II - De la recherche et développement à
l'innovation :
La grande majorité des innovations trouvent leur
origine dans un travail de recherche. Pour cela, il paraît
nécessaire d'étudier cette dernière qui joue en
parallèle avec toute innovation. Elle est considérée comme
une fonction de service parmi les activités principales de l'entreprise
dans le contexte mondial actuel. Elle s'oriente vers une application technique
dans un but d'efficacité.
Il existe 3 types de recherches :
- la recherche fondamentale : elle s'oriente
vers la connaissance des lois générales (le cas des laboratoires
et instituts de recherche publics)
- Recherche appliquée : elle cherche
à définir les principes d'application des lois fondamentales pour
produire des découverts à usage économique.
- la recherche développement : c'est la
mise en place d'une nouvelle méthode de fabrication ou
l'élaboration d'un prototype à partir de la recherche
appliquée.
Même si on différencie ces trois types de
recherche, elle sont intimement liées dans la mesure ou des
résultats de chaque type constituent un départ pour l'autre.
Reste à savoir la situation de la recherche au Maroc et
ses perspectives ainsi que les stratégies adoptées.
A - R&D au Maroc : situation actuelle et
perspectives
Les dépenses totales du Maroc dans ce domaine sont
estimées, en moyenne, à 0,3% du PIB. Ce chiffre est
tellement convaincant pour décrire la situation du R&D au
Maroc ; il reste beaucoup de tâches à effectuer dans ce
domaine. Ceci est plus urgent que tes nouveaux enjeux de l'ouverture de
l'économie marocaine appellent l'entreprise nationale à assurer
sa pérennité par la consolidation de sa
compétitivité et la recherche permanente de nouveaux produits
à même de conquérir des nouveaux marchés ; ce
qui offre à la recherche et l'innovation à travers notamment le
partenaire entreprise université des nouveaux horizons et
d'indéniables opportunités.
Voici un petit aperçu sur la R&D au Maroc ainsi ses
perspectives
1 - situation de en R&D :
Le premier plan marocain ayant posé les jalons d'une
politique nationale de la recherche scientifique et technique est celui de
1981-1985. Mais, avec des problèmes de suivi et de moyens en plus des
difficultés d'évaluation et l'inexistence et/ou la
rétention de l'information auprès des institutions ayant des
activités de R&D, ce programme a connu un échec.
Donc, on peut qualifier cette fonction comme un concept
nouveau pour l'entreprise marocaine. Aussi, cette constatation est basée
sur le fait que cette activité est quasi-absente dans les discours
officiels et qu'aucune importance ne lui a jamais été
consacrée. Mais, contre toute attente, l'Etat ne le néglige pas
définitivement sauf qu'il fallait seulement un travail réel et
pratique.
Il est à noter aussi que la plupart des chercheurs ont
été formés dans des laboratoires étrangers de
même que les « futurs chercheurs » aimeront bien
poursuivre leurs recherches ailleurs à cause de l'absence des moyens
d'une part et l'inexistence des volontés d'autre part. En plus, comme
l'avait dit Mehdi Elmandjra « Notre université est la
musée de l'université française » en
oubliant que l'environnement ou la culture française est tout à
fait différente de la culture marocaine. Il existe certaines entreprises
qui agissent dans de niches ciblées prouvant que les compétences
existant et que les Maroc moyennant une bonne canalisation des énergies
peut créer un chemin vers le domaine du R&D.
Cependant, il faut tout d'abord dépasser les obstacles
cités dans le premier point ci-dessus. A titre d'exemple, la
société BATISOFT spécialisée dans la
réalisation des progiciels du bâtiment (PC BAT) destinés
aux architectes et aux bureaux d'études a su compléter son offre
par la mise en place d'un produit, fruit de plusieurs années de
recherches, pour la gestion des immobilisations, mais l'équipe BATISOFT
s'est obligée d'aller s'installer au France pour
bénéficier des destinées à la R&D (programme
Anvar). De retour au Maroc, elle ne pourra continuer ces travaux que
grâce au financement bancaire qui, comme chacun le sait, ne sont
nullement adaptés à ce type d'activité dont le profit est
à moyen terme.
En outre, il existe un fort potentiel en ressources humaines
et institutionnelles à savoir les universités, grandes
écoles d'ingénieurs, ...etc. dont dispose notre pays. Les
entreprises sont appelées à créer des relations avec les
universités et les instituts de formation pour pouvoir développer
des formations assurant la pérennité de son activité,
tout en sachant que seules 3,7% des entreprises disposent d'une structure
spécialisée de formation.
Il est donc clair de dire que les ingrédients existent
pour la mise sur pied d'une activité de R&D. Toutefois, ils ont
besoin des fortes volontés de tous les acteurs économiques afin
de permettre de surmonter les défis de l'horizon 2010.
2. Perspectives :
Il va sans dire que le développement de la R&D
nécessite des efforts supplémentaires à déployer
pour la doter des moyens humains, matériels, financiers,
organisationnels, etc.
Pourtant, pour affronter le futur incertain, il est tellement
recommandé de bien préparer une analyse complète dont le
point de départ est la situation actuelle du tissu économique
marocain, basé en grande partie sur l'agriculture. Elle dépend de
la pluviométrie ; alors que, les biens d'équipements ne
constituent qu'une partie restreinte des exportations et
d'importations : Il faut changer la structure de l'économie
marocaine en encourageant les secteurs basés sur la R&D pour
dépasser ce slogan ; qui se répètent du jour au jour
par les responsables marocains, régnant longtemps au Maroc :
« quand l'agriculture va bien, tout va bien ».
A cet effet, il est indispensable de mener des plans d'actions
à court terme et à long terme nécessitant une
véritable organisation du cadre global de la R&D. On peut donner
quelques suggestions :
-Plans à CT : Elles peuvent
concerner aussi bien le monde de l'enseignement que celui de la mobilisation
des ressources marocaines à l'étranger. Par rapport aux premiers,
ils peuvent consister à faire participer les dirigeants des entreprises
aux conseils de formation dans les écoles et universités et de
même animer certains cours qui permettent l'émergence d'une
activité de R&D. Cela permettra sans aucun doute de créer
des relations humaines entre l'entreprise et l'université en
aboutissant, si possible mais efficace, à la sous traitance de certains
travaux, projets aux groupes d'étudiants bien sûr encadrés
par des spécialistes et dont les retombées économiques
seront efficaces. La deuxième proposition consiste à mettre en
place une véritable mobilisation des ressources marocaines à
l'étranger comme un grand secours pour notre pays surtout qu'on
connaît le degré d'attachement des marocains résidents
à l'étranger (MRE) à leur pays d'origine, sans oublier
aussi que le Maroc a supporté une grande partie de financement de leur
formation scolaire.
Il faut passer d'un MRE avec 15 jours de congé au Maroc
en fermant sa maison toute l'année à un vrai investisseur.
-Actions à MLT : ces actions mettent en
évidence le rôle de l'Etat qui doit mettre un cadre
réglementaire efficace. Il est tenu aussi de développer des
partenariats stratégiques avec les pays étrangers pour en tirer
bénéfice sans oublier qu'il s'agit des cultures
différentes. En plus, il est reconnu mondialement le rôle des
centres de recherche comme introducteurs privilégiés de
l'entreprise afin de leur apporter des connaissances et leur rendre le savoir
accessible. Ces centres, une fois crées, doivent être
impérativement opérationnels c'est à dire travaillant dans
les mêmes conditions de délais, qualité, coûts, etc.
que les industriels, chose faite, rendra les activités de R&D trop
liées à l'entreprise et que cette thématique permet la
lisibilité nécessaire pour et par le monde économique.
En somme, il faut croire en avenir en plein optimisme avec la
bonne volonté des acteurs concernés, le Maroc pourra avoir des
résultats efficaces dans le domaine du R&D car la matière
première est là. Il faudra juste la manipuler vers le
marché réel de l'entreprise marocaine.
B- Etude sur la recherche et développement
dans les industries des transformations :
Après avoir montré les principaux
caractéristiques de l'activité « R&D » au
Maroc et ses perspectives, il s'avère nécessaire de mener des
études visant à diagnostiquer les différentes situations
pour permettre la mise en oeuvre des plans d'actions plus pertinents.
A cet effet, le ministère de commerce et d'industrie,
dans le cadre de sa stratégie de soutien de la R&D et l'innovation,
a réalisé une étude sur les états de la R&D au
sein du secteur industriel national. De cette étude, on va essayer de
dégager, à commenter ses résultats et enfin donner une
synthèse finale.
Pour le faire, on étudiera tout d'abord des
résultats qualifiés « globaux » avant de
passer à l'étude des résultats pour chaque secteur. (Voir
annexe n : 2)
1-résultats globaux :
· Les entreprises ne mènent que rarement les
travaux de R&D ; seulement 20% des entreprises, en terme du chiffre
d'affaires, qui sont concernées suite aux motifs présentés
par le deuxième graphique.
· Tout d'abord, 57% ne développent pas ces travaux
car leur activité ne nécessite pas l'introduction du
R&D ; Tandis que 40% des entreprises recensées ont comme raison
les contraintes entravant leurs efforts dans ce domaine. Elles se
résument principalement en trois catégories :
La première est liée au coût
engendré par la R&D dans une proportion de 57%, la seconde relative
au manque des compétences est évoquée par 24% des ces
entreprises, et la troisième catégorie est nettement liée
à l'absence des mesures d'accompagnement et d'appui en matière du
R&D avec un taux de 19%
· En ce qui concerne le rythme de réalisation des
travaux de R&D, on constate que plus de 55% des entreprises font leurs
travaux de manière continue, 25% de façon périodique et
20% les développent de manière ponctuelle.
· Pour la typologie des travaux du R&D, la plupart
des entreprises, à hauteur de 66% réalisent essentiellement les
travaux de développement expérimental. les travaux de la
recherche appliquée avec 28% alors que le reste soit
réalisé dans la recherche fondamentale (6%)
· En relation avec le « pourquoi » de
R&D, ce graphe démontre que plus de 32% des cas visent
l'amélioration de leurs produits. En second rang, la mise au point de
nouveaux produits est la finalité souhaitée dans 26% des cas
recensés et l'amélioration des procédés dans,
presque, la même proportion avec 24%. Enfin, l'amélioration de
l'organisation concerne les 18% d'entreprises.
· D'après ce graphique, plus de 84% des
entreprises ont mené leurs travaux de R&D grâce à
l'autofinancement, et seulement 14% de ces travaux qui sont financés par
les crédits bancaires Tandis que le recours aux ONG est quasi absent
avec une proportion de 2% ce qui met en cause le financement de la R&D
2-Résultats sectoriels :
En ce qui concerne l'effort engagé en R&D,
l'étude fait ressortir des proportions faibles dans ce domaine. le
secteur (ITC) avec un important effort de 4,5%, suivi de secteur IEE avec 2,4%,
les ICP avec 1,4%, les IAA avec 0,45% et en dernier rang le secteur des IMM
engageant un effort de 0,39%.
On voit que le coût moyen des travaux de R&D se
différencie d'un secteur à l'autre. Premièrement, on
trouve les secteurs ITC et ICP avec un coût de 2.117.000dh et 1.996.000dh
respectivement. En second rang, ils viennent les autres secteurs IMM, IEE et
IAA avec des coûts de 852000dh, 591000dh et 416000dh respectivement. En
plus, la plupart des dépenses en R&D sont allouées aux
salaires du personnel engagé dans ces travaux, et leur formation pour
les secteurs ITC, IAA et IMM. Les derniers représentent 82% ; 65%
et 56% respectivement des dépenses totales R&D engagées par
ces secteurs. Cependant, les entreprises su secteur ICP consacrent davantage
leurs dépenses à la sous-traitance et aux partenaires
étrangers. Quand aux IEE, elles dépensent les mêmes
proportions pour les achats, la sous-traitance, et aux charges du personnel.
En relation avec la répartition régionale des
dépenses de R&D, il est clair qu'il y a une forte concentration
à la région du Grand Casablanca dans une proportion de 72% au
niveau national. En second rang, on trouve les régions de Fès,
Rabat-Salé et Settat avec 8%, 5% et 4% respectivement. Les autres
régions sont quasi absentes.
On voit que les entreprises à participation
étrangère participent à plus de 59% dans les
dépenses de R&D globales même si ces unités
industrielles ne représentent qu'à peu prés de 22% des
entreprises menant les travaux de recherche.
Remarque :
(IEE): Les industries électriques et
électroniques
(ITC): Le secteur du textile et cuir
(ICP): Les industries chimiques et para chimiques
(lAA): Le secteur agro- alimentaire
(IMM): Les industries mécaniques et
métallurgiques
3- commentaire :
Globalement cette étude reflète la
problématique de l'entreprise marocaine en matière du R&D en
ressortant une pénurie importante dans ce domaine. Pourtant,
d'après ses résultats, elle justifie la nécessité
d'un grand effort et aussi une forte volonté de la part de tous les
acteurs économiques.
Certes, il est apparu de l'étude que 57% des
entreprises marocaines ne développant pas des travaux de R&D
avancent l'idée que leurs activités ne nécessitent pas des
dépenses en ce sens. Cependant, il semble évident que ce
pourcentage extrêmement important nécessite un travail
supplémentaire d'appui et de sensibilisation, car il est
incompréhensible de parler de l'ouverture de l'économie marocaine
alors que les entreprises ne sentent pas le besoin de développer les
travaux de R&D. En d'autre termes, le tissu industriel composé
essentiellement de PME / PMI nécessitant des mesures d'appui et
d'accompagnement en matière de R&D afin qu'elles passent de simples
« suiveurs » à des entreprises
« innovantes ». Aussi, les entrepreneurs marocains pensent
plutôt à garder le patrimoine familial, puisque
généralement le fils est l'héritier de son père,
dans l'entreprise familiale. Cette dernière orientée vers le
marché local, ne pense que rarement à des travaux de R&D
comme s'elle n'est pas concernée par la concurrence internationale.
D'un autre côté, l'étude a
révélé une forte concentration des travaux de R&D dans
la région de Casablanca. C'est vrai que cette tendance ne traduit que la
structure et la répartition du tissu industriel marocain dont la
majorité des entreprises sont implantés à cette
région. De ce fait, il est nécessaire de donner plus d'importance
aux autres régions presque marginalisées par l'encouragement des
investissements par exemple.
Les résultats de cette enquête indiquent
également que seulement 8% des entreprises développent les
travaux de R&D de façon continue ou périodique. Ajoutant
à cela que moins de 6% des entreprises consacrent leurs travaux à
la recherche fondamentale. Nous constatons donc que cette situation montre
l'absence d'intérêt à la recherche et la recherche
fondamentale en particuliers, même si cette dernière constitue la
base de l'innovation initiée par l'entreprise. De ce fait, les
entreprises marocaines font de la recherche, si c'est le cas, au fur et
à mesure qu'elles réalisent leurs productions, c'est à
dire que l'innovation et la recherche sont faites dans les ateliers de
production.
Nous constatons aussi que plus de 84% des entreprises
mènent les travaux de R&D grâce à l'autofinancement, et
seulement 14% de travaux sont financée par les banques.
Des banques marocaines considèrent cette
activité comme incertaine et sa rentabilité est à long
terme ;
En outre, il est à noter qu'un grand effort de
concertation doit être mené pour approcher l'entreprise marocaine
des centres de recherches et de formation afin de permettre une certaine
convergence entre « l'industrie » et la recherche
scientifique. Seulement 39% des entreprises menant les travaux de R&D ont
pu commercialiser leurs produits issus de ces derniers. Ceci traduit le manque
de l'étape entre le résultat de la recherche et sa mise en
application sur le marché.
D'un autre sens, l'Etat doit jouer un rôle plus
important pour déterminer les priorités de la recherche au niveau
national et régional ainsi que la création de centres de
recherche, et de permettre une interaction entre l'université et les
milieux socio-économiques. Elle s'avère indispensable puisque le
potentiel important d'enseignant-chercheurs compétents peuvent
répondre aux besoins des entreprises sur le plan d'assistance technique,
la maîtrise technologique, etc.
Egalement, nous citerons l'absence du secteur privé en
matière de la recherche car 92% des unités de recherche
appartiennent au secteur public alors que dans les pays
développés le secteur privé occupe plus de la
moitié, ce qui augmente le nombre de projets de recherche et facilite
leur financement.
De façon générale, nous pourrons dire que
la recherche n'est qu à ses débuts au Maroc et beaucoup de
travail dans ce domaine reste à faire .Cette affaire n'est pas la
responsabilité d'un ou deux acteurs économiques, mais elle
concerne tous les intervenants privés ou publics.
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