Les organisations de soirées techno. Le loisir dans l'institutionnalisation du mouvement( Télécharger le fichier original )par Fabrice JALLET Université Paris VII Denis Diderot - Master sociologie des politiques culturelles 2009 |
III.3. Un réseau d'acteurs en constructionLe Réseau des festivals de culture électronique "a pour but de fédérer les festivals de musiques et des cultures électroniques, nouvelles, alternatives, adhérents au réseau, leur développement et leur promotion en France et à l'étranger"127. Il a été créé en 2006 à l'initiative de 5 d'entre eux Astropolis, Calvi On The Rocks, Marsatac, Nördik Impakt et Les Nuits Sonores et comptent aujourd'hui 8 membres. Les membres se reconnaissent dans une charte commune d'objectifs de représentation collective et de communication commune, de mutualisation d'outils et de partage d'informations ainsi que d'expériences. Cette charte consacre également une série d'engagements pris par les adhérents concernant la programmation musicale, d'autres envers les artistes et le public, 1 26 http://www.irma.asso.fr/Technopol-ouvre-un-lieu-ressource 127 Disponible sur http://www.irma.asso.fr/Charte-du-reseau-des-festivals-de de leur rôle aux niveaux local et national. Les adhérents s'engagent enfin à respecter les règles en vigueur quant aux professions du spectacle : possession des licences, respect de règles de sécurité et acquittement des droits d'auteur. Ce nouveau réseau représente ainsi les intérêts collectifs d'une profession exerçant son activité dans le cadre particulier des festivals et bien que l'association Hadra soit organisatrice d'un festival annuel de trance techno, elle n'est pas adhérente à ce réseau. Il semble qu'il existe de nombreux écarts entre ces acteurs d'une culture électronique large et hétérogène. III.4. La création d'outils pour favoriser la concertationDes rencontres concertées produisent aussi des informations sur la techno dans le but de mieux comprendre pour mieux intervenir dans ce champ. Le 13 juin 2006, les Rencontres interrégionales Bretagne - Pays de la Loire se sont déroulées à Nantes sur les free parties pour poser "les jalons d'une concertation où les respinsabilités se dessinent, où les conditions du "vivre ensemble" s'organisent dans le respect des différences et de l'intérêt général". De nombreux sujets ont été abordés sur la techno sur les différents aspects du mouvement et pour renseigner les profanes les rencontres ont fait l'objet d'une publication intitulée "Free party techno, livret à l'usage des démarches de concertation". Comme le rappelle Gérôme Guibert lors de cette rencontre, il n'existe pas de représentant "officiel" de la fête techno. Il ajoute que "s'il y a des accords "en creux", c'est-à-dire fondés sur des oppositions (refus de certaine décisions publiques), "il n'y en a pas "en plein", c'est-à-dire fondés sur une volonté de construction"128. Cette remarque permet de comprendre l'impasse devant laquelle se trouve la culture techno pour l'instant. Le schéma du progrès qui passe dans les musiques populaires de la reconnaissance à la structuration d'un secteur n'est sans doute pas celui qui correspond à la culture techno. En attendant l'apparition d'un telle volonté, on peut considérer la techno comme un OVNI dans les musiques actuelles permettant de repenser la construction de cette catégorie. Dans une intervention où il présentait l'historique des musiques actuelles, Gilles Castagnac affirmait que "la question des free-parties redéstabilise le nouvel équilibre fragilement obtenu avec les pouvoirs publics (tout en redonnant, il faut l'avouer, un coup de jeunesse à l'enjeu des débats)"129. Suivant l'exemple positif du département de la Marne où la concertation a été mise en place, les auteurs du guide de la concertation sont convaincus de ce mode de prise de décision. À Rennes, l'association Adrenaline a été créée à la suite d'Etats-Généraux sur la techno pour assurer avec le 128 Free party techno, livret à l'usage des démarches de concertation, réalisé par Musiques et Danses en Bretagne, Trempolino et Korn'g'heol, disponible sur http://www.trempo.com/IMG/pdf_free_parties.pdf 129 Castagnac G., op. cit. collectif Korn'g'heol le rôle de médiation entre les acteurs du mouvement et les insitutions publiques. Pour gérer les problèmes, il propose la notion de « coresponsabilité » associant les organisateurs et les personnes publiques. Les enjeux de la techno sont les enjeux des musiques actuelles, il serait donc opportun de réfléchir aux apports de la techno dans cette catégorie. La structuration des musiques actuelles n'est pas un processus achevé, il s'agit au contraire d'un processus continu tant que les esthétiques qui les composent évoluent et/ou que la catégorie en intègre de nouvelles. De plus, la reconnaissance de la démocratie culturelle et la décentralisation des politiques culturelles entrainent de grands bouleversements dans l'intervention publique. La techno est certes une esthétique mondialement répandue, elle demeure néanmoins localement exprimée. La stratégie du dialogue avec les institutions doit donc impérativement en tenir compte. |
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