3-4. Construction de l'indicateur de Niveau de vie
L'indicateur de niveau de vie ici a été
construit à partir des caractéristiques de logement et de
confort. Les caractéristiques de logement choisis sont : le principal
matériau du sol, du toit et des murs, la source d'approvisionnement en
eau et le type de toilette utilisée. Les variables de confort ici sont :
la possession d'un téléviseur, d'un poste radio pour les
informations, l'usage de l'électricité comme source
d'énergie.
Après avoir identifier ces variables dans notre base,
nous les avons recodé et << binéarisé >>
ensuite nous avons utilisé la méthode d'ACP (analyse en
composante principale). Après exécution de ce programme, nous
avons dégagé les scores factoriels à partir de la matrice
des centiles. Ce sont ces centiles qui nous ont permis de définir les
niveaux de l'indicateur de niveau de vie à savoir : Niveau faible,
Niveau moyen et Niveau élevé.
Chapitre 4
Recherche des déterminants de l'avortement provoqué
|
Ce chapitre portera sur l'analyse des données. Dans un
premier temps, nous allons décrire les variations de l'avortement
provoqué au Gabon en fonction des facteurs socioéconomiques,
démographiques et socioculturelles des femmes ainsi que des variables
intermédiaires. Dans un second temps, nous évaluerons les effets
de la variation de ces facteurs sur la pratique de l'avortement en recourant
à l'analyse de la régression logistique.
4-1- Aspects différentiels de l'avortement
provoqué selon les facteurs socioéconomiques,
démographiques, socioculturels et les variables
intermédiaires.
Dans cette partie, nous tenterons de mettre en évidence
les différentes relations existantes entre la variable dépendante
(avortement provoqué) et les autres variables utilisées
(variables indépendantes et les variables intermédiaires). Pour
ce faire, nous croiserons chacune des variables de l'étude avec la
variable dépendante, en précisant la probabilité du
Khi-deux associée.
4-1-1. Variation selon les facteurs socioculturels.
Rappelons que les variables socioculturelles retenues pour notre
analyse sont l'ethnie, la religion et le milieu de résidence.
Variation selon l'ethnie.
La variable ethnie est significativement associée
à l'avortement (5%). Ainsi, nous constatons que parmi les femmes qui ont
pratiqués au moins une fois l'avortement provoqué au Gabon (15%),
la proportion des femmes du groupe ethnique Tsogo-okandé est la plus
élevé (86,4%), ensuite viennent les femmes d'ethnies Shira-punu
(61,6%), Kota-kélé (60,2%),
Mbédé-Téké (58,9%), Nzabi-duma (58,5%), Fang
(53,2%), Myene (43,8%) et pygmée (40%).
Okandé-tsogo
Nzabi-duma
Mbede-téké
Shira-punu
Kota-kélé
Pygmées
Myene
Fang
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Association entre l'avortement et l'ethnie de la
femme
13,6
38,4
40
Oui Non
41,1
39,8
41,5
43,8
46,8
53,2
56,3
58,5
58,9
60
60,2
61,6
86,4
L'ethnie Tsogo-okandé est beaucoup plus présente
dans les grands centres urbains (Libreville et Port-gentil), ce qui pourrait
expliquer le fait que ce soient elles qui recourent le plus à
l'avortement. En effet, celles-ci vivent la modernité qui est un facteur
de changement de mentalité et de comportement à l'égard de
la sexualité. Plusieurs auteurs ont d'ailleurs montré que
l'avortement se pratiquait plus en milieu urbain que rural.
Graphique 3 :
Variation selon la religion.
La religion est significativement associée à
l'avortement provoqué (5%). Les femmes musulmanes sont celles qui
pratiquent le plus l'avortement, avec une proportion de 82,4%. Par contre les
femmes issues d'autres religions chrétiennes (« églises de
réveil ») occupent le second rang avec 66,4%, les femmes sans
religion viennent à la troisième position avec 64,7%. Celles
issues des religions protestantes et catholiques viennent respectivement en
avant et dernière position avec des proportions de 61,5 et 55,7%. Quant
aux femmes sans religion, elles affichent la proportion la plus basse, 13,8%.
La proportion des femmes musulmanes ayant déjà avorté au
moins une fois est relativement importante (82,4%) et suscite des
interrogations. Ces femmes, très attachées à leurs valeurs
socio-culturelles rejettent sûrement l'usage des méthodes
contraceptives, préférant utiliser l'avortement comme moyen de
régulation de la fécondité.
Graphique 4 :
Autres chrétiennes
Sans religion
Musulmanes
Protestantes
Catholiques
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
17,6
Oui Non
33,6
35,3
38,5
44,3
61,5
55,7
64,7
66,4
82,4
Association entre l'avortement et la religion de la
femme
Urbain
Rural
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Association entre l'avortement et le milieu
de résidence
28,1
Oui Non
44,8
55,2
71,9
Variation selon le milieu de
résidence.
Le milieu de résidence est significativement
associé à la pratique de l'avortement au seuil de 1 %. Les femmes
qui résident en milieu rural pratiquent plus l'avortement (71,9%) que
leurs congénères du milieu urbain (55,2 %).
Cette répartition différentielle du recours
à l'avortement entre le milieu rural et urbain s'explique. L'avortement
a souvent été utilisé par certaines femmes comme moyen
d'espacement ou de limitation des naissances en l'absence de méthodes
contraceptives. Hors, la pratique contraceptive est généralement
plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural souvent
lié, soit à l'information et à l'offre contraceptive mieux
diffusées en ville, soit à la perception qu'ont parfois les
femmes de ces différentes méthodes. Ces inégalités
dans l'accès et l'utilisation des méthodes contraceptives
amènent les femmes qui vivent en milieu rural à pratiquer
l'avortement pour réguler leur fécondité.
Graphique 5 :
Secondaire et plus
Sans niveau
Association entre l'avortement et le niveau
d'instruction de la femme
Primaire
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
22
27,4
Oui Non
49,1
50,9
72,6
78
|