bamiléké et Bamoun" mais également du Mungo. Par ailleurs, l'ouverture de la route Douala- Foumban- Banyo- Garoua via Nkongsamba devait procurer un surcroît d'activité à cette ville, déjà tête de ligne du chemin de fer du Nord.153(*) La perspective d'une électrification s'y appuyait tout d'abord sur l'existence de deux chutes d'eau dans les voisinages de la ville : l'une sur la rivière Essoua et l'autre sur le Nkam. Néanmoins, il fut préféré en 1949 la construction d'une centrale diesel de 670 kW terminée en juillet 1951154(*) pour un coût de 120 millions de francs.

Maroua était la capitale régionale du Nord Cameroun et un gros marché d'échange du fait de son voisinage avec la Nigeria. On nota cependant qu'à Maroua, "l'électrification ... offre la coûteuse particularité de se trouver à 1800 km de la côte" posant alors une sérieuse difficulté dans l'acheminement du matériel.155(*) C'est principalement ce qui justifie que la centrale diesel de 220 kW n'ait été mise en service qu'en janvier 1952 après un investissement de 116 millions de francs.

La question était toute autre à Dschang ; la ville était le grand marché du plateau Bamiléké et devait en partie sa réputation à sa station climatique. Du fait de l'existence d'un barrage avant 1946, les travaux d'électrification se résumèrent à la construction de la centrale hydroélectrique et des lignes de transport.156(*) Le coût de ces travaux s'éleva à 45 millions.

Cependant, l'effort financier ne constitua pas le seul enjeu de ce processus ; un autre aléa fut le choix à faire entre des aménagements thermiques et des aménagements hydroélectriques.

2. Un aspect technique de l'électrification du Territoire : le choix entre l'hydroélectrique et le thermique

Des aspects techniques qui ont conditionné l'électrification du Cameroun français, la possibilité de recourir à l'aménagement des chutes d'eau est celle qui retient le plus l'attention. L'utilisation de la force du courant des fleuves était d'un intérêt certain, même si le potentiel énergétique du Territoire n'était pas encore entièrement inventorié. Cet intérêt était perceptible chez les différents administrateurs. Ainsi, par exemple, en réponse à une dépêche du ministre de la France d'Outre-mer qui lui proposait l'envoi au Cameroun d'une équipe d'ingénieurs de l'Office de la Recherche Scientifique Coloniale, le Haut-commissaire Hoffherr répondait :

La venue de tels ingénieurs me paraît très désirable si l'on veut établir, - comme vous le souhaitez et comme je l'estime également nécessaire - un inventaire détaillé des ressources hydrauliques du territoire...157(*)

On envisageait alors l'aménagement de divers sites hydroélectriques : les chutes d'Ekom sur le Nkam, près de Nkongsamba ; les chutes de la Vina, près de Ngaoundéré ; les chutes de la Lobé, près de Kribi ; les chutes de la rivière Mary près de Bétaré-oya, ou encore les chutes de Nachtigal, du Nyong et du Ntem.158(*)

Cependant, dans plusieurs cas, la solution d'un aménagement thermique fut préférée. On fit valoir que dans certains cas, le débit des rivières à équiper était insuffisant en saison sèche pour permettre la construction rentable d'un barrage. Ce fut le cas à Foumban, à Ebolowa et à Nkongsamba. Mais également, bon nombre de ces sites étaient difficiles d'accès, rendant ainsi le projet d'électrification onéreux du fait des frais de construction d'une route ou des frais d'établissement d'une ligne électrique en pleine forêt. L'ingénieur Jean Lemoine concluait :

D'une façon générale, enfin, les équipements hydroélectriques de petite puissance sont beaucoup plus longs à réaliser que l'installation de groupes diesel, qui exige une place réduite et peut de la sorte être établie presque dans la ville, au coeur même de la distribution.159(*)

C'est notamment pourquoi, au-delà des prometteuses perspectives d'aménagements hydroélectriques, Dschang et Edéa furent les seules villes dotées de ce type d'infrastructure. La construction d'Edéa polarisa d'ailleurs l'ensemble des efforts par son envergure.

II. QUELQUES ASPECTS DE L'AMENAGEMENT HYDROELECTRIQUE D'EDEA

La construction du barrage et de la centrale hydroélectrique d'Edéa a inspiré divers travaux. Certaines questions telles que son financement, la question foncière et la question de la main-d'oeuvre qu'elle a posées n'ont, cependant, retenu que très peu d'attention.

* 2 Supra., p.20-26.

* 3 Tchapga, "L'ouverture des réseaux électriques...", p.23. Il faut alors noter l'écart de prix soit 2 à 4 francs français le kWh en métropole et des perspectives de seulement 1franc le kWh dans l'outre-mer.

* 4 L'administration, en élaborant le plan décennal, disait vouloir éviter la concentration des réalisations économiques dans le seul "Cameroun utile" ou "croissant fertile", une zone en forme de demi-cercle d'un rayon de 350 km autour de Douala qui concentrait l'essentiel de la production d'exportation du Cameroun ; ce projet, au contraire, agissait dans ce sens.

* 129 ANY, 2AC49, Industrialisation. Plan de modernisation, p.1.

* 130 du Jonchay, L'industrialisation..., p.138-139.

* 131 ANY, 2AC49, Industrialisation..., p.2-3.

* 132 Rapport annuel du gouvernement français ... année 1951, p.164

* 133 Il faut cependant mentionner qu'une convention fut passée en 1951 avec la société d'électrochimie Ugine pour étudier les diverses possibilités d'utilisation des excédents d'énergie par des industries de transformation. Pourtant, Ugine collaborait déjà avec la société Péchiney, depuis 1942, pour implanter en Afrique un complexe métallurgique. Tous les projets sus- mentionnés furent ainsi reportés, laissant place nette à la seule implantation d'ALUCAM à Edéa.

* 134 Martin Nyamboli, environ 55ans, chef service documentation AES-SONEL, Douala, 14mars 2006.

* 135 J. Lemoine, "l'électrification ...", p.1382.

* 136 A. Ligouzat, "Le développement de l'électrification en Afrique d'expression française et à Madagascar", Marchés tropicaux et méditerranéens, supplément au n°1306, 21 novembre 1970, p.295-296.

* 137 ANY, 1AC527 (1), Contrats et marchés CCDEE pour l'électrification des villes.

* 138 J. Ngandjeu, "Contribution de l'Electricité du Cameroun à la symbiose ville-campagne. L'exemple de N'Lohe-Nkongsamba-Loum-Mbanga", enquête de fin d'année en vue de l'obtention du diplôme supérieur de journalisme, ESIJY/Université de Yaoundé, p.39.

* 139 Après les modifications constitutionnelles ayant abouti à la formation de l'Union Française, et la signature de l'accord de tutelle qui réaffirma le caractère international du Cameroun notamment, la France dut oeuvrer pour éviter les inconvénients que présentait sur le plan international l'emploi de termes tels que "colonie" et "colonial". Dans ce cadre, de nombreuses dénominations durent être modifiées. Ce fut l'objet de la circulaire du ministre de la France d'outre-mer, n°7653 du 2 septembre 1949. cf. ANY, APA 12053/C, Emploi des mots colonies et colonial dans les textes officiels, 1949.

* 140 JOCF du 1er juin 1946..., p.704.

* 141 Tchapga, "L'ouverture des réseaux électriques...," p.39.

* 142 ANY, 1AC695, Convention avec Electricité de France pour l'étude de centrales et de réseaux de distribution d'énergie électrique au Cameroun, 26 septembre 1950, 16p.

* 143 Nicolas Janvier Ngue, 45 ans, chef de département Exploitation à la centrale hydroélectrique d'Edéa, Edéa, 17 janvier 2007.

* 144 JORF du 12 mars 1948, Arrêté portant constitution d'une société d'économie mixte dite Energie Electrique du Cameroun, p. 2525.

* 145 ANY, 2AC9402, Lettre du ministre de la France d'outre-mer à monsieur Descottes relative aux instructions au commissaire du gouvernement d'Energie Electrique du Cameroun, juillet 1948.

* 146 Ibid.

* 147 Cf. Annexe IV.

* 148 ANY, 1AC527 (1) Correspondance du président du conseil d'administration d'ENELCAM au Haut-commissaire, 4 décembre 1948.

* 149 Ce furent Nkongsamba, Maroua, Dschang, Edéa, Garoua, Kribi, Foumban, Ebolowa, Ngaoundéré, Eséka, Mbalmayo, Bertoua, Bafang et Bétaré-oya. Cependant, la difficulté à collecter une documentation suffisante pour tous ces centres nous a résolu à n'aborder, en plus de Douala et Yaoundé, que les trois premiers centres.

* 150 Rapport annuel du gouvernement français ... année 1951, p.175.

* 151 Nyamboli, environ 55ans, chef service documentation AES-SONEL, Douala, 14 mars 2006.

* 152 ANY, 1AC730, Rapport des travaux publics relatif au plan d'adduction d'eau et d'électrification des principaux centres du territoire, 1949-1950, p.2.

* 153 Ibid.

* 154 Lemoine, "L'électrification ...", p.1383.

* 155 ANY, 1AC730, Rapport des travaux publics ..., p.3.

* 156 Etienne Sonkin, environ 55 ans, maire de la commune urbaine de Dschang, Dschang, 22 janvier 2007.

* 157 ANY, 1AC527 (6), Lettre du haut-commissaire Hoffherr au ministre de la France d'Outre-mer relatif à l'envoi au Cameroun d'ingénieurs de l'ORSC, 23 octobre 1948, p.1.

* 158 Rapport annuel du gouvernement français... année 1949, p.71-72.

* 159 Lemoine, "L'électrification...",  p.1384.

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