SECTION 4 : A PROPOS DE LA PERMEABILITE DES
NORMES
INSTITUTIONNELLES A LA COPHES
L'analyse sociologique que nous comptons donner à cette
partie de notre analyse et interprétation des données, consiste
à mettre en évidence la façon dont les membres de la
coopérative des planteurs d'hévéa de songon
dénommée « cophes » récupèrent
ou s'approprient la perméabilité des normes
développée par la direction pour à leur tour le traduire
dans ce qu'on appelle le non-remboursement des prêts. C'est donc un
tableau qui renvoie à l'image de l'acteur et le système.
C'est-à-dire montrer comment ou la stratégie que les membres de
la cophes mobilisent pour passer outre les normes institutionnelles de leur
structure commune qu'est l'entité coopérative.
CHAPITRE I
UNE ORGANISATION FAIBLEMENT LEGITIMEE
· La cophes : Un champ social
informel
Si la coopérative des planteurs d'hévéa
de Songon représente presque tout, c'est-à-dire une famille, un
soutien et un tuteur auquel les coopérateurs se reconnaissent et
s'identifient, au plan institutionnel, c'est-à-dire au niveau Etatique,
cette coopérative n'a pas de légitimité. En clair, la
coopérative des planteurs d'hévéa de songon (cophes) n'est
pas jusqu'à présent reconnu par le ministère de
l'intérieur en tant que coopérative car n'étant pas encore
entrée en possession de son agrément.
Sous ce rapport donc, la cophes est une coopérative
connue dans l'aire géographique de songon et au sein de l'espace
villageois de Songon-M'Brathé. Au-delà de cette sphère
sociale, cette coopérative n'a pas de légitimité
institutionnelle. Et cette réalité est formellement traduite de
façon récurrente dans les discours des acteurs sociaux, c'est
-à-dire les membres de la coopérative.
Par exemple, M.A et M.N traduisent clairement cet état
de fait. Ainsi, M.A s'est exprimé en ces
termes : « nous sommes bien à la cophes, mais
ce que nous déplorons c'est qu'on n'a pas encore eu
d'agrément »quant à M.N, il attribue certaines
difficultés de la coopérative au manque
d'agrément : « le manque d'agrément de
la cophes, nous empêche de demander de l'aide à l'Etat. Mais nous
sommes sur la bonne voie pour avoir notre agrément » A
l'analyse ces propos, l'on se rend compte réellement de cette situation
de non légitimité institutionnelle de la cophes et cela est
vécu par les coopérateurs comme un obstacle à leur
promotion sociale.
Les sociétaires de la cophes ayant conscience du fait
que leur structure n'a de légitimité que dans la région et
qu'au-delà, n'a aucune reconnaissance institutionnelle, et c'est ce qui
légitime le fait que les membres de la cophes appréhendent leur
structure comme une association villageoise. Il est certes vrai que la
coopérative réunissant en son sein des membres d'un même
champ villageois, mais au-delà, les coopératives transcendent
cette seule délimitation spatiale. C'est ce qui se vérifie
à travers le discours de M.B : « I ci, nous
sommes en famille ; la coopérative est notre seconde
famille ».Or, percevoir la coopérative comme une
entreprise familiale, c'est implicitement, dépouiller cette structure de
ses normes, de ses contraintes ou de son pouvoir ou sa fonction
« sanctionnelle ». C'est donc cette réalité
que les acteurs sociaux que constituent les membres de la cophes, mobilisent et
reconstruisent, et réinvestissent dans le champ coopératif et qui
se traduit par le non-remboursement des prêts.
Sous cet angle, il est clair que les membres de la cophes vont
jouer sur le jeu familial qui lui, est caractérisé ordinairement
par des relations de courtoisie, des liens de fraternité ; cet
état de fait s'apparente à une déconstruction des autres
propriétés de la structure coopérative pour le
reconstruire en lui donnant une éthique familiale.
Conclusion partielle
Sous le couvert des mécanismes sociaux d'octroi de
prêts à la coopérative des planteurs d'hévéa
de songon ( cophes), chapitre qui a englobé "les conditionnalités
d'octroi de prêts sociaux, l'itinéraire social des
coopérateurs pour l'accès aux prêts sociaux, les
conditionnalités de remboursement des fonds prêtés
jusqu'aux sanctions liés aux non-remboursement de ces prêts", nous
pouvons retenir que l'accès aux prêts sociaux à la cophes
est un exercice réellement régulé. Ce chapitre nous a
permis de voir ce qui implique la demande des prêts sociaux par un
coopérateur (c'est-à-dire ce que cet exercice implique en terme
de démarches à effectuer et aussi ce à quoi il devra
s'entendre ;c'est-à-dire le délai de remboursement
|