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Micro-finance et lutte contre la pauvreté : Cas des micro-crédits octroyés par le CERP - GALA LETU à  la population de Kisangani; De septembre 2007 à  décembre 2008

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par Kim BWANGA M'VUANDA
Institut supérieur de commerce de Kisangani - Licence 2009
  

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Chapitre Troisième

CERP - GALA LETU ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE A KISANGANI

Dans ce dernier chapitre qui constitue le socle de notre étude, nous analysons l'impact des microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu sur la réduction de la pauvreté à Kisangani.

III.1. Aperçu sur l'activité du CERP - Gala Letu à Kisangani

III.1.1. Historique et organisation

Le CERP - Gala Letu est une institution de micro finance créée depuis 2005. Elle a ouvert officiellement ses portes à Kisangani le 1er septembre 2007. Elle emploi 14 travailleurs dont un Gérant, un Comptable, un Chargé de crédit et onze autres agents de collaboration et/ou d'exécution. En vue d'une organisation efficace du travail, quatre guichets sont ouverts pour la caisse recettes ou versements, la caisse recettes, la documentation et le visa. La direction générale du CERP - Gala letu est basée à Goma avec huit agences à Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Bukavu, Bunia, Beni, Butembo et Kisangani.

III.1.2. Effectif des abonnés ou membres de CERP - Gala Letu à Kisangani

Tableau 4 : Effectif des abonnés ou membres de CERP - Gala Letu à Kisangani

Catégorie membre

Nombre

%

Catégorie I

802

38,39

Catégorie II

392

18,76

Catégorie III

306

14,65

Catégorie IV

246

11,78

Catégorie V

267

12,78

Catégorie VI

76

3,64

TOTAL

2 089

100

Source : Rapports du CERP - Gala Letu

A la lecture de ce tableau, nous découvrons que le CERP - Gala Letu enregistre un effectif de 2089 membres répartis selon le choix de chacun, à :

· 38,39 % pour la catégorie I, celle qui paye 5 usd de droit d'adhésion et a droit à un crédit qui va de 1 à 100 usd maximum ;

· 18,76 % pour la catégorie II, qui paye 10 usd de droit d'adhésion et peut emprunter jusqu'à 500 usd maximum ;

· 14,65 % pour la catégorie III, avec 20 usd de droit d'adhésion pour un crédit maximum de 2 000 usd ;

· 11 ;78 % pour la catégorie IV, qui paye 30 usd de droit d'adhésion pour un crédit maximum de 5 000 usd ;

· 12,78 % pour la catégorie V, avec 50 usd de droit d'adhésion pour crédit maximum possible de 10 000 usd ; et

· 3,64 % pour la catégorie VI qui paye 100 usd de droit d'adhésion etpeut emprunter jusqu'au delà de 10 000 usd.

Signal fort du degré de pauvreté, la catégorie I qui n'a droit qu'à 100 usd maximum de crédit pour un membre n'ayant payé que 5 usd de frais d'adhésion occupe la première place avec 38,39 % alors que la catégorie VI qui donne droit jusqu'à plus de 10 000 usd de crédit pour 100 usd de frais d'adhésion payés vient en dernière position avec seulement 3,64 % des membres.

Nous pouvons en déduire que les plus pauvres se sont le plus intéressés à la micro finance à la recherche de l'accroissement de leur capacité de financement. Très limités dans leur capacité réelle, ils ont adhéré pour la catégorie la moins coûteuse pendant que les moins pauvres, disposant d'un peu plus de moyens de leur action, ont opté pour la catégorie la plus coûteuse, à la recherche certainement des financements plus importants et des bénéfices qu'ils pourraient apporter.

III.1.3. Nombre de bénéficiaires de microcrédits de CERP - Gala Letu

Tableau 5 : Nombre de bénéficiaires de microcrédits de CERP - Gala Letu

Catégorie membre

Nombre

%

Catégorie I

307

38,33

Catégorie II

73

9,11

Catégorie III

101

12,61

Catégorie IV

84

10,49

Catégorie V

127

15,86

Catégorie VI

109

13,60

TOTAL

801

100

Source : Rapports du CERP - Gala Letu

Comme au tableau 4, la catégorie I occupe la première place. Ce qui confirme le besoin de financement exprimé par les plus pauvres, mais aussi l'enthousiasme avec lequel cette catégorie de la population a accueilli l'activité de micro finance à Kisangani. La catégorie VI gagne 13,60 % de crédits obtenus. Ceci exprime également le besoin de financement par cette catégorie de la population composée essentiellement de commerçants et hommes d'affaires en quête de financement toujours plus accru en vue de la redynamisation de leurs activités.

III.1.4. Répartition des bénéficiaires de microcrédits

III.1.4.1. Selon le statut socioprofessionnel

Tableau 6 : Répartition selon le statut socioprofessionnel

Statut

Crédit obtenu

%

Commerçant

138 500 usd

22,28

Vendeur au marché

216 695 usd

34,86

Artisan

79 500 usd

12,79

Agriculteur

87 000 usd

13,99

Fonctionnaire

100 000 usd

16,08

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Ce tableau renseigne que les vendeurs du marché viennent en première position avec 34,86 % suivis des commerçants avec 22,28 % et des fonctionnaires qui ont pris 16,08 % des microcrédits octroyés. Or, nous savons que l'économie de la ville de Kisangani est dominée par les activités du secteur informel. Ce secteur est tenu par les détenteurs de petits capitaux, ce qui explique qu'il caractérise une situation de pauvreté dans l'économie générale d'un pays.

Ainsi, forts de leur esprit d'initiative et inventif, les commerçants, les vendeurs du marché et même les fonctionnaires, artisans et autres agriculteurs se sont livrés à la recherche des moyens de financement de leurs initiatives respectives au travers de la micro finance. Les activités du niveau tertiaire ont bénéficié de 57,14 % si nous mettons les commerçants et les vendeurs ensemble ; les activités de production ont reçu 26,78 % de crédit accordé aux artisans et aux agriculteurs alors que 16,08 % ont servi à des activités difficiles à cerner tenues par les fonctionnaires.

III.1.4.2. Selon le statut matrimonial

Tableau 7 : Répartition selon le statut matrimonial

Statut

Crédit obtenu

%

Marié

512 695 usd

82,47

Célibataire

109 000 usd

17,53

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Nous constatons sur base de ce tableau que 82,47 % de microcrédits octroyés ont été accordés aux hommes et aux femmes mariés. Cette catégorie sociale de la population est normalement la plus vouée à rechercher l'amélioration des conditions d'existence.

III.1.4.3. Selon l'âge

Tableau 8 : Répartition selon l'âge

Tranche d'âge

Nombre

%

20 à 25 ans

7 695 usd

1,24

25 à 30 ans

26 000 usd

4,18

30 à 35 ans

83 000 usd

13,35

35 à 40 ans

327 500 usd

52,68

40 à 45 ans

161 500 usd

25,98

Plus de 45 ans

16 000 usd

2,57

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Ce tableau démontre que les crédits octroyés par le CERP - Gala Letu ont bénéficié aux adultes dans la tranche d'âge de 35 à 40 ans à la hauteur de 52,68 % suivi de ceux de 40 à 45 ans avec 25,98 % des cas. D'une manière globale, nous pouvons observer que ces deux tranches d'âges sont constituées d'adultes, murs, responsables et actifs qui ont l'espoir en l'avenir et qui luttent pour améliorer leurs conditions de vie et celle de leurs dépendants. Ceci explique suffisamment qu'ils soient d'abord plus attentifs à la micro finance, et ensuite plus habiles à rechercher des financements pour leurs initiatives.

III.1.4.4. Selon le sexe

Tableau 9 : Répartition selon le sexe

Sexe

Crédit obtenu

%

Masculin

432 000 usd

69,49

Féminin

189 695 usd

30,51

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Contrairement à la tendance générale connue de la micro finance, les hommes ont été plus nombreux à solliciter et à obtenir les microcrédits de CERP - Gala Letu. Les hommes, en effet, prennent 69,49 % des microcrédits octroyés contre 30,51 % pour les femmes. Ceci nous semble être lié au statut matrimonial des bénéficiaires des microcrédits (voir tableau 7) qui sont pour la plus part des mariés et chefs de ménages.

III.1.4.5. Selon le niveau d'études

Tableau 10 : Répartition selon le niveau d'études

Niveau d'études

Crédit obtenu

%

Primaire

216 695 usd

34,85

Secondaire

335 500 usd

53,97

Supérieur

69 500 usd

11,18

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Par rapport au niveau d'études, la catégorie post-primaire ou secondaire constitue la majorité des bénéficiaires des microcrédits de CERP - Gala Letu avec 53,97 % des cas enregistrés. La catégorie des études primaires représente 34,85 et celle des études supérieures ou universitaires enregistre 11,18 % des cas. Ceci donne à penser que l'on retrouve moins d'intellectuels dans le secteur informel de l'économie de Kisangani.

III.1.4.6. Selon le montant reçu

Tableau 11 : Répartition selon le montant reçu

Catégorie membre

Crédit obtenu

%

Catégorie I

237 695 usd

38,23

Catégorie II

57 000 usd

9,17

Catégorie III

78 500 usd

12,63

Catégorie IV

65 000 usd

10,46

Catégorie V

98 500 usd

15,84

Catégorie VI

85 000 usd

13,67

TOTAL

621 695 usd

100

Source : Rapports de CERP - Gala Letu

Nous avons déjà constaté aux tableaux 4 et 5 que la catégorie I était la plus intéressée à devenir membre et à obtenir le crédit offert par CERP - Gala letu. Le tableau 11 ci-dessus atteste ce fait avec 38,23 % des microcrédits octroyés à la catégorie des plus pauvres.

III.2. Impact socio-économique des microcrédits sur les ménages des bénéficiaires

Dans ce point, nous analysons les données recueillies lors de nos enquêtes auprès d'un échantillon de 50 bénéficiaires de microcrédits rencontrés au hasard aux guichets du CERP - Gala Letu. L'impact des microcrédits est analysé sous divers angles, notamment l'évolution du revenu, l'évolution du nombre des repas par jour, la scolarisation des enfants, l'accès à l'eau et à l'électricité, la capacité de stockage des aliments essentiels, la capacité d'épargner et l'évolution des activités exercées.

Nous utilisons indifféremment les termes « crédit » et « microcrédit », termes dont le sens a déjà été précisé au chapitre premier.

III.2.1. Evolution du revenu des bénéficiaires de microcrédits

A ce point, nous avons analysé dans nos enquêtes si les revenus des bénéficiaires des microcrédits avaient augmenté ou diminué après obtention du crédit. Le tableau ci-dessous rend compte des résultats obtenus.

Tableau 12 : Evolution du revenu des bénéficiaires de microcrédits

Revenu

Clients

%

Augmenté

39

78

Diminué

11

22

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

78 % de nos enquêtés ont reconnu avoir constaté une augmentation de leur revenu à partir des microcrédits reçus, alors que 22 % se plaignent d'avoir enregistré une baisse de leur revenu sous l'effet de la micro finance. Ceci reflète une bonne gestion des crédits obtenus pour 78 % des cas, alors que pour 22 % des cas, le crédit reçu a été confondu à une subvention ou à un don, avec comme conséquence qu'au moment de remboursement, ces enquêtés ont vu leur revenu diminuer de la somme affectée à des activités ou à des achats non productifs. Des cas d'achat de motos, de téléviseurs, de radios ou de vêtements nous ont été rapportés. Pour d'autres encore, des investissements précoces ont été réalisé avec les fonds empruntés ; c'est le cas d'un client qui a financé la poursuite des travaux de construction de sa maison avec le microcrédit lui octroyé par CERP - Gala Letu. Le remboursement dans ce cas a dû se faire sur le revenu ordinaire du bénéficiaire qui a omis de comptabiliser son investissement et estimait que son revenu avait diminué.

III.2.2. Nombre de repas par jour

Nous avons admis pour l'analyse de ce paramètre, que trois repas par jours constituaient une amélioration de la situation du bénéficiaire de crédit.

Tableau 13 : Nombre de repas par jour

Nombre de repas

Avant

Après

Un repas

16

9

Deux repas

22

31

Trois repas

12

10

TOTAL

50

50

Source : Enquêtes de l'auteur

Après obtention des microcrédits du CERP - Gala Letu, les ménages qui prenaient un seul repas par jour ont amélioré leur situation comme ceux à deux repas journaliers, alors qu'à l'inverse, ceux qui en prenaient trois ont vu leur situation se détériorer. L'évolution respective est de 16 à 9 cas ; 22 à 31 et 12 à 10 cas observés. La proportion entre différentes évolutions reste tout de même à l'avantage de l'amélioration. Ce qui nous fait dire que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu ont amélioré les conditions de vie des bénéficiaires. La primauté de deux repas, traduit bien la situation de Kisangani. En effet, comme vu précédemment, le grand nombre des bénéficiaires de crédits était constitué des commerçants et vendeurs au marché, qui partent le matin au lieu de service pour ne revenir que le soir et penser à préparer ou à prendre le repas.

III.2.3. Situation scolaire des enfants

Par rapport à la scolarisation des enfants, nous avons établi le tableau ci-après.

Tableau 14 : Situation scolaire des enfants des bénéficiaires de microcrédits

Situation scolaire

Clients

%

Améliorée

0

0

Restée la même

50

50

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Le tableau ci-dessus établit que sur 50 enquêtés, aucun n'a améliorée la situation scolaire des enfants. Ceci est dû au temps très bref sur lequel a porté notre analyse. En effet, au bout de deux années, il n'est pas évident d'observer ou d'organiser une amélioration de la scolarité des enfants.

III.2.4. Accès à l'eau

L'eau et l'électricité ont été retenues comme paramètre de vérification du niveau de vie ou de la pauvreté de nos enquêtés. Les résultats obtenus pour l'accès à l'eau de la REGIDESO sont consignés dans le tableau ci-après.

Tableau 15 : Accès à l'eau de la REGIDESO

Accès

Avant

Après

OUI

47

47

NON

3

3

TOTAL

50

50

Source : Enquêtes de l'auteur

Pour l'accès à l'eau, aucune modification n'a été enregistrée par rapport à la situation avant l'obtention du crédit. Cette situation est à imputer à l'adresse de résidence de nos enquêtés.

III.2.5. Accès à l'électricité

Les résultats obtenus pour l'accès à l'électricité sont repris dans le tableau 16.

Tableau 16 : Accès à l'électricité

Accès

Avant

Après

OUI

47

47

NON

3

3

TOTAL

50

50

De même que pour l'accès à l'eau, l'accès à l'électricité n'a donné aucune observation particulière. Le même motif de lieu de résidence est aussi valable pour ce paramètre.

III.2.6. Capacité de stockage des aliments de base

Constituer un stock d'aliments de base à la maison nous a semblé être un autre signe de niveau de vie acceptable. Aussi, avons-nous évalué la situation de nos enquêtés par rapport à ce paramètre.

Tableau 17 : Capacité de stockage des aliments de base

Capacité de stockage

Avant

Après

OUI

33

36

NON

17

14

TOTAL

50

50

Source : Enquêtes de l'auteur

Une légère amélioration est observée à ce point. Sur 50 enquêtés, 36 soit 72 % sont capables de stocker les aliments de base après obtention du crédit contre 33 soit 66 % des cas avant.

III.2.7. Capacité d'épargne

Epargner c'est mettre de côté une partie du revenu non consommé immédiatement, ou pour une consommation future. Celui qui épargne donc est supposé être détenteur d'un revenu lui permettant de couvrir ses besoins immédiats et constituer une réserve pour ses besoins futurs. Ce paramètre a été mesuré pour apprécier le niveau de vie de nos enquêtés.

Tableau 18 : Capacité d'épargne des bénéficiaires

Capacité d'épargne

Avant

Après

OUI

26

29

NON

24

21

TOTAL

50

50

Source : Enquêtes de l'auteur

Epargner, c'est aussi une culture. A lire le tableau 18 ci-dessus, il ressort clairement que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu n'ont eu qu'un effet très limité dans le sens de l'amélioration de la capacité d'épargne.

III.2.8. Evolution d'activités exercées

Le sens de l'évolution des activités exercées par nos enquêtés est un signe d'enrichissement ou d'appauvrissement, selon qu'il est positif ou négatif. Nos observations à ce sujet sont contenues dans le tableau ci-après.

Tableau 19 : Evolution d'activités exercées

Evolution

Clients

%

Positive

37

74,00

Négative

13

26,00

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Les activités exercées par les bénéficiaires de crédits de CERP - Gala Letu ont évolué positivement à 74 %.

III.2.9. Capacité de remboursement

La mesure de la capacité de remboursement des capitaux empruntés traduit le degré d'enrichissement ou d'appauvrissement, mais aussi l'expression de la personnalité des bénéficiaires de microcrédits. Le tableau 20 ci-après renseigne sur ce paramètre.

Tableau 20 : Capacité de remboursements des crédits reçus

Capacité de remboursement

Clients

%

A l'échéance

42

84,00

Après échéance

8

16,00

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

La capacité de remboursement à échéance est assurée à 84 %. Ceci témoigne de l'intérêt porté par les bénéficiaires à garder et à promouvoir la micro finance ; une simple expression de la personnalité de ceux-ci. Mais aussi, ce taux de remboursement dans le délai est un signe d'enrichissement pour les bénéficiaires de crédits.

III.2.10. Capacité d'investissement

Nous avons cherché à vérifier à base de ce paramètre si les crédits octroyés ont permis à leurs bénéficiaires d'améliorer leur capacité d'investissement. Nous consignons les résultats obtenus dans le tableau ci-dessous.

Tableau 21 : Capacité d'investissement de bénéficiaires de microcrédits

Capacité d'investir

Clients

%

Améliorée

11

22,00

Diminuée

3

6,00

Restée la même

36

72,00

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

La lecture de ce tableau démontre que dans 72 % des cas, la capacité d'investissement de nos enquêtés est restée la même ; elle a même diminué pour 6 % contre une hausse dans 22 % des cas. Cette évolution est due d'abord à la modicité des capitaux propres exploités puis par celle des sommes reçues à titre de microcrédits.

III.2.11. Indépendance vis-à-vis du créancier

En dernier ressort, nous avons estimé la capacité des bénéficiaires à devenir indépendants vis-à-vis du créancier. Le tableau 22 résume les résultats obtenus.

Tableau 22 : Indépendance vis-à-vis du créancier

Indépendance acquise

Clients

%

Plus besoin de recourir au microcrédit

7

14,00

Besoin persiste

43

86,00

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

Seuls 14 % de nos enquêtés estiment ne plus avoir besoin de recourir au microcrédit contre 86 % de notre échantillon pour qui le besoin de microcrédit persiste. Nous pensons qu'à ce stade, nos enquêtés comprennent le bien-fondé du microcrédit et restent disposés à travailler avec ce système pour accroître leur capacité d'autofinancement jusqu'à devenir indépendants vis-à-vis du créancier.

III.3. Opinion des bénéficiaires sur le microcrédit

Notre étude a cherché aussi à connaître l'opinion de la population de Kisangani sur les microcrédits. Les réponses reçues sont condensées dans le tableau 23.

Tableau 23 : Opinion des bénéficiaires sur le microcrédit

Le microcrédit

Clients

%

Aide à améliorer les conditions de vie à court terme

9

18,00

Peut être intéressant à long ou moyen terme

23

46,00

Doit être encore bien organisé

12

24,00

Est une activité d'appauvrissement

6

12,00

TOTAL

50

100

Source : Enquêtes de l'auteur

46 % des personnes enquêtées pensent que le microcrédit peut être plus intéressant à long ou moyen terme ; 24 % pensent que l'activité doit être encore bien organisée avant de devenir un vrai outil de lutte contre la pauvreté et 9 % se disent simplement satisfaits de la marche actuelle de la micro finance pendant que 6 % sont pessimistes et estiment qu'il s'agit d'une activité d'appauvrissement des plus pauvres.

Au regard de tous les résultats enregistrés plus haut, nous épousons l'avis majoritaire qui estime que la micro finance peut devenir une activité plus intéressante et donc un outil efficace de réduction de la pauvreté à long ou moyen terme. Ceci nécessite bien entendu une organisation plus structurée que celle que présentent les IMF aujourd'hui.

III.3. Contraintes rencontrées par les bénéficiaires

Au chapitre des contraintes rencontrées par les bénéficiaires de microcrédits, nos enquêtés ont évoqué :

- La modicité des sommes prêtées ;

- La durée de l'échéance de remboursement ; et

- Le ralentissement trop brusque de l'activité en fin d'année 2008.

Notre observation conduit à confirmer ces difficultés : la majorité des bénéficiaires de microcrédits appartiennent à la catégorie la plus pauvre de la classification de CERP - Gala Letu et reçoit au maximum 100 usd de crédit. Ceux qui sollicitent des sommes plus élevées ne bénéficient pas des mêmes facilités que les premiers ; à partir de 3000 usd et plus, l'autorisation d'octroi du crédit doit être accordée par la direction générale... Par ailleurs, pour une somme empruntée pour besoin de financement d'une activité génératrice de revenu, le délai d'un mois avant le remboursement de la première tranche nous paraît trop court. En effet, en trente jours, il n'est pas évident d'avoir investi et produit jusqu'à la hauteur de 20 % soit le cinquième constituant la première tranche à rembourser. Par besoin d'honneur personnel, il est plus probable que les bénéficiaires de crédits aient commencé à rembourser avant d'avoir tiré tout dividende.

En plus, le ralentissement de l'activité à la suite de la crise économique mondiale qui aurait touché les avoirs des initiateurs d'IMF est un fait négatif dans l'histoire de la jeune micro finance de Kisangani. L'insolvabilité accusée par une IMF implantée à Kisangani vers le début du dernier trimestre 2008 a généré un climat de méfiance généralisée au sein d'une population qui n'était qu'à ses premières appréhensions dans les IMF et COOPEC.

III.4. Difficultés rencontrées par l'IMF CERP - Gala letu

Pour l'IMF, les difficultés rencontrées peuvent se résumer en termes de manque de respect des délais de remboursements, de la méfiance développée trop facilement et trop rapidement par leurs membres et clients à base d'informations pas toujours vérifiées et de l'insuffisance de l'implication de l'autorité publique à mieux organiser le secteur.

En effet, les IMF octroient des microcrédits sur contrat express. Celui-ci précise les modalités de remboursements conformément d'ailleurs aux statuts et règlements de l'institution. Pour rentrer dans ses droits, le CERP - Gala Letu est souvent obligé de se déplacer pour recouvrer ou d'engager des frais divers pour cette fin. Malgré les efforts consentis à l'intérieur de l'institution, la déception est parfois grande de se retrouver en face d'une clientèle devenue de plus en plus hostile à une activité qui leur a octroyé des crédits et à soutenu tant soit peu l'épanouissement de leurs activités.

Face à tout ceci, l'Etat reste indifférent, aucune intervention du pouvoir public ni pour sensibiliser la population à la culture de l'épargne, ni pour organiser le secteur.

III.5. Discussion des résultats

Les résultats de notre étude démontrent que les microcrédits octroyés par l'IMF CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas, d'augmenter les revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter le nombre de repas consommés par les ménages par jour ; d'améliorer légèrement la capacité de stockage des aliments de base dans les ménages ; et de faire évoluer positivement les activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la problématique de l'accès à l'eau et à l'électricité reste non résolue ; la capacité d'épargner n'a pas connu un changement significatif autant que la capacité d'investissement n'a pas évolué et que l'indépendance vis-à-vis du créancier n'a pas été assurée. Néanmoins, les crédits octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas.

46 % de nos enquêtés ont exprimé une opinion optimiste sur le microcrédit, estimant qu'il peut être une activité plus intéressante à long ou à moyen terme alors que 24 % d'entre eux pensent que l'activité doit encore être bien organisée pour faire bénéficier au meilleur des cas, ses effets d'outil de réduction de la pauvreté à la population. La modicité des sommes prêtées, l'échéance de remboursement jugée trop courte et le ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont constitué des difficultés majeures relevées par les bénéficiaires de microcrédits. Pour les responsables de l'IMF par contre, les difficultés rencontrées se résument dans le non respect des échéances de remboursement, la méfiance de la population et le manque d'implication de l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la culture de l'épargne et l'importance de la micro finance.

Par rapport à nos hypothèses de recherche, les résultats ci-dessus décrits nous amènent à la fois à infirmer et à confirmer notre première hypothèse. Nous pensons donc, que contrairement à l'impression que cela puisse donner, l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de la pauvreté. Les revenus des bénéficiaires ont augmenté et leurs activités ont évolué positivement. Ce qui pourrait conforter l'avis de MPANZU BALOMBA qui estime que la micro finance est une alternative sérieuse aux diverses politiques de développement expérimentées jusqu'ici. Mais aussi celui de KUVITUANGA NSIMBA pour qui l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du pays.

Tout ceci pouvant réjouir MOHAMMED AMINE qui a conclu que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le défi d'une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable au Maroc.

Ces effets positifs sont pourtant limités dans leur impact sur la réduction de la pauvreté des bénéficiaires qui n'ont pas réussi à améliorer leur capacité d'accès à l'eau et à l'électricité, moins encore celle d'épargne et d'investissement. Ceci tend donc à confirmer notre première hypothèse au point de rencontrer l'avis émis par IRAGI RUGAMBWA qui a constaté que les microcrédits assuraient la survie des ménages et non leur émergence. En ce sens, aucune croissance d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme le démontre MENIKO NDIBO qui a constaté que les IMF de Kisangani n'ont pas permis la croissance de PME par une augmentation de capital à base de microcrédits.

Notre deuxième hypothèse postule que les difficultés rencontrées par les responsables des IMF seraient entre autres le problème de remboursement de prêts à échéance, signe du manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires. La première partie de cette hypothèse se confirme, la deuxième ne se vérifie pas. En effet, le manque de remboursement des prêts reçus à échéance constitue une difficulté évoquée par les responsables de CERP - Gala Letu. Mais, le problème nous a paru être seulement du délai, de l'échéance calendrier car en définitive, les crédits octroyés sont remboursés à la hauteur de 84 % ; ce qui ne traduit pas un manque d'amélioration de la situation financière des bénéficiaires.

Par contre, pour ces derniers, la modicité des sommes empruntées et le délai trop court de remboursement sont des difficultés réellement vécues. Le remboursement effectué, surtout au premier mois, est plus une expression de la personnalité et du sens de l'honneur que celle de l'amélioration de la situation financière. Nous avons soutenu cette inquiétude de nos enquêtés, nous estimons que pour une somme de 100 usd empruntée en vue de financer une activité génératrice de revenu, il n'est pas évident de produire suffisamment en un mois pour pouvoir rembourser 20 usd en trente jours. Le premier remboursement est souvent fait sur le capital emprunté, diminuant ainsi l'impact attendu du prêt.

Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa - N'djili / CECOMAF et ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu ont exprimé la même difficulté quant à la modicité des sommes prêtées et le délai de remboursement trop court. A la seule différence avec IRAGI RUGAMBWA que dans le cas étudié ici, le taux d'intérêt est de 9 % contre 20 à 40 % pratiqué en son temps à Bukavu.

Nonobstant ces difficultés, nos enquêtés semblent plus optimistes que satisfaits. Exprimant leur opinion sur le microcrédit, 46 % ont estimé que la micro finance peut être plus intéressante à long ou à moyen terme, 24 % souhaitent que l'activité soit mieux organisée et 18 % pensent qu'elle aide à améliorer les conditions de vie à court terme contre 12 % des pessimistes qui pensent que la micro finance est une activité d'appauvrissement des plus pauvres.

Ainsi, contrairement à PITT et KHANDLER qui ont constaté que la participation à des programmes de crédit avait des effets positifs et significatifs au Bangladesh, nous pensons que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs sur la réduction de la pauvreté. Pour ce faire, il nous paraît impérieux de faire fonctionner le système de microcrédit en RDC selon l'idée de Clément WONOU, pour qui l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits (hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui servir d'amortisseurs systémiques.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand