De la responsabilité internationale des acteurs impliqués dans les guerres de 1996 et 1998 en République Démocratique du Congo au regard des violations liées au droit international de l'environnement( Télécharger le fichier original )par Aimé MALONGA MULENDA Limoges, France - Master 2 en droit international et comparé de l'environnement 2007 |
Section 2 : Impact et Conséquences de la guerre sur l'environnement en RDC.Une société armée et anarchique peut avoir des effets dévastateurs sur l'environnement pendant et après un conflit armé. Les dommages causés par la guerre peuvent être directs ou indirects. Des motifs stratégiques, commerciaux ou simplement de subsistance, tous issus du contexte politique, social et économique, peuvent être à l'origine de ces effets néfastes. Ces impacts peuvent être répartis comme suit: destruction de l'habitat et perte d'animaux sauvages, surexploitation et dégradation des ressources naturelles et pollution. Chacune de ces catégories est décrite brièvement ci-dessous. §1. Destruction de l'habitat et impact sur la faune.La destruction de l'habitat et la disparition d'animaux sauvages qui en découle sont parmi les effets les plus répandus et les plus graves des conflits armés sur l'environnement et se produisent pour des raisons stratégiques, commerciales ou de substance. A titre d'exemple, la végétation peut être coupée, brûlée ou défoliée pour accroître la mobilité et la visibilité des troupes. Pour réduire les risques d'embuscade le long d'une piste importante, l'armée rwandaise a du faucher une bande de 50 à 100 mètres de largeur à travers la forêt de bambous attenante aux volcans des Virunga.24(*) La végétation a été aussi détruite en temps de conflit et au cours de la période qui suivait immédiatement le conflit, notamment en raison de l'extraction de minéraux précieux, comme les diamants et l'or, en l'absence de tout contrôle environnemental. En RDC, cette perte de l'habitat a résulté surtout des déplacements massifs des populations qui coupaient souvent la végétation à des fins agricoles ou pour obtenir du bois à brûler. L'installation de près de deux millions de réfugiés Rwandais à côtés des parcs nationaux de Kahuzi Biega et Virunga, a causé une forte déforestation et une augmentation rapide du braconnage. Selon Bernard Lyomi Lyathi, Conservateur en chef de Bukavu, 3500 ha des forêts du parc national de Kahuzi Biega ont été détruits et vendus par certains services étatiques à des particuliers. L'exploitation du colombo-tantalite (coltan) dans le même parc a aussi provoqué d'importants dégâts écologiques, notamment le braconnage et l'érosion. Plus de 12.000 creuseurs autochtones et étrangers étaient installés dans le parc. C'est ainsi qu'on a assisté à la mort du très célèbre gorille Silverback Maheshe lâchement tué par les braconniers. Le rapport du Groupe d'experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la RDC indique près de 4.000 éléphants sur une population de 12.000 ont été tués dans le parc national de la Garamba. A la suite de cette destruction du couvert végétal et on peut s'en suivre à moyen ou long terme une réduction de la pluviométrie, des changements climatiques sur le territoire national que sur celui des pays voisins.25(*) La disparition d'animaux sauvages a été considérable durant les guerres qui ont déchiré la RDC. On note par exemple le communiqué de l'UNESCO de décembre 2007 qui fait état de massacre des gorilles. En effet, le 3 décembre 2007, l'UNESCO a déclaré qu'il y a eu des violents combats entre l'armée congolaise et les forces rebelles du général Nkunda dans le Nord Kivu, au nord de la ville de Goma. Ces combats s'étaient déroulés à proximité immédiate du coeur du secteur gorille du Parc national et bien du patrimoine mondial des Virunga avec des fusillades et des tirs d'artillerie lourde. La reprise des combats était une nouvelle menace pour la survie du gorille de montagne, espèce emblématique de ce site du patrimoine mondial, dont la population vivant encore dans la nature était estimé à 700 individus. Depuis le début de l'année 2007, 10 gorilles ont été tués aux Virunga et 2 étaient porté disparu. Depuis maintenant plus de 3 mois, les autorités du parc étaient dans l'incapacité d'entrer dans le secteur gorille et d'y assurer le suivi et la protection des familles de gorilles26(*). En effet, les guerres ont augmenté considérablement la souffrance des communautés locales qui vivent autour du site du patrimoine mondial. La crise humanitaire qui en découle commençait à prendre des proportions catalographiques. On estimait déjà à 425 000 (dont 70 gardes du parc), le nombre de personnes déplacées à cause des combats. Des camps improvisés ont surgi juste à côté du parc, ajoutant une pression supplémentaire sur ses ressources naturelles par des populations désespéramment à la recherche de nourriture, de bois de chauffage et matériaux de construction pour les abris de fortune. Cette nouvelle aggravation de la situation sécuritaire et la persistance des menaces sur les cinq sites du patrimoine mondial avait conduit le Comité du patrimoine mondial à demander au Directeur Général de l'UNESCO et à la présidente du Comité du patrimoine mondial d'organiser une réunion de haut niveau avec les autorités congolaises pour traiter des menaces imminentes qui pesaient sur les sites.
Enfin, nous disons qu'à la suite de la destruction de leur habitat, certaines espèces de la faune et de la flore peuvent être menacées d'extinction au niveau local, voir même disparaître. * 24. Nations Unies, op. Cit., p.5 * 25. J. SEMEKI NGABSZEKE, Impact des conflits armés dans la gestion des ressources naturelles en RDC, in Atelier sur l'évaluation de l'environnement et les conflits armés, Kinshasa, 2007, pp2-3. * 26. Voir MONUC, in http://www.monuc.org |
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