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Déterminants de l'avortement provoqué au Gabon

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par Wilfried MENDAME MVE
Institut de Formation et de Recherche Démographique-Yaoundé - DESS Démographie 2005
  

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1.5. Cadre institutionnel et juridique de l'avortement

Le gouvernement, avec l'aide des partenaires sociaux, a pris des mesures faisant face aux problèmes que pose l'avortement provoqué au Gabon.

Nous verrons d'abord les dispositions politiques ensuite législatifs et juridiques.

1. 5.1. Dispositions politiques de l'avortement.

Le Gabon s'est engagé à respecter les recommandations de la conférence internationale sur la population et le développement de 1994 (CIPD) et à appliquer le nouveau concept de santé de la reproduction. Dans cette optique, une politique nationale de santé de la reproduction a été élaborée pour la période 2003-2015. Cette politique définit les axes prioritaires d'intervention dans le domaine de la santé de la reproduction en tenant compte de l'environnement social, culturel et juridique. Elle précise les types de services qui devront être offerts aux populations à travers des composantes essentielles définies lors du symposium national sur la santé de la reproduction tenu à Libreville du 28 juin au 02 juillet 1999 (S.A.M, 2004). Le but de cette politique est de promouvoir la santé de la reproduction (SR) par la mise en place d'un environnement politique, économique et social favorable et le développement de services de SR appropriés et accessibles à tous. Les objectifs poursuivis sont la réduction de la mortalité maternelle, néonatal et infantile, la prévention des grossesses non désirées et des avortements provoqués.

1. 5. 2. Dispositions juridiques.

La promulgation de la loi 64/69 du 04 octobre 1969 qui interdit l'usage des contraceptifs et l'avortement nécessitait de la part de l'Etat, la mise en place d'un arsenal répressif. Son remplacement par la loi 01/2000 relative au planning familial ne changera rien à la donne. L'avortement est toujours considéré comme un acte criminel et, par conséquent, puni par les textes en vigueur. Le code pénal ne fait aucune distinction entre les avorteuses et les personnes qui les font avorter. Dans son chapitre 4, portant sur <<l'avortement », en son article 244, il stipule que << quiconque, par aliments, breuvages ,médicaments, manoeuvres, violences ou par tout autre moyen ,aura provoqué ou tenté de provoquer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti ou non ,sera puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et l'amende de 10 000 à 1 000 000 de franc CFA s'il est établi que le coupable s'est livré habituellement aux actes précédemment cités.

Seront punis des même peines les médecins, officiers de santé, sages-femmes, chirurgiens, dentistes, pharmaciens, ainsi que les étudiants en médecine, les étudiants ou employés en pharmacie, herboristes, bandagistes, marchands d'instrument de chirurgie, infirmiers, masseurs, masseuses qui auront indiqué, favorisé ou pratiqué les moyens de procurer l'avortement. La suspension, pendant cinq ans au moins, ou l'incapacité absolue de l'exercice de leur profession pourront, en outre, être prononcées contre les coupables ».

Le code civil poursuit, dans son article 245, que, <<sera punie d'un emprisonnement de six mois à deux ans et d'une amende de 24 000 à 500 000 francs CFA ou de l'une de ces deux peines seulement, la femme qui se sera procuré l'avortement à elle-même ou qui aura consenti à faire usage des moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet. »

D'après Hélène Ona Ondo (S.A.M, 2004), la seule <<interruption volontaire de grossesse (I.V.G.) qui est autorisée est l'avortement thérapeutique. Si pour certaines raisons, la vie de la mère est en danger, le médecin peut décider de mettre un terme à sa grossesse. Une malformation du foetus peut également conduire à pratiquer l'avortement thérapeutique. Ce geste ne se fait, cependant que sous le contrôle d'un collège de médecins qui l'avalise comme traitement. ».

Ce premier chapitre montre les conditions dans lesquels évolue le phénomène avortement au
gabon. Celles-ci ne sont guère favorables à une diminution du taux d'avortement dans ce
pays. En effet, sur le plan économique, avec la montée du chômage, la pauvreté et les

inégalités sociales, certaines femmes ne pouvant subvenir à la charge d'un enfant préfèrent souvent avorter et parfois dangereusement.

Notons par ailleurs que malgré une situation sanitaire en nette amélioration, le taux de mortalité maternel reste assez élevé au Gabon dont la première cause est l'avortement. L'âge à la première union a augmenté pour les deux sexes. Alors que l'âge aux premiers rapports sexuels a diminué chez la jeune fille et augmenté chez l'homme.

Sur les plans institutionnels et juridiques, des mesures sont prises pour lutter contre l'avortement, mais celles-ci ne sont pas totalement respectées ou appliquées puisque cette pratique est croissante dans le pays. Pour mieux cerner les déterminants du recours à l'avortement provoqué, il est important de faire une revue de la littérature sur la question, objet de notre prochain chapitre.

Chapitre 2
Cadre théorique de l'étude

Dans la plupart des pays en voie de développement, on dispose de très peu d'informations sur les avortements provoqués ou non, légaux ou clandestins. Ce manque d'informations explique d'ailleurs l'insuffisance des études sur l'avortement au Gabon. Ce deuxième chapitre poursuit un double objectif ; passer en revue la littérature sur les différentes approches explicatives de l'avortement provoqué en Afrique d'une part ; examiner l'évolution de la législation sur l'avortement et les débats idéologiques y afférents d'autre part.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon