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l'innovation

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par Elhassan AAJILI
Université Mohamed 5, Agdal - Licence 2005
  

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II - De la recherche et développement à l'innovation :

La grande majorité des innovations trouvent leur origine dans un travail de recherche. Pour cela, il paraît nécessaire d'étudier cette dernière qui joue en parallèle avec toute innovation. Elle est considérée comme une fonction de service parmi les activités principales de l'entreprise dans le contexte mondial actuel. Elle s'oriente vers une application technique dans un but d'efficacité.

Il existe 3 types de recherches :

- la recherche fondamentale : elle s'oriente vers la connaissance des lois générales (le cas des laboratoires et instituts de recherche publics)

- Recherche appliquée : elle cherche à définir les principes d'application des lois fondamentales pour produire des découverts à usage économique.

- la recherche développement : c'est la mise en place d'une nouvelle méthode de fabrication ou l'élaboration d'un prototype à partir de la recherche appliquée.

Même si on différencie ces trois types de recherche, elle sont intimement liées dans la mesure ou des résultats de chaque type constituent un départ pour l'autre.

Reste à savoir la situation de la recherche au Maroc et ses perspectives ainsi que les stratégies adoptées.

A - R&D au Maroc : situation actuelle et perspectives

Les dépenses totales du Maroc dans ce domaine sont estimées, en moyenne, à 0,3% du PIB. Ce chiffre est tellement convaincant pour décrire la situation du R&D au Maroc ; il reste beaucoup de tâches à effectuer dans ce domaine. Ceci est plus urgent que tes nouveaux enjeux de l'ouverture de l'économie marocaine appellent l'entreprise nationale à assurer sa pérennité par la consolidation de sa compétitivité et la recherche permanente de nouveaux produits à même de conquérir des nouveaux marchés ; ce qui offre à la recherche et l'innovation à travers notamment le partenaire entreprise université des nouveaux horizons et d'indéniables opportunités.

Voici un petit aperçu sur la R&D au Maroc ainsi ses perspectives

1 - situation de en R&D :

Le premier plan marocain ayant posé les jalons d'une politique nationale de la recherche scientifique et technique est celui de 1981-1985. Mais, avec des problèmes de suivi et de moyens en plus des difficultés d'évaluation et l'inexistence et/ou la rétention de l'information auprès des institutions ayant des activités de R&D, ce programme a connu un échec.

Donc, on peut qualifier cette fonction comme un concept nouveau pour l'entreprise marocaine. Aussi, cette constatation est basée sur le fait que cette activité est quasi-absente dans les discours officiels et qu'aucune importance ne lui a jamais été consacrée. Mais, contre toute attente, l'Etat ne le néglige pas définitivement sauf qu'il fallait seulement un travail réel et pratique.

Il est à noter aussi que la plupart des chercheurs ont été formés dans des laboratoires étrangers de même que les « futurs chercheurs » aimeront bien poursuivre leurs recherches ailleurs à cause de l'absence des moyens d'une part et l'inexistence des volontés d'autre part. En plus, comme l'avait dit Mehdi Elmandjra « Notre université est la musée de l'université française » en oubliant que l'environnement ou la culture française est tout à fait différente de la culture marocaine. Il existe certaines entreprises qui agissent dans de niches ciblées prouvant que les compétences existant et que les Maroc moyennant une bonne canalisation des énergies peut créer un chemin vers le domaine du R&D.

Cependant, il faut tout d'abord dépasser les obstacles cités dans le premier point ci-dessus. A titre d'exemple, la société BATISOFT spécialisée dans la réalisation des progiciels du bâtiment (PC BAT) destinés aux architectes et aux bureaux d'études a su compléter son offre par la mise en place d'un produit, fruit de plusieurs années de recherches, pour la gestion des immobilisations, mais l'équipe BATISOFT s'est obligée d'aller s'installer au France pour bénéficier des destinées à la R&D (programme Anvar). De retour au Maroc, elle ne pourra continuer ces travaux que grâce au financement bancaire qui, comme chacun le sait, ne sont nullement adaptés à ce type d'activité dont le profit est à moyen terme.

En outre, il existe un fort potentiel en ressources humaines et institutionnelles à savoir les universités, grandes écoles d'ingénieurs, ...etc. dont dispose notre pays. Les entreprises sont appelées à créer des relations avec les universités et les instituts de formation pour pouvoir développer des formations assurant la pérennité de son activité, tout en sachant que seules 3,7% des entreprises disposent d'une structure spécialisée de formation.

Il est donc clair de dire que les ingrédients existent pour la mise sur pied d'une activité de R&D. Toutefois, ils ont besoin des fortes volontés de tous les acteurs économiques afin de permettre de surmonter les défis de l'horizon 2010.

2. Perspectives :

Il va sans dire que le développement de la R&D nécessite des efforts supplémentaires à déployer pour la doter des moyens humains, matériels, financiers, organisationnels, etc.

Pourtant, pour affronter le futur incertain, il est tellement recommandé de bien préparer une analyse complète dont le point de départ est la situation actuelle du tissu économique marocain, basé en grande partie sur l'agriculture. Elle dépend de la pluviométrie ; alors que, les biens d'équipements ne constituent qu'une partie restreinte des exportations et d'importations : Il faut changer la structure de l'économie marocaine en encourageant les secteurs basés sur la R&D pour dépasser ce slogan ; qui se répètent du jour au jour par les responsables marocains, régnant longtemps au Maroc : « quand l'agriculture va bien, tout va bien ».

A cet effet, il est indispensable de mener des plans d'actions à court terme et à long terme nécessitant une véritable organisation du cadre global de la R&D. On peut donner quelques suggestions :

-Plans à CT : Elles peuvent concerner aussi bien le monde de l'enseignement que celui de la mobilisation des ressources marocaines à l'étranger. Par rapport aux premiers, ils peuvent consister à faire participer les dirigeants des entreprises aux conseils de formation dans les écoles et universités et de même animer certains cours qui permettent l'émergence d'une activité de R&D. Cela permettra sans aucun doute de créer des relations humaines entre l'entreprise et l'université en aboutissant, si possible mais efficace, à la sous traitance de certains travaux, projets aux groupes d'étudiants bien sûr encadrés par des spécialistes et dont les retombées économiques seront efficaces. La deuxième proposition consiste à mettre en place une véritable mobilisation des ressources marocaines à l'étranger comme un grand secours pour notre pays surtout qu'on connaît le degré d'attachement des marocains résidents à l'étranger (MRE) à leur pays d'origine, sans oublier aussi que le Maroc a supporté une grande partie de financement de leur formation scolaire.

Il faut passer d'un MRE avec 15 jours de congé au Maroc en fermant sa maison toute l'année à un vrai investisseur.

-Actions à MLT : ces actions mettent en évidence le rôle de l'Etat qui doit mettre un cadre réglementaire efficace. Il est tenu aussi de développer des partenariats stratégiques avec les pays étrangers pour en tirer bénéfice sans oublier qu'il s'agit des cultures différentes. En plus, il est reconnu mondialement le rôle des centres de recherche comme introducteurs privilégiés de l'entreprise afin de leur apporter des connaissances et leur rendre le savoir accessible. Ces centres, une fois crées, doivent être impérativement opérationnels c'est à dire travaillant dans les mêmes conditions de délais, qualité, coûts, etc. que les industriels, chose faite, rendra les activités de R&D trop liées à l'entreprise et que cette thématique permet la lisibilité nécessaire pour et par le monde économique.

En somme, il faut croire en avenir en plein optimisme avec la bonne volonté des acteurs concernés, le Maroc pourra avoir des résultats efficaces dans le domaine du R&D car la matière première est là. Il faudra juste la manipuler vers le marché réel de l'entreprise marocaine.

B- Etude sur la recherche et développement dans les industries des transformations :

Après avoir montré les principaux caractéristiques de l'activité « R&D » au Maroc et ses perspectives, il s'avère nécessaire de mener des études visant à diagnostiquer les différentes situations pour permettre la mise en oeuvre des plans d'actions plus pertinents.

A cet effet, le ministère de commerce et d'industrie, dans le cadre de sa stratégie de soutien de la R&D et l'innovation, a réalisé une étude sur les états de la R&D au sein du secteur industriel national. De cette étude, on va essayer de dégager, à commenter ses résultats et enfin donner une synthèse finale.

Pour le faire, on étudiera tout d'abord des résultats qualifiés « globaux » avant de passer à l'étude des résultats pour chaque secteur. (Voir annexe n : 2)

1-résultats globaux :

· Les entreprises ne mènent que rarement les travaux de R&D ; seulement 20% des entreprises, en terme du chiffre d'affaires, qui sont concernées suite aux motifs présentés par le deuxième graphique.

· Tout d'abord, 57% ne développent pas ces travaux car leur activité ne nécessite pas l'introduction du R&D ; Tandis que 40% des entreprises recensées ont comme raison les contraintes entravant leurs efforts dans ce domaine. Elles se résument principalement en trois catégories :

La première est liée au coût engendré par la R&D dans une proportion de 57%, la seconde relative au manque des compétences est évoquée par 24% des ces entreprises, et la troisième catégorie est nettement liée à l'absence des mesures d'accompagnement et d'appui en matière du R&D avec un taux de 19%

· En ce qui concerne le rythme de réalisation des travaux de R&D, on constate que plus de 55% des entreprises font leurs travaux de manière continue, 25% de façon périodique et 20% les développent de manière ponctuelle.

· Pour la typologie des travaux du R&D, la plupart des entreprises, à hauteur de 66% réalisent essentiellement les travaux de développement expérimental. les travaux de la recherche appliquée avec 28% alors que le reste soit réalisé dans la recherche fondamentale (6%)

· En relation avec le « pourquoi » de R&D, ce graphe démontre que plus de 32% des cas visent l'amélioration de leurs produits. En second rang, la mise au point de nouveaux produits est la finalité souhaitée dans 26% des cas recensés et l'amélioration des procédés dans, presque, la même proportion avec 24%. Enfin, l'amélioration de l'organisation concerne les 18% d'entreprises.

· D'après ce graphique, plus de 84% des entreprises ont mené leurs travaux de R&D grâce à l'autofinancement, et seulement 14% de ces travaux qui sont financés par les crédits bancaires Tandis que le recours aux ONG est quasi absent avec une proportion de 2% ce qui met en cause le financement de la R&D

2-Résultats sectoriels :

En ce qui concerne l'effort engagé en R&D, l'étude fait ressortir des proportions faibles dans ce domaine. le secteur (ITC) avec un important effort de 4,5%, suivi de secteur IEE avec 2,4%, les ICP avec 1,4%, les IAA avec 0,45% et en dernier rang le secteur des IMM engageant un effort de 0,39%.

On voit que le coût moyen des travaux de R&D se différencie d'un secteur à l'autre. Premièrement, on trouve les secteurs ITC et ICP avec un coût de 2.117.000dh et 1.996.000dh respectivement. En second rang, ils viennent les autres secteurs IMM, IEE et IAA avec des coûts de 852000dh, 591000dh et 416000dh respectivement. En plus, la plupart des dépenses en R&D sont allouées aux salaires du personnel engagé dans ces travaux, et leur formation pour les secteurs ITC, IAA et IMM. Les derniers représentent 82% ; 65% et 56% respectivement des dépenses totales R&D engagées par ces secteurs. Cependant, les entreprises su secteur ICP consacrent davantage leurs dépenses à la sous-traitance et aux partenaires étrangers. Quand aux IEE, elles dépensent les mêmes proportions pour les achats, la sous-traitance, et aux charges du personnel.

En relation avec la répartition régionale des dépenses de R&D, il est clair qu'il y a une forte concentration à la région du Grand Casablanca dans une proportion de 72% au niveau national. En second rang, on trouve les régions de Fès, Rabat-Salé et Settat avec 8%, 5% et 4% respectivement. Les autres régions sont quasi absentes.

On voit que les entreprises à participation étrangère participent à plus de 59% dans les dépenses de R&D globales même si ces unités industrielles ne représentent qu'à peu prés de 22% des entreprises menant les travaux de recherche.

Remarque :

(IEE): Les industries électriques et électroniques

(ITC): Le secteur du textile et cuir

(ICP): Les industries chimiques et para chimiques

(lAA): Le secteur agro- alimentaire

(IMM): Les industries mécaniques et métallurgiques

3- commentaire :

Globalement cette étude reflète la problématique de l'entreprise marocaine en matière du R&D en ressortant une pénurie importante dans ce domaine. Pourtant, d'après ses résultats, elle justifie la nécessité d'un grand effort et aussi une forte volonté de la part de tous les acteurs économiques.

Certes, il est apparu de l'étude que 57% des entreprises marocaines ne développant pas des travaux de R&D avancent l'idée que leurs activités ne nécessitent pas des dépenses en ce sens. Cependant, il semble évident que ce pourcentage extrêmement important nécessite un travail supplémentaire d'appui et de sensibilisation, car il est incompréhensible de parler de l'ouverture de l'économie marocaine alors que les entreprises ne sentent pas le besoin de développer les travaux de R&D. En d'autre termes, le tissu industriel composé essentiellement de PME / PMI nécessitant des mesures d'appui et d'accompagnement en matière de R&D afin qu'elles passent de simples « suiveurs » à des entreprises « innovantes ». Aussi, les entrepreneurs marocains pensent plutôt à garder le patrimoine familial, puisque généralement le fils est l'héritier de son père, dans l'entreprise familiale. Cette dernière orientée vers le marché local, ne pense que rarement à des travaux de R&D comme s'elle n'est pas concernée par la concurrence internationale.

D'un autre côté, l'étude a révélé une forte concentration des travaux de R&D dans la région de Casablanca. C'est vrai que cette tendance ne traduit que la structure et la répartition du tissu industriel marocain dont la majorité des entreprises sont implantés à cette région. De ce fait, il est nécessaire de donner plus d'importance aux autres régions presque marginalisées par l'encouragement des investissements par exemple.

Les résultats de cette enquête indiquent également que seulement 8% des entreprises développent les travaux de R&D de façon continue ou périodique. Ajoutant à cela que moins de 6% des entreprises consacrent leurs travaux à la recherche fondamentale. Nous constatons donc que cette situation montre l'absence d'intérêt à la recherche et la recherche fondamentale en particuliers, même si cette dernière constitue la base de l'innovation initiée par l'entreprise. De ce fait, les entreprises marocaines font de la recherche, si c'est le cas, au fur et à mesure qu'elles réalisent leurs productions, c'est à dire que l'innovation et la recherche sont faites dans les ateliers de production.

Nous constatons aussi que plus de 84% des entreprises mènent les travaux de R&D grâce à l'autofinancement, et seulement 14% de travaux sont financée par les banques.

Des banques marocaines considèrent cette activité comme incertaine et sa rentabilité est à long terme ;

En outre, il est à noter qu'un grand effort de concertation doit être mené pour approcher l'entreprise marocaine des centres de recherches et de formation afin de permettre une certaine convergence entre « l'industrie » et la recherche scientifique. Seulement 39% des entreprises menant les travaux de R&D ont pu commercialiser leurs produits issus de ces derniers. Ceci traduit le manque de l'étape entre le résultat de la recherche et sa mise en application sur le marché.

D'un autre sens, l'Etat doit jouer un rôle plus important pour déterminer les priorités de la recherche au niveau national et régional ainsi que la création de centres de recherche, et de permettre une interaction entre l'université et les milieux socio-économiques. Elle s'avère indispensable puisque le potentiel important d'enseignant-chercheurs compétents peuvent répondre aux besoins des entreprises sur le plan d'assistance technique, la maîtrise technologique, etc.

Egalement, nous citerons l'absence du secteur privé en matière de la recherche car 92% des unités de recherche appartiennent au secteur public alors que dans les pays développés le secteur privé occupe plus de la moitié, ce qui augmente le nombre de projets de recherche et facilite leur financement.

De façon générale, nous pourrons dire que la recherche n'est qu à ses débuts au Maroc et beaucoup de travail dans ce domaine reste à faire .Cette affaire n'est pas la responsabilité d'un ou deux acteurs économiques, mais elle concerne tous les intervenants privés ou publics.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe