Solidarité, famille et développement socio-économique en ville de Butembo( Télécharger le fichier original )par Muyisa LUSENGE Université catholique du Graben - Licence 2008 |
I.2.3. Famille comme systèmeLa famille est un sous-système de l'organisation sociale sur la société par le rôle qu'y jouent les membres de la famille (travail, participation à des associations, vie sociale,...) et aussi distincte des autres organisations sociales par des rôles de solidarité des fonctions spécifiques. Définir un type donné d'une famille suppose la mise en évidence d'un ensemble de modèles culturels de comportement qui règlent les relations mari (s) femme (s), père-enfant, mère-enfant, enfant-mère, enfant-père, enfant-couple enfant, frère, soeur qui définit les rôles masculins et féminins, les types des comportements à l'égard du travail, des loisirs, de la sexualité, des tâches au sein du foyer... Le système familial est donc variable selon les modèles culturels, le type d'économie33(*). I.2.4. Famille et ménage.Une erreur à ne pas commettre est de confondre « ménage » et « famille ». Un « f » égale une famille ; les organismes statistiques ont repris ce critère pour définir le ménage même si les flammes ont disparu de la plupart des foyers. En effet, un ménage n'est pas toujours une famille, car selon l'INSEE ; il est constitué de l'ensemble de personnes qui vivent dans le même foyer même si elles n'ont aucune relation de parenté. Il peut même s'agir d'une personne seule (on parle alors de « personne isolée »). Si le lieu d'habitation est caractérisé le plus souvent par une communauté de comportement à la fois sur les plans culturel et économique. La plupart des ressources sont regroupées partiellement ou totalement, nombre de dépenses sont communes (loyer, électricité, téléphone, ...). Le ménage constitue une unité économique, culturelle, sociale, même si la famille actuelle n'a que très rarement d'activités de production commune. Les démographes en définissant le ménage ont choisi une notion opérationnelle, mais elle ne coïncide pas avec celle de famille : un groupe de séminaristes, un collège d'étudiantes ou un célibataire n'ont que des rapports lointains avec l'idée de famille au sens sociologique alors qu'ils peuvent constituer des ménages, parallèlement. Les statisticiens utilisent le terme de famille parfois dans un sens très restrictif. Ainsi, depuis 1962, l'INSEE appelle famille complète, celle où l'épouse mariée avant 35 ans a atteint 45 ans sans que ce mariage soit rompu. I.2.5. La filiationLa filiation est la reconnaissance sociale des liens entre individus qui descendent les uns des autres. Mais si toute société reconnaît la filiation, certaines lui accordent plus d'importance que d'autres et toutes ne la définissent pas de la même manière. En France, par exemple, trois types de filiation sont reconnues : la filiation légitime (enfants nés des parents mariés), naturelle (couple non marié) et adoptive. Dans les sociétés modernes, la mémoire généalogique (en remontant vers nos ancêtres) est relativement courte car elle dépasse rarement les trois générations. Nous lui accordons peu d'importance car la position sociale d'un individu dépend davantage de son métier que de sa parenté. 2.5.a. Systèmes patrilinéaire et matrilinéaire Le système familiale est patrilinéaire si c'est le père qui est à la source de la parenté, transmet son nom, son héritage, des rites de son clan, et l'ensemble d'éléments culturels associés à son clan. Le système matrilinéaire voit la mère transmettre son nom, ses rites et l'ensemble des éléments culturels associés à son clan, elle est aussi à l'origine de l'héritage. Notons que dans les sociétés matrilinéaires on voit souvent le ou les frères de la mère assumer une bonne partie des fonctions de père dans le système patrilinéaire. Ainsi, l'oncle maternel nourrira sa soeur et les enfant de celle-ci. La symétrie n'est donc pas totale entre le système matrilinéaire et le système patrilinéaire. Dans nos sociétés, les sociologues ont défini toute une série de critères pour analyser les influences non symétriques du père et de la mère dans la configuration familiale34(*). La filiation est aussi, selon GHASARIAN, « les principes gouvernant la transmission de la parenté » ; la filiation permet de donner un statut social à un individu et de classer les hommes, ce qui est particulièrement important, par exemple pour les règles du mariage. La filiation ne repose pas nécessairement sur des critères biologiques et dépend plutôt de la conception reçue du lien de parenté. Les anthropologues distinguent trois grands types de filiation : - filiation unilinéaire patrilinéaire ou matrilinéaire - Filiation bilinéaire - Filiation indifférenciée Note : ces organisations sont particulièrement complexes, et un exposé détaillé demanderait un grand nombre de schémas pour être intelligible, nous nous en tiendrons donc aux généralités. 2.5.b. Filiation unilinéaire C'est l'organisation la plus répandue. La filiation est imposée à chacun, du coté du père, de la mère. Généralement, dans ces systèmes, on estime l'importance du rôle physique de l'homme ou de la femme dans la procréation d'après cette appartenance au père ou à la mère. Dans la plupart des filiations unilinéaires, les femmes sont dominées par les hommes. D'après LABURTHE TOLRA, ce système est fondé par la force physique plus grande chez l'homme, et donc aussi par la violence, malgré la rébellion des femmes dans beaucoup des sociétés traditionnelles. 2.5.c. Filiation bilinéaire Cette filiation est rare : elle combine les deux systèmes de filiation précédents. L'individu obtient des aspects sociaux précis de chaque coté nom de famille, droits, devoirs, statuts, biens, culte des ancêtres, etc. Exemple chez les juifs, la parenté est bilinéaire mais la judéité se transmet par les femmes Touareg, Hereros 2.5.d. Filiation bilatérale ou indépendante L'individu fait dans ce cas partie d'au moins deux groupes de parenté, du coté de sa mère et de son père, à partir des grand-parents. Cette organisation structure des sociétés plus complexes. Selon GHASARIAN, ce système de parenté concerne cinquante pourcent des sociétés humaines L'individu peut choisir sa filiation : en Occident le choix n'est pas obligatoire pour avoir un statut, mais il l'est dans les sociétés traditionnelles, ce qui fait distinguer entre droits actuels et droits potentiels. Par ce choix, l'individu doit établir en résidence dans `une ou l'autre parenté ou se partager entre les deux et ses droits varient en conséquence. Ce choix laisse une grande liberté individuelle (c'est puisque l'individu peut en outre parfois modifier son choix de résidence. 2.5.e. Réserves sur ces divisions Des ethnologues ont fait remarquer que ces divisions sont trop rigides pour décrire les parentés réellement efficaces dans les sociétés. Il y aurait dans les faits une proposition entre patrilinéarité et matrilinéarité. Pour Rodney Néedham (dans « la parenté en question », citée par GHASARIAN, il n'y a « aucun principe de filiation unique ». La conformité d'une société à un modèle uniforme est ainsi selon lui improbable. En conséquence, le classement des sociétés selon ces critères n'a rien d'évident * 33 LEVIS-STRAUSS, Op. cit. * 34 EMILE DURKHEIM (1892), «La famille conjugale», Extrait de la revu philosophique, 90, 1921, p. 2. |
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