4-1-2. Variation selon les facteurs
socioéconomiques.
Les variables socioéconomiques retenues pour notre analyse
sont le niveau d'instruction, l'occupation et le niveau de vie des
ménages.
Variation selon le niveau d'instruction de la
femme.
En ce qui concerne l'instruction, nous remarquons que la
proportion des femmes qui pratiquent l'avortement diminue avec le niveau
d'instruction. Ainsi, on passe de 78% pour les femmes sans niveau à 72,6
% pour celles du niveau primaire et à 50,9 pour le secondaire ou plus.
Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que les femmes
d'instruction élevée ont plus accès à la
contraception qui leur permet d'éviter les grossesses. Par ailleurs,
cette proportion élevée peut être l'effet de la
liberté d'expression dont jouissent les femmes instruites (du fait de la
scolarisation) pour qui il n'y a plus de sujet tabou, par rapport aux femmes
analphabètes plus réservées sur certaines questions. En
définitive, il y aurait un lien étroit entre la pratique de
l'avortement et le niveau d'instruction des femmes, comme le montre du reste le
test de khi-deux significatif au seuil de 1 %.
Graphique 6 :
Sans emploi/au foyer
Association entre l'avortement et l'occupation de
la femme
Travaille
A l'école
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Oui Non
31,6
35,9
47,2
52,8
64,1
68,4
Variation selon l'occupation de la femme.
La distribution par rapport à l'occupation
révèle que celles qui travaillent sont proportionnellement les
plus nombreuses à pratiquer l'avortement, avec un pourcentage de 68,4%.
Elles sont suivies de celles qui sont encore à l'école, les
femmes sans emploi ou au foyer présentent la proportion la plus faible
(52,8). Il existerait donc un lien étroit entre l'occupation de la femme
et l'avortement, comme confirme d'ailleurs le test du khi-deux significatif au
seuil de 1 %.
D'après ces résultats, les femmes qui
travaillent ont plus recours à l'avortement au Gabon que toutes les
autres (68,4%). Ce résultat s'explique par le fait que ces
dernières éprouvent d'énormes difficultés à
gérer l'activité économique et la charge d'un enfant, ce
qui les amène le plus souvent à avorter. Elles sont suivies de
celles encore à l'école qui préfèrent souvent
avorter pour ne pas interrompre leurs études. Les femmes sans emplois
viennent en dernière position, qui elles pratiquent l'avortement par
fautes de moyens matérielles permettant d'assumer la charge d'un
enfant.
Graphique 7 :
Niveau moyen
Niveau faible
Niveau élevé
Association entre l'avortement et le niveau de vie
du ménage
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Oui Non
29,8
42,7
46,7
53,3
57,3
70,2
Variation selon le niveau de vie du
ménage.
La variable niveau de vie est significativement
associée à la pratique de l'avortement au seuil de 1 %. Les
femmes de niveau de vie faible pratiquent plus l'avortement (70,2%) que celles
de niveau moyen (57,3%) et élevé (53,3). Nous constatons ici que,
la pratique de l'avortement est fonction du niveau de vie ; plus une femme est
pauvre plus elle a tendance à avorter.
L'une des raisons fréquemment citée
d'après Monique BARRERE (EDS Gabon 2000) pour justifier l'avortement
provoqué au Gabon été le manque de moyens matériels
et financiers pour assumer la charge d'un enfant (32,5%). Ces analyses
confortent ce point de vue, car les femmes dont les ménages sont pauvres
avortent le plus (36,2%). Aussi, les femmes de niveau de vie faible, par manque
de moyens financiers, éprouvent d'énormes difficultés
à se procurer une méthode fiable de contraception pouvant leur
permettre d'éviter les grossesses imprévues.
Graphique 8 :
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