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L'impact des radio de proximité: le ca radio Delta Santé

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par N. Joël M. BROOHM
Université de Lomé - Maitrise ès-Lettres, option Sémiologie et Communication 2004
  

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III - 2 - 2 Evasion, La Tranche des Poètes

La tranche des poètes est celle de l'émission Evasion (vendredi 20H - 21H). C'est la tranche où les amoureux échangent de petits mots doux par la double entremise d'un animateur et de la radio. Ces petits mots sont présentés sous forme poétique ou prosaïque. Posons ici, notre regard sur un de ces textes envoyés par une auditrice. Un texte qu'elle dédie à son prince charmant :

« Encore une fois

J'aimerais tant gémir

Encore une fois

Sous tes caresses

J'aimerais tant jouir

Encore une fois

De ta tendresse

J'aimerais tant frémir

Encore une fois

De plaisir

J'aimerais tant sentir
Encore une fois
La douceur de ta peau.
J'aimerais tant poser
Encore une fois
Ma tête sur ta poitrine poilue

Cette poitrine que j'ai tant aimée.

J'aimerais

Encore une fois
La toucher

La caresser
La couvrir de baisers
Et comme une folle
Au monde entier

J'aimerais tant crier
L'amour que pour toi j'ai. »

Des textes de cette trempe, il en défile des dizaines au fil des émissions. Comme on peut le constater, ces textes, dont nous venons de citer un exemple, ne sauraient se prévaloir d'une grande qualité littéraire. Cependant on y perçoit des efforts de recherche d'une certaine esthétique dans l'utilisation de la langue. Ainsi dans le texte ci-dessus, on perçoit la récurrence anaphorique du membre de phrase : « J'aimerais tant... » auquel la répétition du titre «encore une fois » donne un cachet particulier en ponctuant comme un refrain chaque vers. Il en résulte que sans prétendre être un cadre de recherche littéraire véritable, cette émission co - produite avec les auditeurs - auteurs, s'apparente à un «cercle de poètes » en herbe des ondes.

Il ne fait aucun doute pour nous que la littérature apparaît en filigrane dans les émissions sus mentionnées. Toutefois les reportages et les contes du soir paraissent plus élaborés d'un point de vue littéraire.

~~~- 2 - 3 Le Reportage... Une Littérature Sonore ?

Le format radiophonique où l'on use de toutes les ressources langagières et de tous les sens est sans nul doute le reportage.

Le reportage qui est la chasse gardée de ceux qu'on appelle communément »reporters» s'il est entendu qu'un reporter est avant tout un journaliste. Mais sûrement un journaliste de type particulier que Philippe GAILLARD présente en ces termes :

« Le reporter est un témoin ou un enquêteur. Il assiste aux événements prévus, il s'efforce de rétablir la succession des faits d'un événement fortuit. Mais c'est un témoin professionnel, un enquêteur qui doit des comptes au public et non à une quelconque administration »9 .

La définition de Philippe GAILLARD présente le reporter dans sa tâche quotidienne d'observation et d'interrogation aux fins d'établir un rapport. Dans l'établissement de ce rapport, le reporter fait appel à ses sens afin de rendre

9 Techniques du journalisme, Philippe GAILLARD, coll. Que sais-je ? , P.U.F., 1985, P.54

«palpable» ou tout au moins sensuel ce dont il rend compte. Les auditeurs étant supposés ne pas avoir été sur les lieux du reportage, il fait fonction de ce que d'aucun appelle «le cadreur de la radio ».

Résultat : le reportage est diffusé dans un style simple mais s'appuie sur les techniques de la description, de la narration, du dialogue... Le reporter décrit des sensations touchant la vue, l'odorat, le goût ou le toucher. Il a recours aux comparaisons, aux adjectifs, aux adverbes, aux bruits... pour «accrocher » l'auditeur et l'amener à l'illusion qu'il est transporté sur les lieux, et qu'il vit l'événement. Au besoin, il le guide dans l'espace en s'appuyant sur des repères (lieu connu de tous ou supposé connu, les points cardinaux, les adverbes : à gauche, à droite, devant, derrière, à côté de...).

Ce reportage que nous avons (personnellement) réalisé au mois de décembre 2001 pour le compte de la R.D.S. pourrait être une illustration de nos propos :

« En travers de la chaussée, un véhicule vert à la carrosserie défoncée et l'aile gauche froissée comme une feuille de papier.

La ligne discontinue est en partie recouverte de sang, d'huile de palme, de maïs, de gari et de débris de verre.

Plus loin, sur la gauche, un champ de manioc en partie dévasté.

Ici, quelques policiers tentent de réorganiser la circulation devenue subitement difficile.

C'est le visage que présente le quartier Vodougbé un quart d'heure après qu'un véhicule de transport en commun s'y soit renversé en voulant se soustraire à un contrôle syndical. Le chauffeur qui n'avait pas payé sa taxe syndicale a voulu prendre de vitesse les contrôleurs syndicaux, lorsqu'il aperçut sur la chaussée un obstacle. Voulant l'éviter, il quitta la chaussée, se fraya un passage dans le champ de manioc voisin.

Au moment de reprendre la chaussée, le véhicule se renverse sur le côté, roule avant de s'immobiliser en travers de la chaussée. Les occupants du véhicule, trois commerçantes et une ménagère sont évacuées au centre hospitalier d'Aného. Là, entre deux soins, dans une forte odeur d'alcool et de sang le médecin répond à nos préoccupations :

-« Il y a un cas grave, celui d'une passagère qui présente un traumatisme crânien. Quant aux deux autres, il y en a une, qui a une double fracture à la jambe gauche et la troisième a des blessures superficielles ».

-« Mais il y avait cinq personnes à bord du véhicule, docteur ? »10

-« Oui, il y a eu un décès sur-le-champ et le chauffeur est indemne. »

Dans ce reportage fait d'un texte à la fois descriptif et narratif mais aussi d'un insert (extrait de l'interview du médecin), on a l'impression de se retrouver dans une pièce de théâtre où l'auteur peint le décor, raconte une scène avant de donner la parole à certains acteurs.

L'auditeur qui écoute un reportage pareil, a l'impression de voir la scène se dérouler sous ses yeux. De même, il a l'impression d'être l'interlocuteur du médecin.

Il arrive que pour décrire, le reporter se serve d'extrait sonore (ce que nous appelions plus haut insert) qui évoque un objet, une situation... ce que nous appelons dans le jargon journalistique, à juste titre peut - être, «la photographie sonore » : bruit de voiture ou de Klaxon en background d'une interview pour «montrer» à l'auditeur que l'interview s'est faite dans la rue par exemple.

Le reporter peut intégrer à son intervention des extraits de sons enregistrés au préalable. Ces extraits, il les intègre à son propos pour produire cohérence et cohésion mais aussi rechercher et produire un beau discours. Dès lors il ne fait aucun doute que plus qu'un simple compte - rendu, le reportage se révèle une création littéraire. Mais une oeuvre littéraire appartenant à une littérature d'un type nouveau. Une littérature qui s'appuie sur les subtilités de la langue notamment les comparaisons et les mots connus de tous, mais aussi sur le son. Des sons qui évoquent ou suggèrent des réalités connues de tous.

Bref, le reportage s'apparente à de la littérature avec la particularité d'être à la portée de tous. Pour peu qu'on soit instruit mais pas forcément de l'élite. Mais cette littérature n'est point consignée dans un ouvrage de sorte que l'auditeur pas le lecteur (puisque c'est bien à des auditeurs que le reporter s'adresse) puisse retourner en arrière pour ré - écouter (pas relire) une partie qui lui échappe. Une littérature d'un type nouveau qui s'appuie sur le son : la voix, la musique et le bruitage. Peut - être conviendrait - il de parler de littérature sonore ?

10 Question du journaliste lors de l'interview insérée dans le reportage.

III - 2 - 4 A L'antenne comme... le soir au village

Dans cette partie que nous consacrons aux contes, nous posons notre regard sur l'usage que la R.D.S. fait du patrimoine culturel Guin. Pour ce faire, l'émission qui nous intéresse n `est autre que « Les contes du soir ».

« Les contes du soir » sont une émission hebdomadaire d'une heure, diffusée les samedi de 20H à 21H en MINA, une langue parlée dans le sud du Togo et du Bénin. Soit une aire géographique un peu plus vaste que la zone de couverture de la R.D.S.

Au sujet de cette émission, nous parlerons des textes et de la technique stylistique.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand