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La justice aristocratique dans la généalogie de la morale de Nietzsche

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par Pierre Morien MOYO KABEYA
Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 0000
  

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IV. 4. Approche personnelle

La justice aristocratique est un idéal. Mais c'est précisément parce que l'auteur a voulu que nous puissions en tirer profit qu'il nous l'a présentée ainsi. Cette approche peut nous apporter beaucoup surtout dans la manière de concevoir la justice. (Notamment la justice comme condition d'un développement endogène de l'Afrique). Le droit moderne est confronté à plusieurs questions telles : la dépénalisation de l'avortement, la question de l'euthanasie, la prison de sûreté (le projet de loi français sur la prison après la prison : enfermer à vie ceux dont on juge incapables de revenir à la normale. C'est le cas des pédophiles, des auteurs d'agressions sexuelles, etc.) Il y a aussi la question liée à la liberté sexuelle : on parle de plus en plus, chez la femme, du droit d'être maîtresse de son corps. (C'est une manière d'éviter toute ingérence pour ce qui est surtout des avortements, disposer de son corps, on dirait comme propriété privée.)

Si le droit est dynamique pourquoi ne pas en tirer les conséquences qui s'imposent ? Si le droit doit évoluer avec la conscience humaine, jusqu'à quand il faut rester figé dans des lois contextuelles, parfois dépassées ? Pourquoi établir des lois que l'on pose comme éternelles, alors que l'homme est lui-même dynamique ? S'il est légitime de se poser quand et comment savoir que telle action est le fruit de l'évolution de la conscience, cela ne nous empêche pas de lire les signes de temps, d'être attentif à ce qui se passe dans la société.

On peut être rassuré qu'il ne s'agit pas là d'un relativisme juridique. Que devient alors une justice qui a ses bases dans les caprices des individus ? Autant la justice ne doit pas se régler sur les intérêts égoïstes de quelques personnes, autant elle ne peut se baser sur un fondement qui ne tienne pas compte des hommes concrets. Nous sommes conscients de la nécessité de mettre le fer au feu pour informer un métal brut. D'ailleurs, voilà pourquoi nous partageons avec Nietzsche l'impératif d'une violence créatrice qui socialise l'homme. Car la morale est avant tout opposée à un laisser-aller.109(*)

L'Afrique est considérée comme un continent à la dérive. La vie sociale, économique et politique est chaotique. Quelle peut être la place de la justice dans le développement de ce continent ?

IV. 4. 1. La justice comme condition d'un développement endogène de l'Afrique

Faut-il revenir sur un sujet sur lequel nous avons abondamment parlé, l'homme est caractérisé par l'inconstance, l'injustice, la brutalité. Au-delà de tout cela, il est appelé à vivre en société. De ce fait la justice doit être conçue comme nécessaire à une vie en commun. Il y a des exigences dans la vie humaine du fait d'être ensemble. Les circonstances sont nombreuses et ses exigences sont multiples. Ces exigences peuvent être conflictuelles voire contradictoires suivant une culture à une autre. Il y a une difficulté de constance à laisser l'homme agir comme bon lui semble.

Aucun engagement au service de la société ne sera louable sans l'établissement préalable des garde-fous pour la réglementation des différends possibles entre les humains. Conscient de cette réalité deux réactions sont possibles en temps normal. La première : un engagement au service de la communauté. La deuxième, travailler de toutes ses forces pour que justice soit faite. L'engagement en faveur de la communauté passe par plusieurs exigences à la fois banales et complexes. Les notions de savoir-vivre, de respect de l'autre, et tant d'autres trouvent ici leur terrain d'application. L'homme doit s'y référer une fois en face d'un autre, en public. Cette promotion du savoir-vivre, est un engagement social de base. Savoir que l'autre, celui qui est devant moi mérite une considération comme homme, il doit être respecté, il en va de notre vivre ensemble, autant que moi, il a besoin de considération et de dignité. Tout ceci passe dans la manière d'adresser la parole aux autres et surtout dans la manière de faire usage des biens appartenant à la société : les routes, les stades, les écoles, les bureaux, les latrines, les chaussés, les salles des classes, les auditoires, etc.

Il y a une nécessité à l'éducation civique : informer les citoyens de leurs droits et devoir. Mais surtout leur apprendre à devenir eux-mêmes promoteurs et défenseurs de la justice. La justice c'est aussi organiser la vie sociale de manière à ce qu'elle profite à tous. La promotion des valeurs morales et la lutte contre l'immoralité. En effet, comment demander le meilleur à un affamé, comment lui exiger l'honneur quand la pauvreté déjà le détruit ? Est-il possible d'arrêter la corruption pour ceux qui prostituent leur dignité pour du pain ? La justice n'est pas seulement le pouvoir de coercition, c'est un complexe, un mécanisme qui permet à l'homme d'être plus homme. Elle ne peut promouvoir que ce qui contribue à l'humanité jamais ce qui la diminue.

La conscience « d'être-avec » doit nous conduire aussi à agir en faveur de la communauté, en collège, être sociable. C'est un enseignement à recevoir pour la vie, rien n'est déterminé à l'avance.

L'engagement pour la société peut être complexe, parce que très exigeant. Chaque rôle à jouer dans la société nécessite la culture de l'excellence. Il faut donc combattre la médiocrité, le leadership fonctionnaire, machiavélique et sans vision, bon à se remplir les poches. L'on doit viser en tout un modèle de l'excellence : suivre les voies d'accès à l'excellence dans le leadership, surtout quand il s'agit de hautes fonctions de l'Etat. Le choix de meilleurs dans l'exercice de hautes responsabilités de la société, le souci de la permanence et la promotion des institutions qui facilitent l'excellence110(*).

La deuxième noble attitude devant la conscience de la présence de l'autre est que justice soit faite. La justice, elle, au moins, comme norme acceptée par tous, donne la possibilité de vivre en sécurité. La vraie justice passe par le respect des règles du jeu établi entre deux ou plusieurs personnes, dans le souci de rendre la vie agréable pour tous. Personne ne peut, par sa volonté propre, rompre l'ordre établi. La justice doit être renforcée par une force de coercition qui agit en conséquence pour éviter qu'elle ne devienne simplement nominale.

A cela s'ajoute la nécessité de la connaissance de certains faits qui ruinent la justice. Il s'agit notamment de la non assimilation du sens et de l'importance des lois et ses corollaires, l'insuffisance de stock moral approprié, l'absence de sanction rigoureuse à la violation des textes et de la parole donnée. Encore faut-il éviter la conclusion des accords injustes et léonins et enfin la possibilité d'interprétation de bonne foi ; donner au texte son vrai sens et non le sens qui couvre les intérêts individuels.111(*)

En conséquence, dans la suite de ce qui vient d'être dit, il faut promouvoir les conditions nécessaires à l'émergence de la culture civique et politique du respect des textes et de la parole donnée dans le chef des acteurs politiques. Il faut accroître notre compétence intellectuelle vis-à-vis des textes de la loi (nul n'est sensé ignorer la loi), le devoir de renforcement de notre compétence morale, l'exigence d'édifier l'Etat de droit, et enfin la nécessité d'assomption de la culture de l'alternance politique.

Le manque de justice véritable en Afrique ou le manque de respect de droit de l'homme, de manière véritable, est une de causes de son sous-développement. La justice une fois promue et protégée, balise le chemin du bien être commun, « partagé » dans la mesure où l'on tire suffisamment profit de la justice et que cette dernière joue véritablement son rôle. La justice doit être au service de l'homme et non l'homme au service de la justice.

* 109F. NIETZSCHE, PBM, §188.

* 110 NGOMA BINDA, « Leadership et pouvoir politique en Afrique » in Promotion d'un leadership de qualité en Afrique à l'aune du modèle jésuite, pp. 121-131.

* 111 Ibid.

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