Chapitre 1 Contexte général de
l'étude
Le présent chapitre décrit le contexte de
l'étude sur le plan national. Nous présentons d'abord
l'environnement socio-économique et sanitaire du pays, ensuite, les
principaux traits de la fécondité. Enfin, nous examinerons le
cadre institutionnel et juridique de l'avortement.
1.1. Environnement socio-économique
La crise économique internationale combinée avec
les Programmes d'ajustement Structurel (PAS) et la dévaluation du FCFA
que les pays africains au Sud du Sahara en général, le Gabon en
particulier subissent de plein fouet depuis un peu plus deux décennies,
a eu des conséquences sociales certaines, notamment celles liées
à la détérioration des conditions de vie de la population.
Au Gabon, les niveaux de pauvreté et de fécondité sont
devenus alarmants quoique le produit intérieur brut par tête
(estimé en 2000 à 5880 dollars américains) soit
élevé et que la position gouvernementale soit populationniste.
Les tendances observées montrent que la proportion des personnes vivant
en dessous du salaire minimum est passée de 87% en 1960 à 83% en
1994. La dégradation de la situation est telle que près de 20% de
la population des plus grandes villes, Libreville et Port-gentil, vivent en
dessous du seuil de pauvreté absolue (estimé à environ
29000 FCFA par mois et par personne), tandis que 25% vivent en dessous du seuil
de pauvreté relative (fixé au quart du revenu moyen, soit
à peu près 65000fcfa). Malgré l'absence de données
sur les revenus des ménages en milieu rural, il apparaît que ces
populations vivent dans un grand dénuement puisqu'elles sont
isolées et n'ont qu'un accès limité à l'eau potable
et aux services d'éducation et de santé (Banque mondiale,
citée par UNICEF, 1999). Cette pauvreté croissante a
entraîné une modification des comportements des populations en
matière de procréation. Le manque de ressources
financières a amené plusieurs femmes à limiter les
naissances ou à ne pas en avoir, tant que ces moyens ne sont pas
réunis ; l'une des méthodes les plus fréquemment
utilisées par les femmes est l'interruption volontaire de grossesses
(IVG).
En ce qui concerne l'emploi, la population gabonaise en
âge d'activité est estimée à environ 600 000
personnes avec un taux de croissance de l'ordre de 2,3% par an. Elle
représente près de 53% de la population totale de plus de 10
ans. La population active était de 375 944
personnes au RGPH 1993, soit 37% de la population totale du pays.
Le nombre des actifs occupés s'élevait à 308 322
personnes.
Le Gabon traverse, entre 1985 et 1990, un cycle
défavorable à l'emploi qui se traduit par une baisse continue des
effectifs. L'emploi salarié total a connu, entre 1986 et 1993, une
diminution de 25%. Le taux de chômage était estimé à
18% en 1993. En 1996, il était de 21,6% à Libreville et de 30,7%
à Port-Gentil. Cette situation est inquiétante puisque selon
l'Office National de l'emploi, la demande d'emploi croît chaque
année de 2,8% (12 600 personnes en 1998) alors que le marché de
l'emploi formel absorbe moins de 4 000 demandes.
Outre la faible croissance économique
enregistrée ces dernières années, le
déséquilibre entre l'offre et la demande d'emploi est imputable
à l'inadéquation des systèmes d'enseignement et de
formation, à l'absence d'une main d'oeuvre nationale qualifiée,
ainsi qu'à l'absence d'une tradition d'entrepreneurs. Le manque de
qualification constitue un problème majeur car 60% des demandeurs
d'emploi sont sans qualification.
|