Solidarité, famille et développement socio-économique en ville de Butembo( Télécharger le fichier original )par Muyisa LUSENGE Université catholique du Graben - Licence 2008 |
I.2.7 Le mariageLe mariage dans nos sociétés prend des formes très précises. Dans d'autres sociétés même dans la notre, à des époques différentes, les modalités du mariage sont variées. Mais deux critères permettent de caractériser le mariage de façon générale : - Le mariage est une relation socialement reconnue - C'est un fondement stable pour la création du groupe conjugal (en partie du fait de sa reconnaissance socialement). Le mariage n'implique pas nécessairement une union hétérosexuelle : dans certaines sociétés le mariage peut être homosexuel car c'est la fonction sociale qui est prise en compte. Une femme stérile peut ainsi tenir le rôle d'un homme chez les nuer. Monogamie, polygamie ; polygynie, polyandrie. Suivant les sociétés les nombres des partenaires mariés varient : certaines sociétés sont monogames, d'autres sont polygames. I.2.7.a. La monogamie La monogamie désigne une forme familiale où les conjoints constituent un couple formé d'un homme (époux) et d'une femme (épouse). Les sociétés occidentales connaissent cette forme de famille monogame. I.2.7.b. Polygynie L polygynie désigne une forme d'organisation familiale où un homme peut épouser plusieurs femmes. Cette pratique est généralement associée au statut social de l'homme, le nombre de femmes témoigne de son importance et de sa puissance. Le statut des femmes y est variable : les femmes peuvent être enfermées comme des biens (signe de richesses) ou au contraire disposer une grande liberté dans leurs activités par une répartition des tâches entre les épouses. Cette forme de mariage est la plus reconnue par l'Islam, la polygamie est très répandue en particulier sur le continent Africain. I.2.7.c. La polygamie C'est le mariage d'un individu (homme ou femme) avec plusieurs personnes (hommes ou femmes) donc une personne va épouser plusieurs conjoints. La polygamie se décompose en polygynie et en polyandrie. I.2.7.d. La polyandrie La polyandrie est le cas symétrique de la polygynie. C'est une forme familiale où une femme peut épouser plusieurs hommes. Si la monogamie s'observe plus fréquemment que la polygynie, la polyandrie est encore beaucoup plus rare. Un exemple classique de polyandrie est celle de tibétains où une femme épouse à la fois un homme et tous ses frères de façon indivisible. - Lévirat : dans ce type de mariage, une femme doit épouser le frère de son mari défunt. Le nouveau mari a alors le devoir de poursuivre la lignée de son frère ; les enfants issus de cette union seront socialement considérés comme ceux de l'ancien mari. - Sonorat : Dans ce type de mariage, l'homme se marie à une femme puis par la suite à sa soeur, voire à plusieurs d'entre elles. C'est cette fois la soeur d'une épouse défunte qui assure la continuité de la lignée. I.2.7.e. Exogamie et endogamie Mais par delà les règles qui fixent les nombres des conjoints, il est essentiel de distinguer les groupes au sein des quels il est possible de choisir son conjoint. e.a. Exogamie Dans le cas le plus simple, la règle d'exogamie s'applique à deux clans pratiquant un échange matrimonial. Chaque clan est alors appelé moitié. La règle d'exogamie est double. Elle oblige à choisir son époux (ou épouse) dans un autre clan. Plus généralement, la règle d'exogamie oblige à choisir ailleurs que dans le groupe de parenté son ou ses conjoints. Si l'exogamie est la forme la plus courante des organisations familiales, l'endogamie forme symétrique, existe aussi. e.b. L'endogamie : désigne l'obligation de choisir son époux à l'intérieur de son propre clan ; par extension, on parle d'endogamie lorsque les membres d'un groupe se marient souvent entre eux, ce fut le cas par exemple de l'aristocratie. Un indicateur d'endogamie mesure la fermeture sociale d'une société, les sociologues calculent souvent l'indicateur suivant :
Ainsi, lorsque plus de 9 sur 10 des exploitants agricoles épousent une fille d'exploitant agricole cela indique une endogamie très forte de cette catégorie. Cet indicateur doit être utilisé avec précaution. En effet, si par exemple dans la population il y a 80% de salaries et les hommes salariés épousent dans 80 % de ces femmes salariées, il peut sembler qu'il y ait une forte endogamie dans ce groupe. En fait, il n'en est rien car les mariages entre les salariés sont proportionnels à leur importance dans la population35(*). Un indicateur d'endogamie plus précis est :
Plus cet indicateur est éloigné de 1, plus il y a endogamie ; plus il est voisin de 1, plus il y a indépendance entre mariage et catégorie sociale. Un mot plus précis qu'endogamie a d'ailleurs été réservé à l'analyse de la première de ces situations : homogamie. e.c. Homogamie : désigne une situation où les conjoints se choisissent au sein des mêmes milieux sociaux à l'inverse de l'homogamie, il est possible de définir l'hétérogamie. e.d. Hétérogamie : désigne une situation familiale où les conjoints sont d'origine sociale différente. Un PDG qui épouse une femme de ménage, un universitaire qui épouse une illettrée correspondent à des cas d'hétérogamie. Ceci est une forme d'exogamie par rapport au milieu social, on choisit son époux au sein d'un groupe social différent. e.e. Nuptialité La nuptialité désigne le passage légal à l'état des personnes mariées. Le taux brut de nuptialité est un indicateur du nombre de mariages au cours d'une période rapportée à l'ensemble de la population mesurée en milieu de période. Mais cet indicateur est très insuffisant car il concerne à la fois les bébés et les personnes déjà mariées qui ne sont donc plus susceptibles de participer au phénomène de nuptialités. De plus, le taux de nuptialité d'un groupe dépend de multiples variables : calcul sur la population d'une maison de retraite, il n'a pas le même sens que calculer sur un groupe d'étudiants. Le quotient de nuptialité mesure la probabilité totale de se marier à un âge donné pour un célibataire. e.g. Divorce Il est important de noter la forme et la fréquence de rupture légale du mariage civil ou d'union. Le taux de divorces peut être mesuré par le nombre de jugement en une année pour 1000 personnes mariées. C'est un indicateur de rupture d'union légalement prononcée. Il est souvent sociologiquement essentiel de le définir pour les groupes précis, par âge pour les femmes et les hommes.... Les classes des divorces selon le sexe du demandeur principal, l'âge de la rupture d'union. Le C.S.P., la taille de la commune de résidence permettent d'aborder un aspect central du mariage. Sa longévité se différentie selon les critères sociaux. I.2.7.f. Les fonctions de la famille Une analyse de type fonctionnaliste envisage la famille en tant que fonction. f.1. La fonction de reproduction Cette fonction exprime l'importance de la famille dans la procréation, mais cette fonction n'est pas exclusivement celle de la famille comme l'atteste le membre dès conceptions prénuptiales ou encore le nombre croissant de mères célibataires. f.2. La fonction de socialisation Indique la place centrale de la famille dans l'apprentissage des langages, du comportement de l'intégration des modèles culturels et des rôles. Cependant, cette fonction des solidarisations est de plus en plus réalisée par des institutions telles que l'école, des crèches, les média (TV, films, salle de cinéma, disques, ...), le groupe des pères (enfants du même âge joue aussi un rôle central dans la socialisation. f.3. La fonction de production Caractéristique de la famille regroupée autour d'une exploitation agricole, d'une activité artisanale ou d'un commerce, voit son rôle décroître dans une société en majeure une partie composée des salariées. f.4. La fonction de consommation Cette fonction exprime l'importance du cadre familial. Pour les dépenses, comme l'illustre la promenade du samedi en famille dans des centres commerciaux ; .... La plupart des dépenses importantes ; électroménagères voiture, maison, transport, ration, soins médicaux, ...sont en fait des décisions qui impliquent toute la famille. f.5. La fonction de transmission du patrimoine Cette fonction indique la place centrale de la famille dans la transmission des biens et de la propriété. Donation, cadeaux, héritages sont largement retransmis dans le cadre familial sans tenir compte des services non monétaires (garder des enfants, conseils, ...) f.6. La fonction de refuge et protection La famille est un lieu de solidarité où s'expriment généralement l'affectivité, le partage des ressources disponibles, l'entraide même si dans notre société la concurrence règne. Ceci n'empêche nullement les notions de conflits d'ajustement et de rupture de se développer car cette fonction de protection implique généralement une série de contraintes36(*). * 35 Dremond at alii, Dictionnaire économique et social. * 36 BREMOND et alii, Op. cit. |
|