Micro-finance et lutte contre la pauvreté : Cas des micro-crédits octroyés par le CERP - GALA LETU à la population de Kisangani; De septembre 2007 à décembre 2008( Télécharger le fichier original )par Kim BWANGA M'VUANDA Institut supérieur de commerce de Kisangani - Licence 2009 |
Chapitre deuxièmeLA PAUVRETE A KISANGANI Dans ce chapitre, nous examinons la situation de la pauvreté à Kisangani. A cet effet, nous avons articulé le chapitre en trois volets. Le premier nous présente la ville de Kisangani, le deuxième nous fait part de la situation de la pauvreté et le troisième nous ramène aux institutions de micro finance dans cette ville. II.1. Présentation de la ville de Kisangani Présenter la ville de Kisangani, revient donc à parler de la situation géographique de la ville, de son histoirique, de sa population, de ses aspects sociopolitiques et de son économie. II.1.1. Aspect géographique Du point de vue géographique, la ville de Kisangani est située dans la cuvette centrale congolaise, avec une superficie d'environ 1 910 km2 à 25°11' de longitude Est et à 0,31' de latitude Nord.62(*) Elle est située dans la cuvette centrale de la RDC et a les caractéristiques d'une région équatoriale : chaleur constante, forte pression atmosphérique, précipitations abondantes et absence relative de saison sèche. Chef-lieu de la Province Orientale, Kisangani est entourée des territoires du district de la Tshopo : au Nord, le territoire de Banalia ; au Sud, le territoire d'Ubundu ; au Sud-Ouest, les territoires d'Opala, de Yahuma et de Basoko ; à l'Est le territoire de Bafwasende.63(*) II.1.2. Aspect historique Sur le plan historique, Kisangani, autre fois Stanleyville jusqu'en 1966, tire son origine du poste colonial fondé en 1883 par l'explorateur Henry Morton Stanley sur l'île « Wana Rusari ». L'île était habitée par des clans des pêcheurs Enya, en plein milieu des chutes « Wagenia » surnommées « Stanleyfalls » par Stanley. Avant de s'appeler Stanleyville, on l'a longtemps appelée « Poste de Stanleyfalls » ou les « Falls » tout court ou encore « Boyoma » du nom africain des chutes. D'autre part, Kisangani est le nom swahili qui signifie « le village dans l'île ». Ce nom a été usité de façon constante, semble-t-il, par les indigènes, concurremment avec la dénomination de Stanleyville.64(*) Le 15 juillet 1898, le district de Stanleyfalls devient la Province Orientale avec comme chef-lieu Stanleyville, qui obtient le statut de ville grâce à l'ordonnance n° 12/357 du 6 septembre 1958 qui la divisait en quatre communes : Belge I (mangobo et Tshopo), Belge II (Lubunga), Bruxelles (Kabondo) et Stanley (Makiso). Vers la fin de 1958, la ville est devenue la forteresse de Patrice Emery Lumumba qui y lance le Mouvement National Congolais (MNC). Après l'assassinat de Lumumba en 1961, Antoine Gizenga y a installé un gouvernement qui a rivalisé avec le gouvernement central de Léopoldville, Kinshasa actuelle. De 1964 à 1967, la ville a été le théâtre de troubles sanglants avec les grandes exécutions publiques des autorités insurgées (16 condamnés) à la place des martyrs en 1964. Par décret-loi du 5 septembre 1964, la République Populaire du Congo est créée et la présidence est confiée à Christophe Gbenye qui devient chef du gouvernement constitué à Kisangani et reconnu par sept pays dont l'ancienne URSS et l'Egypte. Le 24 novembre 1964, la ville tombe aux mains des parachutistes belges du premier bataillon de Diest qui accueillent la 5ème Brigade mécanisée de l'Armée Nationale Congolaise (ANC). La 12ème brigade commandos katangais (Diabos) vint en renfort à la garnison, et chaque habitation de la ville fut fouillée à la recherche des rebelles simbas et d'armes. Le 23 juillet 1966, les katangais du régiment Baka se mutinent pour une question de solde et les Diabos assassinent le Colonel Tshatshi, commandant de la 5ème brigade mécanisée de l'ANC. Quatre jours plus tard, un cessez-le feu est obtenu entre les katangais et les mercenaires du 6ème bataillon commando européen de Bob Denard, sous l'impulsion du premier ministre, le Général de brigade Léonard Mulamba accompagné du ministre de l'intérieur, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Deux mois plus tard, les katangais sont chassés de la ville par les mercenaires de Bob Denard... Le 5 juillet 1967, les mercenaires conduits par Bob Denard et Jean Schramme se mutinent à leur tour pour tenter de ramener Moïse Tshombe au pouvoir et ils s'emparent de la ville après de durs combats, ...avant d'y être chassés une semaine plus tard par l'ANC. Avec la politique d'authenticité du président Mobutu, Stanleville devient Kisangani, Stanleyfalls chutes Wagenia, et les communes sont rebaptisées de leurs noms actuels le 27 octobre 1977.65(*) Cette page d'histoire a donné à Kisangani un qualificatif peu enviable de ville martyre qui a connu encore en 1997 la guerre dite de libération menée par l'AFDL, la ville est tombée aux mains de l'AFDL le 15 mars 1997. En 1998, le RCD a imposé une nouvelle guerre et Kisangani a connu ses guerres de trois jours en 1999 puis de six jours en 2000. Le tout avec comme corollaire l'aggravation de la situation de pauvreté dans la ville qui s'est faite baptiser plus tard, ville d'espoir. II.1.3. Population de la ville de Kisangani Au delà de cette histoire aussi riche que les potentialités naturelles du pays, Kisangani connaît une grande population, diversifiée culturellement qui, si elle était bien exploitée, devrait constituer une supplémentation en richesses socio-économique, estime Vicky YAAYA LIAGOLOGA.66(*) Benoit VERHAEGEN déclare à ce sujet que Kisangani s'est constituée grâce à des vagues migratoires successives de différents peuples : des orientaux arabes et arabisés, des riverains avoisinants, des ethnies venues de l'Equateur, de l'Est et du Nord-Est du pays ou du Kasaï, chacune de ces vagues y a laissé ses empreintes...67(*) Selon les estimations de l'I.N.S., cette population s'élevait à près de 700 000 habitants en 2005. II.1.4. Aspect sociopolitique Sur le plan sociopolitique, nous retenons avec Vicky YAAYA68(*) que Kisangani connaît des moments de violence plus ou moins vive tout au long de son histoire, depuis ses origines et qui marqueront et jalonneront son évolution. Elle a subi les affres de l'esclavagisme, celles de la colonisation et encore des crises politiques post-coloniales accompagnées des troubles, des violences, des rébellions et les pillages qui s'en suivaient, etc. La ville garde la réputation d'être un bastion des nationalistes, unitaristes et lumumbistes. Kisangani, ville d'espoir, est le berceau du nationalisme congolais. II.1.5. Aspect économique Du point de vue économique, la pénétration des arabes à Kisangani en 1875 a fait de cette ville un centre essentiellement commercial ; et le régime colonial est venu organiser le commerce dans cette ville, déclare JEWSIEWICKI.69(*) Cet auteur indique que le commerce et l'artisanat ont commencé à se développer vers les années 1967 et 1971 dans la mesure où, avec son statut de troisième ville du pays et son rôle colonial de ville transit, elle a soutenu une économie fondée sur un commerce et une agriculture d'exportation pour vitaliser la métropole et dévitaliser la colonie. Mais, à la suite du dépérissement économique et de la chute du secteur secondaire constaté par NGUB'USIM et STREIFFELER70(*), au fil des événements, la plupart des entreprises manufacturées ont fermé leurs portes, d'autres ne travaillent qu'à un rythme réduit. Il s'en suit que petit à petit, Kisangani offre l'image paradoxale d'une ville dont l'emploi salarié est relativement stable à partir de 1952 puis à partir de 1974, alors que la population en âge d'activité est multipliée. La rébellion, les affrontements militaires et les pillages qu'a connus la ville dans les années 1964, 1967, 1991, 1992 et 1997 à 2000 ont eu entre autres comme conséquence économique, la suppression ou, au meilleur de cas, la diminution sensible de certaines unités de production qui assuraient un important marché d'emploi. Les cas des usines B.A.T., le groupe Englebert pour les pneumatiques, la SORGERI, LA FORESTIERE, AMEXBOIS, la SOTEXKI et de nombreuses entreprises commerciales ou d'exploitation agricole peuvent illustrer ces propos. Il est aussi bien évident que, quand les infrastructures de transport étaient bien entretenues, Kisangani était un véritable entrepôt, comme dit OMASOMBO cité par Vicky YAAYA. Au fil des événements, l'économie de la ville de Kisangani se retrouve sinistrée. Elle est concentrée sur les activités informelles tenues par des PME qui font bien preuve de créativité et de dynamisme, mais n'assurent malheureusement pas la production attendue pour la croissance économique. Aussi la population vit-elle, d'une manière générale, dans un état de pauvreté de masse généralisée comme c'est le cas pour toute la RDC. II.2. Situation de la pauvreté à Kisangani Notre analyse part d'une présentation plus globale au niveau national, avant de circonscrire la situation particulière de la ville de Kisangani. En effet, Kisangani est une ville de la RDC. Par ce fait, la situation de la pauvreté vécue à Kisangani est comprise par rapport à la situation générale du pays. Rappelons que selon les termes du DSCRP, en RDC la pauvreté extrême est une situation de masse généralisée. Le PNUD71(*) remarque d'abord que la RDC est un pays de paradoxes. Dotée d'immenses ressources naturelles variées, la RDC figure parmi les trois derniers pays du classement mondial sur la base du PIB par tête d'habitant. Au chapitre de la pauvreté extrême de masse, ce rapport observe que la pauvreté humaine est élevée (40,4 % en 2006) et elle a tendance à s'accentuer. Plus de la moitié des Congolais sont privés d'accès à l'eau potable (57 %) et aux soins de santé de base (54 %) ; plus de 3 enfants sur 10 sont mal nourris, et la probabilité pour un citoyen congolais de décéder avant de fêter son 40ème anniversaire s'élève à 47 %.72(*) Cette observation a conduit le PNUD à calculer l'indice de pauvreté humaine (IPH) tel que repris dans le tableau 2 ci-après. Tableau 2 : Indice de Pauvreté Humaine en RDC
Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement Humain 2008, p. 40 En dépit de cette situation générale déjà faible, la RDC connaît de grandes disparités spatiales en matière de développement humain. Le tableau 2 ci-dessous renseigne sur ces disparités spatiales. Tableau 3 : Indicateur de Développement Humain par province
Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement Humain 2008, p. 41 Mais la RDC est aussi parmi les 189 signataires de la Déclaration du Millénaire en 2000. Par cette déclaration, le pays s'est engagé à oeuvrer pour la promotion d'un monde meilleur pour tous... Par rapport justement à cette déclaration, la situation de la RDC en rapport avec les OMD fait preuve de l'existence d'une pauvreté extrême de masse. L'analyse par objectif faite par le PNUD73(*) nous éclaire à ce point. Objectif 1 : Réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim d'ici 2015 71 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté de 1 $/jour/tête, plus de 92 % des ménages consomment en moyenne moins de trois repas par jour, et 73 % des Congolais n'atteignent pas le niveau minimal d'apport calorique. Objectif 2 : Assurer l'éducation primaire à tous Plus de 3 enfants Congolais sur 10 âgés de 6 à 14 ans n'ont jamais fréquenté l'école, le taux net de scolarisation primaire est de 52 % et seul 1 enfant sur 4 entrant en première année primaire achève la cinquième année. Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes Le rapport fille/garçon est de 90 % dans l'enseignement primaire, 54-56 % dans le secondaire et près de 30 % dans le supérieur. Les femmes occupent 8 % des sièges au parlement. Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 213 %o. Le taux de vaccination des enfants de moins d'un an contre la rougeole est de moins de 50 %. Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle Le taux de mortalité maternelle est de 1 289 décès pour 100 000 naissances, soit parmi les plus élevés au monde. Le taux d'accouchements assistés par du personnel de santé qualifié est de 60 %. Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies Le taux de prévalence du VIH/SIDA est estimé à 5 % pour la population de 15 à 49 ans et à 8 % pour les femmes enceintes de 15 à 24 ans. Objectif 7 : Assurer un environnement durable La proportion des zones forestières est de 52 % et le taux d'accès à l'eau potable est de 54 %. Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement La dette extérieure est estimée à 11,5 milliards de dollars à fin 2006, le pays a atteint le point de décision au titre de l'initiative PPTE en juillet 2003. Ce rapport démontre que malgré l'adoption par le Gouvernement en 2006 d'un Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), et l'adoption par le Parlement d'un Programme du Gouvernement 2007 - 2011, le pays ne dispose pas encore d'un cadre de planification et de programmation approprié pour stabiliser et inverser d'une manière durable les tendances régressives constatées en matière de développement humain. Comme toute l'étendue de la RDC, la ville de Kisangani connaît, tel que l'indique l'IDH de la Province Orientale dans le tableau 3 ci-dessus, une pauvreté extrême de masse. Vicky YAAYA LIAGOLOGA74(*) a démontré dans son étude que 85,5 % des ménages à Kisangani croupissent dans une hyper pauvreté avec un revenu moyen par personne par jour de 0,254 usd. Il y distingue trois catégories des ménages pauvres dont les revenus moyens par personne par jour sont de 0,49 $us pour les plus pauvres (85,5 % des ménages), 0,754 usd pour la deuxième catégorie avec une pauvreté relative (7,7 % des ménages) et 1,338 usd pour les ménages vivant au dessus du seuil de pauvreté de 1 $ par personne par jour (6,7 %). Après analyses, cet auteur a noté que le revenu moyen par personne par jour de toutes catégories combinées était de 0,782 usd. Ce qui l'a poussé à considérer que par rapport au seuil de pauvreté reconnu universellement, à Kisangani on vit dans des conditions relativement bonnes de pauvreté. Par ailleurs, il constate que la ligne acceptable de la pauvreté de 1 $us comme minimum traduisant la non pauvreté n'est pas applicable à Kisangani, compte tenu de la modicité du pouvoir d'achat réel que représente ce montant par rapport aux prix pratiqués sur le marché. Vicky YAAYA affirme alors que tout le monde est pauvre à Kisangani en dépit des disparités de rang social que l'on peut y observer. Il s'est ainsi rendu compte que l'indicateur de 5 usd comme revenu moyen par personne par jour conviendrait à Kisangani pour vivre dans une pauvreté moyennement supportable. Sur le plan humain et social, sur 100 % d'enquêtés, le même auteur a retenu que 50,6 % des ménages n'accèdent pas à l'eau de la REGIDESO, 58,9 % n'ont pas accès à l'électricité, 88 % n'ont pas le moyen de faire un contrôle médical annuel alors que 69,5 % recourent à l'automédication ou à la médecine traditionnelle avec une alternance vers la médecine moderne. Concernant l'indicateur alimentaire, ce chercheur a trouvé que sur 100 % de ménages enquêtés, 70 % ne prennent qu'un repas par jour contre 27,2 % qui en prenaient deux et 2,8 % qui mangeaient trois fois par jour. D'où l'existence d'une pauvreté matérielle et mentale selon l'auteur, qui n'a pas manqué de déceler des effets à la fois positifs et négatifs de cette pauvreté. D'un point de vue positif, cette pauvreté a donc réveillé le génie créateur des habitants de la ville de Kisangani dont la majorité vit du secteur informel (petit commerce, jardinage, le maraîchage, l'artisanat, l'élevage domestique de survie, ...). L'autre paire de manches, c'est la prostitution, la corruption, le détournement, l'escroquerie, l'invention des taxes illégales, l'extorsion, la tricherie, l'automédication, ... comme pratiques à effets négatifs de la pauvreté vécue à Kisangani. Or, le développement du secteur informel est un signe de pauvreté dans la société. Et si les activités et pratiques relevant de ce secteur sont fonctionnels, les effets négatifs cités par contre restent dysfonctionnels et empoisonnent l'organisme social et aggravent la pauvreté, renchérit cet auteur. II.3. Les institutions de micro finance (IMF) à Kisangani En termes simples, une institution de micro finance est une organisation qui offre des services financiers à des personnes à revenus modestes qui n'ont pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel. Au sein du secteur, le terme institution de micro finance renvoie aujourd'hui à une grande variété d'organisations, diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit, société anonyme, banque, établissement financier etc.). Selon les pays, ces institutions sont réglementées ou non, supervisées ou non par les autorités monétaires ou d'autres entités, peuvent ou ne peuvent pas collecter l'épargne de leur clientèle et celle du grand public. L'image que l'on se fait le plus souvent d'une IMF est celle d'une ONG « financière », une organisation totalement et presque exclusivement dédiée à l'offre de services financiers de proximité qui vise à assurer l'auto promotion économique et sociale des populations à faibles revenus.75(*) Clément WONOU76(*), expert international des Nations Unies en micro finance, enseigne que l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides, viables et pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits (hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui servir d'amortisseurs systémiques. Cette définition sous-entend que l'IMF dispose d'une gouvernance à toute épreuve et a une assise organisationnelle conséquente. C'est ainsi que l'auteur ci-dessus cité s'applique dans son article, à rappeler entre autres, les quatre piliers importants dans la construction d'une IMF viable. Il s'agit de la constitution d'une masse critique d'activités comme soubassement à la viabilité ; la maîtrise de l'intermédiation micro financière ; la maîtrise des charges d'exploitation ; et la maîtrise des impayés. A Kisangani, nous avons identifié huit IMF dont Le Crédit Boyomais, Le Crédit Congolais pour la Reconstruction (CCR), Le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté (CERP - Gala Letu), La Mutuelle d'Epargne et de Crédit de Kisangani (MECREKIS), La Congolaise d'Epargne et de Crédit pour la Relance Economique (CECRE), IMF HOPE, BARAKA PRECE et Gold Money Trust (GMT). Notre travail étant une étude de cas comme nous l'avons précisé en introduction, nous avons centré nos efforts sur le Crédit et Epargne pour la Réduction de la Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Nous étant nous-même fait membre de cette IMF, nous avons porté notre choix sur le CERP - Gala Letu, d'abord pour la facilité d'accéder aux données fiables, mais aussi et surtout à cause de la concordance de la mission de cette IMF à l'objet de notre étude, la réduction de la pauvreté. En effet, cette institution qui inclut le thème même de notre étude dans sa dénomination se veut être un grenier, notre grenier à nous tous, exprimé en langue Swahili par le suffixe GALA LETU (notre grenier) qui complète la dénomination sociale de l'IMF. Elle se fixe pour mission de contribuer d'une manière significative et progressive à la réduction de la pauvreté en RDC, avec comme objectifs globaux : a. La promotion de la culture de l'épargne au sein de la population ; b. L'élévation relative du niveau de revenus de la population par l'appui aux activités génératrices de revenus, au moyen des microcrédits ; c. La participation à la réduction du chômage par la création de l'emploi ; et d. La facilitation des déplacements des fonds en toute sécurité à travers différentes villes, cités et agglomérations du pays. Le CERP - Gala Letu organise les activités ordinaires reconnues à une IMF, notamment la collecte de l'épargne du public, l'octroi des microcrédits, les transferts d'argent et la formation de ses clients et/ou membres. Pour accéder aux avantages offerts par cette IMF, il faut compléter six conditions suivantes : 1. Payer les frais d'ouvertures de compte suivant votre choix fait parmi les six classes suivantes :
2. Effectuer pendant une période de trois mois, des mouvements jugés suffisants en compte 3. Rémunérer ordinairement le crédit obtenu avec un intérêt mensuel de 3 % 4. Avoir en 5 mois la capacité de remboursement du prêt reçu 5. Se rassurer de ses capacités ainsi que de ses qualités (garantie matérielle et/ou morale) 6. Pour l'intérêt communautaire, mobiliser six autres clients pour bénéficier aussi des services de Gala Letu. Comme on peut le remarquer, le crédit est ainsi accordé à des conditions peu exigeantes, moins rigoureuses que celles qu'imposerait une banque traditionnelle. La catégorisation des classes est inclusive, toutes les catégories sociales sont prises en comptes, chacun pouvant devenir membre, ouvrir un compte et accéder au crédit dans la limite de ses propres capacités. En pratique : - les crédits sont accordés sur la base de garantie immobilière, de garantie salariale ou d'un simple gage collectif. En fonction de crédit demandé et de la capacité de remboursement offerte, seuls les biens immeubles sont acceptés à titre de garantie. A défaut, une garantie salariale est acceptée pour les travailleurs sous contrat. L'aval de l'employeur constitue dans ce cas un gage suffisant. Sinon, pour des personnes ne disposant d'aucune forme de garantie, les plus pauvres, une garantie collective est admise pour des groupes organisés (par exemple, groupe de femmes vendeuses de légumes verts du marché central, association de cyclistes transporteurs, association de menuisiers, ...). Les membres du groupe assurent la surveillance du membre bénéficiaire du crédit, suivent l'utilisation des fonds et procèdent au recouvrement à l'échéance. Le crédit peut être rotatif parmi les membres à des intervalles de temps différents. Le responsable du groupe se charge en définitive de rendre les sommes recouvrées au CERP - Gala Letu alors que chaque membre supporte seul les intérêts. - Les crédits accordés sont remboursables en cinq tranches étalées sur cinq mois. A la fin du premier mois, le bénéficiaire du crédit paye théoriquement 3 % d'intérêt de la somme empruntée. Au deuxième mois, il paye 3 % de la somme restant à payer, ainsi de suite jusqu'à la fin du cinquième mois, au point que le cumul des intérêts payés atteint les 9 % de la somme empruntée. - Le total des intérêts ainsi calculés est payable anticipativement par rapport à l'obtention du crédit. Ainsi, pour obtenir un crédit de 100 usd par exemple, le débiteur doit payer anticipativement ses intérêts soit 9 usd composés de 3 % de chaque tranche de remboursement soit 3 usd de 100 usd dus au premier mois, 2,40 usd de 80 usd restant dus au deuxième mois, 1,80 usd de 60 usd restant dus au troisième mois, de 1,20 usd de 40 usd restant dus au quatrième mois et de 0,6 usd des 20 usd restant dus au dernier mois. - L'agence de Kisangani est habileté à octroyer des crédits jusqu'à 3000 usd maximum. Pour tout crédit de plus de 3000 usd, l'agence reçoit la demande de crédit, l'examine et la soumet à l'approbation de sa direction. Ces conditions souples et inclusives d'octroi de crédit ont conduit, selon notre observation, à une très forte mobilisation, une adhésion massive de la population de Kisangani à l'activité des IMF et du CERP - Gala Letu en particulier. Nous analysons dans le chapitre suivant la contribution de cette IMF à la réduction de la pauvreté à Kisangani. * 62 NYAKABWA M., cité par Vicky YAAYA L., Pauvreté absolue et/ou relative à Kisangani : recherche d'antidotes sociologiques de réduction, Mémoire de DES, inédit, UNIKIS, FSSAP, 2005-2006, p. 31 * 63 STREIFFELER, F. et MBAYA, cités par YAAYA, V., Idem, p. 31 * 64 Jean Luc Ernst sur www.stanleyville.be lu le 24 juin 2009 * 65 Jean Luc Ernst, Op. Cit., lu le 24 juin 2009 * 66 YAAYA, V., Op. Cit., p. 33 * 67 VERHAEGEN, B., cité par YAAYA, V., Op. Cit., p. 33 * 68 YAAYA, V., Idem, p. 36 * 69 JEWSIEWICKI, B, cité par YAAYA, V., Ibidem, p. 43 * 70 NGUB'USIM, M. et STREIFFELER, F., cité par YAAYA, V., Ibidem., p. 43 * 71 PNUD, Rapport National sur le Développement Humain 2008, PNUD, Kinshasa, 2008, p. 17 * 72 Idem, p. 40 * 73 PNUD, Op. Cit., p. 42 * 74 YAAYA LIAGOLOGA, V., Op. Cit., pp. 175-181 * 75 Michel LELART, Op. Cit. * 76 Clément WONOU, Pour contribuer à la réduction de la pauvreté, construisons des IMF viables in Carrefour microfinance, n° Spécial introductif, PASMIF/RDC, Octobre 2007 |
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