1.4. Culture, traditions et comportements
Comme beaucoup d'autres pays africains, le Gabon a une culture
riche et diversifiée. Celle-ci influence les comportements des individus
et des communautés en matière de sexualité, de
fécondité, de mariage et de santé à travers le
respect de normes établies.
Les normes et valeurs en matière de
fécondité et de sexualité sont un facteur explicatif des
avortements provoqués en Afrique de façon général,
au Gabon en particulier.
Chaque groupe social à sa manière de penser et
de vivre la procréation. Pour certains groupes, la fonction de
reproduction ne peut s'assurer que dans un contexte social précis.
Ainsi, le cadre général de la procréation en Afrique est
la famille, fondée par le mariage. Les naissances hors mariages sont
considérées comme des déviances et ces enfants
qualifiés d' « enfants bâtard » tant en famille, dans la
communauté qu'à l'école. En conséquence, ils ne
peuvent avoir les mêmes droits que les enfants légitimes. Cette
perception confère à ces derniers un certain statut qui limite
leurs prérogatives et leurs droits. Les enfants bâtards ne peuvent
par exemple pas hériter. Cette perception pousse les filles à
avorter lorsqu'elles sont enceintes. Le recours à un avortement peut
donc être motivé soit par cette pression sociale liée aux
normes et valeurs relatives à la
fécondité/sexualité soit par la peur de voir par l'avenir
des enfants issues de grossesses non désirés compromis par la
discrimination, la stigmatisation ou la marginalisation simplement parce que
ces enfants sont illégitimes.
Il est aussi à noter que les adolescentes qui
connaissent une entrée précoce dans l'activité sexuelle
sont souvent vulnérables aux grossesses et au risque de procréer
(NGWE et Al, 2004). La fécondité
précoce à laquelle elles s'exposent leur confère souvent
de nouveaux
statuts. Elles deviennent ainsi involontairement et parfois en
dehors des unions légales des jeunes mères. Ce statut social est
la plupart du temps mal apprécié dans les milieux où elles
sont appelées à vivre. En milieu scolaire, dans le voisinage ou
dans la communauté, les filles mères sont toujours l'objet de
stigmatisation entraînant leur discrimination. Il pèse sur elles
un ensemble de préjugés tendant à montrer qu'elles ont une
mauvaise conduite du fait de la précocité de leur activité
sexuelle. La fille mère dans ces conditions est parfois assimilée
à une prostituée et le fait d'avoir eu tôt cet enfant
devient « une honte pour ses parents, un déshonneur pour sa famille
». C'est face à toute cette pression que certaines filles
préfèrent avorter au lieu de conduire à terme leur
grossesse. Dans d'autres groupes sociaux, le fait que la jeune fille soit
enceinte pouvait déjà constituer un atout pour le mariage parce
qu'elle aurait déjà prouvé sa fertilité.
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