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Déterminants de l'avortement provoqué au Gabon

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par Wilfried MENDAME MVE
Institut de Formation et de Recherche Démographique-Yaoundé - DESS Démographie 2005
  

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2.1. Les approches explicatives du recours à l'avortement

La recherche sur la pratique de l'avortement en Afrique a été pendant longtemps axée sur l'exploitation des statistiques hospitalières concernant les femmes victimes des complications abortives. Bien que non représentatives, ces données ont permis d'avoir des informations importantes sur cette pratique dans bon nombre de pays. D'après certaines enquêtes et études, le recours à l'avortement provoqué en Afrique s'expliquerait par des facteurs d'ordre démographique, socioculturel, socio-économique et institutionnel.

2.1. 1. Approche Sociodémographique

A. Une pratique de tous âges

Le retard dans l'entrée en vie sexuelle des femmes en Afrique est dans la plupart des cas dû à un recul de l'âge au mariage. Pour les hommes la situation est différente puisque les rapports sexuels sont de plus en plus précoces. Ces conditions d'entrée dans la sexualité contribuent à l'allongement de la période d'activité sexuelle avant le mariage avec pour conséquence une exposition de plus en plus marquée aux risques de grossesses non désirées (Delaunay et Guillaume, 2004).

Dans leur ouvrage sur l'avortement dans les pays en développement, Mundigo A.I. et Shah I.H (1999) cités par Guillaume. A. (2004) montrent que l'avortement concerne les femmes à différents âges et moments de leur vie. Elles y recourent aussi bien en fin de vie féconde pour limiter leur descendance qu'au tout début pour retarder leur entrée en parenté.

Au Gabon, la prévalence de l'avortement qui varie entre 15 et 23% chez les femmes de plus de 20 ans est faible chez les femmes les plus jeunes (4%). Lorsqu'on analyse rétrospectivement l'âge des femmes à leur premier avortement, il apparaît que 44% d'entre eux se sont produits avant l'âge de 20 ans (Barrère, 2001). A Yaoundé et Douala, une enquête menée auprès de 1638 femmes a révélé que c'est à 25-30 ans que les femmes avortent le plus (30,3%), suivi de celles âgées de 45-49ans (29,7%). Peu de femmes ont été rencontrées avant 25 ans ayant déjà subi un avortement (12%) dans ces deux localités (Ngwé et al. 2005). En Tunisie, l'âge moyen à l'avortement est d'environ 30 ans, mais il semble que cette pratique soit fréquente chez les jeunes femmes célibataires, «les relations sexuelles prénuptiales étant socialement prohibées et condamnées ».(Gastineau B., 2002 ;Guillaume A., 2004). A Bamako et à Abidjan, des enquêtes auprès des femmes en consultation dans les centres de santé montrent que l'avortement concerne surtout les femmes de moins de 25 ans et célibataires. (Konaté M.K et 1993 ; Guillaume A. et Desgrées du LOÛ A., 1999). L'avortement est fréquemment pratiqué par des jeunes femmes en début de vie féconde qui,

par cette pratique, interrompent leur (s) première (s) grossesse (s) par un avortement (Okpaniet Okpani, 2000 ; Guillaume 2003). Deux enquêtes menées au Cameroun soulignent la forte

prévalence de l'avortement chez les jeunes adolescentes sans enfants et instruites ou en cours de scolarisation (Leke, 1998). Les études auprès des femmes qui ont eu des complications d'avortement aboutissent à des conclusions quelque peu différentes. Au Mozambique et en Zambie, les femmes hospitalisées pour des avortements clandestins sont des femmes jeunes, célibataires, peu instruites ou encore scolarisées, sans enfants et de milieux sociaux défavorisées (Hardy et al. 1997; Guillaume 2004).

A Accra au Ghana, selon une étude réalisée en milieu hospitalier, un quart des femmes de moins de 20 ans venus accoucher pour la deuxième grossesse avait interrompu clandestinement leur première grossesse.

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