III-7-3 L'écriture radiophonique
L'écriture radiophonique est une écriture
destinée à l'écoute. Donc à être
écouté par un interlocuteur, ici auditeur. D'où
l'obligation, du respect de certains critères auxquels tout travail de
rédaction doit répondre. Au rang de ces critères figure en
bonne place la clarté.
III-1-3-a La clarté
Le principe de la clarté recommande à
«l'homme de micro», des phrases simples et courtes. Il en
découle que l'écriture radiophonique ne s'embarrasse point des
constructions syntaxiques complexes. Le vocabulaire même est le plus
courant qui soit. La simplicité de la langue se manifeste, ici, par le
rejet de la grandiloquence, les termes techniques, les Jargons... parce que se
voulant à la portée de tous.
Le verbe est, quant à lui, de préférence
à l'actif. Considérée comme plus expressive, la voix
active constitue le garde fou au travers duquel l'écriture radiophonique
reste collée à l'ordre des mots connu de tous : sujet - verbe -
complément. Ainsi la rédaction d'une radio écrira :
« Les avocats de l'accusé ont introduit un recours en
annulation.
La cour d'appel a rejeté ce recours pour cause de...
»
Plutôt que
«Le recours en annulation introduit par les avocats de
l'accusé a été rejeté... ».
Ajoutons que le temps de prédilection de la
rédaction est le présent de l'indicatif. Un temps qui
confère une note de fraîcheur à la nouvelle en la
faisant
paraître immédiate. N'oublions pas que l'information
radiophonique doit rendre compte de «ce qui vient d'arriver, de ce qui est
en train d'avoir lieu, de ce qui est sur le point de se produire
»8. Cependant, on peut le constater, la radio n'use pas que du
présent. Elle fait aussi usage du passé récent. Le premier
produisant chez l'auditeur le sentiment d'entendre une information liée
à des faits qui se produisent au moment où le speaker parle.
Quant au second (le passé récent), il est
préféré dans sa forme composée pour produire un
sentiment de continuité ou une impression de faits qui se sont produits
dans les minutes qui précèdent la diffusion de l'information. On
écrira et dira, par exemple : l'avion présidentiel vient de
décoller...
On retrouve aussi dans la rédaction radiophonique l'usage
régulier du futur proche (va + infinitif). Un temps verbal usité
pour annoncer avec la précaution de ne point prédire un
événement.
/11-1-3- b La concision
L'autre contrainte est celle de la concision. Un principe qui
recommande à la rédaction de se contenter de l'essentiel : «
l'information, et rien que l'information ». Point n'est donc besoin de
recourir aux figures de style telles que les périphrases et les autres
figures qui alourdissent le texte, lui confèrent une beauté
littéraire certes, mais n'apportent aucun supplément
d'information.
La rigidité quasi immuable et ces quelques principes
caractéristiques de l'écriture radiophonique constituent un
handicap à la quête de la littéralité. Toutefois on
ne saurait affirmer qu'il n'y a pas d'effort de recherche littéraire
dans les textes diffusés à la R.D.S.
8 A vous l'antenne, précis de
journalisme radio, Paul de MASENEER, Nouveaux Horizons,
1992, P.60
111-2 -- Quefques 1ndices De Wecherches
Littéraires
Les quelques indices de recherches littéraires que l'on
pourrait évoquer lorsqu'on parle des émissions de la R.D.S. sont
contenus dans les émissions «Contes du soir», «Au
théâtre chez nous», «Evasion» (poème de
l'auditeur) et les reportages.
Dans les paragraphes suivants nous nous appesantirons
essentiellement sur les contes et les reportages. Non sans avoir au
préalable dit un mot sur le théâtre radiophonique et
l'émission Evasion.
111 - 2 - 1 Le Théâtre Radiophonique
Les indices de recherches littéraires apparaissent
d'abord dans une émission qui se veut théâtre. « Au
théâtre chez nous » est diffusé tous les mercredi de
20 h à 21 h.
La bande à kakaraka (c'est le pseudonyme du leader de
la troupe) offre aux auditeurs une forme de théâtre populaire mise
sur onde. Ici, on peut s'en douter, les scènes, le décor, les
gestes et les mimiques n'ont d'autres expressions que le verbe. Ce verbe qui
prend l'allure d'un MINA altéré ou enrichi selon qu'on soit
puriste ou non. C'est donc au travers d'une langue hybride faite de mina,
d'argot mina (Aklagbé) et de français que Kakaraka et sa
bande abordent des thèmes vécus au quotidien par le citoyen
ordinaire pour qui, justement, les `' pièces » sont faites. Et pour
qui la vie sous tous ses angles est tournée en dérision. Il se
joue et rit de lui - même par l'entremise des personnages qu'il
découvre à travers `' l'écran `' de la radio.
Cette émission dépeint les fléaux les
plus banaux et courants dans le bassin de couverture de la R.D.S. Notamment le
vol, la prostitution, les scènes de ménage... Il s'agit, en fait,
d'une peinture sociale inspirée de la tradition mais aussi de certains
aspects de la modernité. Une peinture sociale dont l'objectif est de
conscientiser en distrayant.
Cependant, en dépit du fait qu'il (ce
théâtre radiophonique) présente des fresques sociales dans
lesquelles de nombreux auditeurs se retrouvent, le théâtre
radiophonique (de la R.D.S.) est beaucoup plus un navet. Tant par son
incapacité à
produire des pièces radiophoniques originales que par son
aptitude à imiter grossièrement les CONCERT BANDS
ghanéens.
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