B- Le rôle clé de la direction :
Le processus d'innovation est une activité que la
direction de l'entreprise ne peut éviter. Elle doit y participer
dés le départ pour maintenir le processus dans la bonne voie et
même le guider dans tout moment difficile qui demande son
intervention.
La plupart des hauts dirigeants sont conscients de la
nécessité de réaligner leur organisation pour
améliorer le processus d'innovation. Mais, des différents
changements touchent de si près l'ordre établi. Pour cela, les
cadres dirigeants doivent participer au processus pour faire avancer et veiller
à ce que ces changements ne perturbent pas les opérations
courantes ; sans oublier de formuler des plans pour l'avenir.
Ainsi, pour bien mener leur activité de direction, les
dirigeants doivent mettre en oeuvre des différentes missions qui leur
incombent tout particulièrement. Parmi lesquelles ont part
citer :
1. Donner l'exemple :
Les ordres dirigeants doivent pratiquer activement et
ostensiblement le travail d'équipe, connaître parfaitement les
produits de l'entreprise et entretenir des contacts avec les clients. Ils
doivent ainsi répondre, personnellement, deux réclamations des
clients pour maintenir au aux réclamations des clients pour maintenir au
courant la qualité du fonctionnement de la production. Ceci est un moyen
de découvrir ,non seulement ce que connaissent les autres mais aussi
d'en tirer une satisfaction personnelle en participant à l'effort
collectif en matière de la création de nouveaux produits.
2. Diriger le processus aboutissant aux
décisions de la sous-traitance.
Une telle décision, soit de développer en
interne de l'entreprise ou de faire recours à la sous-traitance, affecte
fondamentalement le contenu et l'efficacité du processus de
l'innovation. compte tenu de la nature stratégique de ces
décisions , qui déterminent en fin de compte le
périmètre d'activités de l'entreprises , sa
compétitivité et sa valeur ajoutée, il est essentiel que
les dirigeants participent étroitement à la prise de la
décision dans ce domaine selon le principe « développer
ou sous traiter ».
3. Diriger le processus de
réorganisation
On peut faire une différence majeure dans
l'efficacité du processus de l'innovation. Ainsi, le plupart des
entreprises ayant connu une évolution partielle, la restructuration
mondiale des responsabilités et des ressources de centres du
développement et des sites de production peut être
nécessaire. Cette tâche, très complexe, ne peut être
assurée que par les hauts responsables de l'entreprise, dans le cadre
d'un vaste projet de restructuration et de réorganisation.
4. Rendre visible la dimension du processus par
rapport à la dimension fonctionnelle :
IL est tellement clair qu'un client quelconque ne peut
s'empêcher d'évoquer les activités fonctionnelles de son
entreprise sans faire à chaque fois référence au fait
que, pour lui, il s'agit là du seul « monde
réel » , projetant ainsi les processus inter fonctionnels dans
le monde de l'irréel. Donc, il est nécessaire de rendre tangible
le processus de l'innovation. Plusieurs solutions ont été
proposées ; parmi lesquelles : réaligner les
systèmes de mesures de la performance, mettre en place des formations,
aligner les ressources humaines, donner l'autonomie budgétaire aux chefs
de projet,....
Toutefois, c'est la direction qui doit faire passer le message
que la dimension « processus » est un monde réel et
pas de l'imaginaire.
5. Veiller à ce que le changement se manifeste
rapidement :
Si le changement est réalisé, grâce aux
suggestions ci-dessus force est de reconnaître que la tache est
formidable! Le fait d'accomplir tout cela en continuant à produire et
réaliser des bénéfices équivaut à
« réparer une bicyclette en roulant ».
Cette image a le mérite de souligner la nature du
défi mais le défi mais l'inconvénient est de le
présenter comme un échec inévitable ; car ce qui
paraître impossible au cycliste est néanmoins ce que doit
accomplir toute entreprise qui veut maintenir sa compétitivité.
Pour cela, c'est en étant exigeante avec elle-même que la
direction pourra réellement apprécier la vitesse avec laquelle
l'entreprise peut évoluer.
Ensuite, les changements peuvent donner
généralement, naissance à des protestations et pour cela,
la direction doit donc être patiente et de persévérer
là ou les problèmes risquent de surgir.
Un leadership actif, engagé, et prolongé dans le
temps, est la meilleure garantie de réussite pour un changement de cette
envergure, avec un effort de management judicieux, persévérant
et bien planifié.
En somme, nous qualifions la direction en tant que le centre
de toute décision stratégique .le management moderne soutient le
style organisationnel participatif pour que la décision passionnera
toute la hiérarchie.
Chapitre II : les Entreprises innovantes au
Maroc : Défis et perspectives :
On a montré tout au long du premier chapitre que
l'innovation et la création des entreprises innovantes sont importantes
pour le dynamisme d'un pays. Cependant au Maroc, il existait de nombreux freins
culturels, fiscaux, financiers, statutaires, administratifs... qui entravent le
transfert et la valorisation de la recherche via la création des
entreprises.
De même le potentiel de la recherche est limité
dans les nouvelles technologies alors que les moyens de protection de
l'innovation coexistent avec un marché basé sur l'imitation au
lieu de prendre des initiatives.
I- Obstacles de la création des
entreprises innovantes :
v On va essayer de développer quelques
barrières, parmi d'autres, menaçant ou plutôt limitant
l'adoption de l'innovation au sein des entreprises marocaines.
A - Freins
culturels :
La culture peut être définie comme un ensemble de
valeurs et de normes fondamentales, de codes d'images collectives, ensemble
résultant d'une histoire et d'un patrimoine. C'est un ensemble de traits
distincts spirituels et matériels qui caractérisent un groupe
social et influent considérablement sur le management de l'entreprise.
1/ Relation culture
management :
La relation entre la culture et le management étant
dialectique, la culture marocaine, avec ses différentes
composantes : la religion, la langue, la famille, l'éducation,
l'ethnicité et l'aspiration à la modernité, exerce une
influence certaine sur le système des valeurs des cadres et des managers
et sur les décisions et les performances de leurs entreprises. Cette
relation traduit un rapport entre le réel et la pensée qui n'est
pas statique car les objectifs managériaux ne peuvent être
fixés sans la prise en compte de la variable humaine sous sa forme
comportementale. Cependant cette forme tout en étant nécessaire,
est insuffisante parce que les comportements ne sont pas uniquement individuels
mais également de groupe et de société.
Donc, le management est obligatoirement culturel ; chaque
culture peut déterminer un modèle de management. Certes, il y a
des principes universels de gestion, mais ce qui détermine leur
succès ou leur échec, c'est la manière de les adopter ou
de les appliquer au contexte culturel donné : il fait innover
au lieu d'imiter sans prendre conscience de l'environnement de l'entreprise
innovante.
En ce qui concerne la culture, elle possède des
caractéristiques propres à elle. La société
marocaine est une société hétérogène
« construite de morceaux, d'organes, de sociétés de
types différents, historiquement dépassés ou situés
dans l'environnement » (PASCON, 1980, p : 187- 212). Paul PASCON
la qualifie de « société composite »
car elle se caractérise par le fait que le mode de production dominant,
le plus dynamique, le plus compétitif n'a pas le pouvoir de d'Etat et
par la suite doit passer par institutions d'un mode de production et les
instances d'une société dominée, management
Makhzenienne ».
Ce type de société est plein de contradictions,
ne constitue qu'un système économique ayant ses lois
spécifiques avec plusieurs types de sociétés :
les marocains expriment toutes les contradictions qui les
caractérisent.
Il reste maintenant de savoir les principales valeurs autour
desquelles est structuré le mode de management au Maroc, on peut
dégager les tendances générales suivantes :
a) répartition des rôles
selon le sexe :
Il est clair que la répartition des tâches entre
les deux sexes n'est pas la même d'une entreprise à une autre.
Cependant, l'entreprise marocaine est une firme ou les valeurs culturelles
dominantes sont masculines, et ou les rôles entre les 2 sexes sont
répartis d'une façon rigide, ce qui expliquera l'absence des
femmes dans les postes managériaux supposés d'avance masculins,
tels que le PDG, le chef du personnel. Cette dimension trouve son origine dans
les traditions et dans la famille ou le père sert de modèle pour
les garçons et la mère pour les filles et où la position
de la femme est faible.
Mais, ces dernières années, on trouve de plus en
plus des femmes «managers » ayant réalisé de
bonnes performances , et aussi des femmes « ministres ». Ce
transfert est favorisé par des différents mouvements demandant
l'égalité homme femme comme condition sine qua non de tout
développement d'un pays !
b- Les valeurs de l'Islam :
La majorité de dirigeants et cadres marocains
n'impliquent pas la religion à leur vie professionnelle. Ils aiment en
parler avec respect, mais voient mal comment l'Islam pourra jouer un rôle
dans l'entreprise à cause de leur formation (ils n'ont que des
idées générales sur les préceptes de l'islam).
De par sa souplesse, son adaptabilité, son
éthique et ses valeurs universelles, l'Islam représente un atout
pour agir sur les mentalités des marocains et changer leur comportement
de plus en plus de responsabilité, d'égalité, de
solidarité, de récompense, de qualité, de transparence,
d'amour du bien, etc. Ce sont autant de valeurs positives de la religion
musulmane qui peuvent faire référence dans nos entreprises.
c) La perception du temps :
Le temps est devenu une arme stratégique pour les
entreprises qui veulent survivre. Actuellement, le fait de mieux gérer
son temps est devenu une préoccupation majeure et centrale des managers
soucieux d'efficacité et de performance.
Malheureusement, la plupart des entreprises marocaines
souffrent des retards, non respect de ponctualité et aussi leur culture
est orientée vers le futur mais avec une logique à court terme.
Rares sont les entreprises qui élaborent des plans à moyen et
long terme ou qui investissent dans la formation du personnel vu son rôle
pour le lendemain de l'entreprise.
d) la culture de l'ostentation :
Au Maroc, il devient de plus en plus évident, que
l'ostentation gagne du terrain parmi les patrons et les managers des
entreprises. Ils aiment travailler dans des espaces luxueux et dépensent
des sommes énormes pour paraître mieux que leurs collègues
concurrents et même à l'intérieur de leurs entreprises.
Cette aspiration est claire au niveau de la conception de
l'espace typiquement makhzénien, bureaucratique et à la hauteur
du statut du dirigeant. De plus, au niveau de leur style de vie, ils aiment
rouler en Mercedes, BMW, ou autres voitures de luxe et aiment aussi être
invités aux meilleurs restaurants de la place, avoir des villas, etc.
Cette culture risque d'aller à l'encontre des buts
recherchés pour plusieurs raisons :
- Avec l'accélération des innovations
technologiques, ses dépenses énormes ne représenteront
qu'un gaspillage inutile sans conséquence positive sur
l'organisation.
- cers dépenses ostentatoires peuvent à terme,
faire sentir la corruption et les affaires en escroquerie et peuvent même
aller jusqu'à détruire l'entreprise, etc.
e) La distance hiérarchique :
Souvent, les subordonnées (le personnel) craint
d'exprimer leur désaccord avec les chefs. Mais, en plus, il n'existe des
relations entre le supérieur hiérarchique et le subordonné
en matière de la prise de décision alors que le mode de
management participatif règne au monde entier. Cette forte distance
hiérarchique façonne énormément la vie des
entreprises marocaines en donnant aux dirigeants un statut
privilégié centralisant tout le pouvoir. Ce qui peut
entraîner une perte du savoir ou un coût d'opportunité pour
l'entreprise puisqu'elle ne bénéficie ou plutôt ne partage
pas les idées avec l'ensemble de l'organisation.
En somme, la prise en compte de ses valeurs est d'une
importance majeure dans l'application des idées modernes du changement
pour permettre aux entreprises marocaines d'accéder aux
différents moyens de l'innovation tout en éliminant des valeurs
négatives (logique de court terme, l'ostentation, distance
hiérarchique forte, etc.). Cette stratégie est de longue haleine
car ses valeurs sont ancrées dans les mentalités et les croyances
des gens.
2°/ La culture entreprenariale :
Le schéma ci-dessus montre que la
création d'entreprise repose sur le rencontre d'un potentiel
entreprenariale ; ce qui amène un individu à agir et
à mener des actions pour créer son entreprise.
a/ potentiel entreprenarial :
Il comprend des différents éléments dont
lesquels on peut traiter les suivants :
- la capacité à créer et
maîtriser un avantage compétitif durable :
l'entrepreneur est un homme créatif, un homme d'innovation. Il a une
capacité de vision qui lui permet d'anticiper les évolutions de
l'environnement et de trouver des solutions avant les autres.
- l'aptitude à la communication interne :
l'entrepreneur doit avoir un potentiel avec une intelligence
émotionnelle. Il doit communiquer à ses salariés, à
son entourage avec une certaine dynamique.
- L'aptitude à la négociation :
l'entrepreneur est un homme de conviction qui a une certaine capacité
d'influence. Il doit être capable de convaincre ses partenaires.
- La capacité d'autonomie : Il doit
pouvoir affronter, seul, les incertitudes de son environnement. Cette autonomie
ne doit pas lui faire perdre ses moyens.
- La résistance à l'échec :
l'entrepreneur doit être capable d'appréhender l'échec de
manière positive.
- L'aptitude à mobiliser les
énergies : l'entrepreneur est l'élément
fédérateur de l'entreprise. Il est donc capable de mobiliser les
énergies en terme de temps et d'implication
b/ l'esprit entreprenarial :
C'est la motivation de l'entrepreneur. Il comprend les
éléments suivants :
- la réalisation de soi : elle correspond
à l'image de soi que l'on veut avoir.
- Le besoin d'autonomie, la réalisation de ses
idées : cela fait référence à la notion
de pouvoir, l'entrepreneur est motivé par le fait de ne pas être
exécutant, de pouvoir influer sur le système.
- L'affiliation : elle correspond à la
volonté de faire partie d'un corps social ; la création de
l'entreprise peut constituer sociale.
Après avoir détaillé ces freins culturels
qui nous paraissent les plus importants, comme une base, on va
s'intéresser maintenant aux contraintes fiscales et financières
en donnant un aperçu.
B - Freins financiers
L'un des freins majeurs à la création
d'entreprise innovante est le manque des moyens financiers. Si c'est le cas,
ils existent avec des taux d'intérêt trop élevés. Ce
qui met le financement de l'innovation en question car la concrétisation
de la grande majorité des projets innovants sont handicapés par
l'absence du financement
L'ensemble des analyses et experts sont d'accord
incontestablement sur ce phénomène pour la simple raison :
l'innovation, qui repose sur la R&D en grande partie, est par nature
incertaine, tant sur le plan technologique que commercial, et sa
rentabilité n'est pas immédiate. Effectivement, la
récupération des capitaux à moyen terme et l'autonomie de
gestion et de développement de l'entreprise par le porteur du projet
posent un sérieux problème.
Du coup, le monde des finances refuse d'obéir et les
entreprises ne disposant pas de visibilité suffisante décident
d'invertir dans des créneaux traditionnellement porteurs de profits
comme l'habitat essentiellement. En plus, la garantie personnelle est
obligatoire avant que le banquier daigne de jeter un coup d'oeil dans le
dossier du futur projet.
Or, la compétitivité d'un pays dépend de
sa capacité à développer sans cesse de nouveaux
procédés et de nouveaux produits (l'innovation). C'est la
condition sine qua non d'émergence de survie des entreprises, et par
là, de croissance qui favorise elle même les emplois. Ceci est
d'autant plus vrai que l'on est actuellement dans une conjoncture
internationale en perpétuel changement, caractérisée par
les regroupements et l'ouverture à la concurrence et ou seuls les
produits et procédés à la forte valeur ajoutée se
distinguant par un degré élevé d'innovation tiendront la
route.
Pour cela, il paraît tellement indispensable de
créer des passerelles à même de dépasser cet
handicap et de permettre à l'innovation de jouer son rôle qui est
un ingrédient incontournable dans le développement
économique de notre pays. C'est le cas de la nouvelle charte pour la
promotion des PME dont le but est faciliter l'accès aux
crédits, grâce à l'encouragement des sociétés
du capital-risque (voir Annexe n° 1).
Il convient de faire une différence entre
l'investisseur en capital risque et le prêteur bancaire. Le premier
participe à la valorisation de l'entreprise car il intervient en fonds
propres et détient ainsi une part du capital. Le deuxième, quant
à lui, détient une créance envers l'entreprise et
rémunéré par un taux d'intérêt. De ce fait le
risque et les objectifs ne sont pas les mêmes. Ce qui nécessite
l'importance de l'intervention des pouvoirs publics pour combler la faiblesse
et/ou l'absence de l'initiative privée...
Donc, il s'agit, ensuite, de savoir s'il y a des
barrière administratives pour la mise en ouvre de l'innovation
C - Freins
administratifs :
Avec la culture marocaine et la crainte de l'avenir (le
risque), il est nécessaire que les pouvoirs publics prennent
l'initiative pour encourager le futur entrepreneur marocain. C'est le fait des
crédits jeunes promoteurs même s'ils ne connaissent pas le
succès attendu. Mais, malgré des efforts de certains
administrations, il subsiste encore différents problèmes
empêchant la bonne marche du secteur public ; a titre d'exemples,
les lenteurs administratives qui découragent l'investisseur potentiel,
la complexité des procédures, la corruption, etc.
Pour ces raisons, parmi d'autres, une réforme de ce
secteur est primordial en vue de dépasser ces contraintes grâce
à la révision des structures et des organisations et aussi une
refonte des méthodes de travail, et les outils de gestion pour permettre
l'allègement des procédures, la réduction des
délais de traitement, les meilleurs services à moindre
coût, renforcement de la transparence, etc.
Ensuite, l'Etat doit bâtir des stratégies et des
politiques claires (Etat stratège) et mettre en place un cadre
réglementaire encourageant l'innovation et l'investissement et
sécurisant l'accès à l'information (Etat
régulateur). A cet effet, il a été adopté une
charte d'investissement, qui exprime un gage de bonne volonté de la part
de l'Etat, comprenant 24 articles dont 13 concernent des mesures d'ordre fiscal
.
En plus, on ne peut pas écarter le rôle de la
privatisation menée par le gouvernement et les résultats
extraordinaires qu'elle a engendrée tel que Maroc Telecom qui continue
à réaliser des chiffres d'affaire importants et de même
conquérir les marchés internationaux (Mauritanie par exemple).
Mais, l'Etat doit obligatoirement augmenter la part du PIB
consacrée à la recherche scientifique (0,3% du PIB). C'est le
sujet du paragraphe suivant.
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